PRESENT : JIO
La porte s’ouvrit en grand et alla s’écraser contre le mur dans un bruit retentissant qui fit taire toutes les personnes présentes dans le réfectoire. Jio entra dans la salle d’une démarche emplie de rage. Il posa un regard long et impétueux dans la salle, dévisageant chaque personne qui s’y trouvaient. Sa voix s’éleva, ferme, et retentit dans toute la salle.
- Je cherche les frères Völn et l’invocatrice : Emaï Oriïn. Quelqu’un peut me dire où ils sont ?
Pas de réponse. Mais la salle vibra d’un murmure excité. Jio contint la horde de jurons qui lui montaient aux lèvres. Ils étaient là, les agresseurs de Maz. Il le savait, il le sentait. Il était midi, le réfectoire était plein à craquer. Presque tout le monde était rassemblé ici. Dans tous les cas, les chances que les deux frères et l’invocatrice ne soient pas dans la salle restaient minces. Il voyait les regards des autres mercenaires. Tous emprunts d’inquiétude ou de dédain. Ils faisaient comme s’il était une bête de foire mais n’osaient tout de même pas lui parler. La peur était palpable. Il avait dû les surprendre, en entrant dans le réfectoire aussi théâtralement. Il s’en fichait. L’adolescent prit une inspiration qui le calma quelque peu. Il reprit d’une voix placide qui contrastait avec ce qu’il ressentait actuellement.
- Si vous êtes dans cette salle, montrez-vous. Il semblerait que vous ayez quelque chose à me dire, non ?
Aucun mouvement, aucune réponse.
- Je ne suis pas un sauvage. Je ne vais pas vous frapper jusqu’à la mort. Je veux juste discuter. Allez ! Ne me dites pas que vous avez la trouille ! Ce serait bien mal placé après le petit message que vous avez accroché à la porte de ma chambre !
Cette fois il y eut du remous vers le milieu. On entendit de faibles échos de voix qui se chamaillaient, puis un « Tais-toi ! », et le silence retomba. Une poignée de secondes plus tard, trois personnes se levèrent. Les frères Völn, sans être des jumeaux, se ressemblaient. Ils paraissaient avoir des réticences à suivre leur camarade, Emaï, qui s’était levée la première. La femme s’avança vers Jio. Elle devait avoir entre 25 et 30 ans et une expression assurée recouvrait son visage. Elle n’avait pas peur, évidemment : son pouvoir était puissant. Lorsqu’elle arriva à la hauteur du jeune homme, elle lui caressa tendrement la joue, comme si elle était son amante. Jio se dégagea avec brusquerie. Elle poussa un rire moqueur.
- Donc toi tu es le mage d’ombre qui sème la pagaille parmi l’élite des mercenaires ? Je n’avais pas encore eu l’occasion de te rencontrer. Il paraît pourtant que tu avais déjà fait partie de la guilde…
- Tu es Emaï Oriïn ?
- C’est bien moi, oui. Et toi tu es Jio Ateëm. Je ne m’attendais pas à ce que tu ne sois qu’un gamin. Alors ? Qu’est-ce que tu veux ?
- Allons dans un endroit calme.
Ses yeux brillèrent soudain de malice. Elle se tourna vers ses deux comparses qui hochèrent la tête avec complicité. Puis elle reporta son attention sur son interlocuteur qui attendait sa réponse, impassible.
- Très bien, petit. On ira où tu voudras. Nous avons des choses à nous dire, de toute façon.
