Chapitre 31 - Manon

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le trente et unième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Il dort.

 

Je ne regrette pas ce qui s'est passé.

 

Je me le répète en boucle. Parce que c'est la vérité.

 

Je ne regrette pas ce qui s'est passé.

 

Tout était parfait.

 

Je ne regrette pas ce qui s'est passé.

 

Parce qu'il est parfait.

 

Il dort.

 

Alors que je n'arrive pas à fermer l'œil.

 

Il est paisible.

 

Alors que j'ai l'impression que le sol va se dérober sous mes pieds.

 

L'incertitude me prend, tout comme l'anxiété.

 

Est-ce que je mérite vraiment d'être dans son lit ? On se connaît depuis l'enfance, on partage nos secrets, en tout cas la plupart du temps, des rires, des moments parfaits. Une frontière a été franchie et je ne peux revenir en arrière. J'ai envie de le secouer pour le réveiller, peut-être que si je lui donne un coup de poing je pourrais faire croire que j'ai eu un cauchemar.

 

Son visage est si paisible, sa respiration est régulière. Il ne se doute pas de l'anxiété grandissante qui m'envahit. L'apaisement dans lequel il me plonge habituellement n'est pas présent.

 

J'ai besoin d'entendre sa voix.

 

Qu'il me dise que tout va bien se passer.

 

Que je suis assez.

 

Même si je ne le crois pas.

 

Parce que la petite fille en moi voulait y croire et que la femme ne peut pas y croire. L'attachement, être proche des autres, c'est déjà difficile de laisser entre les autres dans ma vie. Des murs épais sont présents autour de mon cœur, les briques ont été montées les unes après les autres, érigées pendant des années pour ne plus être touchées et ressentir le désespoir pur. Les souvenirs douloureux et l'incertitude quant à l'avenir me tourmentent. Ma peur me semble plus étouffante que jamais. Me reposer sur lui en tant qu'amie était une chose, mais maintenant je veux plus. Sauf que... Parce qu'avec moi il y a toujours un sauf dans l'équation. Je suis terrifiée...

 

Allongée dans le lit de sa chambre d'hôtel, dans ses bras, je sens les larmes monter à mes yeux. Je me redresse brusquement en froissant les draps autour de moi. Je replie les jambes contre ma poitrine tandis que ma respiration devient plus saccadée et que mes mains ne peuvent s'empêcher de trembler. Les soubresauts arrivent. J'agrippe l'oreiller derrière mon dos comme si c'était la seule chose capable de me réconforter.

 

Je n'arrive plus à tout contenir, tout va bien, je n'ai pas à me plaindre. J'ai l'impression de pleurer sans aucune raison, je pleure en retard, pour tout ce qui aurait dû sortir bien avant. Les souvenirs avec ma mère ressurgissent. Les moments où j'étais tellement blessée que rien ne pouvait me faire sortir de cet état léthargique. Aucun moment de joie, se contenter de respirer et de survivre. Survivre, cette expérience m'a marquée en me créant un profond sentiment d'indignité et de dégoût me rongeant de l'intérieur. Qui pourrait m'aimer si ma propre mère n'en était pas capable ?

 

Les mots doux, les gestes attentionnés... J'en ai connu grâce à mon père qui avait de l'amour pour deux, mais toujours avec cette peur constante, cette épée de Damoclès me disant que tout peut s'effondrer si jamais je ne me montre pas à la hauteur. Je me demande si je mérite réellement un amour si pur, si profond et l'anxiété me gagne. Il sait pour mes crises d'angoisse, difficile de lui cacher lorsque je fonds en larmes d'un seul coup et que je manque de m'étouffer en ayant l'impression de ne plus pouvoir respirer. Il va finir par tout savoir même si je me bats pour garder mes secrets, il va découvrir que je suis brisée, imparfaite, que je ne mérite pas son affection.

 

La panique est là, incontrôlable.

