26- Négociations

Par Taranee
Notes de l’auteur : Un détail : " Ri" veut dire "Oui" en Duhéëra.

    La pieuvre nous conduit dans une grande salle à la décoration modeste. On pourrait croire que ce n'est pas la salle du trône. Seulement, l'impératrice est assise dans un siège de diamant noir qui s'élève au centre de la pièce. La salle comporte pour tout meublements ce trône impressionant et les quelques marches qui y mènent. La seule couleur est le noir, éclaircie par la lumière qui provient des immenses fenêtres. J'avance timidement, admirant la pièce aussi belle que funèbre. Je lève la tête et je vois la deuxième personne la plus belle du monde - après Hyju -. C'est l'impératrice.

    Vêtue d'une robe de satin sophistiquée qui alterne le gris et le noir, elle siège, hautaine. Sa peau est brune. Ses longs cheveux sont séparés en plusieurs tresses qui descendent jusqu'à sa taille. Ses lèvres pulpeuses sont serrées en une expression autoritaire. Mais quelque chose ressort chez cette dame. Ses yeux. Cette couleur... Ses yeux sonts d'un gris pâle hypnotisant, ils me lançent un regard glacial que je m'empresse d'éviter. J'adresse un regard interrogateur à grand-ma qui signifie clairement : " L'impératrice des monstres a une apparence humaine ? ". Elle hausse les épaules. Nous arrivons devant sa majesté. Elle demande :

- Il me semblait avoir donné l'ordre d'ammener seulement le jeune homme. Que fait la vieille dame ici ?

- Le garçon ne parle pas très bien la langue des Duhéëra, elle est là pour traduire ses parôles. explique un garde.

Grand-ma intervient :

- En vérité, votre... Majesté, je suis ici car j'ai quelque chose à vous comuniquer. Le garçon ne se débrouille pas si mal pour parler votre langue. Bien que son accent soit déplorable.

- Tu combrends ce que je dis jeune homme ? me demande l'impératrice.

- Ri.

Elle grimace quand elle entends mon accent. Elle soupire et fait signe à tout le monde de partir. Il ne reste plus que moi, grand-ma et elle dans la salle :

- Quel est votre nom ? demande l'impératrice.

- Liam Pollock.

- Pourquoi êtes-vous venus ici Liam Pollock ?

- Ces une longue histoire... Majesté.

- Racontez.

Je me mets alors à raconter mon histoire depuis le début. La mort de ma mère, l'arrivée au manoir, les évènements étranges, Hyju, mes frères, l'attaque du monstre, la chasse aux ingrédients. Quand j'ai fini, je soupire. L'impératrice a l'air troublée.

- Vous êtes le fils d'Amélia Pollock ? J'aurais dû m'en douter. Votre famille m'a déjà causé des ennuis par le passé. Et votre mère ? Que devient-elle ?

- Morte. Il y a des mois.

- Bien. J'aime savoir ce que deviennent les humains arrogants qui viennent me rendre visite. Même s'ils votre race a pratiquement exterminé la mienne.

- Nous ne sommes pas arrogants ! Ma mère était venue vous proposer la paix ! Vous avez refusé ! Et pour ce qui est de l'extermination, je ne suis pas venu empoisonner l'un des votres, moi !

- Votre frère aurait dû faire attention ! Mais dîtes-moi... Comment vous êtes-vous procuré cette épée ?

Elle sort un sabre de saceinture. C'est le mien ! Quand j'y repense, c'est vrai que je ne le trouvais plus.

- Je l'ai trouvé. En quelques sortes.

- Impossible. On ne trouve pas cette arme par hasard. Connaissez-vous son histoire ? Savez-vous ce qu'elle a fait ? Combien de Duhéëra elle a tué ? Comment avez-vous pu trouvé par hasard une arme si destructrice ? Vous ne l'avez pas trouvée. C'est elle qui vous a trouvé. Vous avez quelque chose, monsieur Pollock. Vous ne vous en rendez pas compte mais il y a quelque chose en vous.

- Je... Quoi ? Ce n'est pas du tout de ça que nous parlions ! Mon frère s'est fait empoisonner par un de vos monstres ! Il est entrain de souffrir en ce moment même dans une cellule, se transformant en monstre petit à petit !

- NOUS NE SOMMES PAS DES MONSTRES !! rugit l'impératrice : C' est vous qui avez blessé un des miens !

- Parce qu'il avait presque tué mes amis !

- STOP ! intervient grand-ma : Nous ne sommes pas ici pour nous rejetter la faute ! Nous avons aussi bien blessé vos monstres qu'eux sont entrain de tuer le frère de monsieur Liam.

