Un vent froid d’ hiver qui parcourt votre dos et qui vous glace le sang. Je m’ emmitoufle dans ma longue écharpe, essayant de me réchauffer au mieux. La cour du lycée se dresse devant-moi, assez grande, plusieurs bancs de couleurs marrons ou verts étaient dispersés de façon éloignées pour que les adolescents étudiants en ces lieux puissent s’ asseoir. Au centre, un panier de basket et une table de ping-pong pour les joueurs. Quelques arbres pour la verdure. Un léger brouhaha du matin. Bref, une cour de récré quoi. Je rentre dans le bâtiment principal aux couleurs bleues vitrées. Mais à l’ intérieur il fait toujours aussi froid. Je me dirige vers une machine à boisson pour me prendre un chocolat chaud, lorsqu’ une main tapa violemment mon dos manquant de me faire tomber en avant.
-Comment elle va la ‘ tite pucelle aujourd’ hui ?!
Je reconnue tout de suite cette personne à la voix entraînante et au langage particulier. Je me retourne en face de mon ami avec un visage blasé.
-Très drôle Maxime.
Le garçon blond aux yeux bleus me sourit en frottant trop fortement ma tête avec sa main. Ce surexcité est mon meilleur ami, toujours habillé d’un simple jean et d’une veste blanche ouverte sur un tee-shirt tout aussi blanc.
-Je sais, je sais, je suis drôle ! Tu n’ as toujours pas répondu à ma question Alice.
-Ça va bien et toi ?
-On peut mieux ! Prête pour le contrôle de physique qui arrive ?
Contrôle que j’ai révisé, vive la filière S qui risque de bientôt disparaître.
-Mouis on va dire ça.
-En avant toute alors !
Il lève fièrement le bras en l’ air en faisant des bruits assez étranges et se dirige vers notre salle de classe. Parfois je me demande comment j’ ai fait pour devenir ami avec lui… De caractère assez extraverti et enthousiasme. Je suis plus une personne discrète, mais aussi une grande joueuse. Le physique est également l’ un de nos contraires, j’ ai les cheveux longs et noirs, des yeux tout aussi noirs, un manteau beige et un jean bleu et le cou entouré d’une écharpe rouge.
En arrivant devant la porte, une fille écoutait de la musique concentrée sur son téléphone, son nom est Manon. Elle est toujours la première arrivée en classe, j’avoue que je ne l’ a connais pas très bien.
Maxime se penche vers moi le sourire aux lèvres et chuchote.
-Faut dire tout de suite si tu veux la ken ~
Je me retourne et lui pince la joue avant d’ apercevoir le professeur ouvrir la porte de la salle et nous faire entrer.
-Idiot.
Je m’ assois à ma place au fond de la salle, enlevant mon manteau et gardant mon écharpe autour de mon cou. Je respire fortement, mon cœur bat étrangement vite, puis je ferme les yeux. Le stress de l’examen sans doute…
-Mademoiselle Atier ? Mademoiselle Atier ?
Je sursaute à l’ entente de mon nom de famille.
-Le contrôle a commencé.
Déjà ? Je ne m’ étais pas rendue compte que tout le monde avait déjà le nez sur sa copie? Je regarde le sujet et débute l’ épreuve d’ une heure.
La sonnerie, trois pages, ça devrait le faire, je pense. Je range mes affaires plutôt contente de ce que je venais de terminer. Je sors avec Maxime et nous discutons quelques instants de ce que nous avons écrit pendant l’ examen. J’ observe les longs couloirs blancs sans fin tout en marchant, quelques personnes traînaient assises devant leur salle, d’ autres chahutes, je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas. On ne se connaîtra sans doute jamais. A 18 ans, je sais désormais que les gens se croisent et se perdent ou se rencontrent, comme Maxime tiens. Pire qu’ un vieux chewing-gum, il ne me lâcherait pas d’ une semelle. Nous sommes amis depuis la seconde, une rencontre palpitante par une dispute sur la dernière part de gâteau au chocolat, finalement il m’ a invité à manger avec lui pour que l’ on se la partage, c’ est là qu’ on s’ est rendu compte que nous étions dans la même classe. Mon dieu ! Qu’ est-ce qu’ il fait froid ici ! L’ admnistration ne peut décidément pas mettre un peu de chauffage ?
Maxime tire sur mon écharpe et me fait reculer de trois pas, je me retourne en haussant un sourcil.
-Quoi ?
-Retourne-toi, tu allais droit dans une impasse.
Je me retourne, derrière une barrière de sécurité, se tenait la suite du bâtiment, l’ ancien couloir de la section scientifique. Autrefois, quelques élèves en études supérieures venaient ici pour établir des projets, mais à cause d’ un triste incident. Cet endroit a été fermé. Plus personne n’ a le droit d’ y aller tant que l’ affaire judiciaire qui en découle n’ a pas été clos et les salles rénovées. Pourtant, je n’ ai jamais compris pourquoi l’ école tardait autant, nous savons tous que l’ une des expériences avait mal tournée, tuant trois étudiants accidentellement. Cette histoire est assez terrible… Mais je n’ étais pas encore ici quand cela s’ est produit. De toute façon, cela datait un peu.
