Chaque jour elle naissait, chaque jour elle mourait. La Bête, tel était son nom selon la légende, connaissait une vie entière chaque jour, et chaque jour connaissait une nouvelle vie. Dépassant chaque être humain de toute sa hauteur, de toute sa largeur, la Bête n’était souvent considérée que comme une ombre. La Bête, disaient les Anciens du village, ne pouvait être approchée que tard, la nuit, alors que son corps se confondait avec l’obscurité. C’est pour ça, à cause ça, que James, Olivia et Garrett se mirent en tête de découvrir où se cachait la Bête…
L’histoire se déroulait en France, dans l’un de ces vieux villages qu’on trouve encore quelques fois. Ce n’était ni la Normandie, ni la Picardie et encore moins l’Alsace, mais bien un mélange de toutes ces régions, de toutes ces traditions, de tous ces folklores. Là, dans un recoin, bien cachée, la Bête vivait, mourait, attendait patiemment que le Grand Jour arrive. Lorsque tout a commencé, nos trois enfants n’étaient même pas encore nés. Certains disaient que c’était la Bête en personne qui leur avait jeté un sort dans le but de mener à elle les désignés. D’autres parlaient d’une prophétie qui se réaliserait, coûte que coûte. Finalement, une infime partie d’entre eux, peut-être les moins avertis, parlait de l’œuvre du diable, qu’il fut Satan, Méphistophélès, Lucifer ou Belzébuth.
En réalité, peu importait, car au fond, ils avaient tous, absolument tous, raison.
Lorsque les enfants naquirent cette année-là, ce fut au cours d’une seule et même fabuleuse journée, au milieu du mois de juillet. Il faisait chaud, mais pas trop. Il y avait du soleil, mais pas trop. La pluie n’était pas tombée depuis deux ou trois jours, rendant l’air humide juste comme il le fallait. Les accouchements furent tous trois d’une rapidité déconcertante. James, Olivia et Garrett étaient nés dans le même hôpital, au même moment. Leurs cris avaient résonné à la même heure exacte, dans chaque salle, les liants ainsi à jamais, sans même le savoir.
A partir de ce jour, qui n’était pas encore le Grand Jour, la Bête avait arrêté de mourir et de naître chaque soir et chaque matin. Elle s’était contentée de vivre.
Mais ça, personne ne le savait.
Plus tard, devenus de jolis bambins, James, Olivia et Garrett se rencontrèrent pour la première fois, à la crèche de la ville voisine. Comme animés d’un souffle fantastique, les trois petits se mirent immédiatement à jouer entre eux. Ce jour-là, et tous les suivants, aucun ne pleura. Aucun ne cria. Aucun n’eut peur. Ils s’étaient trouvés, rien ne pouvait plus les séparer. Alors ils jouèrent, chaque jour, et chaque jour attendaient de se retrouver le lendemain. Dès lors, les parents de James, Olivia et Garrett les trouvèrent changés. Pour autant, ce n’était pas négatif : loin de là ! Avant d’entrer à la crèche, les petits étaient timides, introvertis, ne parlaient pas et ne marchaient presque pas. Ils se faisaient comprendre par des cris soudains et de drôles de gestes. Désormais, les mots venaient par flots entiers, ils gambadaient tout le temps. En somme : ils devenaient de véritables enfants.
Alors, à ce moment-là, la Bête se mit à les observer. Elle le sentait, le Grand Jour approchait.
Plus près.
Lorsqu’ils entrèrent à l’école primaire, James, Olivia et Garrett étaient devenus les meilleurs amis au monde. Il était impossible de les séparer. Le mercredi après-midi, ils se retrouvaient tous après le déjeuner chez les parents d’Olivia. Ils jouaient des heures durant, jusqu’à ce qu’il fût l’heure de rentrer à la maison. Le samedi, ils allaient tous chez James. Impossible de rater cette journée : ils s’amusaient tellement ! Chasse au trésor, jeu de société, goûter grandiose, cage à poules XXL. Tous les éléments étaient réunis pour passer un bon moment. Lorsqu’ils se quittaient en fin de journée, le samedi, ils n’avaient qu’une hâte : retourner à l’école lundi pour se voir encore et encore.
