Chapitre 2-Maeve

Six heures. Le réveil a grogné, fidèle à son habitude. Mon corps s'était mis en marche, en pilotage automatique. Mon sommeil, cette nébuleuse de songes étranges et de sensations confuses, ne me laissait jamais vraiment reposer. Pourtant, chaque matin, je me levais et entamais une routine usée et redondante.

 

Les jours d'école, je me traînais, feignant une fatigue que je ne ressentais guère. Les autres, je m'échappais dans les entrailles de la ville, avide d'observer les passants, de voler un fragment de leur existence, m'imprégnant de leur vie, de leurs émotions.

Ce matin-là, je me dirigeai vers l'armoire et attrapai mon uniforme habituel : un T-shirt noir uni, une jupe de la même couleur, et mes inséparables Converse rouges et noires. J'adorais ces chaussures. Elles reflétaient une part de moi, de ma dualité. Sur la chaussure noire, le mot « Blasphème » était calligraphié en lettres blanches, tandis sur la rouge le doux mot « Divine » répondait avec délicatesse. Deux facettes d'une même personne, deux forces opposées qui cohabitaient en moi. J'avais l'impression d'avoir ces Converses depuis toujours. Elles étaient comme une seconde peau, une extension de moi-même, je ne m'en séparais jamais, même si ma mère avait rempli ma garde-robe de chaussures en tout genre, pour toutes les saisons et toutes les occasions.

Ma mère vouait un culte à l'apparence. « C'est l'image que tu renvoies qui compte », répétait-elle souvent. Et, en effet, je partageais son point de vue. Peu importe ce que l'on ressent au fond de soi, c'est ce que les personnes voient qui détermine leur jugement. C'est un fait. Par ailleurs, j'avais appris cela très tôt. Soyons honnête, il est plus facile d'avoir confiance en une femme bien apprêter, avec une jupe serrée et une chemise blanche impeccable que vous venez de rencontrer qu’en le pauvre SDF du coin de la rue, avec ses vêtements sales et son odeur pestilentielle que vous voyez au quotidien.« L’habit ne fait pas le moine », dit l'adage, mais cela n'empêchera pas l’aumône de se retrouver dans ses poches s'il en joue. À leur contraire, j'ai appris à me méfier de chacun. De la gentille petite fille des voisins, avec ses couettes et son sourire angélique, à l'homme discret qui fusille chaque passant du regard comme s'il cachait un secret inavouable. Qui sait ce qui se cache derrière ces façades ? Peut-être que l’homme prépare une surprise à sa femme ? Quelles intentions se dissimulent derrière ces sourires ? La fille fait probablement vivre un enfer à un pauvre agneau blessé de sa cour de récré. Je suppose que les gens préféraient vivre dans un monde dans lequel chacun est à sa place, où leurs désillusions correspondent à leurs réalités. Un monde rassurant, prévisible, où l'on n'a pas à se soucier des faux-semblants. Mais, dommage pour eux, ce monde n'existe pas. 

J'enfilai rapidement mes vêtements, attachai mes cheveux noirs en queue de cheval, et quittai ma chambre. Je possédais un arsenal de maquillage, mais je ne m'en servais qu'en de rares occasions, principalement pour les soirées mondaines où l'on m'obligeait à me rendre.

Je ne vais pas faire preuve de fausse modestie : j'étais jolie. Si l'on mettait de côté mon égo surdimensionné, j'étais même sacrément belle. Je le constatais à chaque regard braqué sur moi, à chaque fois que ma peau se découvrait. Mes cheveux noirs comme l'ébène faisaient ressortir mes yeux bleus, souvent vides d'expression, mais qui attiraient irrésistiblement le regard. J'avais les yeux de mon père. Je ne faisais pas particulièrement attention à ma ligne, mais je reconnaissais que mon corps, loin d'être parfait, avait de quoi séduire. J'étais bien foutue, merci la génétique, et je ne m'en cachais pas. Je ne jouais pas les filles effarouchées qui cherchent désespérément le moindre compliment. Je savais ce que j'étais. Point.

Je descendis les marches quatre à quatre, mon sac à dos et mon appareil photo à la main, et rejoignis le reste de ma famille dans la salle à manger.

