Sagitta, Douzième Royaume.
Valyar, capitale de Sagitta et de la Fédération des Douze Royaumes.
Satia s’éveilla avec les premiers rayons du soleil. Sa nuit avait été agitée, perturbée par de nombreux cauchemars où elle devenait la marionnette des Djicams, ou pire encore, était enlevée par les soldats de l’Empire des Neuf Mondes et livrée à l’Empereur Dvorking.
Il était plus que temps pour elle d’aller prendre le recul nécessaire à sa prise de décision.
Elle dissipa ses mauvais souvenirs sous un filet d’eau froide. Rien de tel pour s’éclaircir les idées. Puis elle enfila une tenue pratique, pull et pantalon, et descendit pour le petit déjeuner. Son père était déjà là.
— Bonjour. Tu as bien dormi ?
— Ça va oui, répondit-elle en l’embrassant sur la joue.
Il y avait des jours où elle bénissait Eraïm de ne pas être née massilienne.
— Que comptes-tu faire aujourd’hui ? demanda-t-il prudemment.
— M’aérer l’esprit. Je ne rentrerai que ce soir.
Lisko s’assombrit.
— Je n’aime pas ça.
— C’est toi qui tient tant à ce que je sorte et profite des festivités, s’énerva-t-elle.
— Satia…
— Je ne suis pas d’humeur.
Elle croisa les bras, adressa à son père un regard déterminé. Rien ne la ferait changer d’avis.
— Très bien. Fais comme tu veux. Montre-moi que je peux te faire confiance.
— Merci, papa, dit-elle en venant l’enlacer.
*****
Une heure plus tard, Satia était dans les petites rues de Valyar, contournant les grandes artères toujours encombrées, et bien décidée à semer ses gardiens ailés. Elle allait leur faire ravaler leur arrogance. Se moquer d’elle ? Elle espérait bien que Lucas soit quelque part là-haut, et que ce soit lui, cette fois, qui se fasse sermonner pour avoir perdu sa trace. Elle arrivait au marché couvert du quartier Nord. Là, elle était certaine de perdre celui – ou ceux ? – qui s’imaginaient la surveiller.
Elle se fondit du mieux qu’elle put dans la foule, supportant avec stoïcisme les nombreux contacts inévitables, abandonnant même au détour d’un étal la cape supplémentaire qu’elle avait pris soin d’emporter. Satia acheta des pommes et trois poignées de fruits secs qu’elle glissa dans son sac, et fit aussi provisions de deux tourtes à la viande après avoir dévoré la première. Les odeurs d’épices étaient si alléchantes qu’elle ne savait pas où donner de la tête.
Elle ne résista pas à la tentation d’emporter un bon morceau de fromage et une belle miche de pain croustillante, s’imaginait déjà déguster le fromage fondu sur de larges tranches de pain, au coin du feu, sous les étoiles. Son sac considérablement alourdi, Satia décida qu’il était temps pour elle de quitter les lieux. Elle choisit la sortie la plus évidente, où noyée au sein de la foule elle aurait de bonnes chances de passer inaperçue. Elle s’arrêta dans la première boutique qu’elle croisa ; des chapeaux et toutes sortes de coiffes. Satia joua le jeu de la jeune étudiante en vadrouille et essaya plusieurs modèles avant de quitter la boutique en compagnie d’une jeune fille qu’elle ne connaissait pas. Autant brouiller les pistes au maximum.
Elle risqua un coup d’œil vers les cieux, mais elle aurait été bien en peine d’identifier un Massilien en particulier. Avaient-ils éventé sa ruse ? Elle n’en serait certaine qu’une fois qu’elle aurait quitté la cité. Elle arriva à la porte nord de Valyar après de longues minutes de marche, et s’occupa d’aller louer un cheval à l’un des nombreux relais à disposition des citadins. D’accord, elle n’avait pas précisé à son père qu’elle comptait quitter la ville, mais n’était-elle pas censée être en sécurité sur Sagitta ? L’Empire ne s’aventurerait pas en forêt, elle en était certaine. C’était en ville qu’ils avaient cherché à mettre la main sur elle. Satia frissonna au souvenir pas si lointain. D’accord, ce n’était peut-être pas raisonnable, mais la probabilité d’une deuxième attaque, si rapidement après la première ? Elle tenterait sa chance. De toute façon, si elle avait semé ses surveillants massiliens, elle devait bien avoir semé les impériaux également.