Encore plus près. S’ils se concentraient un peu, James, Olivia et Garrett pouvaient sentir son souffle au creux de leur oreille.
Le souffle de la Bête.
Les grandes vacances arrivèrent. Ne pouvant se voir de tout l’été, le comportement des enfants changeait brusquement. Ils se refermaient sur eux-mêmes. Parlaient tous seuls. Arrêtaient de manger. N’avaient plus envie de jouer à leurs jeux favoris. Rien n’y faisait. Parents et médecins n’y comprenaient rien. Tout allait bien durant l’année scolaire et, contrairement aux autres enfants, ils semblaient tristes, presque déprimés, à l’idée d’être en vacances. Ce fut le cas de longues années. Au bout de quatre ou cinq ans, alors que James, Olivia et Garrett entraient au collège en septembre, leurs parents se résolurent à l’idée qu’il n’y eût pas d’autre choix : s’ils voulaient voir leurs enfants heureux pendant l’été, il fallait les laisser se voir. Alors ils s’organisèrent : trois semaines avec les parents d’Olivia à l’autre bout du pays, dans un super camping avec piscine, puis trois semaines avec la mère de Garrett en Espagne, entre la plage et la mer, et finalement trois semaines avec le père de James, dans leur petit village, ce qui leur convenait très bien aussi.
A chaque fois, où qu’ils purent aller, la Bête les suivait.
Encore plus près.
Ce fut en entrant au collège que James, Olivia et Garrett entendirent parler pour la première fois de ce mythe. Leur professeur de français, un petit bonhomme tout maigre avec des lunettes rondes qui lui mangeaient le visage, avait lu, un après-midi pluvieux, la légende de la Bête. Il s’agissait d’un texte si ancien que même les chercheurs se battaient pour savoir quand il avait pu être écrit et par qui. Personne n’en avait la moindre idée. Lorsqu’ils entendirent le récit, James, Olivia et Garrett furent subjugués. Jamais de toute leur existence ils n’avaient imaginé une histoire ne serait-ce qu’un tiers aussi exceptionnelle. Ils se mirent en tête d’en apprendre plus sur la Bête. Le soir, après le collège, ils faisaient tous leurs devoirs avant de se retrouver dehors. Leurs parents leur laissaient jusqu’à la tombée de la nuit pour rentrer. Les premiers temps, ils ne trouvèrent aucun indice. Personne ne connaissait la légende, personne ne savait où pouvait se trouver la Bête. Ils firent des recherches sur Internet, parlèrent avec leur professeur de français, toquèrent aux maisons du village pour interroger les gens. Personne ne savait quoi leur dire. Pourtant, un soir de novembre, alors que l’hiver s’annonçait rude et que James, Olivia et Garrett portaient de grosses écharpes, des bonnets et des gants, un vieillard vint les voir.
Et la Bête, qui voyait tout, qui savait tout, qui ne naissait plus ni ne mourait plus, tressaillit.
Oui, elle en était sûre désormais. Le Grand Jour était proche…
Voyant que la nuit tombait sur le village, les enfants durent rentrer chez eux. Ils promirent au vieillard de le rencontrer le lendemain, dès qu’ils rentreraient du collège. Ce qu’ils firent. Dès que la sonnerie de 17 heures eut retenti, déjà James, Olivia et Garrett enfourchaient leurs vélos et pédalaient à toute vitesse pour rejoindre le village. Ils allaient avoir quinze ans. L’année prochaine, ils entreraient au lycée, et d’ici trois ans, ils partiraient à l’université. Lorsqu’ils arrivèrent au lieu de rendez-vous fixé, le vieillard les attendait. Il ne souriait pas, ne bougeait pas. Un instant, James, Olivia et Garrett le crurent mort. Une fois arrivés à son niveau, ils remarquèrent cependant que l’homme les fixait d’un œil brillant, aguerri.
« Je vais vous raconter l’histoire de la Bête. »
Les adolescents s’assirent dans la neige, aux pieds du vieillard. Ils attendirent patiemment qu’il se décidât à tout leur dire. Des heures durant, ils parlèrent, se regardèrent, rirent et s’inquiétèrent tour à tour. Les histoires que racontait le vieillard étaient toutes plus folles les unes que les autres. Une en particulier les secoua. Ils en comprirent leur intérêt pour la Bête. Ils en comprirent leur besoin de comprendre la Bête. Ils prirent peur.
