Gisèle était de retour à l’hôpital et ne reconnaissait personne. Estelle, Assia et Édouard avaient été déplacés comme des pions.
Seule la corneille du jardin caché lui était familière. Malgré la pluie tenace, Gisèle s’y rendait. Elle se collait au mur et parlait avec l’oiseau. L’averse avait emporté les derniers pétales de roses qui gisaient au sol, mêlés aux feuilles mortes et aux cosses des châtaignes dévorées par les vers.
La corneille disait : « Il y a eu une tempête, mon nid est détruit. Heureusement, les poubelles sont toujours pleines.
- Je vais pas me laisser balader, expliquait Gisèle. Je vais pas les laisser décider sans moi.
-Il est plus là, l’humain qui me ramenait à manger ?
- Déjà, il faut que je retrouve Édouard.
- Oui, voilà.
- Oui. »
Puis elles restaient silencieuses, goûtant l’odeur de l’humus trempé.