Il m’aurait fallu trois jours pour venir à bout des scalpels, mais Marra ne semblait pas prêt à me laisser sortir. Chaque jour, il remplissait de nouveau les sacs, me tenant occupée. Le premier jour, à peine avais-je fini de nettoyer un lot qu’il me le reprenait, pour me le rapporter une heure plus tard, de nouveau souillé. Il doublait ainsi ma tâche sans pitié, allongeant mon séjour. Finalement, lorsqu’il me relâcha, ce fut avec un avertissement sévère : si je remettais les pieds à l’infirmerie avant une semaine, il promettait de me tailler les ailes en pointe.
Mes ailes avaient gagné en taille durant cette semaine, frôlant presque le sol lorsque je les laissais pendre dans mon dos. J’imaginais qu’une fois pleinement développées, elles atteindraient la même envergure que celles de feu apparues lors de l’entraînement. Malgré cela, elles manquaient cruellement de force. Ne sachant pas vraiment comment les renforcer, je passai ma première journée hors du lit à observer un stage de préparation réservé à plusieurs enfants ailés, d’âges si variés qu’il était difficile de distinguer s’ils avaient 4 ans ou 15.
Leurs plumages chatoyants formaient un miroitement hésitant, et leurs battements donnaient naissance à une symphonie délicate de bruissements mêlés. Inspirée par ces jeunes oisillons multicolores aussi adorables que maladroits, je tentai, à mon tour, de donner quelques impulsions, avec plus de conviction qu’eux. Ce ne fut pas fameux, mais j’avais tout de même réussi à me soulever d’un demi-centimètre en m’aidant de la rambarde sur laquelle j’étais appuyée. Peu après, la tête me tournait déjà.
Marra avait raison, je ne devais pas forcer, mais voir ces petits moineaux être plus utiles que moi m’irritait profondément. Je ne pus m’empêcher de retenter l’exercice dès que mes maux de tête se calmaient. Entre deux essais, j’aperçus Maxime traverser la cour en courant avec un groupe d’autres mutants. Il me salua rapidement de la main, mais ne prit pas le temps de ralentir leur entraînement.
Aux alentours de 19 heures, frustrée de n’avoir fait mieux que mon maigre demi-centimètre, je renonçai à cette étude et gravis la petite colline qui surplombait le camp. J’ignorais pourquoi, mais cet endroit m’apaisait, et j’y trouvais une sérénité que je n’avais pas ressentie depuis ce qui me semblait être quelques décennies, mais que je savais bien plus ancien pour le monde qui m’entourait.
L’air était frais et chargé d’électricité. L’orage se préparait, probablement pour déferler dans les heures à venir. Pourtant, en cet instant précis, le ciel restait d’un bleu intense et sinueux, barré ici et là de fins nuages blancs. Ils s’étiraient paresseusement, tels des lianes de lierre s’agrippant au tronc d’un vieux chêne dénudé par l’hiver. Je fermai les yeux, laissant les rayons du soleil caresser doucement mon visage. La chaleur me réconfortait, tandis que la brise ascendante emportait avec elle les odeurs mêlées de la cité de tôle s’étendant sous mes pieds et celles, plus lointaines, d’une grande ville posée sur l’horizon.
Mes ailes, comme guidées par une volonté propre, se déployèrent instinctivement. Elles captèrent le courant d’air chaud qui montait le long de la colline où mes jambes pendaient mollement dans le vide. Je me penchai légèrement en avant, portée par un élan de sérénité. Pour la première fois depuis ce qui semblait être une éternité, je me sentais légère, détendue, presque en paix. Pourtant, il ne s’était écoulé que quelques jours depuis notre fuite. Quelques jours seulement dans ce monde qui n’aurait jamais dû être le mien.
Un sentiment étrange m’envahit : j’avais l’impression d’être là depuis une éternité. Et pourtant, dans la réalité, cela ne pouvait être qu’un mois, deux tout au plus… Je n’en étais pas certaine. Le temps se diluait depuis notre arrivée. Combien de temps étais-je restée dans le coma après la traversée ? Une semaine ? Deux ? Plus que ça ? Ces pensées tourbillonnaient dans mon esprit alors que je réalisais une vérité troublante : peu importe le temps qui passerait, ce monde était désormais le mien. Je n’avais plus le choix.
