Le lendemain de la mort de Sarvinie, Twelzyn
Livana
Même morte, Sarvinie gardait son air arrogant.
Je ne parvenais pas à ressentir la moindre tristesse, même face au cadavre froid de ma belle-mère. Cette femme belliqueuse, imbue d’elle-même, avait été aussi détestable avec sa famille que mauvaise reine. Sa dernière mesure avait été d’augmenter les impôts pour financer ses armées. Peu la regretteraient.
La défunte avait été couverte de sa tenue d’apparat en fourrure d’hermine, ses cheveux noirs coiffés en deux élégantes tresses et son visage enduit d’un peu de parfum. On l’avait démaquillée pour qu’elle puisse être reconnue des dieux. Des pleureuses criaient de désespoir et invoquaient la clémence de Toreon, le dieu de la mort. Elle en aurait besoin pour éviter les Abysses.
Cela faisait plusieurs heures que le corps reposait dans la chambre funéraire, dans le sous-sol du palais. Je détestais cet endroit plus qu’aucun autre. Cinq ans plus tôt, j’avais pleuré devant le même lit, lorsque le roi Caric s’était éteint, au terme d’un long combat contre la maladie. L’oncle d’Arnic était un homme de bien et son règne paisible restait dans les mémoires comme un âge d’or. Peu de temps après, nous avions pleuré ses fils, puis son épouse. Cela avait été une année tragique pour la famille Amaris.
Agenouillée au chevet de la reine, Renzia pleurait à chaudes larmes. Un serviteur m’avait appris qu’elle restait là depuis la mort de Sarvinie, incapable de la quitter. Je ne l’avais jamais vue dans un tel état. Sans son masque d’impassibilité, elle redevenait humaine. Je l’avais toujours respectée et la voir si triste me faisait de la peine. Cependant, je ne comprenais toujours pas ce qui avait pu la pousser à s’attacher autant à Sarvinie. Au moins, la défunte avait-elle eu une amie.
Près du corps, Giadeo achevait le rite funéraire. Le géant aux cheveux gris n’avait pas l’air ravi de passer des heures en compagnie de Sarvinie. Lui aussi était en froid avec la reine défunte depuis son choix de mettre fin aux donations à l’Église. Cependant, nul autre que le grand chantre ne pouvait s’occuper d’une telle cérémonie. Il chuchotait ses prières à tout vitesse, pressé d’en finir. Seul un clerc l’accompagnait. Cinq ans plus tôt, ils étaient des dizaines. L’odeur d’encens était restée prégnante dans le palais plusieurs mois durant.
À côté de moi, Bodnac triturait ses ongles, perdu dans ses pensées. Lui aussi semblait en avoir assez.
— Bon, lui demandai-je, on y va ?
— Si tu veux.
Dans le couloir, je posai enfin la question qui me brûlait les lèvres.
— Pourquoi tu voulais absolument venir ? Il me semble que tu ne portais pas spécialement Sarvinie dans ton cœur.
— En effet. Je suis venu pour Renzya. Avec tout ce qu’elle a fait pour le royaume ces dernières années, c’était le minimum.
Ces mots me rappelèrent combien Bodnac appréciait l’ancienne Bras Droit, qui l’avait nommé ambassadeur amarin. Il avait été très proche d’elle par le passé.
Cela faisait de longues minutes que je déambulais dans le hall de la Citadelle en bâillant. Malgré l’heure matinale, de puissants rais de lumière émergeaient des nombreuses lucarnes percées dans la pierre, à hauteur d’épaule. Quelques officiers discutaient autour des quatre larges tables disposées au milieu de la pièce. C’était la troisième fois que j’achevais le tour de la grande salle. Je m’occupais tant bien que mal l’esprit en observant la collection d’épées accrochée au mur. Toutes avaient appartenu aux guerriers les plus fameux de l’histoire amarine.
Vers sept heures, un homme d’une trentaine d’années au teint mat et aux yeux bleu pâle pénétra dans la pièce, suscitant les regards méfiants des autres soldats. Vêtu à la roturière, sans aucun maquillage, armé d’un fourreau rouillé, il portait ses cheveux bruns détachés jusqu’aux épaules. Il ressemblait aux brigands qui détroussaient les marchands sur la Voie de la Poussière. Voir un tel individu à l’intérieur de la plus fameuse place forte de Twelzyn me surprit. Il devait avoir un bon motif pour être entré alors que se préparait le conseil royal.
Une dizaine de minutes plus tard, mon époux entra accompagné d’Afener, ce qui eut le don de m’agacer. Pourquoi ne pas profiter de la mort de Sarvinie pour se débarrasser de ce banquier véreux ? Arnic me fit un signe de la main puis alla saluer le roturier aux yeux bleu :
— Gorvel, je suis content que tu sois venu.
