Mercredi 15 avril 2020, 21h30 / Un mois. Cela fait maintenant un mois que nous n'avons pas bougé de chez nous, Charlotte et moi. Un mois que notre horizon, notre espace de vie se limite à un cercle d'un kilomètre autour de notre logement. Cela commence à peser ; de mon côté, pour aujourd'hui, du moins. Depuis le début de cette semaine, un sentiment de vide s'est emparé de moi. J'ai l'impression d'être improductif et d'être utile à peu de choses. Dans le fond, cela aurait pu arriver plus tôt.
Pour le dire de façon imagée, je manque de souffle, j'ai du mal à respirer. La métaphore peut paraître maladroite en raison du contexte mais le parallèle me semble tout de même pertinent. Dans les hôpitaux, les malades étouffent au sens littéral et fatal du terme. Dans les maisons, les appartements, les personnes étouffent de journées parfois trop longues ou d'une fatigue sourde dans laquelle il est difficile de trouver de l'énergie. Pour ma part, c'est cette fichue inspiration qui joue à cache-cache ; cela m'inquiète, j'ai le sentiment que le temps me file entre les doigts. En temps normal, la lecture offre une échappatoire bienvenue, le temps de la retrouver, or présentement, cela ne semble pas fonctionner et je ne pourrais pas échapper à ce clavier indéfiniment. La langueur des après-midis sans fin peut avoir du bon comme je le disais samedi dernier, mais quand nous n'avons que cela pour occuper nos journées, cela fait vite court.
Alors, c'est sûr, je lis plus, je continue de faire du sport, j'entretiens l'appartement régulièrement, j'écris ici et là même si ça demeure poussif. La belle vie, objectivement. Il n'empêche, j'ai du mal à me suffire à cette situation. Quelque part, se dire que tout cela pourrait prendre fin d'ici un mois, fait du bien, nous pourrons aller à la plage, en forêt, à l'étranger. Retrouver des perspectives de vilégiatures natruelles. En attendant, il faudra se trouver d'autres horizons intérieurs pour affronter ce confinement sans trop se décourager. Charlotte en trouve régulièrement, j'ai l'impression qu'elle est peu sujette aux aléas du moral durant cette quarantaine ; je ne sais pas comment elle s'y prend. En tout cas, elle m'aide à tenir le coup. Il me tarde de pouvoir à nouveau partir avec elle, de changer d'environnement, de retrouver les collègues, les amis, la famille. J'ai hâte.
Je comprends ce que tu as ressenti à ce moment-là. Bravo à toi pour ce journal, encore une fois.
Ce dernier chapitre décrit bien la sensation d'étouffer ressentie par de nombreuses personnes. Je crois que nous n'en finirons pas de découvrir les conséquences néfastes du confinement, physiques et psychologiques.
Je réponds ici à l'ensemble des commentaires que tu as laissé sur les précédents chapitres. Un grand merci pour ces retours. Je me m'attendais pas à capter ici d'autres vécus du confinement et de l'époque que nous vivons. C'est enthousiasmant car je me dis que ce journal peut aussi servir à ça : permettre à chacun de s'exprimer sur son propre vécu et donner un autre avis ou apporter de la nuance. C'est important la nuance, surtout dans l'époque à laquelle nous vivons ! N'hésite donc pas à recommencer, à me dire comment tu as vécu les choses de ton côté. J'espère que d'autres te suivront dans cette démarche.
PS : sur les commentaires précédents, je noterai "Vu, merci pour ton commentaire, réponse détaillée au chapitre 31". Ne sois pas surpris.e d'y trouver un peu de répétition.
Merci encore d'avoir pris le temps de me lire.
Bien @ toi,
Imre.