8 septembre 2002 – Alpharetta, Géorgie
N'ayant aucun outil lui permettant d'avoir la notion du temps à l'intérieur du camp, Wyatt ne pouvait dire à quelle heure commençait le sprint matinal de l'enfer. Il n'avait ni montre, ni portable. Aucune horloge nulle part dans le camp. Sans doute pour leur faire perdre tous leurs repères. C'était Instructeur en survêt qui les réveillait. Ils prenaient leur petit-déjeuner sans tarder. Matinée rimait avec «sprint matinal de l'enfer». Même si «sprint matinal de l'enfer» était un doux euphémisme en comparaison de ce qui attendait réellement Wyatt, à en croire les dires des autres adolescents.
— Tu vas cracher tes poumons. Surtout les premières fois, prévint Dimitri.
— C'est pas marche ou crève, le matin. Plutôt, galope ou crève...
Wyatt ignorait les intentions de Dimitri et Noah. Le rassurer et l'encourager ne devaient pas être leur but. Sauf si les adolescents se montraient maladroits.
— Tout va bien se passer, rassura Brian.
— Une fois qu'on est dans la course, on ne voit pas le temps passer, rajouta Victor.
— Quand on ne sent plus ses jambes, on court et on ne réfléchit plus, surenchérit Léo.
— Non, mais la course... De bon matin, ça réveille, positiva Ian.
Au moins, certains adolescents essayaient encore de ne pas le décourager. Tandis que d'autres préféraient sans doute le préparer à la dure réalité. Pouvait-on être supporter de telles épreuves à longueur de journées ? Et, un long séjour en camp de redressement ? Rien n'était moins sûr. Wyatt devait lutter pour chasser les pensées qui lui soufflaient à l'oreille qu'il ne ressortirait pas vivant de cet endroit. S'il n'espérait pas un peu, c'en serait fini de lui. Même s'il ne savait pas ce qui l'attendait à la sortie, il devait croire en une vie meilleure. À une vie après le camp.
Les rêves de vie meilleure n'enlevaient rien au fait qu'Instructeur en survêt coursait des adolescents avec son 4x4. Avec Brian et Ian sur les talons, Wyatt arriva sur le lieu de rendez-vous, le point de départ de la course. Il croisa le regard de Noah, Dimitri, Léo et Fergus, déjà présents. Quelques instants plus tard, Victor et Benjamin les rejoignirent. Avec eux, se trouvaient également Jax, Wayne et Asher, trois autres adolescents dont la réputation fit parler d'eux.
— Ces trois-là, c'est des chefs de merde, avait averti Benjamin.
— Mmmh.. C'est pas sympa pour la merde, ça, avait plaisanté Victor.
— Ils croient que c'est eux qui commandent, avait expliqué Noah.
— Ces connards tentent de faire leur loi ici, avait grogné Fergus.
— Bref, ce sont des cons. Des cons, il y en a partout. Dans le camp, c'est eux. Ne les approche pas, avait conclu Brian.
Instructeur en survêt s'assura de placer tout le monde en trois lignes de quatre adolescents. Dans la première ligne de devant, et donc la ligne la plus éloignée du véhicule, était présents Dimitri, Victor, Benjamin et Jax. Dans la rangée du milieu, se tenaient Asher, Wayne, Fergus et Léo. La ligne de coureurs la plus proche du 4x4 comportait les quatre derniers adolescents, à savoir Noah, Ian, Brian et Wyatt.
Le nouveau venu comprit de suite à quel point la première rangée était la plus chanceuse. Instructeur en survêt les laissa démarrer leur course avant de mettre en marche le moteur de son véhicule. De cette manière, Wyatt fixa avec une pointe de jalousie et d'énervement la première ligne de course. Ils se lançaient dans une course contre la montre en direction du sentier s'engouffrant dans la forêt non loin du camp. Eux, au moins, étaient suffisamment éloignés du véhicule pour espérer s'en sortir sans séquelles.
— Petit rappel pour la nouvelle tapette et les amnésiques, hurla Instructeur en survêt en jetant un œil à Wyatt. Le circuit dans la forêt est balisé. Quiconque est vu en dehors du circuit se verra en isolement pour une durée pouvant aller de trois à cinq jours. Quiconque ralentit son pas de course fera allonger la durée de course du lendemain à toute sa lignée ! Est-ce bien clair ?
— Oui, chef ! Chef ! Oui, chef ! scandèrent les adolescents à l'unisson.
Wyatt était légèrement en décalage parce qu'il n'avait pas encore acquis le réflexe de toujours acquiescer ce que disaient les instructeurs. Instructeur en survêt le remarqua :
— Alors, la pédale ? On a du mal à aligner trois mots de bon matin ? Tes camarades y arrivent bien pourtant.