— Merci, votre Majesté.
Ce nom m’était familier. Régulièrement, lors des années précédentes, Arnic m’avait parlé de cet ami avec qui il allait peindre. Je n’avais jamais eu l’occasion de le rencontrer et au vu des fréquentations habituelles de mon époux, je ne m’étais pas attendue à un roturier. S’il l’avait convié à cette importante réunion, c’était sans doute parce qu’il avait fait de lui son garde du corps personnel. Je ne voyais pas de meilleure explication. Gorvel avait une carrure de soldat.
Peu après, Giadeo, Renzya, Kelas et Delmeron pénétrèrent ensemble dans l’enceinte. Kelas et son fils portaient un habit de deuil de circonstance et les mêmes épées que celles de l’attentat des masqués. Je notai que Delmeron semblait plus détendu que lors des fiançailles, comme si la disparition de Sarvinie lui avait rendu le sourire. Giadeo et lui plaisantaient avec une complicité naturelle.
Renzya demeurait plus en retrait, le regard vide. On devinait plusieurs coulées de larmes sur son maquillage. Elle semblait la seule habitante du royaume à regretter Sarvinie. J’ignorais ce qui avait pu arriver dans le passé pour qu’elle se prenne à tant aimer une femme si détestable. Nous avions eu de nombreuses dissensions lors des années précédentes mais je n’avais jamais perdu mon admiration pour cette servante si fidèle du royaume d’Amarina. J’espérais qu’Arnic la reconduirait dans ses fonctions même si c’était peu probable.
Bodnac arriva en dernier. Le connaissant, il avait encore dû s’arrêter à la porte pour discuter avec les gardes. Mon ami ne pouvait s’empêcher de vouloir faire la conversation à tous les gens qu’il croisait. Il avait enfilé un costume de soie destiné aux grandes occasions, de jolis gants blancs. Je réalisai qu’il pouvait lui aussi être nommé Bras Droit. Avec son expérience en tant que militaire et diplomate, il avait les compétences pour obtenir le plus haut poste du royaume. Unanimement apprécié, il serait une figure rassembleuse à l’aube du nouveau règne.
Cependant, il n’était pas de sang noble et je voyais mal Arnic prendre une décision si osée. Il allait sûrement faire le choix évident : Delmeron Igis. En plus d’être le fils de Kelas, le jeune homme était décrit par tous comme un orateur brillant et un politicien prometteur. Le voir devenir Bras Droit seulement quelques semaines après avoir failli devenir roi consort serait ironique. En prenant ce jeune homme, symbole d’avenir, à son service, Arnic trancherait pour de bon avec l’époque de sa mère, tout en maintenant des liens forts avec la deuxième famille la plus puissante du royaume. Sans compter que son mariage avorté avec Sarvinie faisait de lui l’un des plus beaux partis du continent et une potentielle alliance politique forte.
— Bien, clama Arnic d’une voix nerveuse, je vous invite à me suivre, nous avons beaucoup de choses à évoquer au conseil.
Nous nous mîmes en marche vers les escaliers qui menaient à la salle du conseil. À ma plus grande surprise, Gorvel nous suivit. Personne ne l’en empêcha. Qu’est-ce qui poussait mon époux à prendre un garde du corps avec lui ? Craignait-il à ce point pour sa vie ?
Neuf fauteuils au lieu de six nous attendaient autour de la table, serrés les uns contre les autres. Je repensais un sourire aux lèvres aux piques que m’avait adressée Sarvinie lors du précédent conseil. Elle n’avait pas pu en profiter longtemps. Il fallut plusieurs minutes d’organisation pour que chacun trouve et rejoigne sa place. Je dus enjamber trois sièges pour trouver le mien, entre Arnic et Bodnac. Mon mari avait installé Afener à sa droite, puis Giadeo et Gorvel. Ce dernier semblait aussi intimidé par les personnes qui l’entouraient que fasciné par le vitrail des siamoises. Il ne devait pas avoir vu souvent d’aussi belles œuvres dans sa vie.
Choix étrange, Arnic avait décidé de placer Renzya, Kelas et son fils de l’autre côté de la pièce, comme pour marquer la différence entre les natifs d’Igle et de Twelzyn. Plus que jamais, j’accueillis la fraîcheur du sous-sol avec soulagement. Il était encore tôt mais en haut, l’une des plus chaudes journées de l’année se profilait déjà.
Une fois le silence établi, mon époux prit enfin la parole :
— Je suis heureux de vous voir enfin tous réunis. Nous avons beaucoup de sujets à aborder ensemble, dont certains d’une importance capitale. En premier lieu, j’aimerais vous annoncer que ma défunte mère sera immergée le lendemain de mon couronnement, comme le veut la tradition. Cependant, il n’y aura pas de funérailles publiques.
