CHAPITRE 9

Par Smi

Pingh avait ramené Martial à son domicile. Ce dernier n’avait pas voulu que son patient conduise après son voyage dans le temps car il ne connaissant pas lui-même l’état physique postérieur à  la prise des médicaments, même en quantité mineure comme cela avait été le  cas cette fois-ci.

Même si Martial était robuste physiquement et psychologiquement, du moins était-ce ce qu’il pensait, il avait bien vu que cet aller retour dans son passé l’avait bien secoué.

Il faudrait augmenter insensiblement les doses afin de parvenir à un détachement complet du présent. Il était là pour gérer le protocole et comptait bien rester maître de la situation. Le seul problème qui se posait avec Martial est qu’aucun des deux ne maîtrisait le jour et l’heure d’arrivée dans le passé.

Marial était novice en la matière et il fallait absolument gérer ses propres émotions et savoir se concentrer psychologiquement pour maîtriser le point de chute.

Le professeur quant à lui n’avait pas  analysé suffisamment son patient, ne connaissait quasiment rien de lui et ne pouvait donc pas orienter la concentration de ce dernier sur un point précis de sa vie. Il aurait fallu plusieurs mois de thérapie intensive pour arriver à cela.

L’occasion qui se présentait au professeur de faire un test grandeur nature était trop belle pour la laisser passer. Dans quelques semaines, il aurait rejoint son pays ; personne n’aurait assisté aux expériences réalisées avec Martial ; si  un incident se produisait avec ce dernier, personne ne remonterait jusqu’à lui.

Il déposa son patient en bas de son immeuble. Les deux hommes se serrèrent la main sans dire un mot.

Martial pris l’ascenseur  pour une fois, ne se sentant pas le courage de gravir les trois étages  au pas de course, ce qu’il faisait pourtant depuis le début de ses entrainements en salle de sport.

Il sentait son corps différemment de d’habitude. Il était persuadé s’être retrouvé quelques instants dans son corps de dix huit ans ; il avait ressenti plus de vitalité, plus d’envie et d’optimisme aussi. La vie devant lui, l’avenir lui appartenait.

Et tout à coup, il revenait à ses 48 ans, avec sa lassitude, ses doutes et sa morosité aussi.

C’était donc cela vieillir, perdre son optimisme dans l’avenir, ne plus penser que tout est possible, qu’il suffirait juste de vouloir pour pouvoir.

Il composa machinalement le numéro de Damien, il avait besoin de partager ce qu’il venait de vivre avec quelqu’un. Ce dernier décrocha à la première sonnerie.

Martial ne s’était pas rendu compte de l’heure tardive à laquelle il appelait son ami. Il en prit conscience à l’instant ou il entendit :

« Martial, quelque chose ne va pas ? »

Comprenant à la seconde même que son ami était forcément anxieux vis-à-vis de lui pour répondre aussi vite, aussi tard.

Impossible de raccrocher, il se dit que s’il racontait son voyage dans le temps  son interlocuteur allait le prendre pour un fou.

« Tout va bien à Marseille, je voulais prendre de tes nouvelles »

Après quelques échanges sur le quotidien, la météo, les affaires en cours, les deux amis raccrochèrent.

Damien appuya sur la touche fin de son mobile, affichant une moue pleine de perplexité sur son visage. La voie de Martial n’était pas sa voie habituelle.

Il était persuadé que son ami ne lui avait pas tout dit.

 

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