Rouge de honte et de colère, Wyatt se retenait de ronger ses poings. Pire, de tenter de frapper l'instructeur de toutes ses forces. Au plus profond de lui, il se sentait capable d'une telle violence. L'adolescent ne supportait pas les insultes homophobes qui pleuvaient depuis son arrivée.
— On répète après moi, le dégénéré ! «Oui, chef ! Chef ! Oui, chef».
Il soupçonnait l'instructeur de le prendre en grippe afin d'épargner la première ligne de course qui avait déjà démarré leur exercice physique de la matinée. Pour les autres, le but était sans doute que Wyatt se les mît à dos. Plus la première ligne courrait vite, plus elle s'éloignait du véhicule qui n'avait pas encore démarré. Et d'Instructeur en survêt qui était encore sur la ligne de départ.
— Oui, chef ! Chef ! Oui, chef !
L'instructeur fit une moue peu convaincue.
— Bon, ça ira pour cette fois. Paraît qu'il faut pas trop en demander aux gens comme toi. C'est fragile, les tapettes...
Trente secondes plus tard, ce fut au tour de la deuxième rangée de se mettre à courir comme des lapins sauvages lâchés en liberté. Au moment où l'entraîneur sportif mit le contact du 4x4, il annonça le départ pour la rangée de Wyatt qui ne perdit pas de temps avant de s'engouffrer dans le sentier impeccablement balisé. Il était impossible de se tromper d'itinéraire. Toute erreur serait fatale. Une tentative d'évasion lors de la course semblait ainsi impossible, surtout qu'il avait Inspecteur en survêt sur les talons.
Une fois engagés dans le sentier, les adolescents n'étaient plus en ligne horizontale mais plus ou moins les uns derrière les autres. Wyatt remarquait la distance qui séparait chaque ancienne rangée. Ceci montrait bien l'importance de figurer parmi les lignes de devant afin de se maintenir loin du véhicule conduit par Instructeur en survêt. La place juste devant le 4x4 était disputée par Brian, Ian, Noah et Wyatt. Actuellement, Noah fermait la marche mais rattrapa Ian qui n'était plus très loin de Brian et de Wyatt. Le sauveur autoproclamé de celui-ci faisait en sorte de le laisser être devant lui. Quitte à être lui-même face au véhicule qui leur mettait la pression pour courir le plus vite possible. Ian et Noah passèrent devant Wyatt et Brian. Des tensions surgirent entre les deux nouveaux derniers :
— Ne m'attends pas ! Je n'ai pas besoin d'être protégé, je vous rattraperai ! affirmait Wyatt entre deux fortes respirations.
— C'est hors de question ! Rawlins ne va faire qu'une bouchée de toi...
— Je ne me laisserai pas faire, je te dis !
— Mais il sera un peu plus clément avec moi. Toi, il t'a en grippe depuis ton arrivée ! Y a qu'à voir ce qu'il t'a fait subir tout à l'heure. Il te lâchera pas.
Les sentiments de Wyatt étaient contradictoires. Instructeur en survêt restait une menace qui planait comme une ombre derrière eux. Il était très touché que quelqu'un qui ne le connaissait à peine puisse le protéger à ce point. Qu'il soit prêt à se sacrifier pour lui. Malgré tout, cela l'agaçait légèrement d'être surprotégé comme un petit être fragile. Comme si on partait du principe qu'il était faible. Qu'il n'avait pas de forces. Qu'il ne pouvait pas s'en sortir tout seul. Par orgueil, l'adolescent ne souhaitait pas être considéré comme tel. C'était une protection qui devait venir de ses propres parents. Ceux-là même qui l'avaient expédié sans ménagement dans cet enfer. Ceux-là même qui oubliaient parfois son anniversaire. Eux qui refusaient de le souhaiter quand le jour tombait un dimanche. Sous prétexte que le dimanche était le jour du Seigneur, et non le jour de Wyatt. Avec de tels parents, il n'y avait jamais un seul jour de Wyatt dans l'année. En définitive, tout avait été prétexte pour l'ignorer, le punir. La découverte de son homosexualité n'avait été que le clou du spectacle. L'excuse ultime pour l'envoyer loin, certainement avec l'aval de l’Église. Wyatt les imagina fêter son absence à chaque début de repas.
Témoin de cette mystérieuse agitation devant lui, Instructeur en survêt klaxonna à cinq reprises. Faisant sursauter les deux adolescents dangereusement proches de lui. Tous les deux le savaient que trop bien : l'instructeur pouvait les renverser s'ils n'accéléraient pas la cadence puisqu'il l'avait déjà fait par le passé, selon Brian. C'était un fâcheux accident, certes. Cependant, cet incident avait marqué les esprits de tous ceux susceptibles de ralentir le pas, eux aussi. La peur au ventre, Wyatt accéléra la cadence, distançant le véhicule. Suivi de près par Brian qui s'entêtait à rester derrière lui. Ian et Noah les avaient semé petit à petit. Il semblait désormais difficile de les dépasser.