Renzya se redressa sur son siège, touchée par cette déclaration.
— Comment cela ? Nous lui devons bien cet honneur ! Avez-vous oublié sa victoire en duel contre Elimsa ? Ses cinq ans de règne ?
— Aucunement, intervint Afener, gonflé d’assurance. Mais nous nous devons de faire des choix difficiles et l’organisation de la cérémonie de couronnement va coûter cher aux finances du royaume.
— Qui êtes-vous pour choisir ce que nous devons faire du budget royal ?
— Le maître des finances. J’ai décidé de reconduire Afener dans ses fonctions, répondit Arnic. Nul n’est plus compétent que lui dans ce domaine.
Renzya voulut répondre au roi mais, comprenant que personne ne la soutenait, elle se laissa retomber en arrière. Sa réaction choquée montrait qu’elle prenait enfin conscience de sa propre déchéance. Sans Sarvinie, sa parole n’était plus que consultative. Cela me fit mal au cœur mais je ne pouvais qu’appuyer la décision d’Arnic : offrir des funérailles publiques à Sarvinie serait ridicule tant le peuple la détestait. Je me servis une première coupe de vin, réalisant avec plaisir qu’il s’agissait d’un grand cru de l’an vingt-cinq.
— D’autant que le règne de Sarvinie a pesé dans les finances du royaume, reprit Afener. Ses mobilisations, commandes d’armes et constructions de navires ont valu des fortunes. Des choix aberrants alors que nous devons maintenir la paix.
Voir le banquier cracher sur le bilan d’une reine devant laquelle il s’était toujours écrasé me hérissa le poil. Je détestais ce genre de personnes qui se montraient faibles devant les forts et fortes devant les faibles. Je fus encore plus agacée par le choix d’Arnic d’en faire un de ses principaux conseillers, sans me consulter. Je noyai ma nervosité en buvant ma coupe.
— Comment voyez-vous exactement votre couronnement ? demanda Kelas à Arnic.
— Je veux qu’il soit le premier jour d’une ère de postérité. Tout le monde doit le comprendre. Il faut une cérémonie fastueuse et une foule immense. J’ai fait ouvrir plusieurs centaines de résidences d’artistes à Twelzyn, construire de nombreux abris temporaires tout au long de la Voie de la Poussière. J’ai commandé la préparation d’une vingtaine de maisons de fête pour la nuit qui suivra le couronnement. Dans la semaine qui suivra, il y aura deux spectacles par jour à l’Arène, des concerts dans toutes les rues. Quant au couronnement lui-même, je veux qu’il ait lieu devant le Dôme, il n’existe pas de meilleur endroit pour un tel évènement.
Mon mari continua de présenter ses nombreux projets pour animer les festivités devant un conseil médusé. La cérémonie allait coûter une fortune et le refus de funérailles publiques pour Sarvinie semblait à présent bien mesquin. Je me doutais qu’Arnic souhaiterait faire les choses en grand mais je n’avais pas imaginé une telle planification. Quand il acheva son énumération, Kelas demanda :
— En ces circonstances, je m’attendais plutôt à une cérémonie privée. Ne craignez-vous pas un nouvel attentat des masqués ?
— Qu’ils viennent s’ils le veulent ! Mon ancêtre Duvric a refusé de bâtir des murailles autour de Twelzyn, je refuse à mon tour un règne gouverné par la peur.
Kelas acquiesça sans quitter Arnic du regard, soucieux. J’aurais donné cher pour savoir ce qu’il pensait vraiment.
— La cérémonie aura lieu dans deux semaines, dit Arnic. Nous compterons bien sûr la famille Igis parmi nos invités mais également des élus de Nihos, le neveu de l’Empereur et la famille de mon épouse.
Je grimaçai à ce rappel. Je n’avais aucune envie de revoir ma mère. Depuis mon mariage avec Arnic, chacune de nos retrouvailles était une épreuve. J’aurais préféré qu’elle reste terrée dans son immense bibliothèque, à l’ouest.
— Mais ce n’est pas tout, reprit Arnic, le sourire aux lèvres. Nous aurons l’honneur de compter parmi nos invités la dame de Vicène : Ledia Fedron.
Sa nouvelle eut l’effet escompté ; tous les membres du conseil commencèrent à échanger des regards stupéfaits. Située à l’ouest de l’Empire du Nord, Vicène était l’une des plus puissantes cités du continent, son rayonnement religieux transcendait les frontières. Elle était le plus grand lieu de pèlerinage du monde et bénéficiait d’une certaine indépendance vis-à-vis du reste de l’Empire. Au pouvoir depuis une quinzaine d’années, Ledia Fedron était l’une des femmes les plus influentes du monde.