La Bête, elle aussi, eut peur. A cet instant, plus proche que jamais du Grand Jour, ils étaient prêts à tout abandonner. Il ne le fallait pas.
Toujours plus près…
Plusieurs semaines durant, les enfants ne discutèrent plus de la Bête. Ils ne se voyaient même plus après l’école, ni les mercredis et samedis après-midis. Ils retournèrent au mutisme. Les éléments s’assemblaient dans leurs esprits comme des pièces de puzzle, de manière à former un tableau qui les terrorisait. Une seule information, une seule date, une seule pièce du puzzle avait suffi à tout rendre clair : le 12 juillet. La Bête était née un 12 juillet. La seule date qui apparaissait dans son histoire était le 12 juillet. Les adolescents, James, Olivia et Garrett, partageaient la date de naissance du 12 juillet. Tout était lié.
Le puzzle était terminé.
Le Grand Jour arrivait à grands pas.
La Bête était prête à sortir de l’ombre.
James, Olivia et Garrett ne reprirent leurs investigations que l’année d’après. Ils avaient seize ans, venaient de terminer leur première année de lycée, et avaient bien grandi. Ils n’étaient plus des enfants. Ils devenaient de véritables adolescents, vivaient leurs premières amours, comprenaient le sens du mot « travail », et souriaient à la vie. Cet été-là, après leur fête d’anniversaire qu’ils célébraient toujours à trois, James, Olivia et Garrett s’enfoncèrent dans les bois. Ils n’avaient aucune idée d’où aller, se dirigeant à l’instinct.
Par son souffle. Le souffle de la Bête.
Dans son coin, elle attendait. Impatiente. Excitée.
Le Grand Jour était arrivé.
La Bête allait sortir de l’ombre.
Plus près. Encore plus près. Toujours plus près.
Ils se laissèrent guider à travers le dédale de buissons et d’arbres qui se présentait à eux. Ils ne réfléchirent pas un instant. Ils n’eurent pas peur. Ils n’étaient plus eux-mêmes. Ou peut-être l’étaient-ils pour la première fois ? Seule la Bête le savait. Seule la Bête importait. Ils avaient seize ans. On était le 12 juillet. Toutes les pièces du puzzle étaient assemblées. Il ne restait plus qu’à l’affronter. Elle. La Bête. Parce que le Grand Jour, c’était aujourd’hui.
James, Olivia et Garrett marchèrent des heures qui ne leur parurent que quelques minutes. Lorsque enfin ils furent arrivés, ils le surent aussitôt. D’un même pas ils marchèrent tout du long, d’un même pied ils s’arrêtèrent devant la grotte. Le temps avait cessé d’exister. Là-bas, de l’autre côté de la forêt, leurs parents et leurs amis les cherchaient. Pourtant, ils savaient au fond d’eux qu’ils ne les reverraient pas. Plus jamais. Plus comme avant. Parce que le Grand Jour était arrivé. Parce que le Grand Jour, c’était aujourd’hui. Parce que la Bête allait sortir de l’ombre.
Tous ensemble, comme un seul et même corps, comme s’ils n’avaient jamais été trois personnes distinctes, James, Olivia et Garrett entrèrent dans la pénombre. Ils ne virent rien. Il n’y avait rien à voir. Ils ne sentirent rien. Il n’y avait rien à sentir. Ils n’entendirent rien. Il n’y avait rien à entendre. Pourtant, alors qu’aucun de leurs sens n’était utile, ils eurent ce léger picotement sur la chair qui leur était familier. Ils furent parcourus d’un millier de tremblements. Ils n’eurent pas peur, pas un seul instant, alors que la Bête se présentait enfin à eux.
On était le 12 juillet.
La Bête avait arrêté de mourir chaque soir et de naître chaque matin comme le disait la légende. La Bête avait attendu toutes ces années, tapie dans le noir, au fond de cette grotte, à les observer, eux, ceux qui allaient l’aider à sortir de l’ombre. La Bête les aimait, ces adolescents. Elle les considérait comme ses enfants. Ses créatures.
