Chapitre 49

Notes de l’auteur : MAJ : 7 juillet, peu de modifications

Vallée du Scorff – Bretagne

Le matin même

Morgane inspira un grand coup en balayant la vue d'en haut d'un rocher qu'elle avait escaladé.

C'était presque étrange de n'avoir aucune fée qui vienne la saluer ou aucun cri de créature inconnu qui résonne dans la forêt. Il n'y avait que le chant des oiseaux et le bruissement du vent dans les branches, il faisait chaud. Le climat doux d'Aldaria lui manquait presque, mais elle était contente de retrouver la civilisation auquelle elle était habituée.

Megumi Kokonoe, Delphine Lemonnier et bien sur Bryn étaient revenu sur Terre avec elle afin de rechercher toutes les zones potentiellement intéressantes pour installer des portails.

Ils avaient débuté par une exploration du parc régional d'Armorique, puis les montagnes noires et enfin la forêt de Quénécan. Megumi hésitait avec la vallée du Scorff où ils se trouvaient et ils prévoyaient aujourd'hui d'aller jusqu'à Baud. 

Morgane elle voulait faire un repérage au parc régional de Brière, pour installer un labo clandestin en secret pour son plan. Rien de tel qu'une zone marécageuse ou forestières pour s'adonner à des activités illégales en étant difficilement repéré. Il fallait encore qu'elle trouve des lieux où rapatrier les humains actuellement en Brocéliande mais elle avait déjà sa petite idée.

Ça ne lui plaisait pas de devoir imaginer ce genre de stratagème mais les conseillers de la Reine Dahut avaient été convaincu par sa proposition et elle ne voulait pas penser à ce qu'il se passerait si le gouvernement apprenait l'existence d'Aldaria.

Elle se doutait pourtant qu'il était impossible qu'aucun Aldarien n'ai été identifié, surtout à cette époque.

Son esprit vagabondait dans des pensées sombres alors que Bryn l'enlaça par derrière, collant son torse à son dos.

— Tu comptes tuer quelqu'un avec ton regard ? Dit-il en posant sa tête dans le creux de son cou, admirant la vue.

— Hum, non, je pense à des choses auxquelles que je ne devrais pas penser.

— Ça te déplaît tout ça, je sais.

— Qui aurait envie de devoir trouver des lieux pour exposer des cadavres ou inventer une machination pour expliquer la disparition d'humains... on nage en plein délire conspirationniste.

— Ils ont beaucoup de chance de t'avoir. Ça ne me plait pas plus que toi, mais c'est le moyen le plus rationnel pour limiter les dégâts. Je t'ai proposé de contacter des amis à Avalorn... Si ça te pèse trop, on peut encore trouver d'autres solutions.

— Passer par le biais d'un autre pays serait catastrophique diplomatiquement parlant et en attendant on a une trentaine d'humains disparus, des familles qui s'inquiètent. Non, ce plan permettra de résoudre au moins ça, c'est tout ce que je veux.

— Quand tout sera terminé on ira vraiment faire une croisière pour te vider la tête.

— Et si je dis non ? Répondit-elle sa bonne humeur refaisant surface.

— Je te kidnappe et je ferai en sorte que tu oublies de penser à t'échapper.

Elle tourna la tête pour lui sourire par-dessus son épaule.

— Tu sais que Delphine a une très bonne audition ? Je l'ai prise à nous écouter l'autre jour.

— Qu'elle m'écoute te chuchoter des propos salaces !

Morgane ri et ils descendirent rejoindre le groupe qui semblait avoir terminé.

 

En fin d'après-midi, après de longues heures de piétinements car ils avaient commencé à l'aube pour éviter les regards, le groupe pu enfin se détendre. 

Ils avaient réservé dans un hôtel dans une petite ville à la limite du Morbihan longeant la Vilaine.

Morgane en profita pour consulter ses réseaux, répondre à ses e-mails depuis son téléphone, recharger tout son atirail et batteries de secours et s'éclipsa pendant la douche de Bryn pour passer des appels.

Son téléphone ayant été hors réseaux pendant son séjour en Brocéliande, Juliette, Thomas et des officiers de police avaient tentés de la joindre.

Après avoir passé les appels obligatoires pour signaler qu'elle-même n'avait pas disparu, un des gardes vint la chercher.

Une des chambres avait été prise comme salle de réunion et Megumi parlait avec un des gardes et des membres de sa famille, sur son ordinateur portable en visio.

— Nous auront accès à du granit sur place pour la construction des structures et avons marqué chaque zone où une intervention sera nécessaire. Vous pourrez m'envoyer cinq pierres pour les connecteurs, je vous transmets les détails par e-mail. Nous avons déjà demandé au Moe de nous fournir le matériel nécessaire pour le camouflage. Delphine s'en occupe.