— Comment est-ce possible ? s’étonna Giadeo. Jamais une dame de Vicène n’est venue à Amarina.
— Ledia a souhaité venir en personne pour resserrer les liens avec Amarina. Sa venue a été rendue possible par le travail de Bodnac et de son ambassade.
— Mais tu étais en voyage sur la côte ! m’exclamai-je en me tournant vers Bodnac.
Mon ami m’offrit un regard contrit avant de prendre la parole :
— Officiellement oui, mais je rendais secrètement visite à la dame de Vicène au nom du prince. Nous avons eu des échanges très constructifs mais j’ai malheureusement dû repartir après la mort de l’Empereur Landriz.
Réaliser que Bodnac m’avait menti sur toute la ligne, même contraint par le secret, me blessa. Il m’avait même décrit les plages de l’ouest alors qu’il se trouvait à l’autre bout du continent. Je me servis une nouvelle coupe et pris plusieurs gorgées nerveuses.
— Après avoir appris la mort de Sarvinie, annonça Bodnac, Ledia Fedron s’est mise en route vers le sud pour assister au couronnement et rencontrer le nouveau roi. Sa rencontre sera l’occasion de consolider les liens de paix entre le sud et le nord.
— À ce propos, que prévoyez-vous pour votre rencontre avec Tresiz au Dôme ? demanda Delmeron.
C’était la première fois que le jeune homme aux longs cheveux noirs et à la peau claire prenait la parole au conseil. Il avait une voix apaisante, plus grave encore que celle de son père. Il se tenait droit, le menton relevé, avec son flegme habituel. Il aurait fière allure avec les insignes de Bras Droit.
— Je lui proposerai la signature d’un traité de paix. Nos deux pays ont besoin d’une alliance pour être forts. Soyez sûrs que je vous donnerai de plus amples détails une fois que la procédure arrivée à son terme.
Cette annonce détendit considérablement l’atmosphère. Les sourires et hochements de têtes des membres du conseil signifièrent leur adhésion.
— Voilà une excellente nouvelle, s’exclama Giadeo. Je dois vous avouer qu’elle me soulage beaucoup.
Le grand chantre avait attendu longtemps avant sa première prise de position. Depuis le début des échanges, il demeurait immobile sur son siège, en posture d’écoute. Cela faisait plusieurs conseils qu’il demeurait en retrait. Je m’étonnais de ce changement, moi qui l’avais connu plus à l’initiative lors des années précédentes.
— Je vous promets que sous mon règne, annonça Arnic d’un ton cérémonieux, Amarina ne connaîtra jamais la guerre.
Quelques applaudissements et sourires ponctuèrent cette audacieuse déclaration.
— Sa Majesté a une annonce à vous faire, dit Afener d’une voix mielleuse.
— En effet. Pour mener mes projets pour le royaume, je vais avoir besoin d’un Bras Droit à la hauteur de la tâche. Il me faut quelqu’un capable de toujours dire la vérité, surtout quand elle est difficile à entendre. Quelqu’un plus dévoué au royaume qu’à lui-même, capable d’aller au-delà de sa propre sensibilité pour toujours exécuter la volonté de son roi. Je crois avoir trouvé un homme qui réunisse toutes ces qualités.
Un silence de plomb planait dans la petite salle. Nous étions tous suspendus à la décision d’Arnic. La plupart des regards se tournaient vers Delmeron, dont le sourire s’était effacé. Quant à moi, j’observais Bodnac, qui serrait les lèvres, mal à l’aise.
— Cette précieuse charge remonte à près de 250 ans, expliqua Arnic, un mince sourire aux lèvres. À l’époque, le roi Rekic le conquérant se fit trancher le bras droit sur le champ de la bataille. Son conseiller Moster mena les troupes à la victoire à sa place, ce qui lui valut de devenir le premier Bras Droit. Des dizaines d’hommes et de femmes ont occupé cette fonction mais ils étaient tous issus de familles nobles. J’ai décidé de rompre avec cette tradition.
Le silence pesait plus que jamais. Delmeron avait les poings serrés sur la table, son père gardait la bouche entrouverte. Nommer le Bras Droit devant eux était une démonstration de force inattendue. Tous les regards se tournaient désormais vers Bodnac, dont le teint pâlissait un peu plus à chaque seconde. Je n’imaginais pas qu’Arnic oserait nommer mon ami à la fonction la plus prestigieuse du royaume. Je lui offris un clin d’œil malicieux, heureuse de le voir mis à l’honneur. Malgré le mensonge qu’il m’avait fait au sujet de son ambassade, j’étais contente de ce choix. Bodnac était de taille à assumer les lourdes responsabilités qui l’attendaient.