Atlas était assis en face de moi,  avalant goulûment un bol de céréales tout en scrollant sur son téléphone.  Ses cheveux blonds cendre étaient en bataille,  comme toujours,  et sa veste noire me tournait le dos.  Je le regardai un instant,  observant ses doigts agiles glisser sur l'écran,  probablement en train de parcourir des images de peintures ou de dessins.  Il semblait captivé,  et ça m'arrangeait.  Je n'avais pas envie de parler,  pas envie d'interagir.  Il me salua d'un signe de tête,  sans même me regarder,  et je lui rendis son salut avec la même indifférence.

 

Ma mère était assise à côté de lui,  plongée dans un de ses innombrables romans à l'eau de rose.  La couverture représentait un couple enlacé,  les yeux dans les yeux,  sur fond de coucher de soleil.

 

— « De quoi parle celui-là ? », lançai-je, plus par ennui que par réelle curiosité.

 

Elle leva la tête en sursaut,  les sourcils froncés,  prête à assassiner la personne qui osait la déranger durant sa lecture.  Mais son visage se radoucit en me voyant.

 

— « D'une fille qui se réfugie dans la photographie après la mort de son frère",  commença-t-elle.  Je ricanai intérieurement.  "Et elle est témoin d'un meurtre,  dès son arrivée dans sa nouvelle école,  orchestré par un beau et sexy mafieux qui la kidnappe pour qu'elle l'aide dans sa mission",  finit-elle en gloussant comme une adolescente.

 

Je la regardai en haussant un sourcil,  un sourire amusé étirant mes lèvres.  On aurait dit une gamine de quinze ans qui me présentait son nouveau crush.  « Et elle tombe amoureuse de lui, bien sûr ?»,  demandai-je,  ironie dans la voix.

 

Elle acquiesça,  les joues rouges d'excitation.  "C'est une histoire passionnante !  Tu devrais la lire !"

 

Je secouai la tête,  me demandant comment elle pouvait se passionner pour des histoires aussi niaises.  Mais, finalement, chacun ses goûts.

"- Me regarde pas comme ça, Maeve chérie," gémit-elle en roulant des yeux. "J'ai un faible pour les hommes comme ça."

Je haussai les épaules, détournant le sujet. "Quand reviendront Maeve raté et Maeve un peu moins raté, mais quand même moins bien que l'originale ?"

Un sourire ironique étira ses lèvres. "Les deux tiers restant de votre trio infernal seront à la maison dans deux semaines. Une fois que l'un aura arrêté d'être un loup sauvage et l'autre un magnat du contrôle."

Elias et Lucius.  Mes deux autres frères.  Enfin,  mes triplets pour être plus précis.  Elias,  avec son âme sauvage et sa connexion profonde à la nature.  Il vivait reclus dans une maison en pleine forêt,  consacrant sa vie à la protection des loups.  Il ressemblait presque à leur alpha,  tant la meute l'écoutait et lui obéissait.  J'étais persuadée qu'il se transformait à la pleine lune,  devenant un lycan puissant et indomptable.

Lucius,  à l'inverse,  baignait dans le monde des affaires,  gérant d'une main de maître un empire immobilier.  Il avait l'allure et le charisme d'un parrain de la mafia,  même s'il n'avait jamais trempé dans des affaires illégales.  Du moins,  à ma connaissance.

Elias et Lucius étaient mes confidents,  mes amis les plus proches.  Ils me comprenaient,  acceptaient ma différence,  contrairement à Atlas.  Depuis sa naissance,  je n'avais éprouvé pour lui que du mépris.  Son visage d'ange,  ses airs d'enfant bienheureux,  tout chez lui m'insupportait.  J'avais parfois des envies de lui défoncer la tête,  d'écraser cette innocence qui me semblait si fausse, si hypocrite.

 

Tout chez ce garçon me hérissait. 

 

"L'enfant neurotypique par excellence", pensai-je en observant Atlas, "le golden boy dont toute la famille rêve. Que demander de plus ?"

"- Papa est déjà parti ?" demandai-je, feignant une tristesse que je ne ressentais pas.

"- Non, il est dans son bureau. Son avion partira demain et il restera deux ou trois mois là-bas pour le travail. Pourquoi ? As-tu besoin d'aide à un sujet ?"

