Chapitre 32 - Les hors-la-loi

Entre Mÿrre et Byan, en parallèle du procès.

 

          Sonné Paskhal contacta de toute urgence son ami Bénédit. Il avait perdu Sonfà et elle allait le payer cher.

 

_ Bénédit, je n'ai rien pu faire. Hier matin, quand nous sommes allés la chercher, il l'avait déjà enlevé. Quand ils ont diffusé les images de sa fuite, elle devait déjà être presque arrivée à Kentrony. Je ne sais pas si elle s'est débattu comme ils le disent mais en tout cas elle n'aura pas de procès sirélien, annonça Paskhal.

 

_ Ils n'ont pas le droit ! Je connais Sonfà, elle ne ferait jamais ce qu'ils prétendent. C'est impossible. Il y a-t-il un espoir de la sauver ?

 

_ Je crains que non mon ami. Comme ma fille, elle est déjà perdue.

 

Paskhal avait raison. Il était déjà trop tard, ils n'étaient plus de taille pour ce combat. Cependant, la condamnation de Sonfà n'allait pas se passer dans le silence. Non, Bénédit avait l'âme d'un combattant. Au nom de sa nièce, il continuerait de se battre contre les lois abusives du conseil ministériel.

 

_Mes amis, c'est le cœur lourd que je viens d'apprendre la capture de Sonfà. Elle n'a surement rien fait de tout ce qu'on raconte mais nous n'avons aucune preuve pour la défendre. D'ici à ce que nous arrivions à la capitale, elle sera... Il sera déjà trop tard. Pour autant, nous ne pouvons pas nous taire et nous allons leur faire savoir notre colère ! déclara Bénédit.

 

_ Elle est innocente ! Bénédit, elle est innocente et si jeune. On ne peut la laisser. Mon frère peut peut-être la sauver. Il doit bientôt s'approcher de la capitale maintenant ? Je t'en supplie Bénédit, dites-moi qu'on va la sauver, sanglota Sophya.

 

Malheureusement les protestations de Sophya restèrent sans réponse. Tout allait se faire en urgence, ils n'arriveraient jamais à temps pour la fin du procès. D'ici là, elle serait déjà condamnée. La sœur Peyrache souffrait de tout son être, elle se sentait abandonné de toute part. Son frère était loin et sa compagne de toujours côtoyait la mort. Pourtant elle avait promis à Sonfà de se battre pour leur peuple, elle devait se relever et aider Bénédit.

 

D'urgence elle contacta Gaultier pour qu'ils se soudent tous dans l'effort.

 

_ Gaultier, ils vont juger Sonfà pour des crimes qu'elle n'a pas commis. Elle a tué un milicien par accident et pour protéger Bénédit. Je t'en supplie, crois-moi c'est un coup monté !

 

_ Je te crois Sophya. Ce n'est pas l'image que j'ai eue d'elle lors de la cérémonie d'intronisation. Je crois que le conseil prépare quelque chose contre nous. L'heure est grave. Nous devons prendre les armes et nous rebeller. Cette fois nous n'allons pas utiliser nos pouvoirs mais nous battre en corps à corps. Ainsi, personne ne pourra nous reprocher notre inconscience. Je penserais fort à Sonfà, je souhaite de tout cœur que quelque chose ou quelqu'un arrivera à lui venir en aide. Nous sommes trop loin pour agir, directement ils précipitent le procès. Cependant, nous allons leur faire payer et tenter de rééquilibrer la donne. Faits-moi confiance. 

 

 

A ses mots, Gaultier mobilisa ses troupes. Lui qui n'aimait pas spécialement prendre part aux conflits, voyait l'importance de se positionner face à cette injustice. Tiraillé entre l'envie de se battre et de protéger son amant Achot, il ne savait pas comment s'organiser.

 

_ Il est hors de question que je reste là à t'attendre. Nous sommes des âmes sœurs, je vis pour toi et je mourrais avec toi ! Gaultier ne discute pas tu ne me mettras pas à l'écart cette fois !

 

_ Ne fais pas ton mélodrame Achot, je ne vais pas mourir ! Je pars juste défendre mes opinions et accessoirement notre couple !

 

_ Oh dans ce cas, si c'est juste cela je peux venir avec toi sans problème ! Ne minimise pas le danger Gaultier. Regarde Sonfà, tu crois vraiment qu'elle a pu faire ne serait-ce qu'un quart de ce qu'ils prétendent ? Alors à ton avis, quand ils t'auront dans leur filet penses-tu vraiment qu'ils vont être plus tendre avec toi ? Hemma est de mon avis, nous partons avec toi, un point c'est tout, exigera Achot.