L’ombre de la Bête se manifesta à James, Olivia et Garrett. Ils ne la virent pas, et pourtant, ils surent ce qui était face à eux. Leurs propres ombres se démultiplièrent, devinrent immenses et crochues. Ils guidèrent ainsi la Bête jusqu’à la lumière. Un pas après l’autre. Ensemble. Tous ensemble.
La Bête. James, Olivia et Garrett.
Le soleil leur rendit la vue. Le vent entre les arbres leur rendit l’ouïe. L’herbe sous leurs chaussures leur rendit l’odorat. L’écorce des pins leur rendit le toucher.
Plus près.
Bientôt, la Bête pourrait les toucher. On était le 12 juillet. Bientôt, la Bête sortirait de l’ombre. On était le 12 juillet. Bientôt, la Bête vivrait, sans plus jamais renaître, sans plus jamais mourir. On était le 12 juillet.
Et bientôt, très bientôt, la Bête les tuerait tous.
Parce qu’elle était la seule créature qui avait le droit de vivre. Parce que ses créatures, ceux qu’elle avait observés toutes ces années, ceux qu’elle avait appris à connaître et à aimer, ceux-là mêmes qui la sortaient de l’ombre, ils n’avaient pas le droit, non, ils n’avaient pas le droit de vivre.
Encore plus près.
Bientôt, elle pourrait les toucher. Tous. On était le 12 juillet.
Ils avaient 16 ans.
Elle n’avait plus d’âge.
Bientôt, très bientôt, ils ne seraient plus.
L’ombre de la Bête une fois à la lumière grandit, grandit, grandit encore jusqu’à dépasser les arbres et la montagne. Immense et crochue, la Bête n’avait pas une tête, mais bien trois. Elle n’avait pas deux bras, mais bien six. Elle était prête.
Toujours plus près.
Le Grand Jour était arrivé.
Le Grand Moment était arrivé.
L’ombre de la Bête s’abattit sur James, Olivia et Garrett. Ils n’eurent pas le temps de crier. Ils n’eurent pas le temps de courir. Ils n’eurent pas le temps de comprendre ce qui leur arrivait.
La dernière pièce du puzzle venait d’être posée. Et c’était eux.
Le noir se fit.
Plus près…
Encore plus près…
Toujours plus près…
Lorsque Olivia se réveilla cette nuit-là, elle était trempée de sueur. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Elle se leva méthodiquement, repoussant d’abord le drap sur ses jambes avant de poser les pieds par terre. Droite. Gauche. Elle n’eut qu’un regard pour l’homme qui dormait à ses côtés. Perdue, déboussolée, elle s’avança vers le miroir au-dessus de la commode, en face du lit. Elle s’y observa.
Plus près…
Son corps était mutilé. Là, sur ses épaules dénudées, on pouvait voir des marques de griffures. Elle n’avait jamais su d’où elles venaient. Elle savait seulement une chose : elles étaient apparues le soir de ses 16 ans, le jour où ses deux meilleurs amis avaient disparu. Elle, elle avait réussi à s’échapper. Elle ne savait pas de quoi. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ne se souvenait de rien. Mis à part de la peur. Et d’un mot. D’un seul : la Bête.
Encore plus près…
Olivia posa une main sur son ventre. Désormais, même les vêtements les plus amples ne le cachaient plus : elle était enceinte. Là, à l’intérieur, grandissaient deux petits êtres. Deux garçons. James et Garrett. Olivia caressa distraitement l’arrondi de son ventre. Elle avait la chair de poule. Son mari l’appela, grommela quelque chose, la chercha dans le lit.
Toujours plus près…
Elle regarda tout autour d’elle. Non. Tant qu’ils seraient là, bien au chaud, dans son ventre, ils ne risqueraient rien. Elle sentit un souffle dans son oreille. Olivia prit peur.
Parce que la Bête attendait.
Elle attendait, là, tapie dans l’ombre.
Elle attendait le Grand Jour.
Le Jour où elle pourrait enfin les tuer.
Le Jour où elle vivrait une dernière mort avant de vivre une dernière naissance.