— Quitte à faire exprès d'être dernier, ne reste pas collé au 4x4 ! avertit Wyatt.
Il éprouvait une sincère inquiétude à l'égard de Brian. La seule personne à montrer autant d'intérêt pour lui. Un des rares qui tenait à lui. Wyatt se refusait de le laisser courir un quelconque danger.
Brian lui fit signe de continuer sa course et de ne pas s'inquiéter de son sort. Pourtant, Instructeur en survêt accéléra tout doucement et fit gronder le moteur à plusieurs reprises. Le bruit du moteur fit accélérer le rythme cardiaque des adolescents à proximité. La pression n'était pas prête de retomber de sitôt. Wyatt se souvenait qu'on lui avait dit au réfectoire que la course durait une heure et demie environ. Il était dans l'incapacité de déterminer depuis combien de temps elle avait débutée. Peut-être quelques minutes. Un quart d'heure. Une demi-heure. Une heure... Cela l'étonnerait qu'ils aient couru depuis plus d'une heure. En même temps, il était tellement aisé de perdre la notion du temps en ce lieu. L'adolescent ne pouvait se fier à quoi que ce soit, ni même à son propre instinct.
Le sentier sur lequel ils galopaient pour fuir le véhicule était plat jusque là. Wyatt avait conscience qu'il n'y aurait pas que du plat pendant toute la durée de la course. Il avait raison puisqu'il s'apprêtait à courir sur une descente de plusieurs centaines de mètres. Le cœur de l'adolescent battait de plus en plus fort tant cette partie du sentier l'inquiétait. Allait-il courir plus vite grâce à la pente descendante ? Avait-il davantage de chances de chuter et de se faire percuter par le véhicule ? Instructeur en survêt allait-il avoir la main lourde sur l'accélérateur ?
Remarquant un adolescent sur le bas-côté du sentier, Wyatt interrompit son questionnement qui lui donnait des sueurs froides. Accélérant le pas et entamant la descente, rejoint par Brian qui avait dû voir la même chose que lui, il distança de quelques mètres supplémentaires le 4x4 et ralentit au niveau du blessé. Il s'agissait de Ian, visiblement blessé à la cheville.
— Noah n'est pas avec toi ? hurla Brian pour qu'il puisse l'entendre, même de loin.
— Il m'a distancé depuis un moment déjà... C'est qu'il court vite maintenant ce petit gars, tenta de plaisanter le blessé.
Se plaignant de sa cheville, ce dernier en avait rapidement conclu qu'il l'avait foulée en parcourant trop vite la pente descendante.
— J'ai eu le malheur de dépasser Wayne et Asher. Ils l'ont eu mauvaise et donc, ils m'ont fait un croche-pied. Et, j'ai dû me fouler la cheville, en tombant comme une merde par terre.
— Les cons, cracha Brian, très en colère.
Wyatt n'en pensait pas moins.
— Le remords ne les a pas étouffés, ces connards, cracha Ian. Ils m'ont regardé boiter en se marrant. Je peux plus courir maintenant...
Sans perdre une minute de plus, Brian prit le frère de Fergus et de Dimitri sous le bras pour l'aider à poursuivre la course. Wyatt aidait à maintenir Ian droit comme un «i» en le tenant de l'autre côté.
— Je vais vous ralentir, fut gêné de constater le blessé.
Les deux autres se voulaient rassurants. Sauf que Ian avait bel et bien raison. La distance qu'ils avaient réussi à instaurer entre Instructeur en survêt et eux-mêmes se réduisait au fur et à mesure. Le danger était plus présent que jamais.
— Il faut l'emmener à l'infirmerie. Il ne peut plus courir dans cet état, fit remarquer Wyatt en continuant de transporter Ian comme il pouvait.
— Rawlins ne le permettra pas avant la fin de la course, s'écria Brian.
Ian confirma en gesticulant sa tête de haut en bas. Étant à court d'options, Brian et Wyatt échangèrent un regard. Ian semblait d'accord avec eux sans que personne ne dit un mot. Jusqu'à ce que le blessé énonçât l'évidence à voix haute :
— Vous allez devoir m'abandonner là, les amis. Surtout toi, Wyatt... Rawlins ne te ratera pas si tu foires la course. Demain, on va courir plus longtemps à cause de moi. Je suis désolé...
— Ne t'excuse pas ! Au moins, ce sera pas de ma faute cette fois, s'empressa de répondre Wyatt.
— Même demain, ça m'étonnerait que tu puisses courir dans cet état, décréta Brian qui peinait de plus en plus à soutenir physiquement son ami.