Sur ces mots, elle se dégagea un peu, laissant passer Jio. Ils sortirent du réfectoire et s’en éloignèrent un peu. C’est au détour d’un couloir qu’Emaï se décida enfin à attaquer. Elle se jeta soudain sur Jio avec rapidité et discrétion tandis que les deux frères bloquaient toute retraite. La femme poussa un ricanement et décrivit une courbe meurtrière avec l’arme qu’elle venait d’invoquer : une masse d’armes surmontée de pointes acérées, et visa le flanc de Jio. Mais l’outil n’effleura même pas sa cible qui s’écarta souplement. La suite se passa très rapidement. Jio appela sa magie et lança un rai d’ombre en direction de la main de son adversaire. Elle perdit son arme et le jeune mage plongea pour s’en saisir. Mais, alors qu’il la touchait, l’un des frères s’en empara, la leva, et frappa le sol à l’endroit même où se trouvait le garçon, deux secondes plus tôt. Jio s’était relevé d’un bond et avait reculé. La masse d’armes était toujours dans les mains des frères et Emaï Oriïn avait invoqué une lance de bois terminée par une pointe d’acier. Elle croyait avoir l’avantage. C’était d’autant mieux pour Jio. Le jeune homme sourit, se concentra, et commença à modeler sa magie. Cela prenait encore du temps et il dut esquiver deux attaques avant que sa riposte soit fin prête. Dans ses mains apparut soudain une masse d’armes noire, presque identique à celle qu’avait invoqué la femme, à l’exception faite que son arme à lui provenait de sa magie. Emaï fut déstabilisée. Elle ouvrit la bouche pour pousser une exclamation mais n’en eut pas le temps. Jio brandit son arme et lui fit décrire un arc de cercle rapide et puissant. La masse vint heurter la magicienne qui fut balayée et voltigea contre un mur. L’arme de Jio disparut au profit de deux petits couteaux qu’il lança droit sur chacun des frères Völn. Quand les lames atteignirent leurs cibles, Jio passa à l’action. Il courut sur les deux hommes et brandit son poing pour leur donner un coup renforcé d’énergie magique. Les frères s’écroulèrent à leur tour. Le calme revint dans le couloir. Ou plutôt un silence sinistre. Jio épousseta ses vêtements, remit de l’ordre dans les quelques mèches brunes qui dépassaient de sa chevelure plaquée en arrière, et se frotta les phalanges, examinant les dégâts. La douleur fourmillait dans son poing mais sa main était encore mobile. Il ignora le mal de tête qui lui venait après l’utilisation de sa magie et s’approcha d’Emaï qui gisait sur le sol, sifflant de douleur. Il l’attrapa par le col de sa chemise et la plaqua contre un mur, à sa hauteur.
- Regarde-moi.
Elle n’obéit pas alors Jio la força. A cet instant, il pouvait voir ses yeux noirs emprunts de froideur et son visage impassible se refléter dans les prunelles terrifiées de la femme. Cette dernière balbutia un amas de mots incompréhensibles d’où Jio parvint à extraire « Comment… la masse d’arme… Ta magie ! ». Un rictus effrayant vint peindre le visage du jeune homme.
- Oh, tu me fais rire ! Tu croyais pouvoir faire le poids contre moi avec une magie d’invocation ? J’ai une magie élémentaire ! Je peux faire ce que je veux de ma magie ! Y comprit reproduire des armes que j’ai déjà touchées !
Il poussa un rire sans joie et un gémissement échappa à la pauvre femme. Cependant, il reprit bien vite son sérieux.
- Dis-moi, Emaï Oriïn. Crois-tu être en mesure d’assumer les conséquences de ce que tu as fait à Maz ?
La voix de l’adolescent était glaciale. Et pourtant, un sourire méchant s’étira sur les lèvres de la blessée et elle parla d’une voix venimeuse.
- Il fallait bien ça, non ? Pour que tu comprennes que tu dois rester à ta place.
Il lui donna un coup et elle eut un hoquet de douleur.
- C’est toi, qui devrais rester à ta place. Je n’ai pas le temps de discuter tranquillement. Je suis quelqu’un de très occupé et je déteste perdre mon temps.
Elle s’esclaffa. Il jeta un regard noir. Emaï rit de plus belle et elle reprit parole avec un rythme saccadé, troublé par ses éclats de rire.
- Un homme occupé ? Mais regarde un peu comme tu parles ! Je me suis renseignée, petit ! Je sais que c’est toi qui as réussi à t’enfuir de la guilde, il y a deux ans, et que c’est toi qui as tué deux mercenaires lors de ta première tentative de fuite. Un homme occupé ? Si tu as le temps de venir venger cette imbécile de Maz qui a fait l’erreur de se rapprocher de toi, c’est que tu as du temps à perdre. Dis-moi, gamin… Ce n’était pas plutôt parce que tu avais envie de déchainer ta violence que tu es venu me chercher au réfectoire ?
- Tais-toi.
- Mais si, c’est ça ! Je le vois bien ! Et même que quand tu étais jeune tu avais l’habitude d’attaquer n’importe qui quand tu étais en colère ! C’est pour ça que personne n’est heureux de ton retour ! Tu as remarqué que les amis d’Ewan et de Maz ont toujours l’air mal-à-l’aise en ta présence ? C’est parce que finalement, ils ont peur que tu pètes un câble !
- Je ne suis pas comme ça !
- Peut-être que si… Une telle violence chez un gamin… On dirait un monstre. cracha Emaï.