 

_ Que viens faire Hemma dans tout cela ?

 

_ Ecoutes, je lui ai tout dit et elle nous comprend. Je n'ai pas honte de t'aimer Gaultier et comme toi je me battrais pour que tu puisses rester avec moi sans engrosser personne ! Tu veux te battre avec les poings ? Je ne suis peut-être pas un sirélien comme toi mais moi aussi j'ai des mains et je sais me battre ! Plus ou moins.

 

_ Plus ou moins c'est bien cela le problème Achot ! S'emporta Gaultier.

 

_ Ma décision est prise mon amour, oublies ta colère ! Tu devras faire avec nous. Hemma et moi, on vient avec toi, s'adoucit Achot en tendant les bras vers son âme sœur.

 

_ Hors de question ! Tu viens seul, je ne la veux pas dans mes pattes. Pourquoi tu lui as parlé de nous ? Tu n'as pas conscience du danger que tu en cours Achot. Tu es trop naïf !

 

_ C'est pour cela que tu m'aimes et puis il est trop tard pour se poser ce genre de questions. C'est fait, c'est dit. Je ne peux retourner en arrière chéri !

 

_ Achot, elle ne nous suivra pas ! C'est ma seule condition, suis-je bien claire ?

 

_ Hmmm... D'accord, hésita Achot avant de sauter dans les bras de son grand gaillard.

 

Pourtant le mal était fait, Achot avait révélé son secret à une infiltrée à la solde de Garnel Asage. L'information ne tarderait pas à lui parvenir et il n'aurait aucun scrupule à s'en servir contre Gaultier. D'ici là, la résistance continuait à s'organiser. Armés et plus remontés que jamais, ils allaient passer à l'action.

 

_ On y va, on les désarme et on les retient en otages pour retenir l'attention du conseil. Avec un peu de chance ils accepteront de les échanger contre Sonfà ! Le but est de ne tuer personne. On n’utilise pas ses pouvoirs, dans la mesure du possible. Namon nous a également donné des corps, à nous de nous en servir comme de simple humain. Battons-nous d'égal à égal ! Ordonna Gaultier.

 

_ Je reste derrière toi, je te suis ne t'inquiètes pas mon preux chevalier, lui souffla Achot en réponse.

 

 _ Toi quand tout sera fini, je t'apprendrais à respecter les preux chevaliers ! Fit semblant de gronder Gaultier tout bas.

 

Après de longues minutes de surveillance, ils passèrent à l'offensive sous l'impulsion de Gaultier :

 

_ Allez-y foncez ! On y va les amis !

 

Surpris, les miliciens eurent du mal à contre attaquer. Dans une cohue générale, ils s'éparpillaient et perdaient toute forme d'organisation militaire.

 

_ Attention, ils attaquent ! Défendez-vous !

 

_ Là, à gauche !

 

_ NON à droite ! Venez m'aider !

 

_ Sauvez-vous ! Criait un milicien.

 

Les hylés avaient quant à eux un sens de l'organisation redoutable. Ils se regroupèrent dans le bâtiment de la milice, empêchant ainsi toutes fuites de leurs opposant. Le piège se refermait petit à petit sur les sous-fifres de Garnel Asage. 

 

_ Nous avons bloqués toutes les sorties du bâtiment et nous avons trafiquer presque toutes vos armes la dernière fois. Nous n'utiliserons pas nos pouvoirs contre vous ! Alors allongez-vous au sol. Nous voulons simplement que vous nous serviez de garantie pour un échange. Vous me comprenez ? Cria Gaultier à l'intention de toute la caserne.

 

Une balle siffla comme simple réponse. Le magnétisme de Gaultier la stoppa nette dans son élan. Le trentenaire s'avança alors au centre du bâtiment et sous les yeux apeurés d'Achot un grand bruit se fit entendre.

 

BOUM

 

Gaultier venait simplement d'attirer tous les objets métalliques vers lui. Les pistolets, fusils et armes blanches avaient été arraché à leur propriétaire sous l'impulsion de l'Elu des oranges. Un grand silence se fît alors ressentir puis quelques chuchotements.

 

_ Vous nous promettez de ne pas nous faire de mal si l'on se rend monsieur Kajut ?

 

_ Vous serez sous ma protection et personne ne vous touchera. Nous allons simplement envoyer un message à votre ami le ministre Garnel Asage et attendre avec vous sa réponse. Vous êtes d'accord avec cela ? Proposa calmement Gaultier.

 

Le chef de la milice acquiesça et tous ses hommes se rendirent un par un. Devant les mines heureuses des amis de Gaultier.