Morgane n'entendait pas la discussion en face, mais sentait que la réunion touchait à sa fin.

— Oui, nous prévoyons de faire façonner le restant en Brocéliande, il y a un forgeron qualifié pour ça. Bien. Non, Delphine ne va pas venir te parler, elle est occupée. À demain, aurevoir.

Morgane s'avança vers Megumi qui venait de raccrocher.

— Nous repartons demain ?

— Oui, notre travail ici est terminé. 

— Très bien, j'ai encore quelques appels à passer et je pourrai me couper de la Terre quelques jours encore.

— Une fois les portails installés, il y aura la possibilité de communiquer entre les deux espaces.

— Un peu comme dans la série Stargate ?

Delphine qui revenait du balcon se mis à rire.

— C'est tout à fait ça ! Mais Megumi n'a pas la référence, répliqua Delphine.

— J'adorais cette série, j'ai vue des rediffusions de la première saga, mais jamais je n'aurai pensé expérimenter ça moi-même. Passer d'un monde à l'autre, même l'existence d'Aldaria, c'est complètement dingue en soit.

Megumi repris.

— Pourtant tout le folklore et beaucoup de croyances sont basées sur nous. Même des contes pour enfants en parlent.

— Et comment vous vous désignez ?

— Pour notre part, la traduction la plus simple en Français serait « démons »  

— Pas très séduisant comme appellation.

— C'est le christianisme qui donne mauvaise presse à ce terme. En Asie, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose.

— C'est vrai.

— Et avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? demanda Morgane.

— Oui.

Elle n'avait pas l'intention d'en divulguer plus. Après tout, même si les Kokonoe et Delphine Lemonnier aidaient Brocéliande, ce n'était pas une démarche altruiste. La Reine avait forcément négocié des accords. Elle-même avait l'impression de participer de plein gré à une mascarade : elle aidait la Reine Dahut en échange de la récupération des humains disparus, mais on la gardait loin du Palais pour qu'elle n'en sache pas plus sur leurs affaires internes et les vraies raisons de ces événements. C'était frustrant, mais elle devait s'en accommoder.

 

***

 

À son retour dans la chambre, elle se posa un instant sur le lit, maintenant que leur mission du jour était terminé, elle pouvait prendre le temps d'appeler Juliette.

— Hey ! Salut Miss Marple !

— Oh Morgane ! Tu ne sais pas à quel point je suis soulagée que tu appelles. Ton portable était hors ligne, ton oncle ne répondait pas à mes questions et même Thomas m'a dit que c'était confidentiel... On a reçu une demande de l'agence pour un homme disparu dans le coin où tu es, j'ai pensée à toi qui a tendance à te fourrer dans les pires situations.

Morgane culpabilisait de devoir transformer la vérité pour calmer sa meilleure amie, mais si elle devait être crédible en cas d'une enquête, elle devait déjà réussir à tromper ses proches.

— Je suis désolée, tu sais que je ne peux rien dire quand je suis en plein sujet. Pour la dernière affaire mon téléphone et boite mail étaient sur écoute... 

— Je croyais que tu avais un sujet sur des disparitions de femmes, tu es tombé sur du trafic humain ou quoi ?

— Juliette...

— Pfff ! Ça me saoule, je sais que tu ne peux rien dire... Mais pourquoi Hans fait la tronche ? Ça serait le premier à te fliquer si tu étais en danger et là il m'a carrément ignoré en me disant de te laisser.

— Il a installé un mouchard sur la voiture et je lui ai présenté quelqu'un.

— Q… Quoi ?

— J'étais furieuse qu'il surveille mes mouvements alors on s'est engueulé.

— Tu t'es trouvé un mec et tu lui as présenté ? Tu as voulu te venger en prenant un gars lambda en plein milieu de ton taff et lui mettre sous le nez pour le narguer... C'est trooop marrant, je ne pensais pas que tu arriverais à le faire marcher, il sent pourtant ces choses-là.

— Juliette... J'ai vraiment rencontré quelqu'un et... Je pense que c'est du sérieux, dans le genre ça pourrait être le dernier.

Juliette avait totalement arrêté de parler et Morgane repris doucement.

— Tu es toujours là ? Je sais que c'est totalement incongru, rapide et inhabituel pour moi, mais j'ai vraiment rencontré quelqu'un avec qui je suis prête à envisager le futur.

— Je raccroche, on passe en visio, il faut absolument que je te vois face à face. Je tremble tellement je suis choquée.

Morgane sourit et s'exécuta. Se voyant en face, elle, dans sa tenue du jour pas encore douchée et Juliette en peignoir, prête à pantoufler chez elle, elle fût subitement timide.

