Ce matin j'ai trouvé un mot par terre. Avec la pluie de la veille, il était tout humide mais on pouvait distinguer facilement l'écriture. Attiré par la mention « ne pas lire », il n'en fallait pas plus pour que je le prenne, curieux que je suis. Si la lettre est facile à lire, l'écriture et la syntaxe trahissent une banale histoire d'adolescents. L'auteur de la lettre, que je suppose être une jeune fille, sans aucune certitude, s'adresse à sa copine Nelia. Elle cherche à réconforter son amie et lui transmet son soutien par rapport à Gabriel. Je comprends entre les lignes que Nelia a dû dire à ce garçon qu'elle ne l'aimait pas autrement qu'amicalement. Gabriel ne semble pas l'accepter et doit probablement le faire payer à Nelia.
L'autrice inconnue de cette lettre me ramène instantanément dans mes années collège et lycée. Avec toutes ces histoires d'amitié, d'amour. Elles sont fondatrices ces histoires. Elles peuvent nouer les plus belles amitiés. Je me reconnais dans cette adolescente. J'ai écrit des lettres plus jeunes et des centaines de messages pour soutenir pas mal de copains dans leurs déboires amicaux ou sentimentaux. Merci à toi jeune écrivaine méconnue, tu m'as fait revivre de doux souvenirs.
Plus récemment, j'ai écrit deux lettres. Une pour mon premier amour dont la séparation en cours était très difficile. Une autre à une collègue, témoin aux premières loges de notre séparation. Les sentiments amicaux, amoureux se sont mélangés et pendant une soirée très arrosée, je lui avais probablement exprimé mes sentiments contrastés. Probablement car je ne me souviens pas de grand-chose, comme habituellement quand j'ai trop bu. Je lui ai écrit une lettre. Enfin, elle m'était surtout destinée. Dans un moment de tourment intense et profond et en même temps de clairvoyance inconsciente, je lui disais que le fait qu'elle me plaise n'avait finalement aucune importance, je voulais simplement partager des moments avec elle en dehors du travail. Des moments de vie. C'est ce que nous faisons en ce moment même.