Caserne des gardes, Palais de la mer éternelle - Brocéliande
Lirion venait d’atterrir au milieu de la cour principale, se dirigeant à allure vive vers la caserne où les deux étudiantes discutaient avec sérieux.
— Ah ! Lirion, comment ça s’est passé ? demanda Alice qui s’était levée à sa rencontre.
— C’est… compliqué, mais la Reine n’a pas clairement stipulé qu’elle empêchait Noémie de vous voir.
— Déjà que j’ai été choquée d’apprendre que Noémie était aussi dans ce monde avec nous. Et juste après, Elara nous apprend qu’elle a été manipulée par un sbire de la Reine pour l’isoler. Elle n’a pas le droit de faire ça, s’énerva Léa.
— On a qu’à aller la voir nous-même, s’exclama Alice. Gwen et ses amis ont proposé de nous aider.
— Je sais comment rejoindre le domaine Dourgrenat et… Je vais vous aider aussi à retrouver votre amie. Puis Noémie pense qu’elle est bloquée pour toujours dans notre royaume, elle doit être mise au courant.
— Oui, allons la sortir de là, s’exclama Léa.
Alice se plaça un instant face à son amie et lui prit la main.
— Léa, juste pour être sûre, on va seulement la voir, on ne prend pas de décision à sa place… Je sais que tu penses qu’elle est malheureuse et terrorisée, seule dans l’antre d’un inconnu. Mais d’après ce qu’on a entendu, Calys a l’air de beaucoup tenir à Noémie et la traite vraiment bien.
— Je ne suis pas d’accord avec toi, mais on lui parlera d’abord et on décidera ensuite.
Alice la regarda, peu convaincue, mais le groupe était déjà parti.
— Que font Garen et Donnon ? demanda Lirion tout en marchant vers la muraille.
— Garen passe son test aujourd’hui et m’a demandé de ne pas venir le voir… Niall sera là pour l'examiner à la demande de la Reine. Je voulais l’encourager, s’écria Alice, la mine faussement boudeuse.
— Si les géants partagent des traits de caractère, c’est sa fierté mal placée qui réagit, répondit Léa à son amie.
« C'est surtout qu’il ne veut pas risquer d’échouer contre Niall devant elle » pensa Lirion.
— Ok ! Qu’il fasse son macho, je vais chercher Gwen et compagnie, on se rejoint là-bas ! reprit Alice, montrant la porte près de la muraille du doigt.
Quelques minutes plus tard, un plan avait été mis en place : les korrigans allaient faire le guet et inspecter les abords du domaine, Lirion essayerait d’endormir Calys avec son pouvoir et sa flûte s’il était là, et les deux amies iraient directement voir Noémie. Voilà.
Lirion n’était pas convaincu par ce plan bancal, mais il avait promis de les aider malgré tout.
En arrivant près de la mer, ils virent la falaise incrustée de grenats, marquant le début du domaine du gardien. La brise soufflait doucement et un soleil doux faisait briller les vaguelettes se formant à la surface de l’eau.
Les korrigans partirent en avant, comme convenu, et tentèrent une approche discrète sans succès ; plusieurs ondines arrivèrent, faisant barrage et poussant des cris atroces pour alerter avant de retourner à l’eau.
Tentant un sprint jusqu’à la porte du domaine, Léa se fit projeter dans le sable par une vague : Calys venait de revenir de la mer et semblait très contrarié.
— Allez-vous en ! Noémie ne veut pas vous voir, cria froidement l’ondin.
— NOEMIE ! cria Alice de toutes ses forces.
— Je ne tolérerai pas des humains qui veulent blesser ma compagne, c’est mon dernier avertissement.
— Tu vas nous laisser voir notre amie ! Elle ne peut pas rester enfermée ici pour toujours. Ça s’appelle séquestrer quelqu’un, c’est puni par la loi, s’écria Léa, hors d’elle.
— Drindod, éloigne ces nuisances de mon territoire immédiatement, reprit Calys sans même regarder les deux jeunes femmes.
Lirion savait que ce ne serait pas simple. Calys était bien plus puissant que lui et, près de la mer, certainement le plus fort de tous les gardiens.
La flûte à la main, il s’approcha calmement.
— Elles ne partiront pas avant d’avoir parlé à leur amie.
— Ma compagne.
— Ta compagne… a besoin de ses amies et il y a eu une méprise. Eylren lui a menti.
Alors que Calys semblait réceptif aux paroles du Hoper, Noémie passa la tête par une ouverture, alertée par l’agitation sur la plage.
Alice se mit à courir immédiatement, profitant de l’inattention des gardiens sans entendre le cri de Lirion qui l’alertait. Une énorme vague la balaya et un ondin furieux la souleva du sol, la saisissant avec force par un bras. Le visage de l’ondin s’allongea légèrement et une multitude de dents acérées brillèrent à la lumière quand il ouvrit la bouche.
