Chapitre 49 - Annyaëlle

Notes de l’auteur : Hello, hello !
Me voilà après de courtes vacances ! Je vois que vous êtes nombreux à continuer à me lire, merci <3
Et bonne lecture !

Ce matin là encore, Annyaëlle et Saule s’entraînaient sans relâche dans le patio où ils avaient pris l’habitude de se rendre chaque jour. C’était devenu une routine quotidienne, les occupants pendant l’absence des Ombres tout en les maintenant en forme et permettant à la jeune fille de continuer à rattraper ses années de retards.

La neige avait fini par déserter la cité pour de bon, chassée par les doux rayons de l’approche du printemps. La pierre noire avait repris ses droits et renvoyait une chaleur bienvenue pour contrer le froid glacial qui étreignait toujours Lignis et qui régnerait encore un moment. Sans le vouloir, Annyaëlle repensa à ce jour où elle avait dansé sous les flocons qui s’abîmaient entre les colonnes du patio, guidée par leur hôte. Ce souvenir la fit sourire et elle s’empourpra quand elle s’en aperçut. En fin de compte, le Duc Erkhän était quelqu’un de tout à fait charmant. Il avait pris l’habitude de la rejoindre fréquemment lorsqu’elle faisait des recherches dans la bibliothèque, mais elle le croisait aussi de temps à autre au détour d’un couloir et ils échangeaient quelques mots. Parfois, Erkhän se contentait de regarder les livres qu’elle consultait, curieux, et d’autres fois, il lui faisait la conversation durant des heures. Il se montrait cultivé et prévenant, et Annyaëlle ne doutait pas qu’il avait dû consulter nombre d’ouvrages de la bibliothèque par le passé pour connaître autant de choses.

Saule esquiva son attaque et enchaîna aussitôt. À présent, Annyaëlle voyait les progrès qu’elle avait accomplis depuis son arrivée à la Confrérie de la Lune. L’aspirant était un excellent partenaire, et grâce à lui elle avait considérablement progressé, presque autant que sous les enseignements de Kaärna. Saule et elle travaillaient en harmonie, anticipant tous deux les mouvements de l’autre, ne faisant que se frôler mutuellement. Sauf quand elle perdait sa concentration bien sûr.

— On fait une pause ? demanda-t-il.

— Avec plaisir !

Il ne pouvait pas lui faire une meilleure proposition. Ils s’affalèrent sur le sol, au centre du patio, reprenant lentement leur souffle. Annyaëlle porta une gourde à sa bouche et en but une longue gorgée, résistant à la tentation d’en vider le reste sur son front brûlant. Être trempée par un tel froid n’était pas une bonne idée. Lorsque sa soif fut enfin étanchée, elle se tourna vers Saule.

— Est-ce que tu as réussi à avoir d’autres nouvelles ?

— Rien de plus que ce que nous on apprit les Ombres il y a deux jours, dit-il en haussant les épaules. Ils n’ont pas l’air très concernés par la situation par ici.

Annyaëlle soupira. Le Royaume de Piques semblait être au-dessus de tout ce qui pouvait bien arriver dans les autres royaumes. Certes, aucun Kreiis n’était apparu dans le nord, mais ce n’était pas une raison pour ignorer le danger que représentait la Corruption.

— C’est bizarre, lâcha-t-elle tout haut.

— Je ne sais pas. Si la source se situe dans le Sud, ils n’ont pas grand-chose à craindre dans l’immédiat.

Annyaëlle ne répondit pas tout de suite. Elle savait que les attaques des Kreiis se multipliaient dans le Royaume de Cœur et près de la frontière de Carreau. Mais pourquoi risquer de laisser les choses s’aggraver sans rien faire, plutôt que de venir en aide aux pays voisins et de régler le problème une fois pour toutes ? Elle ne comprenait pas. Et puis, il y avait toute sa vie dans le Sud et beaucoup trop de ses proches si la situation dégénérait.

— C’est peut-être une escorte de Cœur qui a été attaqué par des Kreiis contaminés la première fois, mais c’était sur les terres du Royaume de Carreau, le corrigea Annyaëlle. Et puis, si la source se situe quelque part dans le sud, pourquoi la Corruption est-elle apparue à Ruinesandr à l’époque ?

Pour ça non plus, elle n’avait pas de réponse. Avant leur départ, Niila avait tenu à s’entretenir avec les aspirants des découvertes de Kaärna, mais malheureusement ils n’avaient rien découvert sur l’origine de l’événement.

— C’est une bonne question. Ça n’explique pas non plus pourquoi autant de temps s’est écoulé entre les deux sans qu’aucune trace de la Corruption soit repérée.

— Le processus de propagation est peut-être très long ? hésita Annyaëlle.

Saule secoua la tête.

— Je ne pense pas. En tout cas, nous savons que ça ne l’est pas sur les humains.