Le Jour où la Bête se réveillerait.
Encore plus près…
Oui…
Là…
Toujours plus près…
Terrifiant, c'est le mot ! J'ai adoré le suspense que tu as installé, et je suis admirative de cette maîtrise du suspense. On ne tourne hélas pas les pages mais on fait mouliner la souris ! Je n'ai pas tout compris (je suis une lectrice qui met du temps à comprendre, en général) et je trouve que c'est ce qui donne un charme à cette nouvelle lorsqu'on la termine. Du mystère, certes, mais on se sent rassasiés, tout de même.
A plus tard, peut-être, dans de nouveaux écrits ! ^^
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis contente que tu aies apprécié ta lecture en tous cas !
Avec plaisir ! Et encore merci :)
C'était terrifiant... j'ai adoré !
Ta plume est merveilleuse à lire et m'a tenue en haleine du début à la fin ! C'est intéressant de voir ce mystère qui continue d'englober la Bête même à la fin.
Personnellement, je m'attendais presque à apprendre que l'un des amis était la Bête et avait tué les deux autres. Après tout, la Bête aurait pu être une métaphore de la noirceur qui les habitait ?
Et au fond, qu'est-t-elle vraiment ? D'où vient-t-elle ? Rah, tant de questions !
En tout cas, félicitation ! Tu as fait un travail fabuleux, c'était passionnant à lire, j'ai vraiment aimé ^^
A bientôt !
Merci beaucoup ton commentaire (auquel je réponds un peu tard, désolée !).
J'avoue que ça aurait pu être une possibilité ! Il y a beaucoup d'hypothèses qui sont données autour de la Bête, et je ne peux dire quelle est la "bonne" réponse ! je ne le sais pas moi même ahh
C'est vraiment super gentil de ta part !
Encore merci pour ton super commentaire :)
Désolée de ne pas avoir lu ton histoire avant la fin du concours.
Ce qui m'a intéressée c'est la fin ...
Le reste de l'histoire c'est la lente montée vers cette fin, la créature qui attend son heure, patiemment pendant des années, son souffle qui suit le rythme de vie des trois personnages.
La boucle qui se referme sur la jeune femme enceinte donne évidemment tout le relief à l'histoire ... Terrifiant.
Mais puisqu'il n'y aura plus que des garçons à la génération suivante, comment la bête fera-t-elle pour poursuivre son œuvre destructrice ?
Mystère ! ...
Ne t'en excuses pas ! Justement, je suis contente de voir qu'on peut lire cette nouvelle en dehors du concours !
Je suis contente que la fin t'ait intéressée et intriguée ! Elle n'a pas toujours plu (c'est légitime, on ne peut pas plaire à tous, et surtout dans le cadre d'une nouvelle !).
En tous cas, merci pour ton commentaire ! :)
ohlala j’en déduis que tu as apprécié ta lecture ! merci beaucoup pour ton commentaire et d’avoir pris le temps de lire ma nouvelle !
C’est une manière intéressante d’aborder l’horreur ; elle est suggérée, on l’anticipe, mais tu ne la montres pas. J’aime bien l’idée de cette bête insatiable, même si la fin doit suggérer un dénouement qui est condamné à se répéter. Tu arrives bien à créer et à soutenir la tension, mais j’ai l’impression qu’à la fin, le soufflé que tu t’es appliquée à gonfler tout le long retombe simplement, sans passer par un point culminant. On voit Olivia qui a réussi à s’échapper et qui vit sa vie presque comme si de rien n’était ; à mon sens, cette dernière partie ne colle pas vraiment avec le reste du récit, à l'exception de la chute qui annonce une boucle sans fin.
J’aime bien aussi les phrases en italique qui ponctuent ton texte comme un leitmotiv, mais pour moi il y a un souci de dosage. À force de les répéter, tu as atteint le point de bascule où au lieu d’être prise par cette attente, cette angoisse, je n’y crois plus vraiment.
Néanmoins, ta nouvelle est bien écrite et tu as réussi à entretenir le suspense jusqu’au bout.