Arnic se leva, le bracelet d’or porté tant d’années par Renzya à la main. Cela serait étrange de le voir au bras de Bodnac, je m’imaginais déjà me moquer de lui.
— Gorvel, dit Arnic d’une voix émue. Levez-vous.
Gorvel ? Je lâchai ma coupe, qui se renversa sur le bois. C’était impossible. Complètement impossible. Arnic ne pouvait pas choisir un inconnu qui ne travaillait même pas pour la couronne seulement parce qu’il peignait avec lui ! Plusieurs membres du conseil s’étaient levés pour protester, les autres étaient demeurés figés à leur place, croyant sans doute à une mauvaise plaisanterie. Gorvel avait l’air aussi perdu que nous, et jetait des regards affolés à Arnic pour s’assurer d’avoir bien entendu. Mon mari ignora l’hostilité du conseil, demeurant immobile quelques instants, le temps que l’agitation retombe. Puis il cria :
— Silence ! C’est votre roi qui l’ordonne ! Gorvel, approche.
L’appelé s’exécuta, manquant de trébucher en esquivant le siège de Giadeo. Il s’avança dans une ambiance glaciale, criblé de regards hostiles. Le pauvre homme secouait doucement la tête de droite à gauche, comme pour dissuader le prince de ce choix fou. Malheureusement, Arnic semblait parfaitement conscient de ses actes. Il prit le bras de son ami pour accrocher le bracelet d’or quand ce dernier trouva une ultime objection :
— Arnic, c’est impossible… Je ne suis même pas chevalier.
— Il dit vrai, appuya Delmeron, le Bras Droit doit avoir été ordonné chevalier.
Un court instant, l’espoir que mon époux revienne sur sa décision anima la salle. Mais il s’effondra bien vite. Arnic sortit de la salle quelques instants, revenant armé d’une épée.
— Gorvel, à genoux.
Un chapitre super captivant à lire ! C'est cool de découvrir les nouvelles mises en place après la mort de Sarvinie, ça permet de préciser des enjeux politiques.
On sent clairement de la part d'Arnic de faire trancher son règne avec celui de Sarvinie. Là où elle était détestée, il veut être admiré (on le sent bien à travers l'hypocrisie des finances notamment, ils ne veulent pas dépenser pour les funérailles de Sarvinie mais pour le couronnement d'Arnic, alors là on met le paquet x)) J'ai bien kiffé ce bout-là haha.)
D'ailleurs je trouvais chouette les descriptions de Sarvinie au début, tu arrives à bien la caractériser jusque dans sa mort, je trouve bien joué parce que c'est comme si son aura demeurait encore bien après sa mort. Vu la force de son caractère, c'est une impression cool à avoir en tant que lecteurice.
J'ai bien aimé aussi la nomination de Gorvel, on se doute bien dès qu'Arnic engage le sujet qu'il va pas nommer une personne attendue mais ça apporte des dissensions autour de la table et c'est toujours intéressant de voir des micro-fissures au sein de relations qui engagent du pouvoir, surtout au début d'un règne, ça promet haha. Je me demande si Gorvel et Arnic ne seraient pas amants mais peut-être que je me projette trop, j'ai tendance à voir des relations amoureuses partout x)) Peut-être que j'aurais aimé en savoir un peu plus sur Gorvel avant sa nomination pour que je sois un peu plus impactée par ce choix, mais s'il est introduit trop tôt, peut-être que je l'aurais vite placé en personnage secondaire voire tertiaire et que mon cerveau aurait fait le tri et n'y aurait pas accordé de l'importance, au profit d'autres perso (comme tu as beaucoup de personnages), tandis que là, même si on connaît peu de lui, Gorvel intrigue et on se questionne sur sa relation avec Arnic. Il est certes un inconnu mais c'est un inconnu qui intrigue, ça a aussi ses points positifs.
Jsuis toujours aussi fan de Livana et de son ivresse haha, elle paraît complètement déphasée par rapport à ce qui se passe autour d'elle, chadore x) Ca me questionne du coup, et me demande d'où elle tire son addiction :)
Bisou, à vite ! :D
Content que tu aies apprécié le petit côté hypocrite dans la gestion de Arnic^^
Et je suis aussi très content de ton retour sur Sarvinie, j'ai ajouté des scènes suite au retour de plusieurs lecteurs, il y avait un peu un manque après sa mort. Tant mieux si les ajouts fonctionnent.
Oui, je pense aussi qu'il faut que Gorvel arrive plus tôt, c'est une de mes idées pour la réécriture. Quant à sa relation avec Arnic, elle sera évidemment développé plus tard^^
Tant mieux si tu apprécies l'ivresse de Livana, c'est clairement pas un point qui fait l'unanimité dans les retours. Je suis curieux de voir ce que tu penseras de l'évolution du personnage, notamment dans la 2e moitié du roman.
