A peine avait-elle eu le temps de découvrir son nouveau vaisseau et son équipage que déjà elle avait été demandée sur le Finalizer. Bien sûr, elle avait déjà eu le temps de converser avec son capitaine de bord. Il répondait au nom de Lewis et avait déjà combattu aux côtés de l’empire auparavant. Son âge avancé lui laissait croire qu’il avait probablement connu son grand père, mais cela n’avait pas vraiment eu d’importance ce jour-là.
Elle avait surtout senti sa méfiance et avait su dès ce moment qu’il serait difficile de s’imposer en tant qu’autorité. Enael ne s’était pas laissé décontenancée et avait demandé des explications sur le fonctionnement de son prédécesseur.
« Et donc il ne demandait jamais aucune copie des dossiers de mission ? » Lui lança-t-elle surprise.
« Non, il laissait ça à ses officiers de bord. » Lança Lewis sans vouloir lui dire qu’il avait trouvé Hawkins très paresseux.
« Et il ne discutait jamais avec vous ? » lança-t-elle à son équipe technique.
« Très peu amirale. Uniquement lorsque cela était nécessaire. » répondit la technicienne.
Mais c’était absurde, comment arrivait-il à tenir une discipline dans sa flotte ? Comment arrivait-il à être cohérent ?
« Capitaine Lewis. » Lança-t-elle « Notez que dès à présent je souhaite une copie de l’ensemble des comptes rendus de mission sur mon bureau.
-Très bien.
- Je souhaite également une réunion avec mes équipes, chaque jour pour le passage des informations. »
Lewis leva les yeux de son calpin. Surpris.
« Et je voudrais aussi rencontrer nos soldats.
- Mais, vous les avez déjà rencontrés lors du salut de votre prise de fonction.
- Non Lewis, j’irai en mission avec eux, du moins au début, je veux les rencontrer, je veux voir ce dont ils sont capables. »
Le vieux capitaine semblait abasourdi. D’où sortait-elle cette petite amirale ? Avait-elle vraiment été à l’académie ?
« Je suis attendue sur le Finalizer pour un ordre de mission, Lewis tiendra le commandement en attendant mon retour. Bon travail. »
Lewis semblait décontenancé. Elle avait donné l’impression d’être si peu sure d’elle lors de sa remise de grade, et ici elle désormais elle montrait l’inverse. Expliquant clairement et exactement ce qu’elle voulait. Tous étaient déjà en train de dire qu’elle allait mettre le Donnagher sans dessus dessous, alors que d’autres trouvaient ces changements intéressants.
Ce qui était certain, c’est qu’elle ne laissait personne indifférent.
Lorsqu’elle était arrivée sur le Finalizer, Hux l’attendait déjà de pied ferme. Le visage fermé il lui lança un regard strict. Ce type était vraiment désagréable.
« Je vous attendais ! » siffla-t-il.
« En quoi puis-je vous être utile ?
- Une de nos bases vient de m’envoyer un rapport plutôt…déconcertant. Selon leurs dires, ils ont constaté quelques dysfonctionnements de nos machines de production. Ils n’en trouvent pas la source. Et je trouve cela extrêmement suspect.
- En quoi ?
- Êtes-vous bête à ce point amirale ? »
Elle lui lança un regard de défi, il ne raterait donc aucune occasion de la rabaisser ?
« Je pense à un sabotage ! Mais je ne peux en être sûr qu’en y envoyant quelqu’un.
- Et je suis donc l’heureuse élue qui va aller faire le chien de garde là-bas c’est bien ça ?
- Il faut bien commencer par quelque chose Amirale. Et je n’ai rien trouvé de plus abordable pour vous que ça.
- Sous entendez-vous que je manque de compétence ? » Siffla-t-elle.
« Disons que je vous propose une mission à votre niveau. »
S’en était trop, il l’insupportait, lui et son regard de glace qui semblait la narguer en permanence.
« Je pars sur le champ !
-Faites donc cela » siffla-t-il. « J’ai envoyé les données de repérage ainsi que les rapports sur le Donnagher. Ils sont déjà au courant et vous attendent. »
Enael avait décidé d’accompagner ses soldats et d’aller voir en personne ce qui se tramait sur la base. Leurs troupes avaient été accueillies en grandes pompes par le commandant qui commença à lui expliquer la situation. Depuis peu il avait constaté des dysfonctionnements auprès d’un générateur de la tour nord. Ceux-ci aidaient à la production des canons qui seraient les prototypes servant à la Starkiller. Il était donc logique que cette situation agaçât Hux au plus haut point. Ce genre de dysfonctionnement retarderait lourdement la mise en place de l’arme et il ne pouvait se permettre de délai. Le suprême leader n’aimait pas trop les retards.
Lorsque le commandant lui avait fait constater par elle-même, Enael avait demandé l’autorisation de jeter un œil à « la bête » par elle-même et était allée directement en salle de machine, elle voulait voir le dysfonctionnement de ses propres yeux et suivi les ingénieurs travaillant sur place.
« C’est ici » fit l’un d’entre eux.