Coquilles et remarques :
Au début, je trouve qu’il y a trop de virgules, notamment des doubles virgules. On ne peut pas dire que les unes ou les autres ne sont pas pertinentes, mais leur accumulation nuit à la fluidité du texte, d’autant plus qu’elle est associée à des séries de phrases incomplètes séparées par des points.
— Chaque jour elle naissait, chaque jour elle mourait. La Bête, tel était son nom selon la légende, connaissait une vie entière chaque jour, et chaque jour connaissait une nouvelle vie. [Je trouve ce passage redondant et répétitif.]
— l’un de ces vieux villages qu’on trouve encore quelques fois [quelquefois ; c'est-à-dire parfois, pas plusieurs fois]
— parlait de l’œuvre du diable, qu’il fut Satan, Méphistophélès [qu’il fût ; subjonctif imparfait]
— Leurs cris avaient résonné à la même heure exacte, dans chaque salle, les liants ainsi à jamais, sans même le savoir [les liant ; participe présent / sans qu’ils le sachent ; « sans même le savoir » laisse entendre que ce sont les cris qui ne savent pas]
— A partir de ce jour, qui n’était pas encore le Grand Jour, la Bête avait arrêté de mourir [À partir* / avait cessé de mourir ; « arrêter de » suivi d’un infinitif est familier]
— les meilleurs amis au monde. [Je dirais « les meilleurs amis du monde » ; on ne peut pas affirmer qu’il n’existe pas d’autres amis au monde qui soient aussi liés qu’eux.]
— Ne pouvant se voir de tout l’été, le comportement des enfants changeait brusquement [changea / syntaxe : le sujet du participe présent devrait être celui du verbe conjugué ; « Ne pouvant se voir de tout l’été, les enfants changèrent brusquement de comportement » ou « Comme ils ne pouvaient se voir de tout l’été, le comportement des enfants changea brusquement ».]
— leurs parents se résolurent à l’idée qu’il n’y eût pas d’autre choix [on peut se résoudre à une action, mais « se résoudre à l’idée que (...) » me laisse dubitative ; « ils acceptèrent l’idée », « ils admirent qu’il n’y avait pas d’autre choix » / d’autre part, je n’emploierais pas le subjonctif ici parce qu’il exprime le doute]
— A chaque fois, où qu’ils purent aller, la Bête les suivait [À chaque fois* / « où qu’ils pussent aller » (subjonctif imparfait) ou « où qu’ils puissent aller » (subjonctif présent]
— ils partiraient à l’université [ils partiraient pour]
— A cet instant, plus proche que jamais du Grand Jour [À*]
— Ils ne se voyaient même plus après l’école, ni les mercredis et samedis après-midis [enlever la virgule et le « ni » ou écrire : « ni les mercredis, ni les samedis » / N.B. « après-midis » est la graphie rectifiée ; selon l’orthographe traditionnelle, « après-midi » est invariable]
— Ils n’avaient aucune idée d’où aller, se dirigeant à l’instinct [aucune idée de l’endroit où aller]
* L’Académie française, ainsi que certains grammairiens, recommandent de mettre les accents sur les majuscules parce qu’ils ont pleine valeur orthographique. Il en est de même pour la cédille.
Déjà, merci d'avoir pris le temps de me faire un commentaire aussi complet.
Je te remercie particulièrement pour les conjugaisons erronées.
Pour ce qui tient de l'accentuation des majuscules, je sais bien ce qu'en pense l'Académie (étudiante en lettres classiques, je me dois de connaître leur avis sur certaines questions), cependant ce n'est pas (comme tu l'as justement indiqué) une obligation, une simple recommandation.
Pour ce qui tient du / des passage(s) redondant(s) que tu as pu relever, certes, tu l'as indiqué à juste titre, mais il s'agit de simples figures de style. Il s'agit non seulement de mon style propre en tant qu'autrice, mais également et très simplement de procédés littéraires courants (ici anaphore et chiasme par exemple). Je conviens bien qu'il s'agit de quelque chose dont on n'a plus l'habitude dans les textes modernes, mais si je l'ai utilisé ce n'est pas pour rien (ici, renforcer l'idée du mouvement éternel de la Bête).