-Tu n’ as jamais voulu aller là-bas, toi ?
Je pris un ton taquin.
-Heu… Les zones creepy ce n’ est pas pour moi. Maaaaaiiiiiiisss, si tu veux une heure de colle ou deux. Fonce ! C’ est le bon plan !
Il pouffe de rire et me tire de l’ autre côté.
-Bon allons autre part.
-Je ne suis pas ton chien Maxime !
-Et pourquoi pas ?
Il retire sur mon écharpe en marchant vite.
-C’ est ça ! Bon toutou ! Cours plus vite ! Allez !
Je me laisse traîner.
-Ose lâcher mon écharpe et tu finiras six pieds sous terre.
Finalement, il ne l’ a pas lâché une seule seconde, cependant je me suis vengée au cours suivant en lui envoyant des avions en papiers sur le crâne. Midi arriva assez vite. Nous allions manger, lorsque mon coéquipier s’arrête en levant une main en toute innocence.
-Tu m’ attends ? Je vais au petit coin. Envie très urgente !
-Fait ce que tu veux, je t’ attends mais ne traîne pas trop.
Il part en courant, je place mes écouteurs sur mes oreilles passant la radio. Un garçon de ma classe du nom de Enzo, part en courant, avant de se faire attraper par trois filles aussi brunes les unes que les autres.
Je n’ entendais pas ce qu’ ils disaient à cause de la musique et je m’ en fichais assez. Je ferme les yeux, me laissant lentement bercée par une mélodie calme et sereine.
Puis… Une légère nausée…
J’ ouvre les yeux sentant que quelque chose clochait, j’ observe les escaliers, les trois gamines avaient poussées le garçon dans les escaliers et commençait à aborder des gestes plutôt déplacés. Je vais vers eux, les mains dans les poches et tousse trois fois de suite.
-Oui c’est pour quoi ?
Dit l’une d’ elle avec une voix aiguë. Elles n’ avaient en rien l’ apparence ou le cliché des populaires dans les films ou séries, mais abordaient toutes un sourire plastique qui m’ était insupportable.
-Le harcèlement c’ est punis par la loi vous savez ?
-Qui te parle de harcèlement ? Me répondit la même fille.
Je passe en lui écrasant fortement le pied et poussant ses amies, tendant ma main à Enzo, qui l’ a prend et se relève.
-Si j’ apprends que vous recommencez, ce serait bien dommage que ce que j’ai filmé arrive dans le bureau du directeur.
J’ agite mon portable dans ma main. Tiens, mais que c’ est surprenant ! Elle vienne très vite de partir en m’ ignorant.
-Tu devrais allez en parler. Si ce n’ est pas la première fois.
-M-Merci.
C’ est tout ce qu’ il put me dire.
-De rien.
Je retourne dans le couloir où Maxime vient en courant vers-moi.
-J’ ai finis. Meuf, go à la bouffe là. Je pète la dalle.
-Ok !
Nous allons vers le self, laissant Enzo, je lui lance juste un pouce en l’ air pour lui souhaiter une bonne chance pour la suite. Le self est assez grand pour accueillir de multiples élèves. Mais qu’ est-ce que la queue est longue ! Patienter plus de 20 minutes pour pouvoir allez remplir nos estomacs en longeant des carreaux blancs, jusqu’ à une machine où l’ on peut passer aisément sa carte. Il y avait un grand brouhaha des étudiants, cependant il ne nous a jamais dérangé, par habitude. Nous récupérons nos plateaux en saluant avec joie les cuisiniers. En entrée, je prends une salade composée, en plat des pâtes avec du poisson et en dessert une compote. Maxime lui a préféré prendre de la viande et aucune entrée. Nous nous asseyons près des fenêtres et posons nos sacs beaucoup trop lourds. J’ attaque ma salade tandis que mon ami déguste son plat.
-Comment fais-tu pour manger ce truc ? M’ interroge t-il.
Je lui lance un regard blasé.
-Ce n’ est qu’ une salade.
-Celle du self est immangeable.
-Tu n’ aimes presque rien qui vient de ce self.
-C’est industriel ! Société de consommation mademoiselle !
Je lui envoie ma cuillère sur le nez.
-Spèce de crétin.
-C’ est industriel ! Société de consommation mademoiselle !
Je me vois lui lancer le couvert sur le nez. Qu’ est-ce que… ?
-Tu… N’ avais pas dit cette phrase juste avant… ?
-Non ? Hé ! Tu m’ as quand même fait mal ! Tu pourrais t’ excuser !
Je pouffe de rire, me disant que j’ avais sûrement rêvé.
-Je n’ ai pas envie !
Il me prend ma salade et la renverse dans mon verre.
