Prologue : Le Vent des Origines
Il est des âmes que l’on dépose sur cette terre comme des graines portées par le vent. Elles errent, légères et silencieuses, portées par un souffle invisible, sans connaître le sol qui les accueillera ni le destin qui les attend. Elles oscillent entre le passé et l’avenir, entre la mémoire d’un monde éteint et la promesse d’un autre à naître.
Isalya était l’une d’elles.
Dès son plus jeune âge, elle avait perçu l’appel des choses invisibles. Le vent murmurait son nom à travers les feuillages, glissant sur sa peau comme la caresse d’une main ancienne, empreinte de tendresse et de secret. Parfois, il s’élevait en une plainte douce, lui racontant des histoires dont elle ne comprenait encore que l’écho.
Elle était née sous une lune voilée, sous un ciel sans éclat où seules les étoiles les plus obstinées perçaient l’épais manteau des nuages. Enfant de la nuit, du mystère et de l’oubli, elle portait en elle une attente silencieuse, un vide que rien, ni le temps, ni l’amour des siens, ne parvenait à combler.
Car quelque part, au-delà des frontières du visible, un secret l’attendait.
Et le monde retenait son souffle, guettant l’instant où Isalya se souviendrait enfin de qui elle était.
Chapitre 1 : L’Appel de la Lune
Les nuits de pleine lune, lorsque le silence enveloppait la maison et que les ombres se faisaient longues, Isalya quittait la chaleur rassurante de sa chambre pour s’asseoir au bord de la fenêtre. Là, bercée par le souffle nocturne, elle levait les yeux vers le ciel immense, où la lune, souveraine éclatante, semblait veiller sur le monde endormi.
Un frisson la parcourait toujours à cet instant. Une sensation étrange, indéfinissable, naissait dans sa poitrine, comme si quelque chose, au plus profond d’elle-même, s’éveillait sous l’éclat argenté de l’astre. Était-ce un rêve ? Une illusion née de la nuit et du silence ? Elle l’ignorait. Mais elle savait une chose : la lune lui parlait.
Parfois, ce n’était qu’un soupir doux, une brise imperceptible glissant sur son âme. D’autres fois, c’était un battement sourd, semblable à un appel lointain qui résonnait sous sa peau. Elle l’écoutait sans comprendre, fascinée, troublée, le cœur battant au rythme de cette voix muette qui semblait la chercher.
Et puis vint la nuit du silence.
Ce soir-là, l’air était étrange, plus dense, presque palpable. Chaque feuille immobile, chaque ombre figée, semblait suspendue dans une attente invisible. L’odeur de la terre et des bois flottait avec plus d’intensité, et Isalya sentit, sans pouvoir l’expliquer, que quelque chose allait se produire.
Ce fut alors qu’elle la vit.
Sur la plus haute branche d’un chêne noueux, une silhouette apparut dans la clarté lunaire. Une chouette. Mais pas une chouette ordinaire. Immense, immaculée, elle semblait tissée de lumière et de mystère, et ses yeux, d’un éclat incandescent, brillaient comme deux braises vivantes.
Isalya en oublia de respirer.
L’oiseau la fixait, immobile, comme s’il lisait en elle des secrets qu’elle-même ignorait. Puis, dans un mouvement d’une grâce souveraine, il déploya ses ailes. Leur envergure était majestueuse, et sous leur battement silencieux, un souffle glacé souleva les cheveux d’Isalya.
La chouette s’éleva dans la nuit et, sans un bruit, s’éloigna vers la forêt.
Isalya n’eut pas à réfléchir. Elle savait.
Quelque chose d’inexplicable, de plus fort que la raison, l’appelait. L’hésitation n’existait pas. Elle devait suivre l’oiseau, s’enfoncer au-delà des branches noires, là où l’inconnu l’attendait sous le regard impassible de la lune.
Merci de partager ce texte poétique qui m'intrigue beaucoup. Je suis curieuse de savoir ce que signifie la chouette, le serpent et le loup.
Ton résumé est présenté comme un prologue (mais ce n'est pas le cas, le prologue étant là, au début du premier)
Je ne dirais pas que c'est un chapitre ici, je pense que ton conte n'est pas très long et ne serait pas découpé en chapitre si ce n'était pas sur internet, mais je ne sais pas encore, il faudrait que je le lise en entier.
L'ambiance est bien rendue, j'aime l'idée des ombres se faisant longues, la lune souveraine.
Je ne sais pas comment était ta précédente version, c'est évident qu'ici c'est un conte.
Je voudrais lire la suite avec plaisir.
Concernant le résumé, c’est vrai qu’il peut donner l’impression d’un prologue, mais je l’ai conçu plutôt comme une introduction à l’univers. Et oui, le format sur Internet influence forcément la structure du conte, qui n’aurait peut-être pas été découpé de la même manière ailleurs.
Ça me fait plaisir que cette version te semble bien s’inscrire dans l’esprit du conte. J’espère que la suite te plaira tout autant ! Merci encore pour ton retour.