"- Non", répondis-je sèchement.

Ma réponse courte et incisive la déstabilisa. Je ne voulais surtout pas aggraver mon cas avec le psy. Si je lui montrais mon vrai visage, elle risquerait de me renvoyer dans ce centre horrible où j'avais passé des mois à subir des tests et des thérapies inutiles. Alors je jouai la comédie.

"- Je pensais juste qu'il serait là pour notre anniversaire", murmurai-je, laissant une larme artificielle couler sur ma joue.

Atlas releva la tête lentement, bien conscient de ma mise en scène. Mais il ne broncha pas. Traître.

Ma mère, elle, se laissa prendre au piège. Elle essuya ma fausse larme et me prit dans ses bras. Je grimaçai intérieurement. Je détestais les câlins, ces effusions de sentiments qui me mettaient mal à l'aise, il n’y a rien de plus traître qu’un câlin. Ils n’étaient juste qu’un moyen de caché son visage. Mais je ne dis rien, me contentant de renifler son parfum familier.

Quand cette mascarade fut terminée, elle me rassura comme elle le pouvait, puis monta à l'étage pour se préparer à aller travailler.

"- Wouah, c'était du grand art, Maeve ! J'ai même cru que maman allait pleurer !" s'exclama Atlas, une expression de colère sur le visage.

Mes yeux assassins heurtèrent sa figure d'ange. 

"Tu vois, je ne pensais pas que tu étais capable de faire miroir d'autant de sentiments, vu que tu n'en connais aucun", cracha-t-il.

"- Ferme-là, je te préviens ! Tu ne sais rien, tu ne connais rien, donc ferme-là !"

"- Je comprends surtout que tu viens de mentir à une des seules personnes avec qui tu peux être toi-même et...", continua-t-il, ignorant mes avertissements.

Le reste de ses mots se perdit dans un brouillard intense. Tout ce que je voyais, c'était du rouge. Je voulais détruire ce type, l'anéantir. Je fermai les yeux, laissant la rage m'envahir. Mes oreilles bourdonnaient, je voyais flou. Seule l'envie de le faire taire, de le faire disparaître, occupait mon esprit. J'étais une tornade prête à tout dévaster sur son passage.

Soudain, une main se posa sur mon épaule. Je l'ignorai, fixant Atlas qui continuait à déblatérer un tas de conneries. Il osait parler de ma mère, lui qui ne savait rien d'elle, rien de moi, rien de nous. Je suffoquai de rage.

 

Il ne savait rien. Il ne comprenait rien. 

 

Le tapotement sur mon épaule continua, insistant. Une ombre se dressa devant moi, imposante, familière. Mon père. Il me prit le visage entre ses mains, ses doigts fermes mais doux, et me força à le regarder. Ses yeux bleus, les mêmes que les miens, exprimaient une inquiétude mêlée de reproche.

"Maeve," dit-il d'une voix calme mais ferme, "regarde-moi. Respire."

Je tentai de me dégager de son emprise, mais il ne me lâcha pas. "Laisse-moi tranquille !" murmurai-je, la voix étranglée par la colère.

"Non, Maeve. Tu dois te calmer. Regarde-moi."

Au lieu de lui obéir, je détournai les yeux, attrapant mon sac à dos et mon appareil photo posés sur la table. Je ne voulais pas parler, pas maintenant. Pas avec lui, pas avec Atlas, ni avec personne. Je voulais juste m'enfuir, m'éloigner de cette maison, de cette famille, de toutes cet rage qui me submergeaient.

Je me précipitai vers la porte, la claquant violemment derrière moi. Le bruit résonna dans toute la maison, comme un cri de rage.

Je marchais d'un pas rapide, la tête baissée, les mains enfoncées dans les poches de ma veste. Les rues étaient désertes en ce dimanche matin glacial. Le vent sifflait entre les bâtiments, et un froid mordant me transperçait jusqu'aux os. Mais étrangement, cette sensation physique était la bienvenue. Elle me permettait de me sentir vivante, de me distraire de ce vide intérieur qui me rongeait.

Là, seule dans le froid, je respirais. Je ne savais pas où j'allais, mais peu importait. Mes pas étaient énergiques, déterminés. Je voyais les maisons défiler, les unes après les autres, sans vraiment les regarder. Encore une chance que je n'avais pas cours en ce "beau" jour de dimanche.