-Excuse-toi devant ton seigneur !
Je hausse un sourcil.
-Tu ferais un bien piètre seigneur.
Il appui sur ma tête en tirant une grimace. Les personnes autour de nous, nous regardaient faire notre petit manège ou continuaient à discuter. Mais on s’ en fichait. Je relève la tête et donne malencontreusement un coup dans mon plateau, faisant tout tomber par terre et nous tâchant avec la nourriture.
-Oups !
-Et bien bravo, p’ tite maladroite.
Une personne tousse derrière notre dos. Le gérant du self. Nous avons mangé rapidement et sous son œil sévère, nous avons aidé à nettoyer la cantine. On ne plaisante pas avec le gaspillage ici.
Nous nous sommes finalement dirigés vers les toilettes pour nous décrasser de l’ odeur de nourriture. Il était 14h. Nous n’ avions cours qu’ à 15h.
-Ces tâches sont horribles à enlever. Me plaignais-je.
-Tu feras attention la prochaine fois. Rétorqua mon ami depuis les toilettes des garçons.
Tandis que je séchais mon tee-shirt, soudainement une étrange odeur me percuta.
-Maxime… Tu ne trouves pas que ça sent bizarre ?
-C’ est peut-être toi qui sens bizarre. Hmmm… ? Maintenant que tu le dis… Ça sent la fumée.
On entend brusquement l’ alarme incendie. On sort de nos pièces respectives, les portes coupe-feux se sont fermés d’ un grand coup, nous étions bloqués dans le bâtiment. Maxime met sa main devant sa bouche.
-Allons voir pour sortir par l’ étage !
Les escaliers de l’ étage descendaient jusqu’ à la cour. Il n’ y avait pas de portes coupe-feux à cet endroit précis.
-Attends !
Je le retiens.
-Je crois qu’ il y a quelqu’ un ici…
-On risque de brûler sur place si on reste là ! Je n’ entends personne moi !
Ma tête me tournait.
-J-Je te dis qu’ il y a… Quelqu’ un…
-Comment tu peux en être sûr ?
-Je le sais…
Je reprends mes esprits et me dirige dans une salle en courant, mon ami me suit soucieux. Dans la salle de classe, se trouvait une personne apeurée. J’ entendais au loin les élèves partir en suivant le protocole d’ évacuation.
-Tu vas bien ? Lui demandais-je en tentant de passer pour le rejoindre parmi les affaires éparpillées au sol.
Maxime me criait :
-Reviens !!!
-Oui ne t’ en fait pas !
Je reconnue enfin la personne en face de moi.
-Enzo ?!
J’ attrape rapidement son bras, je le guide à l’ extérieur de la pièce en courant et nous nous dirigeons vers les escaliers. Quand soudain, je me rendis compte de quelque chose… Je m’ arrête en lâchant le bras d’ Enzo.
-Tu as un briquet dans la main et de la cendre…
Son visage se crispa.
-C’ est toi qui a mis le feu n’ est-ce pas… ?
Maxime sursaute et regarde Enzo avec incompréhension.
-Pourquoi as-tu fait ça… ? Insistais-je.
On pouvait entendre en bas du bruit, je pense que ce sont les surveillants qui font le tour des classes. La voix d’ Enzo tremblait.
-J-Je… Dans ces salles… Il y a les projets de ses filles… Tu sais celles qui me harcelait… Tous les jours… Tous les jours… Elles ne font que de me taquiner, de m’ insulter, de me voler mes affaires et de me frapper… J-J’ en avais juste marre…
-Ouais, mais foutre le feu c’ est un peu extrême. Dit Maxime avec sarcasme.
-Puis tu aurais pu blesser des personnes si le feu c’ était étendu. Ce n’ est pas comme ça qu’ on agit quand on se fait harceler. Il faut prévenir un adulte ou porter plainte.
-C’ est ce qu’ on m’ a dit de faire… De mettre le feu…
-Ce qu’ on t’ as dit de faire ? Qui ça ?
Je fus coupée par une autre voix dans notre direction. Un professeur qui a dû nous remarquer. Il marchait vite et parlait d’ une voix stricte.
-Vous allez bien ? Dirigez-vous vers la cour s’ il vous plaît, ce n’ est pas un exercice !
-Oui monsieur ! Disons-nous en cœur.
Nous partons vers la cour, je remarque un étrange bracelet autour du poignet d’ Enzo, bleu nuit avec des étoiles blanches. Il n’ y était pas plus tôt. Puis je ne comprends pas cette étrange impression qui me prend au cœur depuis ce matin.
Nous avons été soignés, l’ élève fauteur de trouble c’ est fait réprimander et les élèves sont retournés en classe. Le soir, je suis rentrée et me suis couchée sur mon lit en attendant que ma famille rentre du travail. J’ ai fermé les yeux quelques instants en me laissant aller à la rêverie. Pourtant ce drôle de sentiment ne me quitta pas.