Un silence pesant suivit les révélations de la fille-oiseau. Arthen sentait le sang battre à ses tempes comme si sa tête allait éclater.
- Les oiseaux sont censés être des êtres d'air et de vent, commenta Djéfen pour rompre le silence. Toi, tu as autant de délicatesse qu'une enclume.
F'lyr Nin regarda Arthen et son sourire d'enquêteuse triomphante se transforma en grimace :
- Zut, tu as raison, Djef, il est tout pâle !
Elle semblait sincèrement désolée. Elle se rassit près d'Arthen et lui toucha la main du bout des doigts
- Eh, Arthen ! D'abord, on ne sait pas si c'est ton père. Et puis, ma tante m'a dit que c'était quelqu'un d'exceptionnel, et qu'il voulait aider les gens ici. Elle m'a affirmé aussi que ta mère, ton oncle et lui s'aimaient beaucoup.
- Sio déteste les télépathes et encore plus les nazgars ! cracha Arthen avec colère.
- Les nazgars ont oublié leur humanité. Ce n'était pas le cas de ton père, semble-t-il. Comme le nazgar d'Arcande, il avait compris qu'il n'existe qu'une espèce humaine.
F'lyr Nin fit un petit geste de la main, comme pour chasser un insecte, puis elle s'écroula, inconsciente, dans les bras d'Arthen, qui surpris, la bloqua in extremis pour qu'elle ne dégringole pas en bas. Djéfen sursauta violemment, comme Arthen retenait un cri : une tête venait de se matérialiser devant eux. Elle montait depuis le bas, et fut bientôt suivie d'un buste et du reste du corps d'un homme, lequel se mit à applaudir mollement, d'un air sarcastique. Il flottait au-dessus du sol, sans effort apparent.
- Bravo ! Je suis enchanté d'avoir été témoin d'un si touchant humanisme. Dommage que la demoiselle doive nous quitter pour quelques heures de sommeil...
Arthen sentit ses poils se hérisser. Tout chez cet être lui inspirait de l'aversion : son visage chafouin et anguleux, ses yeux de serpent à la pupille fendue largement, sa maigreur squelettique, sa voix mielleuse et ironique. Sans parler du fait qu'il se baladait à trois mètres du sol, comme si c'était la chose la plus normale du monde.
- Je suis ravi de faire ta connaissance, Arthen. Quelle bonne surprise j'ai eue, en découvrant très récemment que les Spatiaux avaient laissé quelques traces tangibles de leur passage ! Je ne regrette pas d'être venu satisfaire une bien naturelle curiosité pour Arcande. Nous allons faire un joli voyage ensemble. Bien sûr, au-delà de l'agrément de ta compagnie, j'espère que notre association me permettra de rencontrer ton père... Et comme j'aimerais que nos amis ici le persuadent de nous honorer de sa présence, je compte aussi emmener tes compagnons. La petite fille de ce cher J'tor Tekal, une vieille, vieille connaissance... Et le fils du protecteur d'Arcande, notre dévoué Tenzem. Je n'ai pas eu le plaisir de le rencontrer. Pour le moment...
Arthen écoutait, effaré et atterré. Cet homme, ou plutôt cet alter - pour une fois, il mourait d'envie d'employer le mot de souilleux - voulait l'utiliser comme appât pour faire revenir son père. C'est la seule chose qu'il était capable d'extraire de son discours pour l'instant.
Et c'était de sa faute, de sa faute à lui ! S'il avait obéi à Oanell, et n'avait pas cherché à savoir, rien de tout cela ne se serait produit. C'est dans son esprit que l'autre avait puisé ses renseignements ! Oanell et Siohlann, eux, avaient tout fait pour que personne ne devine l'identité de son père. Arthen se sentit pénétré par l'énormité de ce qui arrivait. S'ils étaient allés vivre dans la montagne, ce n'est pas pour protéger le secret du nazgar, mais bien celui de sa naissance, il en était maintenant persuadé. Il ne comprenait pas encore tout, mais c'était important, vital peut-être, et il venait de tout gâcher !
Leur ravisseur donna un ordre mental et les deux enfants se mirent à marcher, leur corps ayant cessé de répondre à leur volonté, vers une machine dont on voyait la coque luire à la lueur de la lune. F'lyr Nin flottait à côté d'eux, à l'horizontale, à un mètre du sol.
Grand et dégingandé, l'homme marchait un peu courbé, d'un drôle de pas sautillant, et sifflotait un petit air joyeux. À côté de lui, Arthen bouillait d'une haine impuissante, le cœur battant à tout rompre dans ses efforts désespérés pour se défaire de l'emprise du répugnant personnage.
Ils se retrouvèrent bientôt enfermés dans un compartiment, seuls, à regarder, impuissants, par le petit hublot, le paysage qui défilait à toute allure. La terre rétrécissait sous eux ; les champs cultivés devinrent de petits carrés de patchwork. Bientôt, les collines cédèrent la place à des plaines. La lune se cacha, et ils ne virent plus rien de leur course folle dans la nuit.
Je fais un petit stop ici pour te dire 2 - 3 choses que j'ai repérées.