 

_ Achot, attaches les bien et veille à ce qu'il ne manque de rien ! Je m'occupe du comandant et de la discussion avec le conseil ministériel.

 

Fier, le jeune professeur s'exécuta rapidement avec ses amis. Ils lièrent les mains et les pieds de tous les miliciens présents dans la pièce. La plupart se montraient conciliants mais d'autres voyaient Achot d'un mauvais œil.

 

_ Traitre ! Tu n'as pas de race. Trahir ton peuple pour profiter de pouvoir Sirélien, gronda l'un d'eux.

 

_ Vendu !

 

_ Lâche ! Sifflaient d'autres miliciens en écho.

 

_ C'est vous qui trahissez tous les jours la civilisation namonienne ! Vous vous trompez de voie ! Nous sommes nés pour vivre ensemble par pour nous opposer ! S'emporta Achot.

 

_ Traitre ! Répondit le jeune homme qu'il était en train d'attacher soigneusement.

 

Alors qu'Achot allait lui répondre, on lui cracha en plein figure. Choqué, il resta planté là sans rien dire quand la tête de son agresseur fût projeté violement en arrière.

 

_ Je vais vous faire regretter d'être né si vous ne vous excusez pas tout de suite ! Je vais vous apprendre l'honneur ! Vous portez un uniforme mais vous n'avez aucun sens de la justice, aucune valeur.

 

La peau recouverte entièrement de métal, Gaultier assomma le milicien d'un coup tête, ne lui laissant même pas le temps de répondre. Il en avait marre de ce manque de respect ambiant. Il avait eu peur pour son âme sœur et avait vu rouge en voyant la scène.

 

 

_ Gaultier, la connexion est établie avec le ministre Asage.

 

Après avoir pris quelques secondes pour se calmer, l'Elu des Hylés pris le téléphone pour négocier avec le politicien.

 

_ Monsieur le ministre, nous détenons tous les hommes de la caserne de Byan. Nous n'avons pas fait usage de la violence et s'ils se comportent bien vos miliciens ne seront pas maltraités. Nous demandons simplement un procès équitable et sirélien pour Sonfà. C'est notre seule revendication.

 

_ Très bien, dans ce cas-là, nous allons avoir un problème monsieur Kajut.

 

_ Vous ne tenez pas à vos hommes monsieur Asage ? Vous ne souhaitez pas négocier leur libération ? le questionna Gaultier.

 

_ Si mais en ces termes, cela me paraît compliqué. Vous ne réclamez pas le transfert d'une accusée mais d'une coupable. Vous arrivez trop tard, Sonfà a avouée pour tous les chefs d'accusation reprochés. Nous ne pouvons donc plus la libérer. Son procès est déjà joué puisqu'elle plaide coupable. Actuellement, nous énumérons les faits afin de prononcer la sentence. La peine capitale a été demandé. Le peuple réclame sa tête et elle devrait être décapité sous peu. Alors monsieur Kajut, que puis-je faire pour vous dans ces conditions ?

 

_ Evitez-lui la peine capitale dans ce cas, surenchérit Gaultier  

 

_ Je n'ai pas pour habitude de me plier à ce qu'on me demande même sous la pression. Comme vous, je crois. N'est-ce-pas ?

 

_ Je ne vous suis plus monsieur le ministre. Vous refusez tous pas vers nous pour libérer votre milice ?

 

_ Sonfà, ne sera pas libérer et je vous déconseille vivement de continuer votre prise d'otage. Des miliciens nous en avons à revendre, ils ont été formés à se battre pour une cause. S'ils doivent mourir pour cela, ils le feront. Je vous enverrai plus d'homme à combattre si vous n'abdiquez pas. Je ne négocie pas avec un hors la loi.

 

_ Où voulez-vous en venir ? S'interrogea Gaultier.

 

_ Les relations humano-sirélienne sont interdites monsieur Kajut. Continuer à batifoler avec ce Achot Anmegh vous met donc dans une fâcheuse situation. Sans vouloir vous rappeler votre obligation d'enfanter, il va être difficile de le faire avec un homme dans tous les cas. Je vous prie de croire que j'aurais préféré que tout cela se passe autrement mais je ne saurais que trop vous conseiller de baisser les armes et d'abandonner vos idéaux.

 

_ Ne le touchez pas, Achot n'a rien à voir là-dedans ! Vous n'avez pas le droit de nous interdire d'aimer. Vous allez le regretter monsieur Asage, s'emporta Gaultier.

