Il était
désespéré.
Un marin solitaire
perdu sur son bateau depuis autant de temps que l’avait été Ulysse
décharné, brisé.
Seul son esprit semblait avoir un peu de répit :
les souvenirs tournaient dans sa tête
envoûtants
gracieux
apaisants.
Il revoyait sa fille
son épouse
ses parents, sûrement morts depuis longtemps.
L’amour de sa vie était sûrement en proie à d’aussi gros soucis que les siens ; comment les gérait-elle ?
Son unique enfant avait-il son propre Mentor ?
Toutes ces questions
n’obtiendraient peut-être jamais de réponse.
Il était désespéré.
Un marin solitaire
perdu sur son bateau.
Il s’était construit un filet de pêche avec les moyens du bord
se nourrissait de ce qu’il trouvait, selon ce que la nature voulait bien lui fournir
il survivait
seul
avec l’espoir de rentrer chez lui
mais cela faisait si longtemps qu’il cherchait son chemin.
Il revoyait son quotidien
les croyances, les prières aux dieux
les enlacements, les mots doux
les berceuses et les rires
les repas suffisants et les livres comme à Alexandrie.
Quand les gens n’ont plus d’espoir, ils se tournent vers ce en quoi ils croient :
L’amour. La vie. Les divinités. Qui sait ?
Il était désespéré.
Un marin
solitaire
perdu
sur son propre bateau.
Alors il murmura le nom du Dieu-Océan et celui du Dieu-Soleil
leur quémanda de l’aide
souffla qu’il n’avait rien à donner qu’un peu de sa foi.
Il ne ferait pas les mêmes erreurs que dans les histoires, ne vendrait pas sa fille pour sauver sa peau ;
cela reviendrait à la mort de son âme.
Il n’obtint aucune réponse.
Il pleura.
N’insulta personne, ne pesta pas.
Se contenta de se résigner, de pêcher une nouvelle fois, et de parcourir des yeux
les cartes qu’il ne parvenait plus à comprendre.
Il s’endormit épuisé.
Lorsqu’il se réveilla, le soleil coulait dans la mer comme au crépuscule.
C'était l’aube de son espoir.
Il était désespéré.
Un marin solitaire
qui cherchait son chemin.
La mer et les rayons s’unirent
pour lui montrer la direction
pour le guider à travers les vagues
et lorsque vint le matin d’après, il était échoué sur une terre.
Sa terre.
Il sourit
éclata de rire
enlaça son épouse et sa fille
puis, dès qu’il eut une minute seul, il jeta un regard à son âme
et murmura un merci à l’intention de ce
en quoi il croyait.
Le marin solitaire retrouve ceux qu’il aime
grandi, meilleur
chéri.
Tout ira bien.
Comme quoi tu peux aussi écrire du positif 😜 (je plaisante évidemment ^^")
J'aime beaucoup, comme toujours, ce petit poème, la répétition au début de chaque strophe, l'alternance entre les vers très courts et les quelques uns un peu plus longs, ça donne du rythme je trouve ^^
Et un peu plus sur le fond, j'ai bien aimé l'histoire aussi, et j'ai adoré ce vers, "La mer et les rayons s’unirent pour lui montrer la direction" (fin techniquement c'est deux vers mais tant pis xD), c'est une très belle image ! ^^
Merci pour ce texte tout doux <3
"Quand les gens n’ont plus d’espoir, ils se tournent vers ceux en quoi ils croient :" → j'aurais mis "vers ce", plutôt, surtout par rapport à ce qui suit, mais ce n'est pas une erreur à proprement parler, je pense ^^
Pardon, la santé mentale ça ne se refait pas. Améliorer tout ça prend du temps. La sublimation selon Freud, tout ça, tout ça... Mais oui, je suis capable d'écrire du positif. C'est juste que ça me fait moins de bien émotionnel (paradoxe, quand tu nous tiens).
Merci infiniment ! J'ai un rapport ambivalent envers ce texte, d'un côté je le trouve intéressant et de l'autre il a des tas de défauts à mes yeux. Alors, si le fond comme la forme te plaisent, ça me fait plaisir ❤
En effet, c'est une erreur >< Merci !