PASSE :
Jio asséna un autre coup, puis encore un autre, et toute une avalanche qui tombèrent sur sa victime qui, prostrée sur le sol de la cour, ne bougeait presque plus et tentait vainement de se protéger. Et le garçon souriait. Et plus il frappait, plus son sourire s’agrandissait. Il avait réussi à chopper ce mercenaire juste après son entraînement avec Allisen. Il l’avait d’abord rendu vulnérable avec une première série d’attaques puis l’avait traîné jusque dans la cour pour que tout le monde voit ce qu’il arrivait à ceux qui approchaient Jio Ateëm, le membre de la guilde qui devait certainement être le plus violent. L’enfant frappa encore puis s’arrêta tout à coup. Il jaugea ses mains du regard. Elles étaient abîmées, maculées de sang. Il les essuya sur un pan de ses vêtements noirs et reprit sa tâche. Soudain, il sentit comme une résistance lorsqu’il voulut lever son bras. Il se retourna. Soll se tenait là, derrière lui, le dominant de toute sa taille. Il retenait le bras de son élève avec plus de force maintenant, et Jio essaya de se dégager sans succès. Allisen posa un regard calme sur le jeune garçon.
- Cesse immédiatement. dit l’homme d’une voix impérieuse.
- Lâche-moi.
- Non. Pas tant que je ne me serai pas assuré que tu ne te jetteras pas sur ce pauvre homme dès que j’aurais lâché ton bras.
Jio lui adressa un regard véhément.
- Il m’a cherché, je ne fais que me défendre.
- Il ne t’a pas cherché. Tu es venu l’agresser dès que tu es sorti de ma salle de combat. C’est comme ça que tu fais passer ta frustration de ne pas réussir à me vaincre ?
- Et alors ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Tu n’as aucun remord à m’écraser jour après jour, à me torturer, à m’humilier ! Tu m’as déjà laissé pour mort dans une cellule de la forteresse parce que je t’avais regardé avec insolence ! Et moi je ne peux pas passer ma colère ? Je ne peux pas toucher à un seul de ses cheveux alors même que tu fais la même chose à tes élèves ?
- Pour la dernière fois Jio : Cesse immédiatement ce comportement.
- Et pourquoi je ferais ça, hein ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Me frapper parce que j’aurais frappé quelqu’un ? Ce serait contradictoire !
Jio se retrouva à terre avant même d’avoir compris ce qu’il se passait. Il était sur le ventre, Allisen lui faisait une clé de bras et s’appuyait sur lui de tout son poids. Jio hurla de rage. Il essaya de se dégager mais le mercenaire lui tordit un peu plus le bras. Il se pencha sur son élève.
- Je te trouve bien insolent ces derniers temps, Jio. murmura-t-il : On dirait que tu as oublié qui est le véritable maître ici. On dirait que tu ne sais plus qui a le droit d’user de la violence et qui est censé courber l’échine devant ses supérieurs. Dis-moi, Jio… Tu ne serais tout de même pas en train de devenir un monstre ?
Sur ces mots, il se releva, tenant fermement son disciple et s’en alla avec lui, donnant l’ordre d’emmener le blesser à l’infirmerie.
PRESENT :
Jio laissa partir le coup avant de se ressaisir. Il n’était pas là pour semer le trouble. Il devait garder son calme. Il avisa les corps inertes des deux frères, puis la blessure qu’il avait faite à Emaï, et serra les dents. Il s’était emporté. Ça n’aurait jamais dû arriver. Il n’était plus comme avant. Il n’était plus un monstre. Et pourtant, s’il voulait obtenir des réponses, il devait en être un. Il prit une inspiration, releva la tête et, faisant fi de tout sentiment de culpabilité, appuya sur la blessure d’Emaï. Du sang coula et elle poussa un cri étouffé.
- Pourquoi tu as attaqué Maz ? Pourquoi si soudainement, alors que tu n’as rien fait pendant les vingt derniers jours ? Pourquoi tu as attaqué Maz alors que tu voulais t’en prendre à moi ?!
- …
- Réponds ! ordonna-t-il en appuyant un peu plus.
- Arrête ! Je vais te le dire !
Il enleva ses doigts de la plaie et les secoua pour faire partir le sang. Emaï poussa un soupir imperceptible et parla d’une voix faible, en baissant les yeux.
- On a ordonné qu’un mercenaire s’en prenne à Maz. Je me suis portée volontaire avec les frères Völn parce qu’on a rarement l’occasion de porter la main sur un mercenaire d’élite sans représailles. Le but, c’était de t’atteindre. Il a dit que ce serait plus facile si on attaquait un de tes proches plutôt que toi.
- Qui ça, il ?
Il serra le bras d’Emaï. En vérité, i se doutait de qui était ce « il ». C’était comme une intuition, une inquiétude sourde au fond de lui. Il redoutait que ce nom sorte parce qu’il ne savait pas ce qu’il aurait fait alors. Mais Emaï Oriïn confirma son intuition.