 

A ces mots, le ministre répondit par un rire stridant qui fît frissonner l'Hylé jusqu'en dans ses os.

 

_ Ne soyez pas sot ! Il a tout avoir dans cette histoire. Il est la clé de votre soumission. Vous me l'avez offerte sur un plateau, je serais bête de ne pas l'utiliser. Sonnez le glas de votre rébellion et peut-être que je l’épargnerais ce si gentil Achot.

 

Le regard froid et la peur au ventre, Gaultier demanda qu'on relâche tous les miliciens. L'incompréhension se fît ressentir mais personne n'osa se rebeller réellement. Le visage fermé de l'Elu suffisait à traduire la gravité de la situation.

 

_ Pourquoi tu abandonnes ? On était si proche du but chéri !

 

_ Tu veux dire qu'on n'a jamais été aussi proche de tout perdre, chuchota Gaultier les larmes aux yeux et la voix vibrante.

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Elenna
Posté le 12/11/2020
Plus on avance et plus je me dis qu'ils vont galérer pour s'en sortir. ça craint, il va vraiment falloir qu'ils fassent quelque chose car la situation devient de plus en plus désagréable et je me sens mal rien que de lire. (oui on s'en tape de moi je sais)
Sinon c'est toujours aussi génial !!!
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Ma pauvre tu vas déprimer.... Arrête la lecture ici xD
Renarde
Posté le 14/04/2020
Coucou ludivinecrtx,

"Je pars juste défendre mes opinions et accessoirement notre couple !" le "et accessoirement notre couple" m'a fait tellement rire XD.

Punaise, Achot je l'aime bien, mais là, y a des baffes qui se perdent... Et j'en ai tellement marre que Garnel s'en tire à chaque fois ! Promis, le jour où il mord la poussière, je fais une petite dans ridicule dans mon salon :p
ludivinecrtx
Posté le 14/04/2020
Oui sacré Achot, il pouvait pas savoir. Il se sentait mis de côté, à l'écart et c'est humain...

Ahaha le jour où il mord la poussière je danserais avec toi mais je prends le parie qu"il y aura de l'émotion à le voir tomber ;). Oui même pour lui !! C'est l'un de mes défis mais c'est pas pour ce tome alors patience !
UnePasseMiroir
Posté le 11/04/2020
J'ai bondi sur le chapitre dès que je l'ai vu XDDD

YES DE LA BASTOOOON !!! Bon ça s'annonçait assez bien mais ça fini dans une sauce drama que je n'aime pas du tout.

Le passage avec Achot et Gaultier m'a fait fondre tel un carré de sucre dans du café chaud, tu t'en doute je pense XD même si Achot est un peu con au fond on l'aime bien... mais quand même tout balancer à Hemma c'était pas malin, genre pas du tout !
" _ Toi quand tout sera fini, je t'apprendrais à respecter les preux chevaliers !" cette phrase m'a fait glousser comme la dernière des bécasses X) mon dieu que je les aime.

J'ai trop adoré le passage où les révoltés attaquent la milice et tout, j'étais trop dans l'ambiance et c'était épique à suivre ! Mais je trouve que plus développer et décrire ce passage serait intéressant, genre combien de gens les rejoignent, comment ils s'organisent... mais c'est moi qui chipote ! ^^

Ahah la scène où il assomme le mec parce qu'il a eu peur pour Achot m'a fait trop rire ! Ils sont si mignons !

Bon, sur une toute autre ambiance je l'ai évidemment très mal senti quand Gaultier a eu Garnel au téléphone eeeet....
"_ Les relations humano-sirélienne sont interdites monsieur Kajut." Je n'ai qu'une chose a dire : AHHHHHHHHHHHH !!!!.
Et aussi : PUTAAAAAAIIIIIIIN !
Ecoute Garnel, tu touche à Achot, Gaultier et moi on va te tomber sur le râble pour te transformer en pâté de ministre. C'est compris ? Alors tu recules, et les mains en l'air s'il te plaît !
ludivinecrtx
Posté le 11/04/2020
Une rapide !!!!

Désolé... Un faux espoirs...

Ah je le savais... La mignonnerie vient toujours d'eux surtout d'achot.. c'est un peu celui qui adoucit et fait rire lol. Ahaha tant mieux que leur échange t'ai plus !!! Oui j'aurai pu mais ça rentrerai plus dans un chapitre lol. Après avoir en réécriture !!

On ne touche pas à Achot... Sinon!!

Oui.. sacré Garnel.. là tu le rehais hein !!

Oui recule Garnel.. recule sinon attention.. on va voir ce que Manon va pouvoir faire pour les aider !
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