Quand j’ouvris de nouveau les yeux, le soleil déclinait à l’horizon, se couchant derrière la ville. Ses rayons mourants coloraient le ciel de teintes d’or et de sang, peignant une fresque à l’image de la dirigeante de ces lieux. C’était un spectacle à la fois magnifique et glaçant, comme si la lumière elle-même portait le poids de ce monde. Je restai immobile, observant chaque nuance du crépuscule, attendant patiemment que sa sœur, la lune, se lève pour prendre sa place.
Je me décidai finalement à me lever lorsque le spectacle du crépuscule toucha à sa fin. En me retournant, mes yeux tombèrent sur la lune qui s’élevait doucement, baignant d’une lumière pâle un champ parfaitement aligné de plantes diverses. Ces rangées méticuleusement ordonnées s’étendaient jusqu’à l’horizon, comme un tapis vivant enveloppé par l’épais nuage qui isolait ce monde du reste. Jusqu’à présent, je n’avais jamais vraiment prêté attention à ces cultures. Même maintenant, face à elles, je n’y voyais rien de particulièrement fascinant, si ce n’était leur rôle évident de nourrir le camp.
Pourtant, un mouvement fugace attira mon regard. Il n’aurait peut-être rien eu de spécial pour d’autres, mais il éveilla instantanément ma curiosité. Félin, fluide et précis, ce geste me poussa irrémédiablement à m’approcher, incapable de résister à l’envie d’en savoir plus.
Là, au milieu des champs, se tenait une jeune femme. Sa longue queue battait l’air avec une sorte d’anxiété, tandis que deux petites oreilles pointues dépassaient de ses cheveux gris argentés. En dehors de ces attributs félins, elle aurait pu passer pour une personne tout à fait ordinaire. Une observation rapide me fit penser à la vieille McGonagall, mais rajeunie de plusieurs décennies, avec un chignon en moins et sans la moindre ride marquant son visage.
Cette comparaison me fit sourire, voire rire doucement. Cependant, mon amusement fut de courte durée : je me rendis compte que cette référence devait paraître complètement absurde ici. Ces vieux films faisaient partie de ma culture, mais ils appartenaient désormais à une histoire presque oubliée. Combien ici pouvaient encore se souvenir de ces œuvres, de ces personnages ? Sans doute aussi peu que nous nous rappelions des peintres ou des artistes de l’Antiquité dans notre monde d’avant. Une pensée presque mélancolique me traversa : combien de temps avant que tout ce que j’avais connu ne devienne poussière, effacé par les jours qui s’écoulaient inexorablement dans ce nouveau monde ?
La nuit s’épaissit alors que des nuages lourds et opaques s’étiraient depuis le mur naturel à l’horizon, engloutissant la lumière de la lune et laissant place à une mer de ténèbres grouillantes.
Elle se retourna en m’entendant, son regard chargé de questions, mais elle ne dit rien. Je balbutiai quelques mots que j’avais déjà entendus ici, des excuses maladroites issues de mes anciens cours. Elle ne répondit pas, se contentant de me sourire doucement tout en agitant les mains dans une série de gestes précis. Rapidement, je reconnus quelques mouvements empruntés à la langue des signes : elle était muette.
Il me fallut un long moment pour lui faire comprendre que je ne maîtrisais pas sa langue, bien différente de celle que j’avais apprise autrefois. Lorsqu’elle saisit enfin, son sourire s’effaça. Une ombre passa sur son visage, et je sentis un poids m’écraser le cœur. Elle paraissait si douce, si emplie de compassion, que je ne pouvais supporter l’idée de l’avoir peinée.
D’un geste calme, elle traça cinq lettres dans la terre, m’offrant juste assez de place pour en lire chaque trait. Un mot unique, brutal, qui me heurta comme un coup de poignard.
