Le réveil du lendemain fut douloureux. Evidemment, McGonagall avait retiré des points à Gryffondor. Cinquante à chacun, ce qui faisait 200 points. Un drame. En passant devant les sabliers, les élèves de Gryffondor écarquillèrent les yeux : que s’était-il donc passé ? Serpentard avait aussi perdu cinquante points, mais à côté des 200 points de Gryffondor, cela passait totalement inaperçu. Ils étaient désormais derniers du classement. La rumeur courut rapidement, et avant que le petit-déjeuner ne fût terminé, Ron, Hermione et Iladys étaient victimes de regard haineux et de chuchotements. Neville n’était pas mieux loti, mais il se tenait malgré tout à bonne distance du trio. Rapidement, la rancœur se souda autour d’Iladys. Après tout, en tant que fille de Vous-Savez-Qui, elle n’avait rien à faire à Gryffondor. Personne ne douta qu’elle était la responsable de ce qui avait mené à cette perte de points. Iladys rasa donc les murs pour se rendre en cours, bien qu’Hermione et Ron l’accompagna toujours. Ils faisaient tous les trois grise mine, et la journée fut infiniment longue. Ils en oublièrent Nicolas Flamel, et n’approchèrent pas la bibliothèque. Ils n’avaient pas envie de croiser qui que se soit. Hermione et Iladys se seraient bien réfugiés dans leur dortoir, mais elles ne pouvaient pas abandonner Ron. Ils trouvèrent donc un coin tranquille en extérieur, éloigné de la foule. Ils y prirent leur repas, et s’y réfugièrent dès qu’ils n’avaient pas cours. Ils parlèrent peu, n’ayant le cœur à rien. Iladys était plus déprimée que jamais. Alors qu’elle pensait avoir trouvé sa place, être accepté, elle était de nouveau un paria. Adieu l’attrapeuse douée, adieu la charmante petite fille, adieu la sorcière douée en potions. Elle n’était plus que la fille de Vous-Savez-Qui. Si elle n’avait pas eu Ron et Hermione, elle aurait passé sa journée en pleurs dans son lit.
Le soir vint, et en compagnie de Neville, qui évitait toujours soigneusement Iladys, ne posant même pas un œil sur elle, ils se rendirent au bureau de Rusard. Drago était déjà là, à côté d’un Rusard tout sourire. Une lampe à la main, il leur lança un regard triomphant.
« Ah, on fait moins les malins. La punition de ce soir est exquise. Je suis sûre que vous y réfléchirez à deux fois avant de vous promener dans les couloirs la nuit. »
Il fit alors volte-face, et s’éloigna de son bureau. Tous, ils se jetèrent un coup d’œil, puis le suivirent dans un silence lugubre. Seul Drago était moins morose. Certes, il était puni, mais il n’était pas devenu le paria de sa maison. Et voir les têtes démoralisées des Gryffondor suffisaient à sa bonne humeur. Ils sortirent du château, sur les talons de Rusard.
« Où allons-nous ? », demanda Drago, sans qu’Iladys ne discerne s’il était surpris ou inquiet.
Rusard se retourna, un large sourire.
« Ce soir, vous allez dans la Forêt Interdite ! »
Les enfants se figèrent. Neville et Drago devinrent blêmes.
« La Forêt Interdite ! Mais c’est un endroit dangereux ! Les élèves ne doivent pas s’y rendre ! Je pensais qu’on aurait des lignes ! Mon père l’apprendra !
- Des lignes ! », ricana Rusard, « Il faut bien plus que ça pour vous apprendre une leçon et votre père n’y pourra rien. »
Iladys, Ron et Hermione n’avait pas la force de protester. Ils marchaient comme des condamnés vers leur lieu d’exécution. Mais ils retrouvèrent une lueur d’espoir en apercevant Hagrid.
« Vous en avez mis du temps Rusard !
- Pestez contre ces petits vauriens ! Ils traînent des pieds !
- Bon… » déclara Hagrid en observant les mines des enfants devant lui, « Allons-y, on a du travail. »
Rusard parti, abandonnant les enfants au demi-géant. Et ils en furent excessivement soulagés. Iladys, Ron, Hermione et Neville retrouvèrent un semblant de bonne humeur, et même Drago retrouva des couleurs.
« Qu’allons-nous faire Rubeus ? », demanda Iladys en marchant à ses côtés.