Merci pour toutes tes remarques, et j'espère que malgré tout ma nouvelle a pu te plaire dans son ensemble :)
J'ai beaucoup aimé ce récit, il m'a fait l'effet d'un conte sombre. Pendant toute ma lecture, assez instinctivement, je me suis figurée un conteur qui raconterait l'histoire à grand renfort de gestes et d'expressions. C'était très prenant. Je trouve qu'il y a UN POIL trop de répétitions par endroits mais 90% du temps, je les ai appréciées et elles contribuent très bien au rythme et à l'escalade de la tension. J'ai aussi aimé la fin, on reste sur quelque chose de très mystérieux, mais c'est une conclusion en soi et une nouvelle ouverture, donc le pari de la nouvelle est tenu.
Mention spéciale pour l'originalité horrifique ! Merci pour cette histoire. :)
Un grand merci à toi pour ton commentaire ! Contente que la nouvelle t'ait plu dans son ensemble ! :)
J'ai beaucoup aimé la première partie de ta nouvelle, j'ai apprécié ce parti pris d'avoir un ton relativement froid pour raconter l'enfance de ces trois personnages en miroir avec la Bête qui attend son heure. C'est une belle montée de tension, je trouve, progressivement installée et donc bien dosée.
Cependant, j'ai moins adhéré à ce qui est pour moi la deuxième partie, à savoir quand Olivia se réveille. J'ai trouvé le changement de ton, qui devient plus émotif, en point de vue interne, cassait ce que tu avais construit auparavant. Cela m'a un peu sortie de l'histoire. J'ai trouvé que ce relancement de l'intrigue fonctionnait peu, pour moi. Pour moi, cette dernière partie a remis en question la cohérence du récit. A mes yeux, cette dernière partie ne serait peut-être pas la fin la plus appropriée pour ce qui a été instauré auparavant.
Je pense que la dernière partie fonctionne, mais indépendamment de ce qui venait avant. Une nouvelle avec ce ton et cette histoire m'aurait autant intéressée que la première partie (de façon indépendante), mais c'est la juxtaposition des deux qui me dérange un peu.
Au-delà de ce petit déroutage, j'ai quand même été transportée par ta nouvelle, en particulier sur le plan émotionnel ; je trouve que tu gères très bien la peur.
Plein de bisous !
Déjà, un grand merci pour avoir pris le temps de me faire un commentaire aussi développé, aussi complet !
Je suis désolée que la chute ne t'ait pas plue outre mesure... Tu n'es pas la seule à me dire que la chute est trop déroutante, moins en accord avec le récit à proprement parlé. J'en étais bien consciente en participant au concours, que ça ne pourrait pas plaire à tout le monde (même si on a toujours un petit espoir que si).
Encore merci pour ton commentaire, tes remarques et tes compliments !
Le récit est bien mené avec cette bête inconsistante, ce qui la rend encore plus effrayante.
J'ai à la fois aimé et été déçue par la fin. La possibilité que ce drame (quel qu'il soit, métaphore ou non) puisse se répéter encore une fois, et ainsi... jusqu'à quand ? Éternellement ? Mais bon, c'est peut-être juste ma peur qui parle ;)
Ah je suis désolée que la fin t'ait déçu ! Merci pour ton commentaire, j'espère que le reste de la nouvelle a tout de même été à ton goût :)
Merci pour cette très chouette lecture !
Merci à toi surtout pour ce si gentil commentaire !
Bref, je trouve cette nouvelle prometteuse !
Si je peux t'orienter vers une lecture qui s'en rapproche, je te dirais d'essayer "Le Signal" de Chattam, qui devrait te plaire à coup sûr ;)
J'aurais bien essayé de trouver un poil de défaut pour être objective sur mon commentaire mais franchement, rien à redire suite à ma lecture :D
Merci à toi <3
Merci, un grand, gigantesque, MERCI pour ton commentaire ! Je suis bien contente que la nouvelle t'aies plu !
Ahhhh, merci encore Flo !
Une histoire qui vous emmène et nous laisse sur notre faim car on veut connaître la Fin . Bravo et continue comme ça
Une super histoire bien maîtrisée.
Petite incompréhension de ma part. Au début on lit que la bête arrête de mourir et de renaitre dès la naissance des enfants. Alors que plus tard on lit qu'elle va bientôt arrêter de mourir et de renaitre quand elle les aura tués.