Je sortis mon casque de mon sac à dos et le plaquai sur mes oreilles, montant le volume à fond. "Fangs" de Neoni résonna dans ma tête, un rythme puissant et sauvage qui couvrait le silence de la ville. J'empruntai des rues au hasard, jouant à l'équilibriste sur les bords des trottoirs, frôlant les murs, les voitures garées.

J'aimerais dire que la musique était toute ma vie, mais ce n'était pas le cas. Elle effaçait un peu l'ennui, me procurait un semblant de distraction, mais au fond, elle ne suscitait rien en moi. C'était juste une des millions de façons que j'avais trouvées pour tenter d'éveiller quelque chose dans mon cerveau, quelque chose qui me ferait me. sentir moins… cassée. Moins ennuyée par le monde qui m'entourait.

Machinalement, je passai une main sur mes cuisses, recouvertes de cicatrices. Certaines étaient anciennes, presque invisibles. D'autres étaient plus récentes, encore rouges et douloureuses. Mes bras avaient subi le même traitement. Je soupirai en sentant la peau brûler sous mes doigts. En voyant mes mains devenir bleues à cause du froid, je décidai d'enfiler un bonnet à rayures noires et grises, surmonté de deux oreilles de chat, et ma veste en cuir noir. J'adorais cette veste, presque autant que mes vieilles Converse.

C'est à cet instant précis que je pris la pire décision de ma vie – ou la meilleure, selon le point de vue. Je tournai à droite à cette fucking intersection. Une rue étroite et sombre, bordée de bâtiments huppés. Un sentiment de malaise me saisit, mais je continuai à avancer, attirée par l'inconnu, par le danger.

 

Et, je veux que vous vous remémoriez de ce moment comme celui qui traça le début de ma perte. 

 

Je n'avais pas réellement fait attention où j'allais. Perdue dans mes pensées, j'avais erré sans but dans les rues, laissant mes pieds me guider. Je réalisais maintenant que j'avais rarement, voire jamais, emprunté cette rue. Mes sourcils se froncèrent en observant les bâtisses autour de moi. Où étais-je ?

Je jetai un coup d'œil à ma montre. 17 h 30. J'avais marché toute la journée, ce qui expliquait le gargouillement de mon estomac et ma désorientation. Comment avais-je pu marcher aussi longtemps sans m'en apercevoir ?

Et, surtout, où étais-je ?

C'est là que je te vis pour la première fois.

Le son d'un piano attira mon attention. Une mélodie douce et mélancolique flottait dans l'air, m'enveloppant comme une caresse. Hypnotisée, je m'approchai, guidée par cette musique envoûtante.

La mélodie semblait provenir d'une des fenêtres du second étage d'une maison bleu pâle. J’escaladai la façade et contournai la cour. Ici, le jardin était baigné par la lumière dorée du crépuscule, un chêne m’y attendait sagement, bruissant sous la brise tandis qu'un ou deux oisillons hurlaient famine.  Je grimpai sur l’arbre, m'agrippant aux branches écailleuses qui laissait des marques sur mes paumes . Hormis le son du piano, la bâtisse paraissait endormie. Je sortis mon appareil photo et le pointai vers la fenêtre, ajustant le zoom pour mieux t'observer. 

La première chose que je vis fut tes cheveux. Longs, bruns, attachés par une pince blanche. Il dégageait ta nuque, offrant à mon regard une peau lisse et pâle. Attirée, je pris quelques clichés. Mon objectif scruta chaque recoin de ton corps : ton cou, ta nuque, tes omoplates que tu massais parfois pour soulager la tension.

Je me concentrai ensuite sur tes épaules fines et tes mains qui voletaient sur le clavier, douces et légères. Tes doigts étaient fins et élégants. Je déclenchai de nouveau l'appareil, capturant chaque mouvement.

Soudain, Spotify décida de jouer "Animals" des Maroon 5. Je penchai la tête, intriguée. Une coïncidence ? Les personnes croient aux âmes sœurs, à ces êtres que le destin aurait placés sur leur chemin pour leur apporter le bonheur. Un Dieu quelconque aurait suffisamment eu quelque chose à foutre de leurs vies minables pour leur privilégier ce cadeau précieux.

