Chapitre 01 🧹

- Lyna, viens manger! cria ma mère depuis la cuisine.

J'étais installée sur le hamac que nous avions installé quelques années auparavant, à observer le vent. Je profitais des moments comme l'été pour me poser, lire, profiter des petits plaisirs de la vie. Le reste de l'année, je ne pouvais pas. Les cours me prenaient tout mon temps ces trois dernières années. Je ne pensais pas que les cours pouvaient à ce point empiéter sur ton temps libre et t'empêcher de vivre ton adolescence comme il se doit.

Je lisais tranquillement l'un de mes bouquins dans mon hamac. La lumière apparaissait peu à peu entre les branches des deux arbres. Deux chênes de plus de deux cents ans. Je les observais depuis que j'étais toute petite, enfin, depuis que j'étais en âge de marcher et gambader partout. Les troncs m'ont permis de me fabriquer un hamac pour profiter de chaque été et de me perdre à travers les étoiles la nuit au cas où je ne dormirais pas, ce que j'ai fait de nombreuses fois.

Je soupirais de bonheur. Un mois que j'étais en vacances. Un mois que je profitais de mes vacances à fond ! Et l'idée que je devais reprendre d'ici quelques semaines m'angoissait un peu mais me semblait lointain. En langage familier: j'en ai strictement rien à cirer. Pour une fois.

Je secouais la tête pour chasser ces pensées et me levais de mon hamac. Je m'étais promis de ne pas y penser et de ne pas en parler. Cela ne devrait pas être trop dur, non?

- Ah, te voilà, je me demandais ce que tu faisais, me dit ma mère alors que j'arrive dans la cuisine.

Ma mère, c'est Margaret Cook. Elle travaillait au Ministère de la Magie en tant qu'Auror. Les Aurors avaient pour but de retrouver et d'emprisonner les mages noirs. C'est comme... la police pour les moldus. Et les mages noirs... des criminels. À la seule différence que les Aurors et les mages noirs utilisaient la magie. Je l'admirais beaucoup pour sa sagesse et sa force. Elle était quelqu'un de très respectée dans le milieu de la magie et certaines personnes avaient peur de ce qu'elle pourrait faire. J'avouerais que, parfois, ça jouait en ma faveur ! Mais avec moi, elle était un chou à la crème, douce, gentille, bienveillante.

Mon père, Robert Hawkings, travaillait au Ministère de la Magie et son influence jouait considérablement sur l'avenir des gens autour de nous, était en passe de devenir le Premier Ministre à la tête du Ministère. Est-ce une chance d'avoir un papa connu? Mm, non, car la seule chose qui l'intéressait la plupart du temps était le pouvoir. Moi, j'étais sûrement une occupation, une façon de passer le temps. Il a beau m'acheté certains cadeaux dont la somme était astronomique et, je pense, plus cher que notre maison, ça ne me faisait en aucun cas plaisir. Sa présence était plus chère que tout, et depuis qu'il préparait sa campagne électorale, ma mère et moi, on était - un peu - passé au second plan. Mais j'oubliais de préciser, qu'avant, il était là pour moi quand j'en ai eu besoin. Mes six premières années à Poudlard avaient été un vrai calvaire pour moi. J'ai été beaucoup harcelée et ma mère et lui avaient usé de leur influence et leurs relations pour que la situation se calme durant la cinquième et sixième année. Merci l'influence de mon papa et de ma maman. Sans eux, qu'aurais-je fait?

Quoique, je vous avoue que mon père s'était amélioré depuis quelques mois... Il était de plus en plus présent à la maison. C'était sans doute sa campagne électorale qui se passait bien.

- Ton père ne devrait pas tarder, me dit ma mère.

Ah oui ! Il rentrait à la maison le week-end maintenant. C'est génial !

- Je vais aller chercher le courrier, lui dis-je. Je reviens dans deux minutes.

Je pensais que je sortirais en même temps que mon père arrive. Simplement, il n'en est rien. Il n'est pas là. Je pris le courrier dans la boîte aux lettres et rentrais à la maison. Deux courriers pour maman, cinq pour papa, et un pour moi. Je traversais le salon pour arriver dans la salle à manger. Je m'assis en face de ma mère et lui tendis ses courriers tout en posant ceux de mon père sur la table.

J'ouvrais le mien. À mon avis, ce devait être Poudlard qui m'envoyait une lettre pour me dire que je suis inscrite en septième année. Je me sentais d'un seul coup stressée à l'idée de retourner là-bas. J'aimais bien cette école, les cours, les bâtiments, les professeurs, le château, la forêt qui se trouve autour du château, Pré-au-lard, aller boire une bonne bièraubeurre. J'ai eu 17 ans, il y a tout cinq mois. Je vais pouvoir goûter à ma première bièraubeurre en tant que majeure. J'eus un petit rictus en y pensant.

Ma mère, qui jusque-là n'avait rien dit, me regarda de ses yeux observateurs.

- Tu es sûre que tu veux y retourner ? demanda-t-elle.