— Tu étais prévenue ! dit-il avant de se pencher vers son épaule.
Un bruit strident de flûte résonna dans l’air, faisant ployer les genoux de toutes les personnes présentes. Lirion se mit à jouer un air dissonant en direction de l’ondin, qui s’arrêta dans son geste tandis qu’Alice gesticulait dans tous les sens.
— LÂCHE-MOI ! hurla-t-elle avec la force du désespoir.
Calys, bien que ralenti, comptait bien éliminer la menace. Seul le cri de Noémie l’arrêta.
Elle courait maladroitement dans le sable, puis s’agrippa à son dos, tentant de boucher ses oreilles du bruit de la flûte qui blessait ses tympans.
— Laisse-la, Calys, exigea-t-elle avec fermeté.
— Non, elles te font souffrir.
— Ce n’est pas une raison, pose-la.
Il desserra sa prise et la repoussa sans ménagement, puis se tourna immédiatement vers Noémie, délaissant Alice, prostrée au sol, qui se frottait le bras. Léa et Lirion arrivèrent près d’elle pour voir son état, et elle leur fit un sourire grimaçant en faisant un moulinet de son bras.
Noémie, après avoir jeté un coup d’œil vers Alice et vu qu’elle allait bien, emmena Calys un peu à l’écart pour calmer l’ondin. Celui-ci commençait à reprendre un visage humain pour ne pas effrayer sa belle. Cette apparence l’avait surprise, mais pas au point de la repousser. Malgré son agressivité, elle n’arrivait pas à en vouloir à celui qui la protégeait coûte que coûte depuis qu’elle était en Brocéliande. Il la fixa d’un regard transpirant l’amour, et elle sentit son cœur se serrer.
— Merci de vouloir me défendre, chuchota Noémie en lui touchant la joue.
— Elles doivent partir.
— Je vais déjà écouter ce qu’elles veulent me dire. Même si ces années passées ont été une amitié à sens unique, je veux savoir.
Calys la souleva dans ses bras et commença à la ramener dans son domaine, faisant la sourde oreille.
— Calys ! Pose-moi. Je ne vais pas partir, je suis là.
Devant son visage fermé qui montrait son refus, elle l’attira doucement pour l’embrasser.
— Ça va aller, dit-elle en posant son front contre le sien.
Il fit demi-tour, le pas saccadé, et la déposa sur un rocher en vue du groupe qui s’était reformé, puis resta en retrait à observer, le regard sombre. Lirion s’avança en premier, demandant à Léa et Alice de rester derrière pour ne pas agiter l’ondin, et tendit une lettre à Noémie qu’elle se mit à lire. Bientôt, des larmes coulèrent silencieusement sur ses joues, et elle prit son visage dans ses mains. Après une minute qui paraissait interminable, elle inspira un coup et regarda Lirion de ses yeux rougis.
Il savait ce que contenait la lettre et pensait que Noémie se réjouirait, mais tout ce qu’il lisait en elle était de la détresse, de la peur, une sensation d’impuissance, et seulement après, cette petite lueur d’espoir. Les émotions de cette jeune femme étaient complexes, faisant écho à celles de Calys.
Et je suis quelque peu agacé que leurs conversations ne tournent qu'autour de leurs mecs. Alors je ne suis pas du tout dans les délires féministes extrémistes de femmes fortes qui n'ont pas besoin des hommes et tout ça, mais je trouve un peu dommage qu'elle n'ait rien d'autres à se raconter ce qui, malheureusement, a l'air de confirmer qu'elles n'étaient que des touristes en ce monde et qu'elles n'y ont rien accompli, qu'elles sont juste les compagnes de leurs hommes...? C'est un peu dommage.
Comme toujours, ce sont juste les impressions d'un lecteur lambda et peut-être que je suis passé à côté de pleins de trucs...
Voici la nouvelle version des retrouvailles. Le contexte ayant changé, il y a pas mal de modifications. J'ai inclus une sorte de résumé de leurs aventures pour Noémie, mais j'ai globalement conservé des dialogues qui correspondent à ce que pourraient dire des filles de cet âge. (pour le chapitre suivant) J'estime qu'elles ont suffisamment contribué à leur niveau dans cette version 2 (surtout Léa qui en a bavé).
Après tout, il me semble logique que des filles de cet âge, ayant des petits amis, se racontent leurs potins. Ne serait-ce que pour se rassurer et se donner une sensation de normalité dans ce monde. C'est bien un des seuls aspects qui puisse être similaire avec la Terre : les histoires de cœur. C'est dans cet état d'esprit que j'ai rédigé les dialogues.