Merci de ton commentaire !
A bientôt (=
Arnic prend le contre-pied de sa mere d'une facon spectaculaire, qui peut se retourner contre lui. Le peuple etait furieux des impots rassembles pour faire la guerre. Mais ces memes impots vont financer cet evenement fastueux dont il sera le centre. C'est moins dommageable qu'une guerre, mais quand meme tres contestable. Les reactions autour de la table du conseil montrent d'ailleurs que ses projets ne font pas l'unanimite.
La decision de nommer Gorvel est aussi un coup de theatre (on s'y attend un peu quand on a lu la version precedente... ;-) mais comme c'est un parfait inconnu dans cette version, l'effet surprise perd de son potentiel. Ca vaudrait le coup que tu le mentionnes parmi les proches d'Arnic, qu'iil ne sorte pas du neant ainsi.
C'est d'ailleurs un probleme que l'on retrouve avec Arnic. Comme il est nettement moins proche de Livana dans cette version, on ne sait quasiment rien de lui, Elle est surprise de le voir aupres d'un ami roturier, mais cette remarque reste superficielle puisqu'il est un complet inconnu.
Arnic et Livana semblent presque des etrangers l'un vis a vis de l'autre, chacun a ses appartements avons-vous appris quand Livana etait a Guerison, donc on la voit mal s'indigner de ne pas avoir ete consultee et prevoir de lui faire une scene.
Arnic, un peu comme Sarvinie, est un personnage autour duquel l'action se noue, et les personnages prennent position, mais ils se resument aux quelques actions qu'ils accomplissent et on le regrette. Je t'encourage a leur donner plus d'etoffe dans leurs chapitres respectifs.
Petites remarques :
Dès que nous fûmes dans le couloir, > concision : "Dans le couloir..."
Cela faisait de longues minutes que je déambulais dans le hall de la Citadelle en bâillant.> la, j'ai un peu eu l'impression d'avoir rate une marche. Livana est-elle toujours avec Bodnac? Qu'attend-elle? On comprend ensuite qu'elle est la pour participer au conseil, mais une petite phrase pour la situer ne serait pas de trop.
Avec son expérience en tant que militaire et diplomate, il avait les compétences pour obtenir le plus haut poste du royaume. > concision : Son experience de militaire et diplomate lui donnait les competences...
Je noyai ma nervosité en engloutissant ma coupe. > Pas ravie de retrouver une Livana qui noie ses nerfs dans le vin. Mais est-elle une amateure eclairee (comme son commentaire sur le vin provenant d'une bonne annee l'indique) qui a du mal a s'arreter ou une pocharde qui se jette sur la premiere excuse pour se souler? Je penche pour la premiere hypothese, et je suggere de remplacer "engloutissant" par "savourant" par exemple...
J’ignorais qu’Arnic oserait nommer > je verrais plus quelque chose comme "je n'imaginais pas qu'Arnic oserait nommer..."
Un plaisir de lecture!
Content que tu aies apprécié ta lecture (=
Effectivement, Arnic ne cherche pas l'unanimité pour ce début de règne. Cela pourrait lui valoir quelques ennuis...
Je suis bien conscient que l'effet surprise n'est pas énorme pour la nomination de Gorvel par rapport à ce qu'il aurait pu être. Le truc c'est que j'ai absolument aucun moyen de l'introduire correctement dans le plan actuel, je réfléchirais à tout ça une fois le jet achevé pour voir comment je peux réorganiser les choses. Dans la version précédente il était aussi introduit au moment de sa nomination mais comme on avait son point de vue, ça rendait un peu mieux.
Oui, on a encore très peu parlé d'Arnic jusque-là. Je pense qu'il faudrait que je lui donne plus d'importance dans le tout premier chapitre. J'ajouterais sûrement une scène avant les fiançailles de Sarvinie. Ceci étant, il va avoir quelques scènes plus poussées dans les prochains chapitres...
On revient un peu à ton précédent commentaire sur le problème de Livana avec l'alcool. Effectivement, mon intention est de montrer qu'elle a de gros problèmes de ce côté là. Mais c'est vrai qu'il faut que je développe davantage les raisons de son addiction sinon elle n'a pas grand intérêt. Faut que je réfléchisse à ça. L'idéal serait des flashbacks...
En tout cas merci de ton retour !
A bientôt (=
Je me demande s'il ne devrait pas venir juste avant le précédent, en continuité avec la mort de Sarvinie. Arnic au Dôme serait alors déjà roi, ce qui serait mieux à mon sens et donnerait à sa promesse d'alliance plus de poids.