Avant que je puisse réagir, un éclair déchira le ciel, illuminant son visage d’une lueur blanche presque irréelle, tandis que le grondement du tonnerre éclatait, profond et assourdissant, comme si la terre elle-même partageait son silence.
— C’est ton nom ?...
Elle hocha la tête. Je baissais la mienne, fixant la terre trempée sous mes pieds, quand soudain une pluie fine commença à tomber. Ses gouttes, légères au départ, se transformèrent en un filet incessant qui effaçait lentement les traces de la conversation. La terre se mêlait à l’eau, et bientôt les lettres disparaissaient, emportant avec elles un poids du passé que j’avais longtemps voulu oublier.
Mes mains tremblaient bien avant que la pluie ne rende mon corps glacial. Je perdais le contrôle de mes pensées, et bientôt mes jambes se mirent à courir, franchissant le camp sans même m’arrêter pour Marra. Je ne m’arrêtai que lorsque j’arrivai à la porte principale, désormais fermée à cette heure.
Un souffle lourd s’échappa de mes lèvres, et je levai les yeux vers elle, les poings appuyés contre cette maudite porte. Là, dans ce silence, les cinq lettres gravées – pourtant disparues dans la terre – m’apparurent comme un coup de poignard : Maude.
Après cette rencontre, j'ai passé plusieurs jours à tourner en rond dans le camp, sans réel but, comme un animal en cage, m'interrogeant sans cesse sur elle, sur ce que cela pouvait bien vouloir dire. J'avais beau essayer de rationaliser, de me dire que ce n'était qu'une coïncidence, une rencontre fortuite sans aucun véritable sens, quelque chose au fond de moi refusait de le croire. Je me sentais comme piégé, dans une sorte de boucle mentale où l'idée que le destin ait un plan pour moi, que cette jeune fille soit là pour me transmettre quelque chose, prenait de plus en plus de place.
Je savais que ça ne pouvait être vrai. Pourtant, chaque moment que je passais à la penser, à me souvenir de ses gestes et de ses regards, ravivait une sensation de malaise. La ressemblance, bien que subtile, était trop frappante. Ses traits, ses manières, son regard… tout en elle me rappelait ma mère. Pas de manière exacte, non, mais dans l’essence même de sa présence, il y avait quelque chose de familier, quelque chose que je ne pouvais ignorer.
Je ne savais pas si c'était un espoir un peu fou, ou simplement le besoin de croire que le passé pouvait revenir d'une manière ou d'une autre, mais je ne pouvais pas m'en défaire. Il y avait cette idée persistante, cette obsession silencieuse : et si elle était un signe ? Et si elle avait quelque chose à m'apprendre, quelque chose que je devais comprendre pour avancer ?
Mais à chaque pensée, la douleur revenait, vive, poignante, comme un couteau planté dans ma poitrine. Cette douleur, cette absence, ce vide… ils me suivaient partout, se glissant dans mes gestes, dans mes regards, dans mes rêves. Peu importe ce que je faisais, où je me trouvais, elle était là, accrochée à moi comme une ombre insupportable. Et chaque fois que je revoyais cette fille, chaque fois qu'elle revenait dans mes pensées, je ressentais cette douleur encore plus fort, comme un poids que je n'arrivais plus à porter.
Perdue dans mes pensées, concentrée sur ma cible, je n’entendais plus Maxime passer derrière moi. Ses paroles m’échappaient, qu’il me lance des encouragements ou qu’il me demande de changer d’exercice, rien ne parvenait à briser ma concentration. J’étais devenue presque indifférente au monde autour de moi, seule l’arc et la cible comptaient. Chaque flèche semblait voler d’elle-même, atteignant sa cible avec une précision presque parfaite, surtout sur les cibles mouvantes.
Ce n’est qu’une fois qu’il posa sa main sur mon épaule que je sortis de ma torpeur, me détournant enfin de mon entraînement. Un frisson d’irritation m’envahit, mais je savais qu’il avait raison. Je n’étais plus qu’un automate, enchaînant les tirs sans réfléchir.
