Plus tôt ce matin-là.
— Aujourd’hui, nous parlerons d’Helistia, annonce Mélusine d’une voix claire et joyeuse. Qui peut me dire ce qu’il a retenu de la leçon d’hier ?
Un sourire radieux, Mélusine observe les mains de ses élèves se lever avec enthousiasme. Elle donne la parole à un petit Elfe fluet aux grands yeux verts, qui prend soudain un air important.
— Nous t’écoutons, Synès, l’invite l’enseignante d’une voix rassurante.
L’enfant se lève, ses cheveux dorés brillants sous la lumière du matin, tandis que Mélusine ne peut s’empêcher de sourire en voyant la détermination forcée sur le visage de son jeune élève. Pour être entendu de tout le monde, celui-ci répond d’une voix forte et claire :
— Helistia est le monde dans lequel nous vivons, et ses habitants se nomment les Hélistes.
— C’est exact ! s’exclame Mélusine, les yeux pétillants de fierté. Tu peux t’asseoir, Synès.
Tout fier d’avoir donné la bonne réponse, le petit Elfe se rassit avec un petit rictus, et le menton légèrement relevé.
— Quelqu’un d’autre pourrait-il nous en apprendre davantage sur les continents que compte Helistia ? Demande encore l’enseignante.
Ne voyant aucune main se lever cette fois-ci, Mélusine quitte son bureau avec grâce, ses longues tresses blondes dansant derrière elle. Ajustant ses lunettes du bout de ses doigts blancs comme la nacre, elle balaie la classe du regard. Face à l'absence de réaction de ses élèves, son sourire s'efface peu à peu. D'une démarche rapide et fluide, elle commence à arpenter la salle, ses pas légers effleurant à peine le sol. Sa voix, douce et mélodieuse, s'élève ainsi pour réciter un passage appris par cœur, tiré du livre Histoire et Géographie d’Helistia. Les petites oreilles pointues des enfants se tendent alors dans sa direction, leurs yeux brillants de curiosité.
— Helistia est divisé en trois grands continents : Oxane au nord, Mechthorne au sud, et enfin Legnister, le continent central, leur apprit-elle, l’index levé devant ses lèvres.
Legnister abritant la forêt sacrée des Elfes, Mélusine s’y attarde davantage. Elle interroge d’ailleurs sa classe, voulant vérifier si ses petits protégés connaissent le nom de leur terre magique, ce joyau unique d’Helistia.
Les doigts fusent dans un élan d’enthousiasme. Parmi eux, Mélusine choisit une frêle petite fille du nom d’Inza. Hésitante, celle-ci se lève cependant pour répondre, ses mains tremblotent trahissant son appréhension.
— Yggdol ? lâche-t-elle d’une voix à peine audible.
Mélusine étire ses fines lèvres en un large sourire et plonge ses yeux émeraude dans ceux d’Inza, qui lui rend son sourire.
— C’est exact, approuve l’enseignante en tapant dans ses mains.
Satisfaite, Mélusine se dirige au fond de la salle, faisant virevolter derrière elle ses deux longues tresses blondes. Arrivée au niveau du tableau, qui débordait déjà d’une fine d’écriture, elle expose à ses élèves la situation concernant Yggdol : sa magie, ses forêts, sa population, la place et le rôle des Elfes dans le monde, etc.
— C’est la moindre des choses à connaitre à votre âge ! stipule-t-elle sans cesser de griffonner sur son tableau.
La leçon écrite, Mélusine retourne à son bureau et récupère un gros livre intitulé Peuples du monde, dans l’un de ses tiroirs. Une fois assise, elle commence à le lire :
— … Néthérith, demi-dieu, nait de l’union d’un Dieu et… Un talent absolu dans un domaine… Une fois au Zénith, le temps n’a plus d’emprise… Très peu nombreux aujourd’hui à cause d’une guerre…
… Kird, qui sont les ancêtres des… d’une force prodigieuse… Une nouvelle intelligence et sensibilité…
… le plus représenté sur Legnister… l’archipel au sud-ouest… voisin des Humains…
… Constellaire, race la plus magique qui soit… recluse à… capable de grande chose, juste en un claquant de doigts… montagne de Loes… observent les étoiles, méditent et…
Un jeune garçon, dépassant ses camarades d’une tête, vérifiait qu’il n’avait pas fait d’erreur :
— La magie d’Yggdol permet aux Elfes de garder leur immortalité tant qu’ils respectent quelques règles, se relisait-il en levant quelques fois les yeux vers le tableau.