Je devine un lien entre Garvel et Arnic... Livana sera-t-elle peu à peu mise à l'écart de la politique ? Elle s'éloigne d'elle-même de la cour de par son alcoolisme latent et de par son comportement colérique et puéril. Je me dis qu'Arnic va en profiter pour l'écarter pour de bon. Il semble être le mec sensible peu sûr de lui qui a besoin de reconnaissance. Je sens que ce sera au roi terrible, bien pire de par son comportement que Sarvinie. Mais politiquement, il semble avisé s'il souhaite la paix, paix qu'il n'a déjà pas réussi à obtenir au sein de conseil en nommant Garvel. Ça promet !
Je me demande si tu ne devrais pas introduire Garvel un peu avant, dans une scène où il peint avec lui ou je sais pas, histoire de noyer le poisson. Là il débarque et on se doute que ce sera lui qui sera nommé Bras droit, ce qui dilué le suspense.
Aussi, qui est Bodnar ? C'est le violoniste du chapitre précédent, mais est-ce aussi un noble ? J'avais pas tiqué aux chapitres précédents. S'il baigne aussi dans l'art, existe-t-il un lien entre lui et Garvel ?
Mes notes de lecture :
"l’avait démaquillée pour qu’elle puisse être reconnue des dieux."
> cela fait plusieurs fois que tu mentionnes leur maquillage mais tu ne le décris jamais vraiment. Le maquillage recouvre tout le visage ? Comment est-il ?
"Les gardes qui gardaient"
> pas la meilleure formulation
"Toutes les portes qui eurent le malheur de se trouver sur mon chemin claquèrent à toute volée."
> toute/toute
"On ne jouait pas avec mon fils."
> avec la vie de mon fils ?
"je ne pouvais le faire tant que ma mère était sur le trône."
> Sarvinie était donc sa mère
"D’autant que le règne de Sarvinie a coûté cher à notre royaume, reprit Afener. Ses mobilisations, commandes d’armes et constructions de navires ont coûté cher."
> a couté cher > répétition deux fois
"Pour mener mes projets pour le royaume, je vais avoir besoin d’un Bras Droit à la hauteur de la tâche."
> tu parles du choix du nouveau Bras droit plus haut. Je serais toi, je regrouperais ces deux informations, au risque de créer une répétition d'idées dans la tête du lecteur, du genre tu en parles une fois puis il y a autre chose entre avant d'en parler une seconde fois.
Le royaume est pas dans la mouise avec la mort de Sarvinie et ce nouveau roi arrogant !
Tu as raison, ce serait plus logique d'inverser. Le problème c'est que je perds la dispute entre Livana et Arnic, tant pis je vais peut-être faire l'impasse dessus. Surtout que ça confirme cette impression de femme complètement déconnectée du pouvoir qui revient souvent dans tes commentaires.^^
(1 heure plus tard) L'inversion des chapitres est faite ! Pas mal de changement du coup. Effectivement, ça paraît plus logique comme ça...
Ton analyse d'Arnic est très intéressante.
Pour l'introduction de Gorvel, en effet ça aurait pu valoir le coup. Mais il n'y a pas forcément d'opportunité de le faire avant, surtout qu'il y a beaucoup de persos à introduire.
Merci de tes remarques,
A bientôt !
Ça me paraîssait trop bizarre de ne pas rebondir sur la mort de la reine. La mort d'un monarque a toujours des conséquences importantes qu'iel soit aimé ou non. Tu peux même caser que des bannerets se rebellent ici ou là, profitant des troubles que la transitions vont causer. D'où la volonté de ce mariage pour asseoir leur pouvoir ? Là, on aurait dit que tout se passait sans heurts, comme si la reine n'était pas morte. Aussi, je me souviens du petit de Livana qui était dans le carrosse avec eux au moment de l'attentat mais qui est la princesse de l'autre côté ?
Si le bras droit a une fonction très importante, c'est peut-être pour ça qu'Arnic choisit quelqu'un de faible qu'il pourra aisément manipuler, ça me paraît plutôt malin.
Oui, Livana m'apparaît comme sotte depuis le début et déconnectée de la politique. Si c'est ton intention, c'est ok. Par contre, si tu veux en faire quelqu'un de plus habile politiquement, je penserais à revoir ses chapitres parce qu'elle ne m'a pas l'air bien futée. Idem pour la reine Sarvinie. Au lieu de la montrer comme sotte, tu peux la montrer comme cruelle par exemple, si tous la voient comme tyrannique, sinon c'est un peu bizarre.
Oui, c'est un bon axe de réflexion, peut-être que j'ajouterai des choses avec du recul.
En effet, c'est un bon moyen d'avoir la main-mise sur le pouvoir. Maintenant à voir si Gorvel est faible ou non...
Pour Livana, je ne veux ni un extrême ni un autre. Elle n'est pas intéressée par la politique mais pas "sotte" pour autant.