- Stop, assez…
- Oui, oui, c’est bon, j’ai compris… je vais le faire ton parcours miteux…
Je savais déjà que ça ne suffirait pas. Comme la dernière fois, je n’étais pas arrivée bien loin, et comme à chaque fois, cette frustration me rongeait, me poussait à recommencer. Mais cette fois, c’était différent. Un ras-le-bol m’envahissait.
Il me demanda de le refaire, encore et encore, jusqu’au soleil couchant.
- Encore…
- NON, j’en ai assez de ton parcours, j’en ai assez de cet endroit et j’en ai assez de TOI…
Je sentis mes dents grincer sous la tension de mes mots. Ma voix s’échappa plus faible que je ne l’aurais voulu, mais ce n’était pas ma volonté qui m’échappait, c’était mon corps tout entier qui me trahissait. J’avais mal, tout le temps. Pas juste dans les muscles, mais dans chaque fibre de mon être. J’avais l’impression que mes mots étaient engloutis avant même de quitter ma gorge.
- Je t’avais dit qu’elle craquerait.
- Je ne craque pas, je suis…
Mais mes mots, déjà, se brisaient avant d’atteindre leur objectif. Comme une tempête qui se perd dans l’air avant d’atteindre la terre, mes voix n’étaient plus que des murmures, des râles presque inaudibles. Je sentais mes cordes vocales qui me tiraillaient, me trahissant à chaque tentative de hurler.
Je me tournai brusquement vers eux, les yeux écarquillés. Maxime n’était plus seul. Marra et Maude l’avait rejoint, mais je n’arrivais plus à capter les détails autour de moi. Tout devenait flou. La colère, le désespoir, la frustration… tout m’envahissait.
Marra souriait, comme d’habitude, mais il avait abandonné sa blouse blanche pour un vieux t-shirt de groupe, un souvenir d’une époque lointaine. Le nom et la photo étaient presque effacés, comme si tout avait été effacé du monde. Mais Maude… elle, elle avait ce regard. Ce regard de quelqu’un qui n’était pas censé être là. Elle semblait totalement perdue, ses yeux traînant dans chaque recoin du camp. Elle n’était visiblement jamais venue dans cette partie, un endroit qui semblait infini.
Elle était là, tout près, mais tout semblait se tenir à une distance insupportable. Tout en elle me rappelait ce que je cherchais à fuir, ce que je fuyais sans jamais pouvoir m’en échapper. La terreur dans ses yeux, cette incompréhension… c’était ce que je vivais. Ce que je vivais chaque jour.
- Tu es quoi ?
- Juste fatigué ! Et qu’est-ce que tu fiches ici !? T’as décidé de changer de carrière !?
Ma voix était rauque, étranglée par l’angoisse et la frustration. Je détestais qu’on vienne me chercher. J’avais l’impression qu’à chaque mot, chaque geste, il enfonçait un peu plus une lame froide dans mon désespoir.
- Non, je m’inquiète pour toi… Il y a 4 jours que tu aurais dû venir me voir pour ton bilan…
- Je n’en ai pas besoin, je suis en forme.
J’avais prononcé ces mots comme une évidence, mais au fond, je savais qu’ils n’étaient qu’un masque. Je ne voulais pas qu’on voit à quel point je me sentais fragile, brisée de l’intérieur.
- C’est à moi d’en décider, je suis ton soignant et tu n’es clairement pas en forme… mais tu le sais déjà, tu ne l’étais pas avant même que notre taupe ne t’ait entre les mains…
Je sentis la chaleur monter en moi, une vague de colère que je tentais désespérément de contenir. Il n’avait pas le droit de parler comme ça, de juger ma vie comme si c’était une simple affaire de chiffres et de bilans.
- Je n’ai pas besoin d’aide, je n’ai pas besoin qu’on me dise ce que je sais, j’ai besoin qu’on me laisse.
Les mots s’échappaient comme un cri étouffé, mais ils ne suffisaient pas à apaiser la tempête intérieure.
- Alors c’est pour ça que tu as fui Maude après être venue la voir ?
