Le lendemain matin, Iladys fut réveillée par des ronronnements, et de légers coups de têtes poilues. Elle ouvrit faiblement les yeux, pour voir les yeux verts de Mio grands ouverts. Le chaton, constatant que sa maîtresse était enfin réveillée, ronronna de plus belle, et se frotta contre son visage, avant de se mettre à la lécher. Iladys daigna sortir sa main de sous sa couverture pour caresser l'animal, qui se mit à lui lécher les doigts de sa langue râpeuse. La porte s'ouvrit, et la stature imposante d'Hagrid apparut. N'ayant pas vu qu'Iladys était réveillée, il alla directement ouvrir les volées. La jeune sorcière émit un grognement lorsque la lumière du soleil pénétra dans la pièce, et se recouvrit entièrement de son épaisse couverture. Ce geste provoqua les miaulements plaintifs de Mio, en manque de câlins et affamé.
"Oh! Mais je vois que quelqu'un est venu te réveiller avant moi !", ricana le géant.
Lentement, Iladys laissa apparaitre son visage, et le chaton revint instantanément s'y frotter.
"Bonjour Hagrid.", dit-elle en se mettant sur son séant.
"J'ai préparé le petit déjeuner. Je t'attend en bas."
Sur ces mots, il quitta la pièce. Iladys contempla sa chambre quelques instants, en caressant son animal, qui ronronnait de plus en plus fort. Puis elle se décida enfin à se lever, dans un léger bâillement. Elle dévala les escaliers, suivit de son chaton. Elle ne se dirigea pas vers la table, où son bol de chocolat chaud fumant l'attendait, comme à l'accoutumée, mais plutôt vers les placards, où elle s'empara d'une poche de croquette pour Mio, et lui en versa dans sa gamelle. Le chaton se frotta contre ses jambes avant de se jeter sur sa pitance. Iladys, accroupie, le visage sur ses mains, l'observa quelques instants. C'était son premier animal, si on ne comptait pas les serpents avec qui elle parlait. Elle se demandait d'ailleurs si elle pourrait parler avec Mio. En tout les cas, elle tenait à bien s'en occuper. Elle allait probablement être son unique amie à Poudlard.
"A ton tour de manger !"
Elle se releva, et vit Hagrid, assis à la table, lui souriant. De sa grosse main, il lui indiqua son bol. Avec un dernier regard pour Mio, elle alla s'asseoir pour prendre son petit-déjeuner.
"Tu as ta liste de fournitures?
- Oui. Elle est dans ma chambre.
- Bien. Dès que tu seras prête, nous partirons pour le Chemin de Traverse."
Il n'en fallut pas plus à Iladys pour engloutir son petit-déjeuner et se précipiter dans la salle de bain. Jamais elle ne fut aussi rapide pour se préparer. Elle pesta même contre ses cheveux, agacée qu’ils soient si long. Elle mit un temps fou à faire une tresse correcte. Une fois prête, elle alla s'emparer de sa liste dans sa chambre, puis dévala de nouveau les escaliers. Hagrid l'attendait bien sagement dans le salon, une Mio ronronnante sur les genoux.
"Je suis prête !", déclara-t-elle un peu essoufflée.
Hagrid lui sourit, et se leva, le chaton dégringolant jusqu'au sol, un peu mécontent d'être ainsi chasser.
"Allons-y alors !"
Le garde-chasse se dirigea vers la porte d'entrée, mais Iladys restait plantée dans le salon, fixant le chaton qui la regardait de ses grands yeux verts, en poussant de faibles miaulements.
"Qui y a t-il?", demanda Hagrid en faisant demi-tour.
"On ne peut pas l’emmener?"
Hagrid, fixant à son tour l'animal, sembla réfléchir quelques instants.
"Il n'est pas dressé, il pourrait s'enfuir.
- Mais on ne va pas le laisser seul !"
Les londoniens n'avaient probablement jamais vu une scène aussi atypique. Un véritable géant, tenant dans sa grosse main celle d'une enfant, elle-même tenant dans son autre main, une laisse, au bout de laquelle un chaton marchait fièrement, la tête haute. De nombreux visages se tournaient vers eux, un peu effrayés par le géant, mais véritablement amusés par l'animal qui semblait très fier de se promener ainsi. C'était l'unique solution qu'Hagrid avait trouvé. Iladys ne semblait plus vouloir faire un pas sans son animal, et le chaton s'était mis à pousser des miaulements plaintifs, comme s'il était outré qu'on puisse le laisser en arrière.
Ces trois individus arrivèrent donc au Chaudron Baveur. Iladys n'y avait jamais mis les pieds, et son regard parcourut chaque recoin. Mio tirait vainement sur sa laisse, embêté que sa maitresse n'avance plus. Cette dernière avait ralentit le pas, tout en suivant Hagrid, intriguée et apeurée à la fois. Tous les regards s'étaient tournés vers elle.
"Bien le bonjour Hagrid ! La même chose que d’habitude ?"
Iladys se tourna vers le barman, et le fixa quelques instants, avant de replonger dans la contemplation du bar.
"Non, non. J'accompagne Iladys sur le Chemin de Traverse aujourd'hui, c'est tout."