Une fois à l’intérieur du relais, elle scruta de nouveau le ciel par la fenêtre. Personne à l’horizon. Parfait. Elle s’autorisa un sourire et rajusta son sac sur son épaule. Cette fois, elle en était certaine, nul ne la suivait. Elle attendit patiemment son tour avant de demander un cheval au gérant, un homme affable et corpulent nommé Mindol. Elle régla deux jours d’avance et l’homme la guida jusqu’aux écuries. Des box s’alignaient et de nombreux palefreniers et garçons d’écuries s’activaient entre les montures.
Mindol la mena vers une fringante jument à la robe grise.
— Voici Rosie. Elle est douce et d’un caractère facile. Gourmande, donc n’hésitez pas à vous montrer ferme. Restez sur les chemins et vous n’aurez pas de problème.
— Merci pour le conseil, répondit Satia.
Elle présenta sa main ouverte à la jument pour faire connaissance, avant de lui tapoter l’encolure.
— Je la prends, confirma-t-elle.
— Parfait. Thaïs, viens préparer Rosie pour la jeune demoiselle. Je vous laisse à ses bons soins. Bon voyage !
Satia le remercia de nouveau et patienta le temps que Thaïs selle et harnache sa monture. Il lui tardait de galoper à tombeau ouvert et de laisser la ville derrière elle. Elle avait tout prévu ; des provisions en quantité, une tente légère… Il lui restait une pointe de culpabilité d’avoir menti à son père, mais après tout, que risquait-elle en bordure de la capitale ? Elle ne craignait pas de dormir à la belle étoile ; ce serait loin d’être une première.
Thaïs lui remit enfin sa jument et elle se saisit des rênes, impatiente de se mettre en selle. Satia quitta les écuries et savoura le soleil qui réchauffait son visage, avant d’enfiler ses gants de cuir et d’enfourcher Rosie. L’hiver touchait à sa fin, elle comptait bien profiter au maximum de cette belle journée.
— Bonjour.
Elle se figea. Impossible. Elle se retourna pour découvrir Lucas, impeccablement sanglé dans son uniforme gris. Les rênes d’un hongre noir enroulés dans sa main gauche, il la salua en s’inclinant légèrement, poing droit sur le cœur. Ses ailes à dominante blanche étaient piquetées de plumes marron et noires, repliées sur son dos.
— Que… comment, balbutia-t-elle.
Elle avait été si sûre de l’avoir semé !
— Prévisible.
— Tu m’as suivie ? questionna-t-elle, incrédule.
— Je t’attendais.
Il était sérieux en plus ! Elle serra les poings. Tous ses plans, réduits à néant !
— Serais-tu contrarié ? nota-t-il de sa voix impassible.
— Je n’avais pas prévu que tu me retrouves si vite. Où sont tes petits copains ?
— Le Djicam de Massilia m’a ordonné de veiller sur toi le temps que tu prennes ta décision.
— Je vois, murmura-t-elle entre ses dents serrées.
Et avant qu’il ne puisse répondre, elle talonna sa jument. Qu’il la rattrape, s’il était si fort !
Elle ralentit en arrivant à la lisière de la forêt de Tyrion. Inutile de risquer de blesser sa monture parce qu’elle était en colère. Elle passa à un trot léger pour permettre à Rosie de reprendre son souffle, essaya de caler sa respiration sur la sienne pour se calmer. Elle risqua un coup d’œil derrière son épaule. Lucas n’était nulle part en vue pour le moment, mais il ne lâcherait pas l’affaire. Elle mit Rosie au pas et en profita pour détailler le paysage. La neige avait déjà fondu ; les bois préservaient davantage la chaleur que les pierres de la cité. Sans leur feuillage, elle était bien incapable de différencier les chênes des hêtres qui constituaient l’essentiel de la forêt.