— Espérons que les Mélétis trouvent des informations dans leurs vieux livres.

Annyaëlle replia ses jambes contre elle et les entoura de ses bras. Elle posa le menton sur ses genoux, absorbée par ses pensées, et un frisson la traversa. À chaque fois qu’elle pensait à la Corruption, elle ne pouvait s’empêcher de se souvenir du jour où elle l’avait côtoyé de près, dans les environs de Busa. Elle pouvait revoir les Kreiis comme si la scène se déroulait à nouveau et sentir la peur qui l’avait paralysé. Elle pensa à Liam, qui avait pris des risques insensés pour la protéger, et qui continuait sans doute à affronter les créatures et la Corruption, quelque part.

Les Ombres et les soldats étaient entraînés, mais que se passerait-il si les Kreiis venaient à s’approcher trop près des villes et a attaquer les citadins ? Si la Corruption s’étendait, il était évident que les membres de la Confrérie ne seraient jamais assez nombreux pour lutter seuls. Et si… Un malaise l’envahit et elle se tourna vers Saule.

— Tu n’as pas peur ? demanda brusquement Annyaëlle.

— Non.

La jeune fille pencha légèrement la tête sur le côté.

— Moi j’ai peur, avoua-t-elle. Et si quelqu’un que nous connaissions se faisait contaminer ?

— Malheureusement, c’est un risque.

Elle se mordit la lèvre, perturbée par l’indifférence de Saule.

— Je sais, mais je ne saurais pas quoi faire.

— C’est pourtant simple.

Un léger étonnement trahissait sa voix. Annyaëlle fronça les sourcils, sans réussir à comprendre où il voulait en venir. Saule la détailla un instant et plongea ses yeux dans les siens, le visage parfaitement neutre, dénué de la moindre expression.

— Je le tuerais.

— Quoi ? Mais…

Elle ne termina pas sa phrase, les mots bloqués au fond de sa gorge.

— Réfléchis, insista Saule. Prendrais-tu le risque que cette personne contamine un autre de nos compagnons ? Serais-tu prête à avoir sa mort sur la conscience ?

Annyaëlle mordit sa lèvre inférieure un peu plus fort. Elle savait qu’elle serait incapable de faire un tel choix. Tuer volontairement l’un des leurs, non, elle ne pouvait le concevoir. Et s’il existait un remède ? Alors ça n’aurait été qu’une mort inutile, un sacrifice pour rien. Et pourtant, elle savait qu’il avait raison. Elle regarda Saule, dont elle admira le calme et la volonté. C’était de gens comme lui dont la Confrérie aurait besoin, des personnes capables de prendre les décisions difficiles sans sourciller.

Le visage de l’aspirant se teinta soudain d’une expression compatissante, puis il donna un coup de poing amical dans l’épaule de sa partenaire.

— Aller, ne fais pas cette tête. Tu n’as aucune raison d’y penser maintenant. Mais fais-moi plaisir, garde ça quelque part, d’accord ?

— D’accord, acquiesça Annyaëlle, mais j’espère n’avoir jamais besoin de prendre de telles décisions.

— Je l’espère aussi.

Saule se releva et s’étira en grimaçant, puis plaça une de ses mains en visière pour observer la course du soleil. Près de lui, Annyaëlle n’avait pas bougé d’un pouce et semblait à nouveau perdue dans de sombres pensées.

— Écoute, voilà ce qu’on va faire. Le soleil est encore haut, on pourrait s’entraîner encore un peu, puis on ira balader dans la basse-ville pour se changer les idées, ça te va ? Annya ?

La jeune fille ne bougeait plus, même ses paupières avaient cessé de cligner. Ses yeux s’étaient voilés et ses pupilles semblaient suivre des images invisibles, au-delà de ce qu’il pouvait percevoir. Saule s’accroupit près d’elle, mais ne tenta pas de la réveiller, ce n’était pas la première fois qu’il était témoin de ce genre de chose. L’emprise de l’esprit-guide sur Annyaëlle grandissait de jour en jour. Parfois, quand les aspirants étaient près de se lier à eux, il arrivait que les rêves se manifestent même lorsqu’ils étaient éveillés. C’était malgré tout assez rare et souvent le signe de la future naissance d’une Ombre de haut potentiel.

Après plusieurs minutes, Annyaëlle inspira soudain profondément et se mit à battre frénétiquement des paupières. Saule attrapa aussitôt ses bras pour lui donner un point de repère le temps qu’elle sorte de sa confusion.

— Qu’est-ce que tu as vu ?

— Je… c’était étrange. Des images, des sensations. Des lieux qui se superposaient les uns aux autres. J’étais ici, entourée des pierres noires du patio et de feuilles rouges qui pleuvaient d’un ciel sombre et sans lumière. Les feuilles recouvraient chaque parcelle du sol, le grondement d’un tonnerre lointain résonnait. Puis la cité devint ruines.