Ce n’était plus juste une question. C’était une accusation, une vérité qui me frappait en plein cœur. J’eus un instant de panique, mes mains tremblèrent, et je fis tout pour masquer la douleur qui s’était emparée de moi.
- NON, et je ne veux pas en parler, sûrement pas avec TOI… On ne se connaît pas !
Ma voix avait perdu son assurance, devenant plus brisée, plus vulnérable. Je ne voulais pas qu’il entre dans mon monde, qu’il comprenne trop de choses.
- Mais peut-être plus que tu ne le crois… Je suis bon à cerner les gens, alors laisse-moi deviner. Ta famille est morte, tu ne t’en es pas entièrement remise, et le peu que tu as fait, c’était avec le type qui est mort sur la tyrolienne… La seule chose que je ne peux pas savoir, c’est pourquoi tu as fui une personne qui n’a rien fait et détruit tes efforts alors que tu semblais vouloir t’en remettre.
J’étais stupéfaite. Surprise, secouée par l’exactitude de presque tout ce qu’il venait de dire. Un frisson glacé parcourut mon dos, et mes jambes semblaient vaciller sous moi. Il avait raison. Pas sur tout, mais sur bien trop de choses. Je le sentais, il était en train de décortiquer mes murs, un à un, me forçant à les regarder en face.
Je descendis du parcours, m’éloignant des cibles et des flèches, comme si le bruit du vent et du métal pouvait étouffer ce que je ressentais.
La lune montait dans un ciel étoilé, solitaire et silencieuse, prenant peu à peu la place du soleil. Et moi, j’étais là, à la dérive, coincée entre cette image d’une Maude que je ne pouvais fuir et un homme qui venait de déterrer des parties de moi que je n’étais pas prête à affronter.
- Tu as oublié quelque petite chose qui change beaucoup… C’est de ma faute s’ils sont morts… Et je la fuis parce que c’est ma mère, pas à proprement parler, mais ce sont deux gouttes d’eau… Le même sourire, le même nom… Le même handicap…
Chaque mot résonnait en moi, lourd et douloureux. C’était comme si je me souillais à chaque syllabe, comme si la vérité que je craignais tant était enfin mise à jour, prête à me dévorer. Mon corps tremblait sous le poids de mes paroles. Pourquoi je disais ça ? Pourquoi il fallait que je me retrouve à lui confier des morceaux de mon âme que je n’avais jamais voulu partager avec quiconque ?
Je me tournai brusquement, mes yeux se baissant pour éviter son regard. Il n’avait pas à comprendre. Personne n’avait à comprendre. Pas encore.
- Maintenant, excuse-moi, mais je suis fatiguée…
Le souffle court, je fis un pas en arrière, m’éloignant de cette conversation qui me brûlait de l’intérieur. Je voulais fuir, mais je savais que je n’irais nulle part.
- D’accord, mais n’oublie pas que tu as court demain…
Je partis, la tête baissée, consciente que rien ne changerait les faits, qui étaient pour moi une évidence. Sa voix s’était faite plus douce, emprunte d’une réelle volonté de me soutenir. Mais il ne comprendrait pas, il ne pouvait pas comprendre. Comment aurait-il pu, après tout ce que j'avais traversé ? Après tout ce qui m’avait brisée et qui continuait de me briser à chaque instant ? Personne ne pouvait imaginer… Ils ne voyaient que le masque que je m'étais fabriqué, le nid de poule que j'avais placé pour dissimuler la faille. Et encore… Non, la fosse des Mariannes ne serait même pas assez profonde pour illustrer ce que je ressentais. Mais il avait raison… Je devais y aller. Ce cours …je devais au moins pour comprendre où j'avais mis les pieds.
Les scènes de tension sont très bien écrites, et l'évolution de Morgan est fascinante. On ne sait pas si elle va se révéler où se replier sur elle-même. On ressent bien sa lutte intérieure face à un monde brutal.
Néanmoins, quelques moments me paraissent un peu rapides, mais ça n'enlève rien à l'histoire !
("- D’accord, mais n’oublie pas que tu as court demain…" "cours" plutôt que "court")