- C’est quelqu’un qui nous a dit ça, sous ordre du maître de guilde, Soö.
- Soö ? Soö a ordonné qu’on s’en prenne à moi ?! Mais pourquoi ?
- Je ne sais pas !
Il ne prêta pas attention à la réponse. Il lâcha la blessée qui s’écroula sur le sol et repartit dans le couloir jusqu’à l’infirmerie. Il ouvrit la porte et se dirigea vers le lit de son amie sous le regard outrée de l’infirmière. Là, il ouvrit les rideaux. Elle lui porta un regard interrogateur. Il lui saisit la main et prit une inspiration.
- Maz…
La suite resta bloquée au fond de sa gorge. Qu’allait-il lui dire au juste ? Ah, tiens ! Maz ! Je viens de découvrir que tu t’es fait agresser sur ordre de Soö parce qu’il avait pour but de me blesser ! » ? Et après ? Une fois qu’il lui aurait dit, il allait devoir s’expliquer, et peut-être même révéler le marché qu’il avait passé avec ce même Soö. Ce marché qui l’impliquait, elle, comme monnaie d’échange. Non. Il ne fallait pas qu’elle soit au courant. Il valait mieux ne rien lui dire. Il secoua la tête et posa la première question qui lui passa par la tête.
- Tu n’as pas l’air bien… Tu es sûr que ça va ? Je veux dire… T’es toute pâle… L’infirmière dit que ce n’est pas trop grave mais…
- Je t’assure que ça va Jio. coupa Maz en esquissant un pâle sourire.
L’adolescent essaya de protester, de lui dire que non, ça n’allait pas, qu’elle était clouée au lit depuis quatre jours et qu’elle le serait certainement pour un bon moment, qu’elle avait failli crever et que c’était anormal qu’elle s’en fiche. Mais il ne réussit pas à formuler tout ça. Il se contenta donc de la regarder gravement, de serra un peu plus sa main.
- J’en ai vu d’autres Jio. Je vais survivre. Et puis tu m’as trouvée à temps, non ?
Ça ne changeait rien. Absolument rien. Elle avait quand même frôlé la mort, on l’avait quand même attaquée, même s’il elle s’en était sortie vivante. Et lui, lui n’avait pas été là, comme d’habitude. Il avait été absent quand on avait eu besoin de lui. Il avait échoué à protéger son amie la plus chère. Et ce par deux fois. Alors quoi ? Qu’était-il censé faire ? Lui dire que ça allait s’arranger ? Qu’il allait miraculeusement la sortir de cet endroit une fois qu’il aurait libéré maître de guilde de son sceau ? Il se contenta de soupirer, de lâcher la main de son amie, et de se lever.
- Je repasserai plus tard. Prends soin de toi, Maz.
- C’est ça, ouai. Fais comme si j’étais une poupée fragile !
- Ce n’est pas ce que j’ai dit ! se défendit le jeune homme.
Il entendit un rire, se retourna, et vit la joie éphémère qui emplit les yeux de son amie. Il s’autorisa, lui aussi, un petit rire, haussant les sourcils.
- C’est drôle. reprit Maz une fois son rire passé : Avant, c’était moi qui t’emmenais à l’infirmerie après tes entraînements avec Soll ou tes bagarres avec les autres mercenaires. Les rôles s’inversent.
- On dirait, oui. Je t’ai peut-être influencée, avec ma propension à m’attirer des ennuis…
- Mais bien sûr ! Allez, vas t’en avant que je ne m’impatiente !
Elle lui tira la langue et lui lança un coussin qu’il rattrapa sans peine pour le lui renvoyer. Après un dernier regard pour la patiente, il sortit de la pièce et ferma la porte derrière lui. Là, il renversa la tête en arrière et se massa les tempes. Il avait mal à la tête. Il n’arrivait toujours pas à trouver le sommeil sans être torturé par ses mauvais rêves, l’activation constante de sa magie sous ordre de maître Ebremo produisait comme un désagréable bourdonnement au fond de son crâne et même s’il finissait par ne plus le remarquer, ça n’en avait pas moins des conséquences sur son état de fatigue et sa capacité de concentration qui s’était drastiquement amoindrie depuis le jour où il était arrivé. Puis il repensa à la « discussion » qu’il avait eu avec Emaï Oriïn. Soö avait donné l’ordre d’attaquer Maz pour le blesser. Mais pourquoi ? Ça n’avait aucun sens ! Maz avait été blessée et ce faisant, une fissure venait de se créer dans le marché qu’il avait conclu avec le maître de guilde. Que devait-il faire ? Comment réagir face à un tel acte ? Il ne savait pas. Il était perdu. Il ne comprenait pas ce que cherchait Soö.