Elle observa la panne. Visiblement, l’intérieur du moteur avait délibérément été dégradé. Hux avait donc raison sur toute la ligne. Et cela risquait de se reproduire s’ils ne faisaient rien.
De retour sur le Donnagher, elle demanda à être mise en contact direct avec le général et s’enferma dans son bureau.
« J’espère que vous ne me dérangez pas pour rien ! »
Ce ton dédaigneux ne lui avait strictement pas manquer. Enael se demandait s’il lui arrivait un jour d’être agréable.
« Vous aviez raison » lança-t-elle en ignorant la remarque. « Il s’agit bien d’un sabotage. »
Hux semblait satisfait.
« Eh bien, si vous en êtes capable, trouvez le coupable et faites ce que vous avez à faire, Amirale. Et lorsque cela sera fait, emportez les données que je vous ai réclamées et revenez sur Starkiller le plus vite possible. Nous ne devons pas perdre de temps ! Alors soyez efficace, si possible » .
Elle avait coupé rapidement la transmission, faisant fit dans sa dernière remarque et avait convoqué Lewis immédiatement. Hux commençait à sérieusement titiller sa patience. Lui et ses grands airs. Se pensait-il le seul à être compétent dans son équipe ?
Lorsque Lewis arriva, elle lui avait expliqué son point de vue. Ce type de sabotage elle le connaissait très bien, car elle l’avait déjà pratiqué au début de sa carrière. Nul doute qu’il s’agissait des leur qui avait retourné sa veste, mais encore fallait-il le démasquer.
« Je ne peux faire confiance qu’en mes hommes sur ce coup. Et j’aimerais que vous m’assistiez. Je voudrais interroger chaque personne qui a accès à ce générateur, une à une séparément et vérifier qu’il n’y a pas de discordances dans leurs discours. De quand date ce dysfonctionnement ?
- D’après le rapport que j’ai en main, la panne a été signalée il y a deux jours.
- Alors il nous faudra l’ensemble des rapports qui datent de ce moment-là. Il me semble que sur ce genre de base, une carte scannée à l’entrée et à la sortie permet de savoir les allées et venues de ce secteur. Il nous en faudra l’accès.
- Je vais mettre le lieutenant Travis sur le coup. » lança Lewis enthousiasmé par l’esprit fin et rapide de son amiral.
« Et autre chose Lewis. Lorsque vous convoquerez chacun des membres du personnel. N’en stipulez pas la raison. S’ils demandent, contentez-vous de leur dire que je suis nouvelle et que je débute sur le projet Starkiller. Que le général Hux m’a jugée suffisamment ignorante pour m’envoyer ici dans le but de comprendre le fonctionnement du projet et que je veux récolter un maximum d’informations pour parfaire ma formation. Ils ne doivent pas être sur la défensive, où nous sommes foutus.
- Oui amirale. » Lewis sourit, cette gamine semblait être au-dessus de ses espérances.
Les interrogatoires avaient commencé presque immédiatement après cette discussion. Spencer ne voulait pas perdre de temps et permettre à la taupe d’envisager une stratégie d’évitement. Elle avait réquisitionné au commandant une pièce inutilisée et s’y était installée avec un carnet. Enael avait demandé à voir défiler l’ensemble du personnel ayant accès au générateur, en ce compris les officiers. Ce qui avait d’abord agacé le commandant, mais sa justification tenait la route et il n’avait pas trouvé lieu de discuter.
Lewis avait observé chacun des interrogatoires. Elle n’avait pas daigné faire de pause jusqu’à tard dans la nuit. Mais ce qui l’avait le plus étonné était sa méthode, en dehors du fait qu’elle était toujours aimable et souriante, elle ne cessait de prendre note de manière frénétique. Essayant de reformuler toujours la même question de façon différente. Au fond, même si elle usait d’une procédure classique, il ne put s’empêcher de relever son incroyable don pour la stratégie et la manipulation.
Mais ce n’était pas ça qui le choquait le plus.
C’était ce qu’elle faisait lorsqu’il était parti.
Dès que l’un de ses interrogés quittaient la pièce, Enael continuait sa prise de note, mais n’utilisait plus de termes techniques. « Renfermé », « semblait nerveux », « a hésité pour répondre à la question de l’horaire. », « plutôt détendu ». Elle semblait décrire et interpréter chacune de leurs réponses et de leurs expressions.
D’où lui venait ce tel sens de l’observation ? Probablement de son enfance. Lorsque sa tutrice l’avait laissée seule, Enael était devenue un fantôme. Passant inaperçue auprès de ceux qui étaient chargés de son éducation, elle avait toujours regardé le monde qui l’entourait sans vraiment y avoir sa place.
Elle avait observé les gens qui l’entouraient, avait été spectatrice de leurs émotions : colère, tristesse, peur…
Mensonge
Haine.
Toutes ces années tapies dans l’ombre lui avaient servi à comprendre que parfois, l’être humain ne montrait pas ce qu’il pensait vraiment.
« Je l’ai. » S’exclama-t-elle avec certitude. Lewis sursauta, il s’était endormi sur ces notes. Avait-elle au moins dormi ? Probablement pas. Il observait le puzzle de feuilles blanches qui jonchait le sol. Toutes ses notes étaient là, alignées et dispatchées dans la pièce.