 

J'ai l'impression que je vais mourir, je ne sais plus comment respirer. J'ai envie de crier au monde que je suis en train de crever. De pleurer au point de ne plus pouvoir respirer. Qu'est-ce qu'on a fait, bordel ? Les souvenirs de la nuit dernière me hantent, les étreintes, les soupirs. Je peux encore sentir le chaleur de sa peau contre la mienne, le goût de ses lèvres, la douceur de ses caresses, de ses mots murmurés. La connexion que l'on avait été parfaite, tout s'est déroulé sans pression, sans question. Chaque geste était guidé par l'envie, la tension et la passion. Le moment avait été sous le symbole de pure intensité, mais maintenant, il ne me restait plus que le vide et la peur.

 

Je ne le vois que comme un ami.

 

Je ne ressens rien d'autre.

 

Le plus gros mensonge que je n'ai jamais dit.

 

La réalisation me frappe.

 

Maintenant que j'ai mis des mots sur ma panique, les barrages empêchant mes larmes de couler cèdent. Ma respiration s'accélère, je plaque ma main sur ma bouche ne voulant pas le réveiller avec mes bruyants sanglots. Après avoir jeté un dernier regard au visage détendu d'Owen, ses cheveux ébouriffés lui donnant un air encore plus séduisant, je me décide à me glisser hors du lit. Le seul témoin de notre transgression.

 

Ma vue est brouillée et je me déplace en titubant vers ma salle de bain. J'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer. Le lavabo se transforme en pilier, je m'appuie complètement dessus avant de me mouiller le visage me remettant l'esprit en place. Le miroir est maintenant rempli de gouttelettes, cependant, cela ne m'empêche pas de voir mon reflet. Pendant les premières secondes, je me fixe. J'ai dû mal à me reconnaître, c'est comme si mon propre reflet me dévisageait. Je suis encore plus pâle que d'habitude et les petits boutons rouges autour de mes yeux sont un indicateur de ma récente crise de larmes.

 

Je ne sais pas ce qui va être pire. Être blessée ou le blesser.

 

Je souffle fortement, mes doigts s'accrochent au rebord du lavabo me permettant de rester ancrée dans la réalité, sauf que c'est bien trop douloureux. Tout est trop insupportable, je ne vois que le négatif. Je ne mérite rien de tout ça, je ne mérite pas Owen, je ne mérite pas cet homme qui me tend la main et qui est ma lumière au fond du tunnel.Je n'ai plus de force pour lutter contre la pression que je me mets seule. Je me laisse glisser sur le sol, les larmes coulent librement sur mes joues. L'auto-dépréciation c'est un drôle de terme quand on y pense. Il n'est pas si compliqué à prononcer, mais pourtant si difficile à exprimer. Je me retrouve seule dans le labyrinthe de mes émotions.

 

Complètement prise au piège.

 

La nuit s'étend et dès que je réussis à me calmer, je reviens inlassablement à mes angoisses. Me répétant les mêmes litanies, qui me brisent encore plus le cœur dès que je les prononce. Mon propre esprit m'enfonce dans les ténèbres, une seule solution me vient et je la déteste déjà.

 

La fuite.

 

C'est la seule option qui me vient pour en sortir, la réponse. Je dois partir, m'éloigner pour mettre mes idées au clair. Juste une mise au point avec moi-même, une pause dans un film qui va trop vite, je ne demande que ça. Je suis instable. M'aimer n'est pas une chose facile, même impossible. Je ne sais pas comment m'expliquer, m'exprimer correctement, toutes mes émotions sont trop. De toute manière, je fais tout de travers. Lorsque la porte de la chambre se ferme derrière moi, j'entends mon cœur se briser une fois de plus. Je sais que je fais l'erreur de ma vie, le laissant se réveiller seul et perdu comme je l'étais à l'instant, je ne mérite pas de l'avoir, il ne mérite pas de souffrir. Ce n'est qu'une question de temps, je vais revenir et lui parler. Je m'en fais la promesse. À savoir sous combien de temps, je vais la respecter.

 

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