— Ton comportement est puéril.
Satia ne put s’empêcher de frissonner au son glacé de la voix derrière elle et tira sur les rênes. Elle serra les dents en silence pour éviter de répondre.
— Lancer ta jument au galop sans échauffement… qu’est-ce qu’il t’est passé par l’esprit ?
— J’étais contrariée. Comment as-tu deviné où j’allais ?
— Quand tu as disparu sous les arches du marché Nord, c’est devenu évident. Tu n’allais pas perdre un temps précieux à choisir une autre sortie.
Maussade, Satia relança sa monture tandis que Lucas lui emboitait le pas. Autant pour la solitude. Elle soupira tout en laissant Rosie suivre le sentier. La voie était bien entretenue et régulièrement empruntée ; sur la terre tassée les feuilles mortes de l’automne précédent rendaient par endroit le terrain glissant. Le gérant du relais ne lui avait pas menti, sa jument avait le pas sûr.
Ils chevauchèrent de longues minutes en silence.
— Tu comptais vraiment fuir jusqu’à la Porte ? finit-il par demander.
Ah, il cédait enfin à la curiosité ! Elle jubila un court instant avant de se rendre compte qu’il fronçait les sourcils face à son manque de politesse.
— Non, répondit-elle. Je veux juste un peu de tranquillité. J’en ai assez que tout le monde cherche à me convaincre du choix de vie idéal.
— Tout le monde ?
— Mon père, concéda-t-elle. Et ce Luor.
— Il t’a parlé ? s’étonna Lucas. Surprenant de sa part.
— Oh, il est agaçant, comme de nombreux Massiliens.
Lucas ne répondit pas à sa pique, et elle s’en voulut de passer ses nerfs sur son ami. Déjà qu’il n’était pas très bavard, si en plus elle le renvoyait dans son mutisme…
— Et toi, poursuivit-elle. Ça te plait, d’être Émissaire ? Tu n’as jamais… regretté ?
— Jamais.
La réponse était brève, mais elle vibrait d’une détermination qu’elle aurait bien aimé ressentir. À quoi donc s’était-elle attendue ? Lucas avait choisi sa route bien avant qu’elle ne croise la sienne.
Malgré le froid, de nombreux oiseaux pépiaient dans les hauteurs. La forêt résonnait de leurs chants ; avec la lumière pâle de l’hiver et le bruissement du vent dans les branches, le paysage était enchanteur et apaisant. Exactement ce dont elle avait besoin.
Les deux jeunes gens s’arrêtèrent dans une petite clairière pour se restaurer. Ils attachèrent leurs chevaux, et Satia sortit de son sac une large couverture qu’elle posa sur le sol avant d’inviter son ami à s’asseoir près d’elle. Le Massilien s’installa et ses ailes formèrent une barrière qui les protégeait du vent.
— Je m’excuse, pour tout à l’heure, dit-elle.
Lucas se contenta d’un signe de tête, mais déjà elle se sentait mieux.
— J’ai l’impression qu’on veut décider à ma place. Je déteste ça.
— Je comprends.
— C’est difficile pour moi, tout ça. Depuis que je suis toute petite, je suis habituée à fuir. Mon père ne veut que me protéger, je le sais bien, mais, il cherche aussi à m’influencer.
Satia soupira et enserra ses genoux.
— Je ne sais pas quoi faire.
Lucas resta silencieux. À quoi s’attendait-elle, de toute façon ? Il était Massilien, et pour ce qu’elle en savait, ne vivait que pour devenir Messager. À l’évidence, jamais son père n’avait dû l’obliger à autre chose. Puis ses ailes, c’était l’image même de la liberté… ce devait être si grisant de se laisser bercer par les vents !
— L’essence même de la vie, c’est le changement, dit-il enfin. La même attaque ne pourra avoir raison de tous les adversaires et dans un combat, tu t’adaptes pour trouver le moyen de survivre.
