Chapitre deux

« Kaila m’appelait. M’ordonner de l’écouter. De lui dire. D’assumer. Mais je ne faisais rien de tout cela. J’esquivais. Sachant que c’est ce qui allait nous faire le moins mal. Je refusais de voir la vérité en face. De lui faire voir cette vérité. Elle était trop jeune. Elle ne comprendrais pas. Elle n’avait pas besoin de ça. D’une trahison de plus.

« Regarde moi. Regarde ce que tu as fais. »

Je me taisais. Évitais son regard. Faisait comme si cela ne m’atteignait pas. Mains dans le pull. Elles se soutenaient. Pour ne pas perdre le contrôle. Pour ne pas la laisser voir mon stresse. Ma mâchoire se serrait d’appréhension. De retenue. Pour ne pas que je dise. Pour ne pas que je n’avoue. Mon corps entier tremblait d’un frisson invisible. De la tête au pied. Parce que je ne pouvais faire autrement. Il me glaçait la peau. Un mauvais pressentiment.

« Tu as osé me faire ça. Alors que tu sais très bien ce que ça ne marche pas comme cela. »

Elle, continuait son discours. Pleins d’hésitations. De blancs. De reniflements. On était hors de la vue de tous. Seul moi pouvais la consoler. Mais cela n’aurait fait qu’empirer la chose. Parce qu’elle était sûr. Parce qu’elle avait confiance. Je ne briserais pas ses rêves. Alors je me prenais tout en pleine face. Les reproches. Les insultes. Les mensonges.

« Tu aurais pu demander. Tu aurais pu prévenir. »

Puis, une phrase me fit réagir. Ce que je redoutais. Ce que j’attendais. La fin de cette conversation. De nos conversations. Dans quelques larmes, elle partait. Je me retrouvais seul. Au milieu de la marré de remords et de soulagements. Parce que je la détruisais et je la protégeais.

« Adieu. »

Je ne voulais me venger. C’était tout avoué. C’était tout lui révélé. Après avoir tenu bon. Après avoir souffert pour elle. Je ne fis rien. Juste retourné en cours. Faire comme si de rien était. L’ignorer. »