- Excusez mon retard, dit-il lorsqu’il arriva dans la salle de combat où sa formatrice lui avait donné rendez-vous, j’ai eu des problèmes et j’ai dû passer à l’infirmerie.
- Ce n’est rien. répondit la voix calme de maître Ebremo.
- Alors ? Quel est le programme aujourd’hui ?
La vieille femme ne répondit pas. Jio fronça les sourcils et se retourna.
Là, il poussa un hoquet de surprise puis serra les dents. Sa magie apparut instantanément, enrobant son corps de brume noire, et il s’approcha d’un pas raide et rapide de celui qui se trouvait aux côtés de sa professeure.
- Qu’’est-ce que tu fais là, Allisen Soll ?
- Bonjour Jio. Je vais bien, merci de le demander.
L’adolescent lui adressa un regard sauvage et se tourna vers la vieille défaiseuse de sortilèges qui s’était un peu écartée.
- Pourquoi ? Pourquoi vous l’avez ramené ici ?
- Je pense que c’est à lui que tu devrais poser la question, jeune homme.
- C’est Soö qui m’a dit de venir. C’est un ordre du maître de guilde en personne. intervint Allisen.
Jio ne put s’empêcher de pousser un ricanement. Encore Soö, hein ? Cette fois, il savait ce qu’il allait faire. Il se détourna des deux adultes et se dirigea vers la porte. Mais il n’eut pas le temps de faire plus d’un pas car une main puissante se posa sur son épaule, le forçant à rester là où il était.
- Où crois-tu aller ainsi, gamin ? demanda la voix grave d’Allisen.
Jio grogna.
- Lâche-moi la grappe Allisen, tu veux ? Je commence à en avoir plus qu’assez de te trouver dans mon chemin à chaque fois que je veux faire quelque chose.
L’intéressé resserra sa prise. Jio le sentit se rapprocher et sentit son haleine chaude tout près de sa joue.
- C’est un élan de courage ou un élan de folie, gamin ? Je te rappelle que tu restes mon élève, même après toutes ces années. Dans notre position actuelle, je pourrais te mettre à terre sans difficulté. Allons, Jio… Un peu de bon sens. Tu vas gentiment te retourner et rester ici jusqu’à ce que la séance soit terminée. Je te rappelle que je tiens toujours le destin de Maz entre mes mains.
La pression disparut de l’épaule du garçon qui se retourna, serrant les dents pour ne pas laisser éclater sa rage. Maître Ebremo expliqua la séance du jour.
- Aujourd’hui, je vais t’apprendre à défaire des sortilèges simples comme un sort de paralysie. Allisen servira à la fois de « cobaye » et de modèle. Sa magie des brumes se rapproche de la tienne. Il a déjà quelques notions pour briser des sorts et pourra te donner des conseils sur la manière de t’y employer avec ta magie. Je lui lancerai un sort de paralysie et tu essaieras de le défaire.
- Pourquoi ne pas faire ça sur moi ? demanda le jeune homme.
- C’est simple : tu ne peux pas utiliser ta propre magie sur toi. Donc tu ne peux pas défaire un sortilège s’il t’a été lancé. C’est forcément quelqu’un d’autre qui doit le faire. Sur ce, commençons.
La séance fut intense mais Jio ne s’améliora pas. Il avait l’esprit ailleurs, troublé par ses découvertes. Et lorsque l’entraînement se termina enfin, il s’empressa de sortir, bousculant Allisen qui semblait prendre un malin plaisir à avancer le plus lentement possible. Cette fois il n’allait pas rester sans rien faire. Soö ne pourrait pas y échapper, ils allaient mettre les choses au clair.
Aussi, l'état instable de Jio est très bien écrit. On sent qu'il hésite constamment. Qu'il doit faire des choix; Qu'il n'a pas encore toute les solutions en mains. Et son passé reflète aussi très bien cette instabilité. Son évolution est vraiment génial.
Je le dis trop mais bravo!!
Oui, merci de faire des commentaires aussi encourageants, ça me motive vraiment à continuer !
Jio est, en effet, un personnage très instable et assailli de doutes, marqué par un passé dont il n'a jamais voulu. Il regrette certains de ses actes et je trouve que ça en fait un personnage intéressant. (Je ne vais pas te mentir, c'est mon petit chouchou, avec Soö et Jake ^^)
J'espère que je vais continuer de te voir dans les commentaires !