Vendredi 30 octobre 2020, 16h30 / Je ne sais pas quel regard porteront les historiens du futur sur notre temps. Je ne sais pas quelles seront les pensées des écoliers, des collégiens, des lycéens de 2048 quand ils apprendront ce que nous vivons actuellement, quand ils étudieront ce par quoi tout a commencé. Quand j'étais en cours d'histoire, je me souviens de la distance qui était la nôtre lorsque le professeur nous racontait les horreurs de la guerre de 14-18 et celles de 39-45. Nous nous croyions loin de tout cela, intouchables ; les erreurs du passé appartenaient au passé, justement. Il n'y avait pas de raison de croire que nous les vivrions un jour, que nous soyions confrontés à des difficultés - sinon similaires - du moins, du même ordre. L'Europe, pensé-je assez naïvement, avait eu un lot suffisant de catastrophes en moins d'un siècle pour que nous soyions témoins de nouvelles crises.
Or, nous avons changé d'époque et des cataclysmes nouveaux se font jour.
Cette pandémie se conjugue avec une recrudescence des mouvements fascistes ici et là ; et en filigrane, de façon de plus en plus intense, le dérèglement climatique suit tranquillement son cours. Cette décennie sera peut-être celle qui marquera notre siècle car le virus auquel nous faisons face, déséquilibre durablement le monde tel qu'il est encore organisé aujourd'hui. Il nous sera impossible de garder le même mode de vie, une fois cette première épreuve passée... Je crois, peut-être à tort, qu'en quelques années, le modèle de société dans lequel nous sommes toujours installés actuellement, devra profondément évoluer ou disparaître. Je crains cette mue autant que je l'espère. Je la crains car le danger rode : les attentats de Nice et d'Avignon, hier, nous l'ont tragiquement rappelé. Je l'espère car cette remise à plat soudaine de notre économie a l'allure d'une dernière chance pour modérer le réchauffement climatique actuellement en cours. Nous ne sommes qu'au début. Le temps que nous vivons, est incertain et l'époque, cruciale pour les prochaines décennies à venir ; jamais, nos décisions collectives ne m'ont semblé aussi vitales qu'en ce moment. Je répète propablement certains propos déjà tenus ici lors du confinement instauré au printemps dernier, qu'importe : au plus les jours passent, au plus cette conviction grandit, c'est pourquoi elle doit être redite. Et tant pis, si je me trompe.