Il corrigea un mot qu’il avait mal orthographié et fixa son attention sur une nouvelle phrase.
Un autre garçon, les oreilles pointues cachées par de longs cheveux en bataille, ne semblait pas s’intéresser à la leçon. Il préférait en effet regarder ailleurs que sur le tableau. Il remarqua alors ce qui échappait aux autres, ainsi qu’à l’enseignante, absorbée par la lecture de son livre.
— Maitresse, chantonne-t-il alors en se balançant sur sa chaise, il y’a Aldonel qui lève son doigt !
— Y a-t-il un problème, Aldonel ? s’étonne Mélusine en posant son livre.
— Heu ! Non maitresse, hésite l’Elfe. Je me demandais simplement qui peuplait le reste de Legnister ? voulut savoir le jeune garçon.
— Eh bien, réfléchit la maitresse en se tapotant le menton du bout des doigts. Yggdol n’est effectivement qu’une petite partie de Legnister. D’autres peuplent possèdent des parties plus importantes de ce continent. Je parle de superficie bien sûr, précisa l’enseignante.
— Et quel peuple a la plus grande part de Legnister ? questionna encore Aldonel.
— C’est assurément les Humains, rétorque Mélusine, la bouche légèrement tordue.
— Comment est-ce possible qu’ils en possèdent plus que nous, alors qu’ils n’ont pas le moindre pouvoir magique ? cria un Elfe du nom d’Ansig. Même leur terre est dépourvue de magie ! C’est mon père qui me la dit. Et il sait de quoi il parle, parce qu’il siège au Conseil, mon père ! se vanta-t-il. Et il est toujours au courant de tout.
— Je ne vois pas le lien entre la magie et les terres que possèdent les Humains ! souffla Mélusine.
— Les Humains n’ont pas de pouvoir ! s’exclame Aldonel surpris. Mais Ephrem a des pouvoirs, et c’est bien un Humain, non !
— Pas tous en même temps s’il vous plaît ! ordonne Mélusine en se levant pour imposer le silence. Concentrez-vous sur la leçon d’aujourd’hui. Les Humains ne sont pas au programme. Il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de la classe, alors faites un dernier effort, et recopiez la leçon qui se trouve au tableau ! Merci, ajoute-t-elle d’un ton ferme.
Le silence retombé, Mélusine se rassit. Elle reprend son livre là où elle l’avait laissé et se concentre de nouveau sur sa lecture. Pendant ce temps, un être différent des Elfes observait la classe depuis l’extérieur, invisible aux yeux des élèves absorbés par leur leçon. Cet individu, aux oreilles rondes et aux cheveux noirs bouclés, possédait des yeux gris d’un clair presque transparents. Cela, en plus de son aspect négligé et de son air rêveur, faisait qu’il se distinguait clairement parmi ses hôtes elfiques. C’était Ephrem, le seul Humain parmi les Elfes.
Quel contraste, après des enfants enfermés dans des cages, on se retrouve au milieu d'une petite classe paisible.
J'avoue que lorsque j'ai lu "(...) son sourire s'efface peu à peu ", avec encore en tête la scène du prologue, je m'attendais aux pires revirements de situation dans les lignes suivantes. (Oui, j’ai tendance à me méfier des histoires qui prennent à revert sans prévenir... À voir si d'autres te font aussi ce retour-là :)
Il y a un passage où j'ai eu la tentation de lire en diagonale : celui de la lecture par la maîtresse. Cela dit, le format a bien fonctionné sur moi, retour à l'école primaire — quand on ne perçoit que des bribes de la leçon interminable alors qu'il y a plus intéressant a épier dehors.
Pour la petite suggestion: si les blocs de texte en pointillés doivent être conservés parce qu'ils donnent des indices importants, peut-être pourraient-ils se trouver intercalés entres quelques une des petites descriptions actives des élèves qui suivent ?
À temporiser en fonction de ton intention dans le texte.
Bonne contibuation !
"Pour la petite suggestion: si les blocs de texte en pointillés doivent être conservés parce qu'ils donnent des indices importants, peut-être pourraient-ils se trouver intercalés entres quelques une des petites descriptions actives des élèves qui suivent ?" : je prends note, merci :)
Bonne lecture, et à bientôt, Mme LEE
Ici, on brode, on découpe, on infuse, on ponce.
Tous les conseils en la matière sont les bienvenus.
Prend note, curieux égaré,
En fantaisie du langage des animaux, on est loin de mimer le chant des oiseaux.
L'œuvre est en cours ;)" : intéressant... ça attise ma curiosité