« Il se passe quelque chose dans la forêt. Une créature inconnue s’en prend aux licornes. Nous devons la trouver. »
Aucun d’eux ne trouva cette perspective très rassurante, mais ils ne dirent un mot. C’est dans un silence parfait qu’ils pénétrèrent dans la forêt, collant au plus près Hagrid et Crokdur. Hagrid leur montra du sang de licorne.
« Bon, il va falloir se séparer. Iladys, Malefoy et Londubat, vous irez avec Crokdur dans cette direction. », il indiqua un chemin, « Ron, Hermione et moi, nous allons à l’opposé. »
Iladys lança des yeux éperdus à Hagrid, mais il se contenta de lui sourire. Alors qu’ils s’éloignaient avec lui, Ron et Hermione lui lancèrent des regards désolés. Elle se retrouva seule avec Neville, qui la détestait, et Drago, dont les sentiments n’étaient guère plus amicaux. Crokdur était assis à côté d’elle, comme attendant qu’elle bouge.
« Bon, on va pas y passer la nuit. », déclara Drago.
Iladys lui jeta un coup d’œil. Il n’était pas aussi à l’aise qu’il voulait le laisser paraître. En réalité, il était mort de peur. Elle ne pouvait pas franchement lui en vouloir. Neville n’avait pas meilleure allure, mais il était toujours décidé à ne pas lui accorder la moindre attention. Drago avait pourtant raison, il fallait bien avancer. Ils se mirent donc en route sur le chemin indiqué. Neville marchait à une bonne distance d’Iladys, Crokdur à côté de lui. Drago et Iladys marchait côte à côte, à la grande surprise de cette dernière.
« Qu’est-ce que tu fais à Gryffondor ? », demanda-t-il, assez bas pour que Neville ne l’entende pas.
Elle porta quelques instants son regard sur Drago. Pour la première fois, il n’y avait ni colère, ni haine, ni la moindre trace d’arrogance dans ses yeux. C’était une vraie question, manifestation de sa surprise.
« Le choixpeau m’y a envoyé.
- Oui, mais pourquoi ? Normalement, tu aurais dû être à Serpentard, avec moi. »
Il prononça ce dernier mot comme si elle lui avait fait un affront personnel. Il semblait réellement vexé et blessé que sa si fameuse cousine ne soit pas dans la même maison que lui. Iladys haussa les épaules.
« Qu’est-ce que j’en sais moi ? »
Elle n’avait pas du tout envie de lui avouer qu’elle avait demandé à être à Gryffondor, parce qu’elle ne voulait rien avoir à faire avec tout ce qui se rapportait à son père. C’était une conversation qu’elle ne souhaitait pas avoir avec un cousin qu’elle connaissait à peine.
« C’est à cause de l’influence de Dumbledore. C’est ce que dit mon père. »
Iladys ne put s’empêcher de lever le ciel, mais il ne s’en aperçut pas. Drago en appelait toujours à l’autorité de son père, un vrai fils à papa.
« Tu sais, normalement, mes parents auraient dû te recueillir. Mon père et ma mère le voulaient. Nous sommes ta plus proche famille. Mais Dumbledore s’y est opposé, il t’a volé. »
Iladys ne le voyait pas comme ça. A vrai dire, elle avait quelque peu oublié que Drago était bel et bien son cousin, et oui, il avait raison, il était la plus proche qu’elle avait. Après tout, leurs mères étaient sœurs. Mais Iladys n’éprouvait pas le moindre regret de n’avoir pas grandi avec sa famille. En plus, si elle ne se trompait pas, sa mère avait une autre sœur. Alors elle n’aurait pas forcément été avec les Malefoy. Dumbledore lui avait raconté, lorsqu’il lui avait parlé de sa famille, que les Malefoy s’étaient battus bec et ongles pour pouvoir l’adopter, mais leur lien avec Voldemort, bien que Lucius Malefoy affirmât être victime de l’imperium, avait grandement refroidi le Ministère. Les Tonks, par contre, ne s’étaient absolument pas opposés à ce que Dumbledore l’adopte. Comme elle ne répondait pas, Drago décida de continuer la conversation, même s’il devait le faire seul.