Annyaëlle porta une main à son front, comme pour lutter contre de violents maux de tête. Elle remarqua l’expression grave de Saule, qui ne cessait de la fixer, et se força à lui sourire. Il détestait quand ces moments arrivaient. Chaque fois, la jeune fille devenait vulnérable et perdait pied, parfois pendant seulement quelques secondes, d’autres plusieurs minutes. Saule trouvait ça dangereux, même si ça n’arrivait pas souvent, et il avait hâte que ces absences cessent. Il lui tenait toujours le coude pour la soutenir et Annyaëlle serra son bras pour le rassurer.

— Ce n’était que des images floues, comme toujours en journée. Rien de précis.

Saule grogna et la relâcha. Il n’avait pas ce genre de problème, pourtant, elle savait qu’il était toujours attentif au cas ou elle aurait besoin de lui.

— Tout va bien, insista-t-elle en souriant. Tu voulais t’entraîner encore un peu, non ?

Elle se releva rapidement et lui tendit une main.

— Bien, alors on travaille ton Affinité cette fois.

Annyaëlle grimaça, ce n’était pas l’entraînement qu’elle préférait. Depuis que Saule lui avait parlé de l’armure d’air qu’était capables de matérialiser les affiliés d’antan, ils passaient une bonne heure par jour à tenter d’un créer un. Annyaëlle arborait alors une posture défensive et encaissait chaque coup de Saule, qu’il maîtrisait plus que d’ordinaire pour lui permettre de se concentrer davantage. Sur chaque parade, chaque esquive, elle luttait pour ordonner à son Affinité de l’Air d’envelopper la partie de son corps à protéger. C’était un exercice éreintant, qui la vidait toujours entièrement de ses forces, et qui pour le moment ne donnait aucun résultat.

Annyaëlle bloqua un coup de Saule. Avant ça, elle n’aurait jamais pensé que se contenter de défendre était si frustrant pour elle, qui n’avait jamais combattu avant de devenir aspirante. Désormais, elle devait lutter contre elle-même pour ne pas répondre aux attaques de Saule, serrant les dents au fur et à mesure que la tension montait pour ne pas craquer et se défouler sur lui. Parfois, il lui adressait des petits sourires provocants, comme s’il savait qu’elle rêvait de pouvoir rendre les coups, et cela lui donnait encore plus envie de se jeter sur lui.

Elle se demandait souvent si ce qu’ils faisaient était vraiment utile. Ce n’était pas pour rien si plus personne n’était capable d’utiliser cette technique, les affiliés n’étaient plus que l’ombre de ce qu’il avait été autrefois. Elle était peut-être l’une des plus puissantes de cette époque, mais ce n’était rien en comparaison de ce que pouvait faire leurs ancêtres, elle en était consciente.

Et puis soudain, quelque chose changea. Ce ne fut qu’infime au début, mais Annyaëlle sentit quelque chose se produire, sans pour autant être capable de dire de quoi il s’agissait. Saule aussi remarqua le changement et s’arrêta aussitôt.

— Non, continu, mais plus doucement.

L’air changea. Annyaëlle n’était pas sûre de ce qu’elle essayait de faire, mais son intuition lui dictait de tenter le coup. Elle inspira profondément, se concentra un peu plus sur les sensations de ses avant-bras et ferma les yeux. Là, elle sentit quelque chose se mettre à l’œuvre, comme si une importante quantité d’énergie se rassemblait et l’air se densifia devant elle. Le coup de Saule la toucha d’une étrange manière, atténué, comme si quelque chose s’était placé entre eux. Elle ouvrit les yeux et se retrouva face à la mine surprise de l’aspirant.

— Saule ! Saule, j’y arrive ! s’exclama-t-elle.

Annyaëlle se mit à pousser des petits cris de joie, réalisant à moitié ce qu’elle venait de faire.

— Tu l’as fait, souffla Saule, un sourire à demi étonné sur le visage.

L’aspirante était folle de joie. Toute la frustration qui s’était accumulée ces derniers mois s’évapora d’un seul coup. Elle avait réussi, tout cela n’avait pas été en vain. Elle fronça soudain les sourcils et croisa ses avant-bras devant elle, l’air concentré. Et si ça n’avait été qu’un coup de chance ?

— Vas-y, frappe-moi !

Saule la dévisagea.

— Tu es sure ?

— Oui, vas-y !

Annyaëlle serra les dents. Elle devait savoir. Le poing de Saule fonça vers elle, mais il ne la toucha pas, arrêté par un fin mur invisible à quelques centimètres d’elle.

— Tu y arrives vraiment ! s’écria-t-il.

Elle était encore sous le choc.

— C’est incroyable Saule, je n’ai rien senti.