— Je ne vois pas le rapport avec…
— J’y viens. Ce n’est pas parce que tu as l’habitude de fuir que c’est la solution à tous tes problèmes. Et tu le sais. Tu as affronté tes examens, non ? Je suis certain qu’en y réfléchissant, tu verras que tu es capable de dépasser les difficultés, à ta manière. Parce que tu l’as déjà fait. Tu es confrontée à un choix important, mais la décision reste tienne. Je pense d’ailleurs que tu l’as déjà prise ; tu as seulement peur des conséquences qu’elle va entrainer.
Satia croqua dans une pomme tout en réfléchissant. Lucas n’avait pas tort, dans le fond. Pensive, elle termina son fruit et étudia le dos de sa main. Serait-elle différente sans les couches de maquillage qu’elle s’appliquait quotidiennement ? Son père avait peut-être raison. Plus personne ne connaissait la signification de la couleur de sa peau. Quant aux soldats envoyés par l’Empereur Dvorking, ils réussissaient à la trouver malgré tout, alors, pourquoi continuer à se cacher ?
Satia frissonna comme une rafale de vent froid s’immisçait dans son cou et leva les yeux. Lucas était déjà debout et s’occupait de détacher les chevaux. Elle vint le rejoindre.
— Quelle est la suite du programme ? demanda-t-il.
— Je comptais passer la nuit sur les rives du lac Eriol. Ce n’est plus très loin, et l’endroit est splendide.
— Ton père va s’inquiéter.
— Je m’en doute, répondit-elle, mal à l’aise.
Elle se sentait coupable de lui avoir menti. Quel autre choix avait-elle ? Jamais son père n’aurait accepté qu’elle passe la nuit près du lac.
— Veux-tu que je demande à ce qu’il soit mis au courant ?
— Non, répondit-elle après quelques secondes. Il ne pourra pas toujours connaitre mes moindres faits et gestes. Autant qu’il s’habitue.
— Comme tu voudras.
*****
Lucas recula d’un pas au son feutré de l’acier dégainé. Des soldats impériaux, si loin d’une Porte ? Ce n’était pas courant. Il parcourut les abords de la clairière du regard tandis que sa main venait caresser le pommeau de son épée. Ils n’étaient que trois. Leur uniforme noir les désignait comme des éclaireurs ; le gros de la troupe était donc plus loin. Près de lui, Satia était immobile, pétrifiée par la surprise.
Leur meneur, reconnaissable aux deux bandes rouges sur ses épaules, s’approcha d’eux, lame au clair.
— Suivez-nous sans faire d’histoire, et tout se passera bien.
— Je ne crois pas, non, rétorqua Lucas.
Il tira son épée et fit trois pas pour engager le soldat. Une fois au contact, Lucas sentit la faiblesse dans la position de son adversaire. Il s’effaça sous l’assaut, percuta l’impérial de son coude. Le temps que ce dernier retrouve son équilibre, Lucas lui avait déjà enfoncé son épée dans la poitrine. Il dégagea son arme et se mit en garde.
Plus que deux. Les soldats se précipitaient sur lui. Venir à leur rencontre signifiait laisser Satia vulnérable ; il n’avait d’autre choix que de les laisser approcher.
Ils étaient inexpérimentés, réalisa-t-il comme le premier engageait le combat sans attendre son camarade. Lucas n’eut aucune difficulté à passer sa garde pour lui porter un coup fatal ; il avait gagné quelques secondes de répit pour affronter le dernier homme, qui leva sa lame en hurlant comme pour renforcer son geste. S’imaginait-il vraiment qu’il allait rester là, immobile, pour parer un coup pareil ? Lucas esquiva d’un pas de côté et le coup le rata de quelques centimètres. Un peu juste. Un morceau de plume était fiché dans le sol avec la lame. C’était dommage pour l’impérial, parce qu’il avait vraiment mis toute sa force dans ce coup et que son épée avait profondément mordu le sol durci par les dernières gelées. Il lui devenait beaucoup plus difficile de parer, de fait. Lucas n’eut même pas à forcer son talent pour lui transpercer le cœur. Et de trois. Il balaya les alentours. Personne. Mieux valait ne pas trainer, la situation était anormale et des renforts possible.
— On s’en va, dit-il sombrement.