D'abord, j'ai trouvé deux "Djefen" sans accent : le titre du chapitre 6, et dans le chapitre 12.
Ensuite (et c'est pour ça que je me place ici pour faire mon commentaire), je trouve qu'il y a un flottement à l'apparition du kidnappeur. Comment t'expliquer... je n'ai pas réalisé ce qui ce passait, et il a fallu que je reprenne le paragraphe pour me faire à l'idée qu'il se passait un truc énorme. En fait je crois que c'est cette phrase : "Elle montait depuis le bas, et fut bientôt suivie d'un buste et du reste du corps d'un homme, lequel se mit à applaudir mollement, d'un air sarcastique. Il flottait au-dessus du sol, sans effort apparent."
Tu le mets en action (" se mit à applaudir mollement, d'un air sarcastique.") avant qu'on ait pu emmagasiner l'arrivée du personnage, et je trouve que ça minimise.
Bon je pinaille, parce que sérieux, je suis bouche bée d'admiration. Je te le dis tout net : tu es maintenant mon modèle. Tu écris comme je voudrais écrire : c'est efficace, sans fioriture inutile, mais jamais sans recherche. Et c'est vrai à la fois pour la forme et le fond. On sent que tu as taillé impitoyablement dans tout ce qui n'apportait rien (ou peut-être ne l'as-tu jamais écrit ?), que ce soit les phrases trop longues ou trop chargées, ou les passages qui n'avaient pas un lien direct avec l'histoire.
Je pense que Arthen, et ensuite Naelmo sur lequel je suis bien décidée à enchaîner, vont m'apporter énormément pour mon projet en cours : Starsailors. C'est aussi de la SF, et le public est le même, je pense. (Tu l'as vue, la perche que je te tends, là ? ;)... Je t'avoue que si tu es motivée et que tu as le temps, tes commentaires seraient vraiment appréciés ! Mais rien ne presse : je n'ai posté que 6 chapitres, pas trop relus et déjà notoirement perfectibles.)
Je vais un peu plus loin te laisser un autre commentaire ;)
Merci pour tous ces compliments, attention les chevilles ! ^^
Sur la forme, j'ai pas mal retravaillé ce texte, et en effet, recherché à éliminer les lourdeurs et à améliorer le style. Sur le fond, si j'y réfléchis, il y a eu des passages plus retravaillés que d'autres, surtout ceux avec beaucoup d'explications (plutôt au début et à la fin) que j'ai pas mal éclaircis. Globalement, c'est vrai, il y a eu beaucoup de temps passé, mais la partie "peaufinage" n'est pas sans un certain plaisir aussi.
Pour le paragraphe que tu mentionnes, je vois le souci. Est-ce que ca passarait mieux comme ça :" Djéfen sursauta violemment, comme Arthen retenait un cri : une tête venait de se matérialiser devant eux. Elle montait depuis le bas et fut bientôt suivie d’un buste, puis du reste du corps d’un homme. Il flottait au-dessus du sol sans effort apparent et se mit à applaudir mollement d’un air sarcastique, nullement gêné d’avoir les pieds à deux mètres du sol."
Je viendrai voir ta fiction, mais je me laisse le temps de souffler après le Pano et de reprendre le boulot (grrr !). J'ai repris hier et je suis déjà fatiguée :-(
Le public, pour Arthen, je le voyais vers 11-12 ans min ?
Je vais voir ton comm suivant !
Bref, je suis à fond ^^ C'est une fin de partie très très ouverte que tu nous offres là, Rachael. En plus tu fais ça dans les règles : ça s'accompagne de révélations, dans le précédent chapitre, et hop on embraye pour de nouvelles aventures... J'ai vraiment hâte de découvrir la suite.
Arthen a l'air hyper perturbé par le fait que son père soit un nazgar. Moi je trouve ça plutôt cool en fait ! Si notre héros finissait par se découvrir les mêmes dons que son père, ce serait vraiment génial ! En fait, même si c'est clairement explicité, j'ai toujours du mal à saisir les raisons de l'aversion des humains pour les nazgars. Vu qu'ils en ont besoin pour vivre, à Arcande... Enfin, j'espère que tout ça s'arrangera ! Ou pas, après tout... J'ai juste hâte de voir comment tu feras évoluer les choses :D
Merci beaucoup pour cette lecture Rachael, c'est vraiment une histoire géniale :)
J'adore t'avoir comme fan d'Arthen ! Eh oui, ils vont partir ensemble pour de "nouvelles aventures"...
Ben oui, les nazgars font peur: ce n'est pas comme dans l'abstraction, tout le monde ne partage pas les pensées de tout le monde, c'est à sens unique. Les humains les voient comme des sortes de prédateurs capables de les contrôler. Il ne faut pas les imaginer comme des super-héros bienveillants, même si certains peuvent l'être, comme celui d'Arcande...
Mais on peut trouver ca plutôt cool de s'imaginer comme eux. Il y a une sorte d'envie aussi...
Tout ça ne rend pas les choses simples, mais c'est un des trucs que je trouve intéressant, cette relation complexe...
Merciiii :)