Un éclair jaillit. Brillant. Tranchant. L’océan nuageux du ciel en resta illuminé quelques instants, révélant le tumulte qui le troublait. La pluie redoubla, libérée par la lame tranchante de la foudre. Les petites gouttes martelaient le sol dans un embrasement sonore assourdissant.
Le tonnerre gronda alors, faible écho de l’éclat qui avait fendu le ciel en deux.
Depuis son petit refuge de pierre, Ysée contemplait, pensive, ce sombre spectacle. Elle avait le sentiment dérangeant que l’orage se déroulait devant ses yeux comme à l’intérieur de son propre corps. Elle se sentait froide, électrisée, triste, violente. La tempête était juste là, au creux de sa main, dans le reflet gris de ses yeux sombres, et dans le fond de son ventre. Une tempête indigeste. Une tempête qui la déchirait vivante. Pourtant, elle n’en souffrait pas.
Les rochers saillants entravaient sa vue, mais Ysée pouvait apercevoir les torrents qui dévalaient les parois de son abri de fortune. Sans un mot, la nature poursuivait son œuvre. Elle ne se laisserait jamais abattre. Jamais. Elle semblait même s’amuser, sautant de feuille en feuille, laissant derrière elle quelques arbres brûlés, noirs de sa foudre meurtrière. Elle avait saisi ce petit bout de monde de sa grande main imbibée de désordre, et elle ne comptait pas le relâcher de sitôt.
Un nouvel éclair laissa sa lumière s’échapper et se déverser sur la forêt environnante, prédiction du tonnerre prochain. L’aube était proche, pourtant le ciel n’en laissait rien paraître. La marée sombre avait recouvert toute parcelle d’azur ou d’outremer.
C’était étrange. Pour la première fois, Ysée avait l’impression que les forces de la nature étaient proches, toutes proches de son esprit tourmenté. Elle sentait l’orage au bout de ses membres, elle respirait la voix des vents, elle s’imprégnait de ces couleurs ternes et sans contrastes qui vous rendaient presque aveugles. Elle sentait toute l’harmonie du monde. Presque accessible. Il fallait seulement qu’elle tende la main…
Alors tout s’arrêta. Plus de malheur, plus de tristesse, plus de violence. L’orage lui sembla doux. Caressant. Réconfortant. Elle se sentit enveloppée d’une chaleur irréelle. Couleur de suie, odeur de fleur. Couleur sauvage, odeur de peur.
Et tout disparut.
J’aime beaucoup celui-là, il fait très « romantisme », avec la puissance de la nature.^^
Au fil de la lecture :
« L’océan nuageux du ciel en resta illuminé quelques instants, révélant le tumulte qui le troublait. » —> C’est trop beauuuu ! Et je trouve que de manière générale, tes descriptions construisent facilement des images dans notre tête.^^
« La tempête était juste là, au creux de sa main, dans le reflet gris de ses yeux sombres, et dans le fond de son ventre. Une tempête indigeste. Une tempête qui la déchirait vivante. Pourtant, elle n’en souffrait pas. » —> J’adore cette phrase, j’aurais de la peine à dire dans quel état d’esprit est Ysée, mais je trouve quand même qu’elle est très parlante !^^ J’aurais peut-être mis un « et » avant le « pourtant », pour conclure le paragraphe, mais c’est très personnel et je sais que j’ai tendance à vouloir en mettre partout…😅
« Elle avait saisi ce petit bout de monde de sa grande main imbibée de désordre, et elle ne comptait pas le relâcher de sitôt. » —> Houlàlà, elle a l’air méchante, la nature…C’est vrai que quand on est pris dans une tempête et qu’on a aucun refuge, on a pas trop envie de la vénérer… :)
« sa grande main imbibée de désordre » —> Wow… Je reste sans voix…
« Couleur de suie, odeur de fleur. Couleur sauvage, odeur de peur. » —> J’adooore, c’est trop beau ! Et pourtant, je n’ai que des interprétations bancales qui me vienne en tête… « Couleur de suie, odeur de fleur. » me fait penser à un contraste entre ce qui a été détruit et ce qui doit renaître. Et « Couleur sauvage, odeur de peur. » me fait penser aux émotions de la nature face à celles d’Ysée.
« Et tout disparut. » —> Hmm… Je ne sais pas comment interpréter cette phrase… Je pense qu’Ysée a été engloutie par la tempête… Dans tous les cas, j’ai beaucoup aimé la fin, elle est vraiment très belle !^^
Voilà, voilà, merci beaucoup pour ce partage !^^
A bientôt !
“ J’aime beaucoup celui-là, il fait très « romantisme », avec la puissance de la nature.^^”
>> Mercii ! J'avoue qu'il s'éloigne un peu, dans le style, de ce que j'écris d'habitude... C'est certainement lié aux mots imposés hihi, mais donc je suis contente qu'il te plaise aussi !
>> Tiens, oui, je n'avais pas pensé au romantisme^^
“C’est trop beauuuu ! Et je trouve que de manière générale, tes descriptions construisent facilement des images dans notre tête.^^”
>> Merci ! Top si les descriptions fonctionnent :) Je trouve que le secret des descriptions, c'est vraiment juste de vivre la scène et de se fixer sur des petits détails... Même si ça peut paraître paradoxal de donner une vision globale à travers des précisions !
“J’aurais peut-être mis un « et » avant le « pourtant », pour conclure le paragraphe, mais c’est très personnel et je sais que j’ai tendance à vouloir en mettre partout…😅”
>> Je comprends l'idée... Après, là, je le percevais avec du poids dans la virgule, ce que le “et” atténuerait. Mais je vais y réfléchir^^
“« sa grande main imbibée de désordre » —> Wow… Je reste sans voix…”
>> Hihi merciii^^ Moi aussi j'aime beaucoup hihi
Je suis contente que la fin te plaise ! pour le “Couleur de suie, odeur de fleur. Couleur sauvage, odeur de peur.“, j'avoue qu'il n'y a pas trop de juste ou de faux, je me suis plutôt attachée à la sonorité et au ressenti que laissaient les deux mots... Mais ce que tu évoques est très intéressant ! :)
“Hmm… Je ne sais pas comment interpréter cette phrase… Je pense qu’Ysée a été engloutie par la tempête… Dans tous les cas, j’ai beaucoup aimé la fin, elle est vraiment très belle !^^”
>> Et après c'est moi qui suis glauque... Haha, non, plus sérieusement je ne sais pas trop ce qui lui arrive, mais après tout ce texte plein de désordre et de foisonnement, j'avais besoin d'une fin abrupte. D'une vraie fin, somme toute.
Merci à toi pour ton retour !^^
À tout vite :)