Le calme retombe dans la pièce. Je détourne le regard. Il y a quelques mois, je ne me serais jamais vu tenir tête à une impératrice, encore moins l'impératrice d'un monde paralèlle. Qu'est-ce qui m'est arrivé depuis la mort de maman ? Je sais ce que j'ai à faire. Quand on était dans l'antichambre, j'ai pris une descision : Tenter de faire la paix. Je prends une inspiration :

- Je veux qu'on vive en symbiose.

L'impératrice se met à rire. Je fronçe les sourcils et lui lançe un regard assassin. Il fait effet à mon plus grand étonnement. Elle reprend son sérieux et me dit dans ma langue :

- Comment vivre en symbiose alors que votre peuple a oublié jusqu'à l'existence même des Duhéëra ?! Tu veux juste que je te donnes ma connaissance Liam Pollock. Mais, moi, Ann' Berem, impératrice des monstres, je refuse ton offre. Vous, humains, n'avez rien à nous offrir.

- Mais réfléchissez bon sang ! Je veux juste vivre en paix dans mon monde sans risquer de me faire attaquer par votre peuple n'importe quand !

- Sais-tu pourquoi on t'a attaqué ? Je vais te le dire : Tu es le dernier chasseur de monstres. Tu dégages une énergie dangereuse. Alors on veut s'assurer que tu ne nous fera pas de mal.

- Parce que c'est moi qui suis dangereux ?!  Ah oui c'est vrai ! J'ai blessé UN SEUL Duhéëra ! Mais ces mêmes êtres ont : Empoisonné un de mes frères, presque tué mon amie, capturé notre groupe alors que nous marchions dans les montagnes. Je ne suis pas un guerrier ! Merde !

- Nous ne faisons que nous défendre face à vous !

- Mais on a rien fait de mal !!

- Vous pilliez nos ressources !

- Je veux juste sauver mon frère !!

Ann' Berem l'impératrice semblait sur le point de faire éclater sa rage mais soudain, elle prit une expression calme et me demanda :

- Passons. D'où vient ton amie ? La jeune fille aux cheveux noirs et aux yeux violets ?

- De loin. Elle a plusieurs siècles. Elle avais environ 6 ans lors de la guerre entre humains et Duhéëra. Elle a étté maudite. Par un sorcier.

- Oh ? Je vois de quoi tu parles. C'est la jeune fille des reflets.

- Pardon ? je demande, pas sûr d'avoir bien entendu.

- Un jour, pendant la guerre, un sorcier est venu me voir. Il m'a proposé son aide et je l'ai acceptée. Dès lors, il me donna des informations sur les activités des humains. Un jour, il vint chez moi, très en colère. Il raconta qu'une fillette était entrée dans son domaine et qu'elle avait failli découvrir la cachette. Il raconta qu'il lui avait jeté un sort pour qu'elle ne vive qu'à travers les reflets, ne pouvant sortir, condamnée à errer jusqu'à ce qu'elle trouve une certaine personne. Après ça, le sorcier n'est jamais revenu et nous avons perdu la guerre. Sauf qu'il y avait un problème. Le domaine du sorcier n'était accessible qu'au Duhéëra et aux humains ayant la formule. Cette jeune fille était bien une humaine en apparence mais elle ne l'était pas totalement car elle a pu passer outre le sortilège qui protégeait l'antre du sorcier.

- Hyju est Duhéëra ?

- Non. Pas vraiment. Seulement une partie d'elle peut être ? C'est inexplicable. Comme le fait que je sois née avec une apparence humaine. Je pense que cette fille et moi sommes une sorte de passage. Comme un fil qui relie nos deux mondes. Mi-humaines mi-Duhéëra.

Je ne sais pas quoi répondre. D'une part, je suis surpris, mais en même temps, je m'y attendais un peu, je le savais au fond...

- Revenons-en au fait : Je désire faire la paix avec les Duhéëra.

- La paix ne se fait pas comme ça ! Vous avez fait du mal.

- Mais vous aussi ! j'insiste.

- J'ai peut être un marché. réfléchis l'impératrice.

- Lequel ?

- Je te donne dix jours. Dix jours pour faire tes preuves, dix jours pour me donner des raisons de faire la paix et pour aider mon peuple. Si tu acceptes ce marché, je te donne les deux ingrédients manquants à ta préparation.

Je réfléchis. Je ne sais pas si l'impératrice tente de m'abuser mais son marché est alléchant. Je dois juste donner dix jours de mon temps et elle me donnera en échange de quoi sauver Erwan. Mais avant, j'ai une question :

- Que se passe-t-il si je ne prouve rien au bout de dix jours ?

- Je déclarerais la guerre aux humains. Et ils paieront pour avoir presque détruit mon peuple.

Je prends une inspiration :

- J'accepte.

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez