L’amour et le clown Zygo

Les amours des enfants sont violentes

Graves comme celles des adultes

Elles sont sensuelles tout autant

Laissez-moi vous conter comment

 

J’avais neuf ans et je lisais énormément

Les histoires des Grecs et des Egyptiens

Toutes les mythologies qui tombaient sous ma main

Dans la collection « Contes et légendes »

Aux couvertures jaunes ou orange

Les blanches aussi, et puis Jules Verne

Après le déjeuner, j’allais rarement jouer dehors

Je lisais à côté d’une fille

N’importe laquelle, j’aimais leur proximité

Belle ou laide, ça n’avait pas d’importance

J’appréciais mieux le livre ainsi

Car je mêlais à la lecture le plaisir de la sentir tout près

Parfois, je lui montrais quelque chose sur une page

Alors ses cheveux caressaient ma joue

Et dans ma tête je ne savais plus

Si c’étaient les lignes du récit

Ou celles de ses mèches que je suivais des yeux

 

Pendant les vacances, nous allions dans le Sud

Pour les fêtes de la Madeleine

Trop jeune, je n’assistais qu’à un spectacle

On me confiait, pour le reste de la feria

À un clown qui s’appelait Zygo

Il gardait avec son nez rouge

Tous les enfants dans mon cas

C’était un être lamentable

Qui m’ennuyait profondément

Dès le premier jour il avait compris

Que je ne voulais pas jouer avec lui

Une haine tacite et réciproque

Fermenta dans nos cœurs puérils

 

Socialement, il était le plus fort

Mais je voyais sous son maquillage

Que c’était un vieil homme usé

Chaque jour le même manège recommençait

Je m’asseyais avec un livre

Le gros clown annonçait une activité réjouissante

Telle que sauter dans des sacs

Ou jouer avec des cerceaux

Ou s’envoyer une balle sur la tête

Il venait alors me chercher

Pour me faire participer

 

Je refusais, il me forçait

Il avait le droit

C’était lui le clown

Mais j’avais ma propre stratégie

Le sac, je sautais à côté

Le cerceau, je le tordais

La balle, je la perdais

Et Zygo finissait par dire

« Qu’est-ce qui m’a foutu un gamin pareil ? »

Puis faisait à ma place les gestes qu’il attendait de moi

Tout en me congédiant avec mépris

Et je reprenais ma lecture

Je laissais ainsi Zygo prendre sa revanche

Contre ceux qui lisent des livres

Et j’avais la paix pour le reste de l’après-midi

 

L’année suivante, une jeune lectrice fit son apparition

Dans le cercle des enfants de Zygo

Comme à mon habitude, je m’assis à côté d’elle

Elle avait des pommettes rouges et les cheveux longs

Nous parlâmes de nos livres

Elle non plus n’aimait pas Zygo

Nous nous moquions de lui dans son dos

Pour la première fois de ma vie

Je fis la lecture à quelqu’un

Qui m’écouta religieusement

 

Je compris que la petite fille

Prenait le même plaisir que moi

Et les instants qu’habituellement

J’étais obligé de voler

Elle me les donna d’elle-même

Si bien que des heures tempe à tempe

Nous lûmes le même livre ensemble

Comme je ne lisais plus vraiment

À chaque page, je l’attendais

Alors je m’abandonnais

Aux parfums, aux douceurs électriques de ses cheveux

À cette ivresse qui monte comme une rougeur

Quand l’aise qu’on ressent est trop grande

Et plusieurs fois je soupirais

Et cela la faisait sourire

 

La fin de l’après-midi chez Zygo

Fut pour une fois très douloureuse

Quand mes parents vinrent me chercher

Je me tournai vers elle et lui dis au revoir

Elle qui n’avait cessé de sourire

Avait des traits durs et sévères

Comme je me retournais

Elle saisit mon bras et tira

Puis déposa sur ma joue un puissant baiser

 

