Pluie d’Étoiles se tenait couchée, immobile au milieu de ses congénères, le regard dans le vide, dans une grande stabulation avec une quinzaine d’autres chevaux et poneys appartenant au club et à des propriétaires.
Les bras appuyés sur la barrière de l’enclos en bois verni, deux humains, l’observaient, préoccupés. Un homme et une femme.
L’homme parla en premier.
« Des nouvelles de Nathan ?
— Nan... Il répond pas au téléphone et il rappelle pas non plus.
— Ça fait bien un mois. Il l’aurait abandonné, tu crois ? Va bien falloir qu’on fasse quelque chose.
— Que veux-tu qu’on fasse de plus ? C’est trop bizarre, c’est pas du tout son genre ! Pis il a grandi avec cette jument, il l’a laisserait pour rien au monde. C’est à n’y rien comprendre…
— Ben… Je sais pas. Mais on va pas la garder gratos éternellement, non ? Pas plus de chance sur le fixe, je suppose ?
— C’est le truc le plus chelou, d’ailleurs ! Même sa mère ne donne plus signe de vie, comme si les deux avaient changé de continent ou littéralement disparu de la surface du globe.
— Tu sais jamais, c’est p’tet ce qu’il s’est passé…
— Elle doit se sentir si seule, la pauvre…
— Dis Leyla… Tu crois qu’elle se rend compte ?
— Évidemment qu’elle se rend compte, Séb ! Il doit lui manquer affreusement ! Elle mange moins d’ailleurs, tu me le disais l’autre jour. Regarde-là, elle reste couchée plus qu’avant et même quand on la fait marcher, on sent bien que le coeur n’y est pas. Il faut qu’il revienne, autrement elle va en mourir de sa dépression ! »
Les deux collègues échangèrent un long regard lourd de sens… puis se séparèrent.