Mais c'est peut-être voulu...
Peut-être l'insatisfaction de la Bête est éternelle. Comme le cycle de la vie qui ne s'arrête jamais, matérialisé par la grossesse d'Olivia. Peut-être la Bête incarne-t-elle un traumatisme de l'enfance qui n'est jamais que suggéré, ou un traumatisme du genre humain en général.
Bref j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de profonds messages cachés dans ce texte, mais je me trompe peu-être. Tu me diras si je me suis enflammé l'esprit pour rien :D
En tout cas bravo
A+
J'aime beaucoup S.King, et j'ai récemment relu Ca, ça peut expliquer ton impression ! Après, ce n'était absolument pas conscient ahah !
Pour la naissance / mort de la Bête, effectivement, elle arrête et de naître et de mourir lorsque les enfants naissent eux-mêmes, lorsque j'ai écrit qu'elle "connaîtra une dernière mort avant une dernière naissance", c'est pour dire qu'elle deviendra comme éternelle après la mort des enfants.
Et justement, ça rejoint ton idée d'insatisfaction éternelle !
J'avoue que je n'ai pas pensé à tout cela en écrivant, mais oui, je t'accorde le fait que la Bête doit bien représenter quelque chose qui est en nous tous, si ce n'est un simple cauchemar qui nous poursuit encore lorsqu'on grandit.
Merci encore pour ton commentaire et toutes tes impressions sur le texte ! Ca me fait vraiment plaisir :)
C'est une belle réussite, je trouve !
Tu fais monter la tension avec un art parfaitement maîtrisé, mais en plus, de manière assez vicieuse (c'est un compliment, hein !), parce que tu t'appuies tellement sur les répétitions et les leitmotiv qu'on finit par croire, ou du moins par se demander, si tu nous prépares un énorme gag ou si on va basculer dans le gore.
Eh ben, non, tu choisis une troisième voie, celle de la suggestion. Et ça marche à fond ! C'est si flippant !
La façon dont tu joues avec le lecteur est vraiment géniale, bravo ! Je vais essayer de récupérer mon souffle, maintenant, parce que je crois que j'ai lu en apnée !
Je crois que j'ai abusé des points d'exclamation dans mon commentaire aussi, mais c'est révélateur ;)
Apparemment, ça laisse pas mal les gens sans souffle, mais je veux tuer personne moi ! En tous les cas, ça me fait vraiment très plaisir tout ce que tu as dit, et rien que le fait d'avoir réussi à te surprendre toi, et les autres lecteurs, par cette fin, c'est le preuve que j'ai bien fait mon boulot !
Encore merci pour ton commentaire qui, vraiment, m'a fait chaud au coeur !
L’atmosphère pesante, la menace omniprésent, le danger qui se rapproche…
Excellent texte qui se lit en une traite et où on ne s’ennuie pas une seule minute !
Mais, mais... merci ? vraiment merci beaucoup ! Ravie que la nouvelle t'ait plu !
Ta narration est parfaite, Ta créativité est là .
Bravo Melau, pour cette nouvelle surprenante qui m'a donné la chair de poule.
Merci beaucoup pour ton commentaire, c’est très gentil ! Je suis contente que m’ai nouvelle t’ait plu :)
Texte vraiment étrange, renversant, imprévisible, enchanteur... bref j'ai plein de mots un peu pompeux pour dire à quel point j'ai aimé.
Je pourrais passer du temps à parler de la narration parfaite, de l'écriture au poil, de la grande créativité ou encore de cette fin vraiment prenante.
Mais tout ça n'est rien face aux deux gros points forts du texte : l'ambiance et le suspens. Je n'ai pas grand chose à dire, les deux vont ici main dans la main : c'est maitrisé, vraiment prenant, on ne peut s'empêcher de continuer et d'être à fond.
J'aimerais bien trouver des inconvénients, mais j'ai franchement du mal là. BRAVO
Merci beaucoup pour ton commentaire ! vraiment heureuse que ma nouvelle t’ait plu, alors que ça change pas mal de ce que j’écris en temps normal !
En tous cas, ça me touche beaucoup ! Merci encore !