Plusieurs années plus tard encore

Dans les arènes de Mont-de-Marsan

Je pensais à cette petite fille

Et je ne regardais pas le taureau mourir

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Alésia
Posté le 20/01/2025
Bonjour Paul,
Jeannie m'a vivement conseillé de passer découvrir tes écrits. Moi qui d'ordinaire suis relativement peu réceptive à la poésie (exceptons tout de même quelques auteurs clefs), je me suis prise d'un grand intérêt pour la tienne.
Peut-être me suis-je quelque part retrouvée dans cet enfant qui enfouit le réel sous les pages de ses livres, ramené au réel le temps d'une communion presqu'irréelle.
Ou peut-être l'adulte que je suis est stimulée, car impossible de ne pas penser à l'excellent "Pratiques de la lecture" de R. Chartier. Les "lettreux" doués en critique doivent s'éclater à te décortiquer.
Paul Genêt
Posté le 10/02/2025
Bonjour Alésia, mille pardons pour le retard avec lequel je réponds à tes commentaires, j'ai un peu décroché de PA (trop de travail IRL comme on dit ici !). Merci à Jeannie de conseiller mes textes, c'est très flatteur, d'autant qu'elle-même a une plume sombre que j'aime beaucoup. Je me retrouve dans ta description de l'enfant enfoui sous les pages des livres. J'ai récemment été bousculé par une interview de George R. R. Martin expliquant qu'il était incapable de dire à côté de qui il était assis en cours à 13 ans mais qu'il se souvenait parfaitement des aventures de Bilbon. La vie intérieure est parfois tellement plus riche que la vie réelle !
Saskia
Posté le 13/12/2024
Coucou Paul !

J'ai lu les trois premiers poèmes et j'ai bien aimé. Ils étaient tous intéressants, chacun à leur manière. Même si n'ayant jamais lu Maïakovski je n'ai pas pu profiter pleinement de l'hommage que tu fais à sa poésie. (mais ça m'a donné envie d'aller jeter un œil à ses écrits ^^ alors merci pour la découverte !)

J'ai malgré tout une préférence pour ce tout premier poème je crois. C'était touchant cette rencontre avec la petite fille et le lien fort qui se crée grâce à l'amour commun de la lecture. Et puis, j'ai jamais trop aimé les clowns, moi non plus.
Paul Genêt
Posté le 20/12/2024
Bonjour Saskia ! Merci pour ton passage par ces Gammes. Il est vrai que ce poème, tout comme Le Grand Chat bleu un peu plus loin, fait partie de ces contes poétiques dont le ton est sans doute moins froid que mes autres textes. Je comprends qu’il ait ta préférence. En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu de sentiments hostiles aux clowns, mais pas d’attirance particulière non plus. Avant cet épisode, nous vivions dans une indifférence mutuelle qui convenait à chacun. Mais lui avait la douloureuse mission de s’occuper de moi, ce dont je n’avais pas du tout envie. Et il prenait sa mission un peu trop à cœur !
Belisade
Posté le 08/12/2024
Bonjour Paul Genêt,
Très joli poème. Il navigue autour du plaisir de la lecture d'un enfant qui peut ainsi s'évader et rêver, sachant que le plaisir est augmenté par le frôlement de cheveux sur la joue. Le clown Zygo, pas drôle pour un clown ce qui est bien souvent le cas, gâche ce bonheur de la lecture. Le narrateur ne peut être sauvé que par une autre petite fille. La lecture devient cette fois partage. Mais finalement, tout semble amertume pour ce narrateur. Heureusement, devenu adulte, ce doux souvenir le sauve du massacre du taureau. Un bien fait finalement. Ainsi va plus ou moins la vie. Merci pour ce moment.
Paul Genêt
Posté le 20/12/2024
Salut à toi Belisade, et merci pour ton passage par ici. Comme à chaque fois que j’ai dû faire face à l’ennui dans mon enfance, je faisais passer le temps en rêvant. Dangereuse occupation quand j’y pense maintenant, car elle peut vite prendre le pas sur la vie réelle et il m’a ensuite fallu beaucoup d’efforts, parfois, pour sortir de mes rêves et regarder la réalité en face. C’est malheureusement ce qui s’appelle grandir peut-être ?
Isapass
Posté le 06/12/2024
Bonjour Paul !
Alors d'abord, j'ai évidemment lu avec plaisir l'extrait de Cyrano que tu as choisi en guise d'introduction ! Je suis une inconditionnelle de Cyrano, à tel point que j'ai tenté (pour rire et avec beaucoup de respect !) d'écrire une fin alternative pour ce héros entre tous les héros !
Passons à ce très joli texte : j'ai beaucoup aimé sa douceur, cette promenade vers le thème des premiers émois mêlant sensualité et spiritualité autour de la lecture. Je dis promenade parce que les digressions du texte m'ont fait cet effet. Je dis digressions mais elles abordent des thèmes tout aussi importants : la solitude, la différence, la cruauté, l'âge adulte...
Bref, j'ai beaucoup aimé suivre ce chemin, d'autant plus inattendu que je ne lis ni n'écris de poésie. C'est la beauté des Histoires d'Or que de nous inciter à sortir de nos zones de confort. En tout cas, je suis admirative de ta plume et de tout ce que tu parviens à faire passer dans un texte si court !
Paul Genêt
Posté le 06/12/2024
Mais oui Isapass ! J'ai lu et, si mes souvenirs sont bons, commenté ta fin alternative qui m'avait beaucoup plu ! Quant à ce texte, il est écrit effectivement comme une promenade, sans autres contraintes que celles qu'il s'est donné tout seul en s'écrivant. Il est de la même époque qu'un autre poème, un peu plus loin dans le recueil, Le grand chat bleu et correspond à la même volonté de libérer ma plume d'un carcan trop étroit et trop éprouvant dans laquelle je l'avais enfermée.
Isapass
Posté le 07/12/2024
Oh mais oui, pardon pour ma mémoire défaillante : ton commentaire m'avait fait bien plaisir, en plus.
Merci pour tes réponses très pédagogiques !
Edouard PArle
Posté le 26/11/2024
Coucou Paul !
J'ai adoré ce poème. Il m'a vraiment ému.
Tu nous fais voyager avec ton narrateur, naviguer entre les émotions et les scènes. J'ai trouvé les passages de lecture super chouettes, super mignons. J'ai beaucoup aimé le passage de moments volés à une amitié offerte, la scène du baiser est très chouette.
Et puis le clown Zigo, la chute avec la mort du taureau viennent ajouter de la personnalité au texte, un petit côté absurde qui fonctionne bien. J'avoue que je ne suis pas sûr de comment interpréter la chute, j'aime bien la vision d'Artichaut.
Mes remarques (mes passages préférés plutôt pour le coup xD) :
"Parfois, je lui montrais quelque chose sur une page Alors ses cheveux caressaient ma joue Et dans ma tête je ne savais plus Si c’étaient les lignes du récit Ou celles de ses mèches que je suivais des yeux" super passage !
"Dès le premier jour il avait compris Que je ne voulais pas jouer avec lui Une haine tacite et réciproque Fermenta dans nos cœurs puérils" xD très drôle !
Je continue...
Paul Genêt
Posté le 26/11/2024
Bonsoir Edouard, merci pour ton passage et ton commentaire. Je note que tu es passé avant certaines plumes jalouses de ton don d'ubiquité... Pour tout t'avouer, je ne suis pas sûr non plus de la manière dont il faut interpréter la chute ! Elle s'est imposée parce que c'est un souvenir authentique. Que la force vitale d'un élan vers l'autre ait supplanté le spectacle de la mort, je trouve que c'est pas mal.
Edouard PArle
Posté le 26/11/2024
"Je note que tu es passé avant certaines plumes jalouses de ton don d'ubiquité.." Je cherche encore les histoires où elles m'auraient soit disant précédé xD
Non, franchement c'est une très belle trouvaille ! au lecteur de se faire une interprétation (=
Artichaut
Posté le 23/11/2024
Un joli poème (très clair - simple sans jamais être simpliste). Je me suis laissé transporter par ces amours de vacances / d'enfance. La métaphore finale entre le monstre clownesque (ou le clown monstrueux) et la mise à mort du taureau en pleine corrida est à la fois visuelle et saisissante.

Je file lire la suite :)
Paul Genêt
Posté le 23/11/2024
Bonjour Artichaut ! Merci pour ton passage par ici ! Je suis très content que ce texte t'ait plu. Tu es le premier à établir un rapport aussi clair entre le clown et la mise à mort. C'est surtout l'absurdité, l'absence de sens, qui les relie. Mais l'absence de sens ne peut-elle pas être qualifiée de monstrueuse, comme tu le fais ? Je suis séduit par cette façon d'interpréter la fin de ce poème.
Bruns
Posté le 22/08/2024
Salut Paul,
joli souvenir des amours de jeunesse qui hantent tous nos esprits.
Ce texte nous ramène aux notres.

Merci pour ça.

Il y a juste cette derniere phrase qui interpele ! que vient elle faire ici. elle choque un peu, elle questionne.

C'est ma préférée :-)

Bruns
Paul Genêt
Posté le 22/08/2024
Salut Bruns,

C'est que la rencontre avec cette petite fille a eu lieu dans le contexte de la feria de la Madeleine, à Mont-de-Marsan. Pendant que mes parents allaient assister à des corridas, on me faisait garder par ce clown Zygo. Plus tard, on m'a emmené voir davantage de corridas. Je crois que j'ai vu ma première becerrada à 6 ans. Plus tard, j'ai fini par condamner ces "spectacles" mais j'ai été élevé dans l'admiration d'Hemingway et de la tauromachie. Bref, il est vrai que, malgré mon hostilité à l'égard du clown, j'ai passé de nombreuses heures assis dans les arènes à souhaiter y retourner dans l'espoir de la revoir et à repenser à elle au lieu de regarder ce qui se passait sur le sable...
Pinky Nuage
Posté le 21/08/2024
Coucou Paul,

Cette poésie est je trouve très nostalgique, on se ballade à travers les souvenirs d'enfance d'un garçon qui n'arrive pas à oublier cette jolie jeune fille et ce clown (je trouve) très attachant. C'est beau. La fin est belle bien qu'assez triste et renforce encore plus cet aspect nostalgique. J'ai beaucoup aimé ! Hâte de lire tes autres poésies !

Pinky Nuage
Paul Genêt
Posté le 22/08/2024
Bonjour Pinky Nuage. Oui, il y a certainement de la nostalgie à l'origine de ce texte. Je suis content qu'il t'ait plu. Au plaisir de te revoir par ici !
Baladine
Posté le 01/05/2024
Bonjour Paul,

Je découvre ce premier poème avec plaisir. Il y a beaucoup de sensualité et de douceur dans ces moments de lecture à deux. J'étais assez en empathie avec Zygo qui me semblait souffrir de la situation, tout en comprenant le besoin d'espace et de paix des enfants. Les vers sautillants donnent une impression de légerté à ce récit tout en laissant l'espace et les vides liés à la nature des souvenirs.

A bientôt !
Paul Genêt
Posté le 02/05/2024
Bonjour Baladine, merci pour ton passage par ici. Je suis heureux de lire que ce poème t'a plu. Avec le temps, j'ai également appris à mieux comprendre Zygo. Mais enfant, je reconnais bien volontiers que je lui en voulais beaucoup. Et oui, c'est un poème qui se veut léger et, en même temps, j'avais envie de montrer que les sentiments des enfants sont très puissants et nous marquent durablement.
Francois6po
Posté le 16/04/2024
Bonjour

Alors, déjà, mettre du Cyrano dans l'introduction du recueil, c'est une bonne manière de me faire frétiller. Bien joué :)

Ce texte est très beau. On a souvent l'impression que pour faire de la poésie il faut des rimes et de la métrique, mais pas forcément. La poésie c'est aussi une question de rythmique, de musicalité des phrases, et d'émotions évoquées. Il y aurait sûrement moyen de le mettre en musique,

