CHAPITRE 26

Par Smi

25 avril 1988

« Martial reviens , s’il te plaît reviens »

La douleur s’était calmé subitement, il n’y avait plus de musique dans ses écouteurs, celle-ci avait été remplacée par une douce voie féminine , une voie cristalline, proche de lui, qui lui répétait :

« Martial reviens, s’il te plaît reviens »

Il n’avait plus la force de rouvrir ses yeux, il était si bien maintenant qu’il ne luttait plus. Pourquoi lutter, contre quoi lutter, c’était tellement mieux de se laisser aller.

« Martial reviens, s’il te plaît reviens »

Plus besoin de réfléchir, plus besoin de se battre. C’était donc cela mourir, sentir son corps abandonner la partie…les mots s’entrecoupaient , se détachaient les uns des autres.

« Mar….tial….. re……..viens ,………….. s’il……. te.. p……… »

Puis, la voix devint subitement plus rauque, plus masculine.

Le professeur était en sueur, courbé au dessus du lit médical, une électrode dans chaque main. Pour la quatrième fois, le corps de Martial était pris d’un soubresaut tellement violent qu’il se soulevait entièrement.

Arrivé quinze minutes plus tôt, Pingh avait immédiatement branché son patient sur électrocardiogramme et commencé les massages cardiaques mais le cœur était en train de lâcher prise.

« Martial reviens, s’il te plaît reviens » le professeur assénait les mêmes paroles qu’il aurait prononcé pour son propre fils.

Sur l’écran noir, la ligne verte était presque rectiligne ; seuls quelques légers pics de plus en plus espacés étaient le signe d’une vie qui part.

Avec toute l’énergie du désespoir, le professeur poussa la puissance de son appareil à son maximum et posa une dernière fois les électrodes sur le torse de Martial.

Soudain, la voie qui parvenait encore aux oreilles de Martial était à nouveau redevenue limpide et plus féminine, plus proche de lui aussi.

« Martial reviens, s’il te plaît reviens »

Les voix féminines et masculines se confondaient maintenant. Se trouvaient il en 1988 ou en 2018.

Il fallait qu’il rouvre les yeux , il savait qu’il fallait le faire une dernière fois , juste pour savoir.

Les pompiers, prévenus in extremis, avaient installé le corps du jeune homme sur une civière directement au pied de l’arbre, et tentaient de le ramener à la vie, les électrodes sur sa poitrine.

« Encore une fois » avait dit le médecin chef.

Le corps s’était alors soulevé puis était retombé inerte sur le brancard. Un, deux, trois…Un, deux , trois…

Le bip avait  enfin retentit à nouveau, signe électronique du retour de la vie.

« Martial reviens, je t’attendrais »

Ses paupières avaient bougé, ses yeux avaient cligné, puis la vie avait brillé au travers et il l’avait vue, pour la première fois depuis le début de ses expériences, il avait croisé son regard. La jeune adolescente se tenait debout, en pleur à quelques mètres à peine de lui.

 

 

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