Les oiseaux chantent, les arbres sont en fleurs et dans l’air il flotte comme une odeur de renouveau. Pour ne rien gâcher, le soleil règne sans partage dans le ciel. Pas de doute le printemps arrive aujourd’hui. Je jette un dernier regard sur le paysage. J’adore ma région au printemps, au premier plan, la plaine et les arbres en fleur, puis, l’herbe verte qui colore les premières collines et dans l’arrière-plan les sommets encore dans leur parure d’hiver. Je soupire en pensant aux copains qui sont partis courir en montagne. C’est le premier jour de notre compétition amicale le long des sentiers autour du boulot. Tout ça n’est pas pour moi. Il est temps d’y aller. Je me retourne pour entrer dans la salle de torture, le temple de la fonte et des odeurs de transpiration.
Je n’ai pas envie, mais alors, qu’est-ce que je fous là ?
Déjà, ma coach me l’a demandé. Une séance de HIIT sur Home Trainer. Et comme j’ai pas ça chez moi je me rends à la salle. Pour être honnête je m’étais inscrit dans une salle de fitness plus d’un mois avant de démarrer un coaching. Début d’année ça m’avait semblé être une bonne idée. Je pensais alterner les grosses sorties à vélo et les séances de RPM indoor. Pour entretenir à minima la machine et dans l’espoir (déçu) d’améliorer mes qualités de cycliste. Le tout en attendant de retrouver les sentiers.
J’avoue que je m’étais aussi inscrit pour pousser de la fonte et jouer avec les machines de torture. Cela me semblait plus ludique que les fameux exercices au poids du corps. Depuis très longtemps, j’observe ces endroits à la mode où tant de monde va religieusement enchainer ses "reps". Pourquoi les gens s’infligent ça ? Je ne suis pas attiré mais ils doivent forcément y trouver quelque chose qui m’échappe. Avec ma blessure, j’avais trouvé un prétexte pour essayer à mon tour.
Depuis le temps que je lis et que j’écoute des émissions sur le trail, j’entends énormément d’athlètes et de coachs renommés qui vantent les mérites de la musculation. A les écouter, le renforcement musculaire est primordial pour notre sport, pour monter plus vite, descendre plus fort et pour prévenir les blessures, une activité magique en quelque sorte. En écoutant plus attentivement, ça l’est moins. Certes, ça ne peut pas faire de mal de faire un peu d’exercice physique. Cependant, il ne s’agit malheureusement que de l’entretien. Pour en retirer des bénéfices, il ne s’agit pas d’aligner des heures dans sa zone de confort. Il faut choquer le corps, lui infliger des traumatismes pour qu’il s’adapte et à la longue devienne plus fort. Et pour ça il faut aller jouer avec les limites de sa résistance musculaire. En d’autres termes, il faut tirer, pousser, résister aux charges les plus lourdes possible. Pour progresser en musculation, et surtout pour les athlètes d’endurance il faut chercher l’échec. Il ne s’agit pas de faire des séries de quarante squats avec une barre légère. Mais il faut charger la mule et pas pouvoir tenir plus de deux ou trois répétitions.
Qui dit charge très lourde dit risque accru de mauvaise posture et donc de blessure à court terme. Intéressant paradoxe pour un sport qui doit nous permettre de prévenir lesdites blessures. Voilà un avantage de la salle, c’est que l’on peut y trouver des coachs ou d’autres pratiquant pour nous conseiller. Et puis les machines sont justement conçues pour viser des groupes musculaires très précis et les faire travailler avec une position idéale.
Quel est alors le bilan des courses après deux mois d’inscription ?
Je ne jette pas le culturiste avec l’eau du bain. Il risquerait de se noyer avec toute sa masse de muscles. Car il y a des choses que j’ai aimé dans la salle de sport. Toutes les structures ne se valent pas et je suis bien tombé. Il n’y avait pas que des machines et de la fonte. Il y avait aussi de l’humain. J’avais signé en premier lieu parce que je trouvais les coachs sympas pour animer le RPM. Et puis il n’y avait pas que le RPM, j’ai eu l’occasion de tester le body combat et toute une panoplie d’activités cardio. J’aurais aussi pu gouter aux joies du pilates ou du stretching si mon emploi du temps avait été extensible. Pour ce qui concerne le matériel, la structure était récente, donc équipée d’appareils modernes et neufs. Bref une belle expérience qui aura duré un peu plus de deux mois.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, je viens de résilier mon abonnement et dans dix jours, je n’aurais plus accès à la salle. Je ne vais pas jouer les hypocrites, il s’agit surtout d’une histoire de temps et d’argent. Un club de sport ça coute cher pour l’amateur de grands espaces qui sont eux, gratuits. J’ai clairement mieux à faire de quarante euros par mois. Et puis je n’ai pas beaucoup de temps pour rentabiliser mon investissement. Entre le boulot, la vie de famille et le temps gâché dans les transports, je préfère focaliser mon temps libre sur la course à pied et la pratique en extérieur. Ça n’est pas qu’une histoire de goût, de préférence personnelle. Pour progresser en trail il faut avant tout faire du trail. Et si le renforcement musculaire est un complément intéressant, il doit venir en plus, pas en remplacement des séances consacrées à la course à pied. Sauf durant ma période de blessure, évidemment.
Ensuite, j’ai choisi le RPM pour maintenir un peu d’activité cardio, mais je n’ai jamais considéré ça comme une pratique à long terme. Juste une période transitoire pour accompagner ma reprise. Et comme j’ai de plus en plus de running dans mon agenda, il est temps d’abandonner ce faux vélo qui n’avance pas.
En ce qui concerne la musculation proprement dite et toute cette fonte que je m’étais promis de pousser, la période se termine sur un sentiment d’échec. Les journées étaient tout simplement trop remplies pour que j’y consacre du temps. J’ai dû cumuler au maximum trois séance de trente minutes en salle. Pas de quoi faire de moi un body builder. Et puis sans programme personnalisé, j’étais perdu. Quelles machines, combien de temps, combien de répétitions, quelles charges. Bref, rien de très construit.
Alors je ne sais toujours pas très bien ce que je faisais là. C’est sûr que la salle de sport ne m’aura pas permis de construire mon summer body pour frimer sur la plage. Aucune hypertrophie musculaire devant le miroir, ni tablette de chocolat, ni pectoraux bien dessinés. Quant à la perte de poids, je reste persuadé que la salle de fitness crame assez peu de calories. Pour perdre du ventre, rien de mieux que la course à pied.
Alors en attendant, je range ma carte du club et je ressort les baskets.
C'est encore moi qui enchaine les chapitres ^^
Même si je ne comprends pas très bien tous les termes spécifiques au monde sportif, c'est quand même intéressant de te lire.
Petite remarque :
" Alors si je ne sais toujours pas très bien ce que je faisais là. "
> Alors je
Merci beaucoup !!!