Bullshit !

Pourtant, en t'observant, je ressentais quelque chose d'étrange. Au plus profond de moi, une force obscure s'éveillait. Irrépressible, chaotique, maladive.

Je reportai mon attention sur l'appareil photo. Tu avais tourné la tête vers la fenêtre, ton visage se découpant sur le ciel crépusculaire. M'avait-elle vue ? Cette question me hantait. Mais, son visage restait impénétrable, masquant ses pensées, ses émotions. Elle ferma les yeux, comme pour se protéger du monde extérieur, de mon regard insistant.

Je dévorai chaque détail de ta silhouette, chaque courbe de ton corps. Les photos prises sur le vif avaient ce pouvoir magique : elles révélaient l'âme du sujet, sa beauté naturelle, sans fard ni artifice. C'était pour cela que je préférais travailler en extérieur, capturer l'instant présent, la spontanéité des gestes. Je continuai à te photographier, obsédée par ton image, par ta beauté. Ce genre de photo était les plus troublantes, les plus ambiguës. Ainsi, elles capturaient une part d'inconscient, une vérité cachée. Mais, parfois, le studio était nécessaire, pour créer une illusion, un monde artificiel où tout était sous contrôle. Mon père, qui m'avait transmis son savoir, avait construit ce lieu pour maîtriser l'image, la manipuler, la transformer. 

Le contrôle.  

Contrôler l’image était simultanément frustrant et addictif. Je restais toujours sur ma faim dans le studio, comme si je touchais du doigt une perfection sans jamais l’atteindre. Pourtant, j’avais tout tenté. De la junkie à la prostituée, de la joie à la tristesse crée par divers artifices. Rien ne me procurait satisfaction, rien n’était aussi parfait que l’émotion brute, qu’une peur réelle de mourir, ou qu’un apogée sexuel atteint entre deux amants. Néanmoins, une partie de moi, aimer ce pouvoir. Ce besoin viscéral d’ordonner et d’organiser mes sujets comme des pantins amovibles selon mon bon vouloir. Addictif.

 

Tu sortis enfin de ton immobilité, t'étirant avec une nonchalance qui me troubla. Le top bleu glissa sur ta peau, révélant un instant ton nombril, une parcelle d'intimité volée. Le tissu remonta, dévoilant la courbe délicate de ton ventre, la naissance de tes seins. Tes jambes, longues et fines, étaient moulées dans un short assorti. 

 

Pitié que tu te sois rendu compte de ma présence. Et, que chaque mouvement soit un appel à te prendre. Amen

 

Je pris encore quelques clichés, profitant des derniers rayons du soleil qui illuminaient ta peau d'une lueur dorée. L'appareil photo vibra doucement entre mes mains tandis que je zoomais sur ton visage, cherchant à capturer l'essence de ta beauté.

La nuit tombait rapidement, enveloppant la forêt d'une ombre mystérieuse. Il était temps de rentrer. Un soupir m'échappa.

Soudain, nos regards se croisèrent. Tes yeux me fixaient à travers le feuillage.  Tu avais dû entendre le déclic de l'appareil photo. Maintenant, tu m'observais à travers ce rideau de feuilles, qui dissimulait mon identité, me transformant en observatrice invisible, la brise emportait vers moi, une odeur de pivoine et de bois de santal. Ton délicieux parfum me rendait complétement dingue. Tu plissas les yeux, cherchant à percer le mystère de ma présence. En revanche, ton visage, qui m’inspirait une vision de pureté et d'innocence, le genre qui enflammait mes désirs les plus profonds, trahissait un regard effarouché, une nymphe de la forêt dérangé en pleine pudeur.

Tu étais un poison doux qui se répandait dans mes veines. J'étais envoûtée, prisonnière de ta beauté éthérée. Elle était une œuvre d'art vivante, une source d'émerveillement. Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres.

J'avais attiré l'attention d'une petite souris. Et, j'étais prête à la chasser. L'excitation montait en moi, faisant battre mon cœur plus vite.

Je rangeai mon appareil photo, le souffle court, les sens en éveils. La traque commençait.

« Que la partie commence, ma ravissante pianiste », murmurai-je, un frisson de plaisir parcourant mon échine.


 

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