Et la fin... ah cette fin me tire une petite larme.
Paul Genêt
Posté le 16/04/2024
Salut Francois6po, ça me fait plaisir de te voir par ici, surtout quand j'apprends que tu partages mon amour pour Cyrano ! Merci beaucoup, donc, pour ton commentaire. Je comptais justement aller jeter un oeil à tes poèmes sous peu ! Pour te répondre sur la musicalité, quelques uns de mes textes ont été mis en musique par une amie, mais pas celui-ci. Je lui en parlerai... Bonne soirée à toi.
JeannieC.
Posté le 12/02/2024
Salutations !
Me voici pour me plonger enfin dans tes écrits, et j'ai parcouru avec plaisir et émotions ce premier poème. Un conte et une confidence autant qu'un poème d'ailleurs. Beaucoup de tendresse dans les habitudes de ce petit lecteur, qui aime lire en compagnie d'une demoiselle. Le livre, ça se partage après tout, c'st un bel objet vivant - on va à contre-pied de l'idée que l'activité intellectuelle est solitaire.
Les quatre premiers vers sont très beaux, avec la douceur de cette voix de conteur.
Intéressante aussi, cette réflexion sur le clown Zygo. Il y a de l'effrayant et du tragique dans l'attitude de ce clown, mécanique et vide, qui génère l'agressivité de l'enfant - et en même temps on sent un fond d'empathie pour le vieil homme derrière le clown à un moment donné.

"Je pensais à cette petite fille
Et je ne regardais pas le taureau mourir"
> J'aime beaucoup !

Des sons et des rythmes prenants au fil de ta plume. Tout en simplicité, mais parcouru d'images percutantes, c'est très beau.

À bientôt !
Paul Genêt
Posté le 12/02/2024
Bonsoir à toi JeannieC. C'est un plaisir de lire ton commentaire. L'enfance, c'est un territoire fascinant. J'ai eu une sorte de révélation quand j'ai lu L'Idiot de Dostoïevsky : j'avais l'impression de lire, dans le point de vue du prince sur les enfants, quelque chose que j'avais toujours pensé de façon plus ou moins confuse : le monde de l'enfance est un monde extrêmement sérieux. C'était le point de départ de ce texte. C'est aussi une période où les expériences sont systématiquement neuves et vous prennent à la gorge avec une force inédite. Cette petite fille, j'ai pensé à elle pendant des années ! L'émotion que j'ai ressentie avec elle, qui était tellement plus courageuse que moi et que j'admire encore aujourd'hui pour son adieu plein de panache, je l'ai portée en moi pendant de longues années et puis j'ai voulu en faire quelque chose et ça a donné ce texte. Par ailleurs, le contexte était presque burlesque parce que le clown Zygo, il tentait de m'imposer un univers qui n'avait rien à voir avec le mien et j'aurais sans doute préféré discuter avec le vieil homme qui se cachait derrière le déguisement plutôt que de subir la comédie qu'il nous imposait et que son métier lui imposait. Enfin, derrière tout ça, il y avait la tragédie des courses taurines qu'on m'a imposée dès l'âge de six ans. D'un côté, il y avait la mort, le sang, le taureau qui se traîne toujours vers les planches qui entourent l'arène pour mourir et de l'autre, le clown Zygo... C'est presque une allégorie de l'existence !
JeannieC.
Posté le 12/02/2024
Oh "L'Idiot" ! Comme ça fait plaisir de trouver cette référence mentionnée. Ce roman m'a vraiment marquée - entre autres ce passage à propos des enfants que tu cites. Et toute cette réflexion autour de la bonté absolue de Mychkine, une bonté qui en devient insoutenable - notamment auprès de cette femme qui se complaît dans une autodestruction et, toute brisée qu'elle est, ne peut plus se laisser aimer.