Satia acquiesça en silence, soudain bien moins euphorique. Il la comprenait, parce que lui-même ne s’était pas attendu à ça.
— Pas si vite, gamin.
Lucas se figea en découvrant un nouvel adversaire, qui dégrafa sa cape pour la laisser glisser au sol. Sur l’uniforme gris souris s’affichaient neuf étoiles rouges formant un cercle, comme un rappel des ailes écarlates qui s’élevaient dans le dos de l’individu. Lucas déglutit nerveusement et raffermit sa prise sur son épée. Le Commandeur des Maagoïs, les troupes d’élites de l’Empire des Neuf Mondes, se tenait devant lui, un étrange sourire au coin des lèvres. Éric aux Ailes Rouges.
C’est peut-être le moment d’appeler du renfort.
« Peut-être » ? Tu n’es pas de taille, Lucas.
Ne crois-tu pas que j’en ai conscience ?
— Montre-moi ce que tu as dans le ventre, gamin, et ensuite je m’occuperai de ta copine, fit le Commandeur en tirant son épée.
Hors de question que Lucas se défile en face du traitre à la nation massilienne. Il serra les dents en prévision du désastre qui s’annonçait et attendit l’assaut. Le Commandeur Éric ne s’embarrassa pas de fioritures. Il attaqua, vif comme l’éclair, aussi souple que le serpent. Lucas se retrouva immédiatement sur la défensive. Il para en catastrophe un coup qui aurait dû lui trancher la jambe ; ne put empêcher la lame de mordre les chairs et la douleur s’épanouit instantanément dans tout son membre. Ça, ça allait vite être un gros problème. Il déplaça son poids sur sa gauche pour soulager sa jambe.
À sa surprise, le Commandeur recula d’un pas au lieu de pousser son avantage, ramenant son épée en garde basse.
— Je m’attendais à plus de résistance de la part d’un Émissaire… Ne me dis pas que c’est tout ce que tu sais faire ?
Lucas grimaça et chercha à se concentrer malgré la douleur. Ne pas céder à la provocation semblait évident.
Mais tu en meurs d’envie, nota Lika.
N’importe qui le serait, rétorqua-t-il.
Il est confiant. Il t’a jaugé plutôt inoffensif. Ton erreur qui t’a coûté ta blessure peut devenir un avantage.
Je ferai de mon mieux.
Lucas estima la distance qui le séparait de son adversaire. Trois pas. L’attendre serait se condamner à plus ou moins long terme ; mais attaquer alors que le Commandeur venait de l’y inviter était carrément suicidaire. Ou alors il ne s’imaginerait pas qu’il se montre aussi stupide ?
Fonce.
Lucas s’élança sur son vis-à-vis. Les lames s’entrechoquèrent avec un tintement cristallin et il eut le temps d’apercevoir un éclat de surprise sur le visage de son adversaire. Immédiatement, il se dégagea et attaqua de nouveau. Cette fois, le Commandeur Éric tomba dans sa feinte. Lorsque Lucas arma son coup, il était trop tard. L’impérial parvint pourtant à ramener son arme en parade en catastrophe, déviant l’essentiel de la puissance du coup. Lucas s’autorisa un sourire. Il l’avait touché ! Une ligne sanglante déparait la joue du Commandeur des Maagoïs.
— Ça, gamin, tu vas me le payer, murmura Éric aux Ailes Rouges.
Lucas pâlit en sentant la rage et la détermination qui s’emparaient de son adversaire. Il rompit précipitamment, manqua de s’étaler au sol en s’appuyant sur sa jambe blessée. Lika l’aidait de son mieux et la chaleur du lien occultait presque la douleur de sa blessure, un avantage certain alors qu’il jouait sa survie.
Le Commandeur avança implacablement sur lui, et très vite il se trouva débordé. Malgré tout son savoir, Lucas n’arrivait pas à reprendre la main, en était réduit à une défense frénétique. Il esquiva ce qui se révéla être une feinte, laissant son flanc à découvert. La lame en cristal Kloris noir plongea dans la chair tendre, lui arrachant un hoquet de surprise et douleur mêlées. L’épée s’échappa de sa main et Lucas tomba sur les genoux comme le Commandeur retirait la lame sombre avec un sourire satisfait. Le décor se fit flou, les sons étouffés.