— Répète ce que tu viens de me dire ! S'exclama Juliette, le plus sérieusement du monde.

— Je suis avec Bryn, je l'aime et si ça continu comme ça, on pourrait se fiancer. 

— Merde alors... Et il vient d'où, comment tu l'as rencontré ?

— Il est biologiste marin et je l'ai croisé à la plage alors qu'il m'a sauvé la vie.

— Il t'as fait une réanimation avec la totale et tu as eu le coup de foudre. Ça doit être un sacré morceau, il est comment ?

— Je ne me plains pas, tu connais mes goûts et on a eu quelques jours coupés du monde pour faire connaissance.

— Pendant que moi je m'inquiétais pour ta vie, toi tu batifolais... je n’arrive pas à y croire.

Morgane éclata de rire alors que Juliette souriait tellement que ses commissures ne revenaient plus en place. Bryn sortit de la salle de bain et se glissa dans son dos, jetant un coup d'œil à l’écran. Il lui embrassa le cou en essayant de la déconcentrer.

— Bryn ! Tu me chatouille arrête.

Juliette à l'autre bout l'interpella.

— Montre toi, étranger !

Morgane tourna l'écran vers lui.

— Voici Juliette, ma meilleure amie et voici Bryn mon petit ami.

— Enchanté, répondirent-ils en cœur.

Morgane repris son téléphone.

— Bon, ça y est, vous vous verrez en vrai plus tard ! J'ai une douche et du boulot qui m'attend. Je reste encore quelques semaines de plus pour boucler mon sujet et je te contacte après pour se trouver un moment pour les présentations IRL, ok ?

— Il va te suivre ? Questionna Juliette.

— On reste ensemble, donc ne t'inquiète pas pour moi. Je ne suis pas toute seule téléphone éteint.

— Et je suppose que ça ne le dérange pas de te suivre dans tes délires dangereux...

— Oui ! C'est un amour.

— Merde... Tu es vraiment sérieuse avec lui alors. Je sais ce que tu as dit, mais mon cerveau refuse encore de l'enregistrer. Laisse-moi le temps de digérer.

— Ça te laisse quelques semaines. À plus tard miss Marple ! 

— À la prochaine Miss Scully ! Je vais annoncer la nouvelle à Thomas, il va halluciner.

Morgane ri en raccrochant alors que Bryn prenait de plus en plus de place, glissant ses mains sous ses vêtements pour tenter de la déshabiller.

—  Bryn ! Tu es grave, on a encore du boulot.

— Tu dois te doucher de toute façon... Je peux t'aider à enlever tous ces vêtements superflus.

Elle roula des yeux, ne pouvant empêcher ses commissures de se relever.

— Ce soir ? Lui chuchota-t-il en lui embrassante cou.

— Ce soir !

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Bleumer
Posté le 02/05/2024
Je me demande toujours si Megumi et Delphine sont humaines ou Aldariennes. En tout cas, il existe, au moins au Japon, toute une organisation, la Moe, qui gère les relations avec l'autre monde! Après, je veux bien admettre que c'est pour le bien de l'intrigue, mais il a vraiment fallu l'intervention de Morgane pour que les deux grandes ambassadrices se décident à faire bouger leur réseau pour rapatrier les humains perdus?
J'ai failli faire une remarque sur Bryn, mais je me suis souvenu qu'il avait rencontré l'oncle de Morgane, donc il doit avoir une forme humaine.
Sympa de revoir Juliette autrement!
Sinon, je repense au travail de journaliste de Morgane, je ne pense pas qu'elle publiera la vérité sur la disparition des gens, dans ce cas-là, que va-t-elle faire à ce sujet?
Papayebong
Posté le 06/07/2024
Bonsoir Bleumer !

Concernant l’humanité de Megumi et Delphine, je pense en parler davantage par la suite, mais ce n’est pas ce sur quoi je voulais axer l’histoire ici. J’ai ajouté l’intervention d’Elara en amont dans l’histoire. Effectivement, les Brocéliandins ne sont pas dans l’urgence de rapatrier les humains. En fait, ils pourraient tout aussi bien les laisser mourir sans s’en préoccuper. Ils ont des réticences à les éliminer, notamment à cause des pro-humains, mais leur notion du temps est différente. Ils vivent beaucoup plus longtemps, donc quelques semaines ne représentent pas grand-chose pour eux. Entretenir de bonnes relations avec Avalorn a peut-être été le déclic pour qu’ils se mobilisent. Cela ne me semble pas incohérent.

Et effectivement, tu as lu la fin de l’histoire, donc tu sais déjà ce qu’elle a publié.
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