Quant au clown, c'est une figure qui me parle beaucoup aussi ! Les bouffons tragiques, tout ça. Notamment dans cette dissonance que tu décris : un homme fragile masqué derrière les "mécaniques plaquées sur du vivant" (pour citer l'autre ~) que sont ses blagues et ses mimiques. Plusieurs de mes personnages fonctionnent un peu sur ce modèle - un des personnages des "Étonnants Chemins du repentir", qui pour survivre s'accroche à des attitudes à la Dom Quichotte ; et dans un autre roman que j'ai en préparation, un bouffon difforme qui, derrière son humeur déjantée, construit sa propre destruction et celle des gens dont il veut se venger.
Alors oui, cette allégorie dans ton poème a su venir me chercher sur des leitmotives qui me sont chers.

Je repasserai pour les prochains poèmes !
Fannie
Posté le 16/06/2020
Coucou Prof82,
Il y a déjà un certain temps que je voulais lire quelque chose de toi, alors me voici.
Ce récit est émouvant. S’il est poétique, à mon avis ce n’est pas seulement à cause de sa forme de poème que, paradoxalement, j’oublie par moments. Pourtant les vers donnent au texte un rythme qu’il n’aurait pas autrement et qui ajoute à son charme.
La haine ressentie envers ce clown m’a paru violente, voire excessive. C’est sûr, il est casse-pieds, mais il n’en méritait probablement pas autant. Cela dit, c’est normal pour un enfant. D’ailleurs moi aussi, je détestais qu’on m’oblige à participer à des activités physiques.
C’est un plaisir de lire les beautés de ta plume et je vais savourer tes gammes poétiques l’une après l’autre.
Petite coquille : Je me tournai vers elle et lui dit au revoir [dis]
Paul Genêt
Posté le 16/06/2020
Bonjour Fannie. Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait très plaisir. C'est vrai que ce clown n'était pas si terrible finalement mais, je dois bien le reconnaître, je n'étais pas un enfant très bienveillant et je manquais d'humilité. Et puis j'avais tendance à régler mes problèmes dans ma tête plutôt qu'en exprimant à haute voix ce que je voulais : on est beaucoup plus péremptoire et intransigeant quand l'autre n'a pas voix au chapitre ! Merci également pour ta correction, j'ai fait la modification. Comme je l'ai expliqué à d'autres, je suis très peu présent sur PA ces derniers temps pour diverses raisons mais je réponds aux commentaires et je vais revenir dès que possible pour y poursuivre mes lectures et reprendre mes projets (j'ai déjà lu certains de tes textes qui m'ont impressionné, en particulier tes textes de jeunesse mais je veux pouvoir prendre tout mon temps pour les commenter). Au plaisir de te lire à nouveau.
Fy_
Posté le 30/05/2020
C'est magnifique,
Ton poème très agréable à lire retrace une histoire assez émouvante, c'est fluide et très bien écrit, j'adore :)
La fin est un peu triste, mais très belle.
J'aime beaucoup cette idée du petit garçon qui aime lire en présence d'une fille, ça ajoute un certain charme à ton récit :)

Le première strophe nous plonge dans le contexte, et tu as raison, les amours d'enfance sont souvent les plus marquants.

Merci pour cette agréable lecture,
Bonne continuation :)
Fy
Paul Genêt
Posté le 30/05/2020
Bonjour Fy, je te remercie pour ton commentaire élogieux. Je suis malheureusement totalement absent de PA depuis de longs mois pour diverses raisons indépendantes de ma volonté et ça me manque énormément. Je n'ai toutefois pas du tout renoncé à continuer à publier dès que je le pourrai. Je tiens beaucoup à ce petit texte poétique qui est l'un des rares dont je sois vraiment satisfait et je suis heureux de constater qu'il réveille chez ses lecteurs des émotions d'enfance. Comme toi je suis convaincu qu'elles sont les plus fortes et tout aussi sérieuses que celles des adultes. Merci pour ta lecture et ton message et bonne continuation à toi également sur PA.
Liné
Posté le 12/01/2020
Oh, qu'est-ce que c'est beau ! Et tout léger. Tu nous as livré une histoire très simple mais à multiples interprétations possibles, avec des mots simples mais très colorés, et une langue simple mais très imagée et poétique. Bref : comment remodeler la simplicité pour la magnifier - un grand bravo !