« Tu aurais été bien avec nous. J’habite dans un magnifique manoir. Mon père travaille, évidemment, donc je passe mes journées avec ma mère. Imagine, on aurait passé nos journées ensemble, avec maman et les elfes de maisons pour s’occuper de nous. »
Il continuait en décrivant la vie merveilleuse qu’elle aurait eu à ses côtés. Elle écoutait, lui jetant un regard curieux. Il lui semblait que c’était surtout lui, qui aurait voulu avoir une sœur à ses côtés, pour combler une certaine solitude. Mais, soudainement, ils s’arrêtèrent. Drago ne prononça plus un mot. Devant eux, une licorne gisait sur le sol, son sang coulait d’une plaie, d’où une créature buvait goulûment. Comme hypnotisés, ils regardèrent la scène en silence, jusqu’à ce la créature s’aperçoive de leur présence. Elle releva sa tête, ou tout du moins ce qui lui en servait. La créature ne semblait être qu’une cape évanescente. On ne distinguait aucun trait. Drago hurla, et partit en courant, sans demander son reste, sans un regard pour ses camarades, suivait par Crokdur, qui hurlait à la mort. La créature s’approcha, glissant vers Iladys. Surprise, Iladys trébucha, et s’affala par terre. C’est alors que Neville se posta devant elle, se tenant entre elle et la créature. Iladys écarquilla les yeux. Elle avait oublié qu’il était là. Elle pensait qu’il était parti en courant avec Drago et Crokdur. Mais il était là, Neville, sa baguette dans une main, même s’il ne semblait pas savoir qu’en faire. La créature sembla surprise, et s’arrêta quelques instants. Mais cela ne dura pas. Manifestement, elle ne considérait pas Neville comme une menace. Iladys sortit sa baguette, et la tendit vers le ciel, avec l’intention de lancer vermilieux. Dumbledore lui avait appris ce sort il y avait longtemps, au cas où elle ait besoin d’aide. Elle ne l’avait jamais lancé, mais elle avait clairement besoin d’aide. Mais avant qu’elle ait pu lancer quoique se soit, un centaure s’interposa entre la créature et Neville, et frappa la chose de ses sabots, qui partit sans demander son reste. Neville et Iladys étaient bouche bée. Neville s’écarta alors que le centaure tendait une main à Iladys pour qu’elle se relève.
« Vous ne devriez pas être ici. Ce n’est pas sûre. Je vais vous ramener à Hagrid. »
Il se pencha, afin que les enfants montent sur son dos. Iladys s’y glissa d’abord, puis Neville vint derrière elle.
« Je m’appelle Firenze.
- Je suis Iladys.
- Je sais très bien qui tu es. »
Alors même les centaures la connaissaient.
« Je suis Neville. »
Ce dernier s’accrochait timidement à Iladys, qui se tenait elle-même du mieux qu’elle pouvait à Firenze, sans lui faire le moindre mal.
« « Enchanté Neville. Tu as été très courageux. »
Neville balbutia un merci, et Iladys était bien d’accord.
« Qu’est-ce que c’était ? », demanda-t-elle.
« Une chose qui ne devrait pas être. Que sais-tu des licornes, petite Jedusor ? »
Iladys fit la moue. Elle n’aimait pas trop qu’on l’appelle par son nom de famille.
« Pas grand chose. », avoua-t-elle.
« Se sont des créatures très pures. Boire du sang de licorne, cela permet de rester en vie. Mais cela détruit ton âme. Pour boire du sang de licorne il faut être désespéré. »
Il s’arrêta soudain, arrêté par deux autres centaures qui arrivaient au galop.
« Firenze ! Comment oses-tu ? »
Iladys et Neville se resserrèrent l’un contre l’autre. Ces centaures semblaient bien moins amicaux.
« Porter des humains sur ton dos !
- Se sont des enfants innocents.
- Innocent ! Des sorciers ! Surtout elle ! », déclara un centaure en indiquant Iladys du doigt.
Elle frémit, blanchie, et baissa la tête.
« En plus, on ne se mêle pas des affaires des hommes.
- Je me mêle de ce que je veux. Et je vais ramener ses enfants en sécurité. »
Sans plus un mot, il continua son chemin. Ils retrouvèrent Hagrid, Ron et Hermione, qui, alertés par les cris, avaient retrouvés Drago et Crokdur. Neville et Iladys descendirent de Firenze. Le centaure se pencha délicatement vers son oreille.
« Prudence Iladys. La créature en a après la pierre à Poudlard. »
Elle le regarda sans comprendre, alors qu’il partait après un salut à Hagrid, qui le remerciait. Ils reprirent, tous ensemble, le chemin du château. Hagrid tenait Iladys par la main, qui lui racontait en détails tout ce qui s’était passé.
« Bravo à toi Neville. J’informerai le professeur McGonagall, et le professeur Dumbledore. Je suis sûre que tu auras des points de Maison. », déclara Hagrid en se tournant vers lui.
Neville rougit, tout comme Iladys lorsque leurs regards se croisèrent.