— LUCAS ! hurla Satia en se précipitant à ses côtés.
Il esquissa un pâle sourire, lutta un instant. Il sentait l’énergie transmise par son Compagnon, conscient que sans Lika il n’aurait pas eu la force de croiser son regard.
— Va-t-en, souffla-t-il.
Tiens bon, Lucas, j’arrive.
La main pressée sur son flanc, il percevait la tiédeur de la vie en train de quitter son corps, l’altération de ses sens qui brouillait ses perceptions, avait la sensation confuse qu’il aurait dû souffrir davantage.
Résiste. Allez, encore un effort !
D’où venait cette voix ?
Réfléchir devenait difficile. Respirer aussi. Il n’y avait que la chaleur et les ténèbres, si accueillantes, si réconfortantes, qu’il y glissa avec soulagement.
« Il y avait des jours où elle bénissait Eraïm de ne pas être née massilienne. »
Pour quelle raison exactement ? Ça m’a semblé un peu random comme remarque ?
Pourquoi Satia tient absolument à aller se promener seule alors qu’elle a été attaquée la veille et qu’elle avait visiblement peur ? Là, elle semble ne plus avoir peur du tout et se moquer des craintes (fondées) de son père, ce qui est un peu curieux. Comme si la nuit avait totalement changé son comportement.
En plus, elle fugue et tente de semer ses gardiens. J’ai du mal à comprendre la logique derrière ce comportement, qui ne me semble pas en accord avec ses sentiments de la vieille.
Je me suis demandée qui pouvait ainsi intervenir dans les pensées de Lucas avant de me souvenir de son phénix que je n’avais plus vu depuis leur rencontre.
L’empereur Dvorking ? C'est lui qui veut attraper (visiblement vivante) Satia ?
WHAT ! Bon, pas possible qu’il meurt, alors quoi, Lucas peut renaître comme le phénix ?
PS : je te laisse mes notes que je prends au cours de ma lecture sur ce qui m'a paru étrange ou intriguée, mais je signale que comme toujours, c'est très fluide et agréable à lire. :)
Pas de souci ça m'aide aussi :)
Alors pour la remarque je me rends compte que je n'ai pas précisé avant (ou pas assez) que les Massiliens ne peuvent pas mentir (enfin, ils ne peuvent dire que des choses qu'ils pensent vraies, subtile nuance).
Le fait est qu'elle n'agit pas de façon logique. Elle a peur, elle a été agacée par Luor, s'est senti trahie par Lucas et a envie de leur faire payer. Elle sait qu'ils vont la retrouver, juste elle pensait que ça prendrait plus de temps :p (après elle n'a pas été ultra maligne non plus).
Le phénix faudra que j'en reparle effectivement, au moins la 1ère fois, encore une fois l'équilibre délicat entre redire au lecteur sans rabâcher ^^
Et oui l'empereur la veut vivante, ouf (au moins dans un 1er temps ^^).
Merci pour les retours :)
J'ai trouvé le comportement de Satia assez inconscient : quelle idée de vouloir quitter la ville en sachant que des soldats de l'empire l'ont déjà attaqué avec son père la veille ? Il fallait s'attendre à ce qu'on lui ait tendu un piège...
J'espère qu'au moins Satia pourra fuir Éric, et éventuellement retourner se cacher en ville et prévenir quelqu'un.
Je commente un peu à chaud parce que j'enchaîne les chapitres, sache que je continue la lecture :3
Pour Lika n'est pas intervenue ? Ses compétences sont ailleurs ^^ Et on l'apprend plus ou moins par la suite, normalement.
Oui Satia agit de façon tout à fait inconsciente. 18 ans, un âge où on prend parfois des décisions sur un coup de tête (là en l'occurrence, c'est juste pour faire sa rebelle, et *normalement* elle était censée être en sécurité, dans le coin.
C'est bien aussi le commentaire à chaud, vraiment merci en tout cas, ça va bien m'aider pour cerner les points clés ^^