Elle savait pourquoi. Elle savait pourquoi elle me posait cette question, enfin, nous le savions toutes les deux et je n'échappais pas à l'envie de faire une grimace due à la question de ma mère.

- Je suis mitigée. J'adore l'école et tout... mais les gens...

- Je comprends. Ce ne sont que des imbéciles. Même les professeurs ont laissé faire ça. Quelle honte !

Sur ce point, elle n'avait pas tord. Les professeurs ont plutôt fermé les yeux sur ce qu'il s'était passé jusqu'à ce que ma mère vienne et fasse jouer son influence. Pas besoin de faire plus que de se pointer à Poudlard, donner deux ou trois conseils - périphrase de menacer - pour demander aux professeurs d'être plus vigilants et de faire cesser tout ça. Les trois derniers mois, j'ai cru que ce qui m'était arrivé, n'était jamais arrivé. Depuis, je fais une pause syndicale concernant mes émotions et c'était bien mieux comme ça.

- Tu dois répondre quand à cette lettre ? me demanda ma mère.

Sa voix me fit sortir de mes pensées et je m'obligeais à répondre à une question dont elle connaissait déjà la réponse.

- Le plus tôt sera le mieux, à mon avis.

- Tu sais que tu n'es pas obligée d'y aller et que je peux te faire cours à la maison si tu le souhaites ? proposa ma mère.

Je fis une moue. L'idée me plaisait mais rester enfermée H24 pour apprendre des choses que je pourrais faire à Poudlard tout en côtoyant d'autres gens, pas vraiment.

- Prends ton temps pour décider mais ne tarde pas trop. Réfléchis-y bien !

- Voilà les femmes de ma vie ! s'écria une voix que nous connaissons trop bien.

- Robert, tu en as mis du temps, lui reprocha maman.

Mon père fit un bisous à ma mère et à moi, sur le front.

- J'ai été retardé par ma campagne électorale, dit-il en s'asseyant à table. Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en désignant ma lettre. C'est Poudlard ?

J'acquiesçais aussitôt.

- Tu vas y aller ou pas?

- Elle y réfléchit, répond ma mère. Elle avait quelques jours pour décider et après, elle fera son choix.

- J'espère que tu feras le bon ! Fit mon père joyeusement.

En cette fin d'été 1983, si je disais oui, je serai sur le point de rentrer à Poudlard pour entamer ma septième et dernière année. Sept ans. Ça claque ! C'est la classe quand même !

Je n'avais pas beaucoup de camarades là-bas, juste trois amies que je me suis faite à la fin de ma cinquième année dont deux qui ne se trouvaient pas dans la même maison que moi, malheureusement. Elles m'ont beaucoup aidé mais en vain, ça n'avait pas été suffisant.

Une bonne heure après, je décidais d'aller me doucher puis d'aller me coucher. Ma chambre était assez grande et ensoleillée, tournée vers le sud, ce qui fait qu'il y fait souvent chaud dedans. Ce côté chaleur la rendait encore plus cosy que n'importe quelle chambre. Elle était décorée de mes nombreux dessins que j'avais réalisé, depuis quelques années, dont certains ont été fait à Poudlard et d'autres ici. J'espérais un jour les accrocher sur tous les murs de ma chambre. C'était l'un de mes rêves. Je sais, c'était un rêve plutôt bizarre mais quand tu aimais dessiner comme moi, tout le reste n'avait aucune importance.

Je vis la lettre envoyée de Poudlard que j'avais laissé plus tôt dans la soirée sur ma table de chevet et m'assis sur mon lit. J'avais quelques jours pour décider mais quelques jours me semblait trop rapide pour décider de quoique ce soit. J'aimerai y retourner mais qu'est-ce qui me dit que tout ne va pas recommencer ? Qu'est-ce qui me dit que l'ambiance ne sera pas la même qu'il y a quelques mois ? Ai-je quelque chose à y perdre en y allant ? Tout ce questionnement m'amenait à me demander ce que je voulais vraiment et m'obligeais à remonter certains souvenirs en moi. J'avais une crainte, une très grosse crainte d'y retourner, de peur de remarquer le regard des autres et de subir de nouveau ce qu'il s'était passé pendant ces dernières années. Mais j'aimais cette école et... une boule de chaleur incroyable en moi - autrement dit, une partie profonde en moi - me faisait comprendre que je devais y aller, je dois affronter ces gens, une bonne fois pour toute!

- Ah, la, la, soupirai-je.

Une autre partie de moi préférait aller aider mes parents dans leurs problèmes au Ministère de la Magie, découvrir les joies du métier de ma mère ou encore aider mon père dans sa campagne. Mais aider ma mère voudrait dire que je dois passer par des études et un diplôme pour y arriver si je voulais vraiment l'aider. Oui, c'est ça ! Si je voulais devenir Auror, je devais retourner à l'école ! Je devais y aller !

Je verrais d'ici demain si je changeais d'avis. Si c'est le cas, j'avertirai l'école. Sinon, ça voudrait dire qu'une nouvelle année s'offre à moi ! Poudlard, me voilà !