Quand à Sarvinie, peut-être qu'il faut ajouter une scène en effet. Je vais y penser.
> c'est vrai ça !
"Elle n'est pas intéressée par la politique mais pas "sotte" pour autant."
> elle m'apparaît comme frivole pour l'instant, mais son personnage peut s'afermir et changer (ou pas), ce n'est pas forcément quelque chose à changer. Peut-être davantage faire réagir les autres persos pour montrer qu'ils la voient frivoles eux-aussi ? On dirait presqu'ils approuvent son comportement (je pense à la scène du conseil par exemple). Ça peut être le cas de ses adversaires politiques qui pourraient la pousser vers l'alcoolisme ou vers des divertissements puérils pour mieux l'écarter tandis que ses alliés tels que la reine Sarvinie la rappellent a l'ordre et essaient de la raisonner ? Ce n'est qu'une idée.
J'avais en effet perçu qu'Arnic voulait l'éloigner du pouvoir le plus possible. C'est lui qui pourrait mettre du vin sur la table ou l'encourager à courir les tavernes avec Ame ?
"Ça peut être le cas de ses adversaires politiques qui pourraient la pousser vers l'alcoolisme ou vers des divertissements puérils" Piste intéressante (=
"J'avais en effet perçu qu'Arnic voulait l'éloigner du pouvoir le plus possible. C'est lui qui pourrait mettre du vin sur la table ou l'encourager à courir les tavernes avec Ame ?" J'aime beaucoup cette hypothèse, à voir ce que ça donnera par la suite...
Et bien, voilà un choix qui prend tout le monde de court ! Nul doute que certaines personnes ne vont pas l'apprécier, en premier lieu Delmeron qui était pressenti pour devenir Bras Droit. Arnic est à peine sur le trône et le voilà déjà qui crée des dissensions.
Aussi, je ne peux m'empêcher de me demander si l'absence de cérémonie pour le dernier hommage à Sarvinie ne marque pas, là encore, une volonté de dissimuler un assassinat.
Au plaisir,
Ori'
"Et bien, voilà un choix qui prend tout le monde de court" Le lecteur aussi ? C'est pas forcément le but, c'est juste pour savoir xD
Oui, Arnic fait des choix forts qui ne vont pas plaire à tout le monde.
"Aussi, je ne peux m'empêcher de me demander si l'absence de cérémonie pour le dernier hommage à Sarvinie ne marque pas, là encore, une volonté de dissimuler un assassinat." Hypothèse très intéressante. Arnic pourrait-il être aussi impliqué?
Merci de ton commentaire !
A bientôt (=
J'ai ajouté une scène de 500 mots en début de chapitre qui permet de parler un peu plus de la mort de Sarvinie, ça m'intéresserait d'avoir ton avis (=
A bientôt !
Je me rends compte que je n'ai pas pris le temps de passer répondre à ton précédent commentaire, je l'avais vu pendant ma pause café au bout et j'ai oublié de revenir dessus ensuite... désolé ^^
Du coup, concernant le choix du nouveau Bras Droit, quand je parlais de surprise je faisais évidemment référence aux personnages présents dans la salle. En tant que lecteur, quand on voit arriver ce perso qu'on ne connait pas, on se doute un peu qu'Arnic ne l'a pas fait venir pour décorer la pièce x)
La scène du début fait vraiment un bien fou à l'histoire, je trouve. Elle vient enfin casser cet espèce de silence latent et incompréhensible autour de la mort de Sarvinie et la rend concrète pour le lecteur. Très bonne décision !
J'ai relevé deux petites fautes d'accord :
- "lorsque le roi Caric s’était éteinte"
- "Je ne l’avais jamais vu dans un tel état" --> vue, on parle de Renzya
Autre petite remarque :
"comment Arnic avait-il pu faire une chose pareille sans m’en dire un mot ?"
--> Je pense que tu peux accentuer la surprise et la colère de Liva sur ce passage, pour faire encore plus le lien avec les reproches qu'elle adresse à Arnic en arrivant au conseil. Perso, quand Bodnac lui annonce ça, je la verrais bien gueuler "quoi ?!" et foncer à toute vitesse en fulminant, voire même claquer une porte sur son passage ou qqchose du genre. On parle quand même de son fils !
Oui, je me doutais que ça allait pas être une immense surprise xD C'est pas trop le but^^
Je l'ai ajoutée notamment grâce à tes retours. Je n'avais pas forcément pensé qu'il y aurait un vide en faisant le plan mais c'est vrai qu'elle était nécessaire et pas trop dur à insérer.
Tu as raison, je vais accentuer ça. Bien vu pour les petites coquilles !
Merci de ce retour et à très vite !