— Remets-toi en garde, ordonna-t-il. Cette fois, j’y vais pour de bon.

À nouveau, le coup fut stoppé avant de la toucher. C’était une sensation étrange. Elle sentait l’air s’épaissir et se tordre pour amortir le choc et la préserver, comme une membrane protectrice qui s’étendait le long de ses avant-bras. Elle foudroya Saule du regard.

— Tu plaisantes ? Tu n’as même pas mis la moitié de ta force, se plaignit Annyaëlle.

Il lui adressa un grand sourire d’excuse et la frappa de nouveau. Le bouclier d’air invisible qu’elle parvenait à matérialiser l’amortit, mais elle sentit quand même le point d’impact. Voilà donc la limite qu’elle pouvait maintenir pour le moment.

— Il va falloir t’entraîner pour améliorer tout ça, mais je ne m’en fais pas trop, lui assura-t-il en souriant. Si tu arrives à utiliser cette technique pendant un combat, tu seras capable de pallier à ta plus grande faiblesse, ta défense. Sur quelle surface arrives-tu à l’étendre ?

Annyaëlle baissa les yeux sur ses mains et les regarda longuement.

— Seulement sur les avant-bras, constata-t-elle.

— Bon, c’est déjà bien. On va y aller progressivement.


 

Pendant l’heure qui suivit, Saule attaqua l’aspirante sans relâche pendant qu’elle se forçait à parer les coups sans contre-attaquer. L’exercice était encore plus difficile qu’auparavant, car elle devait focaliser toute son énergie sur la création de ce nouveau genre de bouclier. Malgré l’épuisement, Annyaëlle refusait de céder et continuait, ignorant de son mieux la frustration de ne faire que se défendre.

Plus ils s’entraînaient, plus elle parvenait à prendre conscience de la manière dont elle créée et maintenait ce bouclier d’air. Elle le renforçait de son mieux, et Saule retenait de moins en moins ses coups, même s’il restait prudent. Comme la maîtrise de la jeune fille s’améliorait, il s’amusait à tenter de la déconcentrer en feintant ou en lui parlant.

— Tu n’es pas concentrée, Annya, désapprouva-t-il, celui-là n’est pas passé loin.

— N’importe quoi !

Il étouffa un sourire.

— Léoni ? Qu’est-ce que tu fais là ? s’écria Saule en fixant un point derrière Annyaëlle.

Mais l’aspirante ne bougea pas d’un millimètre et para sa nouvelle attaque sans difficulté. Cette fois, il lui sourit franchement.

— Je suis fier de toi, tu fais des progrès.

— Tu ne m’auras pas.

Annyaëlle jubilait. Elle était pleinement consciente d’avoir réussi quelque chose d’incroyable, qui n’avait pas été réalisé depuis des générations. Et surtout, elle se sentait moins faible, capable de se défendre sans l’aide des autres.

— Dis-moi, demanda Saule en l’arrachant à ses pensées, l’air curieusement sérieux. Je me demandais quelque chose.

Elle pencha la tête sur le côté, intriguée, mais sans baisser sa garde.

— Je t’écoute.

— Qu’est-ce que tu lui trouves à ce Duc ?

Annyaëlle aurait pu s’attendre à n’importe quoi, mais pas à ça. Elle perdit un instant sa concentration, abasourdie par la question de Saule, et le bouclier qu’elle matérialisait s’évapora. Le coup qu’elle reçut était mesuré, mais il l’envoya directement à terre. La jeune fille mit un moment avant de se redresser sur un coude, sonnée et mortifiée de s’être laissée avoir. Saule s’avança, se retenant tout juste de rire, se pencha et lui tendit une main.

— Tu vois, se moqua-t-il, tu n’es pas concentrée.

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Elly
Posté le 15/02/2025
"j’espère n’avoir jamais besoin de prendre de telles décisions." : mdrrr je sais, tu sais, nous savons, quand un personnage dis-ça, généralement, c'est pas bon signe. Annya a du soucis à se faire, même si son entraînement paie. J'avais oublié qu'elle s'entraînait dans cet objectif.

Le changement de point de vue entre Annya et Saul m'a un peu perturbé. Comme on est sur un chapitre intitulé "Annya" indiquant le point de vue de la narration, qu'on passe à Saul quand elle est dans les vapes m'a surprise. Habituellement, tes chapitres ne se concentrent ils pas sur un point de vue ? (possible que je me trompe hein).

Aussi, lorsqu'Annya a expliqué ce qu'elle avait vu, le soudain usage du passé simple à la fin ("Puis la cité devint ruines.") a sonné étrangement quand je l'ai lu. Déjà, l'usage du passé simple à l'oral est peu commun donc dans une phrase de dialogue c'est un peu déconcertant je trouve, mais c'est un peu bizarre alors qu'elle raconte un événement passé et que l'imparfait est utilisé avant.
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