CHAPITRE 2

Par Smi

Martial avait passé l’après midi à préparer de petits dossiers qui ne lui permettaient pas d’exprimer tout son talent. Il se remémorait ses débuts avec Damien et la règle d’or qu’ils avaient adoptée : il n’y a pas de petits dossiers.

Petite ou grande, une affaire méritait la même attention, le même intérêt mais surtout la même détermination à satisfaire le client.

Dans le même temps, il commençait à douter de ses capacités ; l’expérience passée avec le couple australien mettrait plusieurs semaines à s’effacer de son esprit.

18h00 affichait sa montre bracelet ; il ne ferait pas de zèle ce soir. Il avait prévu de se faire livrer une pizza à domicile et de commencer la saison 2 de sa série  préférée du moment : la Casa de Papel.

Malgré la circulation en ville à la sortie des bureaux, il lui faudrait moins de 10 minutes à moto pour regagner la corniche Kennedy.

Sa « Ducat », rouge rutilant, authentique moto passion comme la définissait les critiques, lui faisait toujours la même impression lorsqu’il s’apprêtait à la démarrer. La sonorité si caractéristique de la marque italienne serait toujours pour lui un plaisir à écouter avec des aigu-métallique digne d’un grande musique classique.

Il enfourcha sa monture, enfila ses gants et s’équipa de son intégral puis démarra sans perdre une seconde sur une chaussée rendue glissante par une fine averse de fin  d’après midi.

Trop absorbé dans ses pensées et par l’échange qu’il avait eu avec Mathilde, il s’engagea sur la rue Neuve Sainte Catherine sans prendre les précautions d’usage du code de la route et sans prendre garde à la rue étroite qui naissait sur sa droite.

Le SUV électrique de marque allemande arrivait lui aussi à vive allure, sans bruit et allait s’engager sur sa trajectoire d’ici quelques secondes seulement.

Comme dans une mauvaise série télé, le choc semblait inévitable. C’est seulement lorsqu’il fut à quelques décimètres de lui que Martial découvrit le capot avant du véhicule et comprit qu’il n’en réchapperait pas.

Ce n’est pas le film de sa vie qu’il vit défiler mais les titres de la une du lendemain annonçant le décès par accident d’un jeune  quadragénaire dans une ville de province.

Les commentaires iraient bon train, allant même  jusqu’à parler de règlements de compte. Les contrats de constructions avec les grands donneurs d’ordre du bâtiment, les appels d’offres publics, tous ces sujets dont se délectent les journalistes et qui font les choux gras de la presse y passeraient.

Alors  que  toutes  ces extrapolations fourmillaient dans la tête du motard, ses bras, ses jambes et son corps tout entier  échappaient désormais au contrôle cérébral. On aurait dit que la moto obéissait à une autre force que celle de l’esprit.

Les réflexes acquis lors de ses années de jeunesse à parcourir la nature Aixoise, à sillonner des chemins et sentiers caillouteux ou instables, à éviter les obstacles naturels à chaque tour de roue, venaient de reprendre le dessus en une fraction de seconde.

Par la magie de ce que l’on nomme le réflexe, d’un mouvement de bassin, d’abord à gauche puis à droite, Martial venait de décrocher son bolide de sa trajectoire initiale pour lui faire décrire un demi-cercle, évitant ainsi le choc violent attendu.

Malgré le coup d’œil furtif qu’il adressa en direction du conducteur du 4x4, il ne pu identifier ce dernier qui avait déjà emprunté la rue à vive allure et accélérait encore, comme s’il s’agissait d’un délit de fuite.

Une fraction de seconde, Martial hésita à faire demi tour et à se lancer à la poursuite du fuyard.

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