« Demain matin il faut convoquer tout le monde. Je dois le confronter absolument » lança-t-elle enthousiaste.
Lorsque le lendemain elle avait fait convoquer tout le monde au générateur, Enael les avait fait aligner devant elle et un silence de mort régnait dans la cour. Chacun craignait probablement avoir été accusé à tort ou à raison par son voisin. Elle les passa en revue, s’arrêtant çà et là pour les observer droit dans les yeux.
« Mesdames, messieurs, merci pour votre pleine collaboration, vos informations m’ont été d’une très grande aide. » Commença-t-elle. « Mais elles m’ont aussi permis de comprendre ce qui s’était passé au générateur A. »
Elle continua son passage en revue. Lewis l’observait. Elle était comme un loup prêt à bondir sur sa proie. Le monstre tapi en elle semblait bien s’être réveillé. Et il lui faisait peur.
Enael se tourna vers une jeune femme à peine plus âgée qu’elle et la fit sortir du rang. C’était une ingénieure chargée de la maintenance du générateur. Elle commença alors à tourner autour d’elle, lui répétant certaines questions qu’elle lui avait déjà posé. La jeune fille semblait terriblement nerveuse. Mais lorsqu’Enael brandit son arme et la posa sur sa tempe elle ne put retenir ses larmes et chacun eu le souffle coupé.
« Vous mentez et je le sais. Ne vous a-t-on jamais appris que c’était vilain de mentir ? Les autres témoignages sont catégoriques, l’heure que vous indiquez n’est pas la bonne.
-Je vous … jure …que…que »
Enael dirigea son arme vers le sol et tira à 1 cm de son pied, la jeune femme hurla et tomba à genoux en sanglot. L’amirale reposa son arme sur son front.
« Tu me mens encore une fois et la prochaine ira se loger là ! » fit-elle catégorique.
« Arrêtez ! » une voix venait de s’élever dans les rangs, un homme venait d’un sortir. « Elle n’y est pour rien, laissez-là. »
Enael considéra l’homme. Il s’agissait du sous commandant Melvin.
« Ah, te voilà enfin ! Ce n’est pas trop tôt. Combien de temps comptais-tu la laisser se faire démolir de la sorte ? »
Lewis était abasourdi. Enael avait tout orchestré dans le but de faire sortir le coupable de son trou. Elle savait que la fille n’avait rien à voir là-dedans.
« Ils m’avaient promis, nous avaient promis une somme d’argent qui nous permettrait de quitter cette base et de vivre loin d’ici… Je…Je n’aurais pas dû les écouter et… »
Enael se tourna vers les stormtroppers. « Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Emmenez-les, tous les deux. »
Les soldats les emmenèrent et Enael fit volteface.
« Je vais faire mon rapport commandant, nous pouvons dire que cette affaire est classée. Transférez-moi les données que je suis venue chercher et nous partirons.
-Très bien. »
Et alors qu’elle se dirigea vers son transporteur, elle rejoignit Lewis, qui ne pipa mot. Ce qu’il avait vu de son amirale lui avait glacé le sang. Elle n’avait rien laissé transparaître et il n’avait distingué aucun état d’âme en elle.
Elle avait été impitoyable.
« Je sais à quoi vous pensez capitaine » dit-elle d’un ton assuré. « Mais je n’aurais pas tué cette fille. J’avais ouïe dans les interrogatoires que Melvin entretenait une liaison avec elle. C’était le seul moyen pour qu’il se dénonce.
- Mais vous les envoyez quand même à l’exécution. Le résultat est le même. » siffla-t-il.
« En fricotant avec lui, elle devenait inévitablement sa complice ! » Elle marqua une pause. Ayant l’impression d’avoir à se justifier. « La trahison est un crime de guerre capitaine. Ils ont joué et ils ont perdu. »
Lewis la regardait.
« Mais que savez-vous de la guerre Amirale ? » Elle n’avait pas trente ans, n’avait pas vécu les guerres de l’empire, et elle semblait lui faire la leçon.
« Pas grand-chose. » Souffla-t-elle. « Je sais juste qu’il faut faire ce qui est nécessaire pour protéger ce qui nous semble juste. »
Et c’est sans un mot de plus qu’ils rejoignirent le Donnagher. Finalement, elle avait peut-être bien hérité des gènes des Tarkin.
A moins bien sûr, que tout ceci ne soit que du bluffe.
Je sens que ça va être génial entre Hux et elle !
Bon, ben, je continue !
Et cette petite rivalité naissante avec Hux me plaît beaucoup aussi.
Ca promet vraiment d'être tendu tout ça ! :D
Quand je relis ces chapitres (je suis à la fin de la rédaction de mon tome 2), je me rends compte à quel point Enael évolue dans son côté stratège ! J'espère qu'elle te plaira tout au long du récit. Elle et les autres personnages qui apparaîtront plus tard =p
Oh c'est cool si elle évolue en plus ! J'ai hâte de découvrir tout ça :3