Je ne m'y connais pas en poésie et en histoire de la poésie, mais j'ai un goût particulier pour le son, la couleur et les interprétations des mots. Et ça n'a pas forcément grand-chose à voir, mais ce texte m'a fait penser à ceux issus du film Paterson, de Jim Jarmush.

Bref, merci pour cette belle découverte du dimanche matin, et à très vite !
Paul Genêt
Posté le 12/01/2020
Bonjour Liné, tes mots me touchent d'autant plus que ton écriture, même si je n'ai pas encore commenté tes textes, m'impressionne par sa précision et sa sensibilité. Merci beaucoup.
Je suis arrivé à l'écriture, très tôt, par la poésie. Mon rapport à elle était donc antérieur à toute connaissance sur la question si bien qu'aujourd'hui, un peu curieusement, je sépare totalement le rapport universitaire que j'ai eu avec la poésie pendant mes études - ou le rapport didactique que j'entretiens avec elle en tant qu'enseignant - de ma pratique de l'écriture poétique. Autrement dit, j'aime l'idée qu'on puisse avoir un rapport immédiat à la poésie, sans forcément connaître son histoire et ses techniques, même si je n'en dénigre pas l'intérêt.
Je n'ai pas vu Paterson de Jim Jarmush mais ce que tu m'en dis m'intrigue. J'ai adoré certains films de Jarmush, en particulier Coffee and cigarettes, je vais donc trouver une occasion de voir Paterson sous peu.
Bon dimanche à toi et à bientôt sur PA, je compte bientôt te lire et commenter tes textes.
Ives
Posté le 08/01/2020
Bonjour,
Quelle magnifique histoire mise en poème d'une plume de maître. Votre style et votre manière d'écrire me font immédiatement penser à ce grand écrivain français qu'était Marcel Pagnol. Ces récits sont pleins de chaleur et d'odeur, ce que je ressens également chez vous.
Cette histoire, car c'est un poème mais aussi une histoire, semble être sortie de votre propre vécu.
J'aime beaucoup votre titre "Gammes poétiques".
Continuer ainsi.
Paul Genêt
Posté le 08/01/2020
Bonjour Ives, je vous remercie vivement pour votre commentaire élogieux. Le titre "Gammes poétiques" me vient d'une époque, lointaine maintenant, où je travaillais sur un projet de long poème narratif auquel je consacrais tous mes efforts. Au bout de plusieurs années, ce projet m'étouffait et j'ai ouvert un fichier intitulé ainsi, "Gammes poétiques", pour libérer ma plume, écrire des textes plus courts et moins contraints. C'était une sorte d'espace de créativité où je me laissais même parfois un peu divaguer. Et ça m'a fait un bien fou ! Finalement, ce fichier est devenu mon principal chantier, beaucoup plus fécond que le premier. Alors moi aussi, j'aime ce titre ! Au plaisir de vous recroiser sur PA.
Ives
Posté le 08/01/2020
Au plaisir également. N'hésitez pas à commenter mon histoire !
Loura
Posté le 20/12/2019
Salut,
C'est une très belle histoire et on voit que tu as chercher à nous faire passer tes sentiments dans ta poésie.
Cette histoire irait aussi très bien dans un roman.
Paul Genêt
Posté le 20/12/2019
Merci beaucoup. La poésie est ce par quoi je suis arrivé à l'écriture. A mon sens, elle est partout, y compris dans les romans.
Cathie
Posté le 20/12/2019
Voilà une bien jolie histoire, très touchante, et qui prend un sens poétique tout particulier parce que c'est ... un poème.
Ça pourrait faire une belle histoire... en vrai !
J'ai beaucoup aimé, merci
Paul Genêt
Posté le 20/12/2019
Tu as raison, le simple fait de nommer un texte "poème" change la lecture qu'on en a. J'ai écrit d'autres textes poétiques qui relèvent d'une facture plus classique. Je vais publier tout cela petit à petit.
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