Suite à plusieurs hésitations, Wyatt et Brian lâchèrent Ian qui tomba au sol tout en amortissant sa chute. En un geste de la main qui se voulait rassurant, il souhaita bon courage à ses deux camarades. Il les regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'Instructeur en survêt s'arrêta à son niveau :
— Putain ! Ça pue l'entorse à la cheville, ça. Tu peux pas faire attention ! Tu sais pas courir ou quoi ? vociféra-t-il.
— Si, mais Asher et Wayne...
— Ferme-la ! Allez, monte ! ordonna l'instructeur.
Le blessé obtempéra le plus rapidement possible afin de ne pas être sanctionné pour avoir fait perdre son temps à l'entraîneur sportif.
— Inutile de te dire que toute ta rangée va avoir une pénalité de course demain matin par ta faute ! Sans déconner, quoi...
Rongé par la culpabilité alors même qu'il avait été agressé par Wayne et Asher, Ian se mordilla la lèvre inférieure. Il espéra de tout cœur ne pas être témoin d'un accident impliquant Brian ou Wyatt et le 4x4.
— Et par ta faute, les autres sont sans doute trop loin maintenant pour que je les rattrape, râla l'instructeur, visiblement très déçu.
Au moins, Ian se réjouissait d'une chose. Sa blessure avait donné du répit à ses camarades de galère qui ne risquaient plus rien lors de cette course folle. Par contre, le concernant, il craignait des représailles au retour au camp de redressement.
j'espère que je t'ai pas blessé avec mon dernier com ! comme tu as pas répondu je suis un peu inquiète, je t'ai dit tout ça parce que de mon point de vue c'était des petites choses qui pouvaient améliorer ton chapitre, mais ton chapitre était déjà bien comme il était ! si tu décides de ne pas m'écouter, c'est pas du tout un souci c'est toi l'auteur et j'en sais pas plus que n'importe qui ! Donc euuuh... Désolée j'espère que je t'ai pas paru agressive je l'étais pas duuuu tout quand j'ai écris ce dernier com :O !
Bref, sur ce chapitre là : ah bah il y en a en fait des sales gamins dans ce camp ! è.é
C'est mignon comme la dernière ligne se soutient, et Ian m'a fait de la peine a être blessé. Je trouve leur psychologie bien faite, Ian qui culpabilise de pénaliser tout le monde, mais aussi Wyatt qui ressent un peu d'agacement a être protégé, que Brian se sacrifie pour lui.
Brian a l'air d'être un mec en or, d'ailleurs, et je me demande vraiment pourquoi quand ils se croisent à l'age adulte Wyatt s'est barré sans lui parler ni rien. Est-ce que c'était le choc de le revoir ? Ou il s'est passé un truc dans ce camp ?
Hate d'avoir la suite avec le bel inconnu !!
J'ai été un petit peu dérangée (m'en veux paaaaaaaaas !! encore une fois je suis pas en train de hurler au scandale ! juste ça me titille un peu alors je t'en fait part parce que peut-être tu n'y avais juste pas pensé, mais si c'est en toute connaissance de cause tu peux laisser ça me choque pas non plus) par cette phrase : "L'excuse ultime pour l'envoyer loin, certainement avec l'aval de l’Église. " La famille de Wyatt sont sans aucun doute des tarés religieux, mais j'ai du mal a imaginer l'église d'aujourd'hui approuver qu'on envoie des gamins dans des camps ou ils doivent courir pour pas se faire percuter par des voiture ! Tu me diras, ce sont des américains, ils sont capables de tout ! maiiiis je trouve que c'est une attaque un peu gratuite sur la religion dans son ensemble, alors que ce sont les parents de Wyatt qui sont à blamer pour leur fanatisme et extrémisme. Donc, à moins que les parents de Wyatt ne soient dans une secte, je te conseille d'enlever "certainement avec l'aval de l'eglise"... encore une fois si tu le sens, si t'as écris ça sans réfléchir. Si tu y tiens beaucoup laisse, c'est comme tu veux.
Je ne suis pas vexé du tout. J'entends la critique donc tu peux y aller sans aucun souci. Pour la référence à l'Eglise ici, je voulais montrer le point de vue de Wyatt mais oui, ça a pu passer pour une critique assez violente de ma part. Le "certainement" était là pour montrer cette nuance mais je m'y suis sans doute mal pris. Je réfléchirai sur la question, merci !
Et je suis ravi de t'intriguer sur la relation Brian/Wyatt. C'est un peu le but. Bon, OK… Un peu beaucoup.
Je vais essayer de ne pas tarder pour répondre à tes autres commentaires. Dans tous les cas, je te remercie énormément car tes commentaires contribuent au fait que je me donne des coups de pied aux fesses pour avancer. Surtout qu'il me reste trois chapitres à réécrire/relire/corriger avant de reprendre l'écriture pure. J'ai hâte !
Merci, merci, merci !! <3