A l'entente de son prénom, le silence s'était fait. Iladys sentit tous les regards la scruter, et ne sut plus où se mettre. Plusieurs la regardaient avec insistance, certains avec curiosité, d'autres avec dégout, puis des murmures commencèrent à se propager dans la pièce. Iladys rougit fortement, honteuse d'être ce qu'elle était. Hagrid, réalisant son erreur, la poussa à l'extérieur. Elle ne vit même pas qu'ils étaient dans une impasse, tellement elle était bouleversée. Dans le monde moldu, au pire, les gens l'insultaient, au mieux, ils l'ignoraient. Mais elle n'avait jamais eu à subir de tels regards meurtriers. Hagrid toussota, et elle releva la tête pour le regarder. Il lui sourit, et tapota le mur face à eux avec son parapluie. Iladys oublia instantanément ce qui venait de se passer. Elle était face au Chemin de Traverse.
Elle ne savait absolument plus où donner de la tête. Le monde de la sorcellerie s'étalait face à elle. Elle allait se faire un torticolis à force de tourner la tête de tous les côtés.
"Nous allons d'abord chez Gringotts. Dumbledore a ouvert un compte pour toi, lorsqu'il t'a adoptée."
Iladys acquiesça silencieusement. Elle était surprise, n'étant pas du tout au courant, mais elle avait tellement de choses à voir, qu'elle avait du mal à capter les informations qu'on lui procurait.
Iladys vit des gobelins pour la première fois de sa vie. Elle ne les trouvait pas très beau, ils avaient un air méchant. Elle avait la sensation qu'elle ne pourrait jamais faire confiance à l'une de ces créatures. Hagrid s'approcha d'un comptoir, et parla avec l'un des gobelins. Iladys n'écouta pas vraiment. Elle regardait autour d'elle, à droite, à gauche, le plafond ; mais elle n'osait jamais poser ses yeux trop longtemps sur l'un des gobelins. Elle finit même par prendre Mio dans ses bras, malgré les protestations du chaton, qui aimait explorer. Elle suivit ensuite Hagrid et un autre gobelin, jusqu'à leur moyen de transport. Hagrid s'installa, et elle fit de même, les yeux de plus en plus écarquillé. Lorsque le véhicule démarra, Mio poussa un cri plaintif. Surprise par la vitesse, Iladys avait resserré son étreinte. Mais une fois habituée, elle pouvait dire qu'elle aimait ça. Sa tresse volait au vent, alors qu'Hagrid passait par toutes les couleurs. Ils s'arrêtèrent brusquement devant un coffre, et le gobelin l'ouvrit. Iladys resta figée de stupéfaction.
"Voilà. On va prendre juste ça, ça devrait suffire pour ta première année."
Le géant s'empara de quelques pièces, les mis dans une bourse, puis la donna à Iladys. Consciencieusement, sans lâcher Mio, elle mit la bourse dans une poche intérieure. Elle n'aurait jamais cru que Dumbledore avait mis autant d'argent de côté pour elle. Elle en aurait largement assez pour ses sept années à Poudlard. Au grand désespoir de Hagrid, ils remontèrent dans leur véhicule. A la grande surprise d'Iladys, ils ne se stoppèrent pas à la sortie, mais devant une autre porte.
"Une petite affaire pour Poudlard. Attend là.", déclara Hagrid en descendant.
Obéissante, quoique curieuse, Iladys ne bougea pas, se contentant de jeter un coup d'œil. Mais avec la masse d'Hagrid, impossible de voir quoique ce soit.
Revenir à la lumière fut un plaisir, quoique ses yeux mirent un peu de temps à s'y réhabituer. Ils s'étaient d'ailleurs éclaircis, ils étaient passés du noir au marron. Les yeux d'Iladys changeaient régulièrement de couleur sans que cela n'étonne plus personne, et surtout pas elle-même. Elle ne se rendait de toute façon pas compte de ces changements. Ses yeux pouvaient être noirs, marron ou verts. Leur teinte naturelle semblant être le noir, avec de légers reflets verts. Sagement, elle suivit Hagrid de boutique en boutique. Chez Fleury et Bott, elle flâna quelques instants, parcourant les ouvrages du bout des doigts. C'est ainsi qu'elle bouscula un jeune garçon.
"Pardon ! Je suis désolée!", balbutia t-elle.
"Ce n'est pas grave.", répondit le jeune homme.
Il avait un visage très rond, et semblait avoir son âge. Il lui sourit aimablement, et elle fit de même. C'était la première fois de sa vie qu'elle rencontrait un jeune sorcier.
"Neville!"
Le sang d'Iladys se glaça instantanément. Le jeune garçon se retourna à l'entente de son prénom, et Iladys put voir une vieille femme arriver vers eux. Paniquée, elle fit volte-face, et courut le plus vite possible à l'opposé. Elle s'arrêta auprès de Hagrid, qui tenait ses livres à la main.
"Tu as fini?
- Oui, oui.", répondit-elle, tout en sortant frénétiquement sa bourse.
Elle sortit aussi vite que possible de la boutique, alors qu'Hagrid la suivait en portant ses livres. Mio n'avait pas trop apprécié la course folle de sa maîtresse, et elle dut tirer plusieurs fois sur sa laisse, pour que le chaton daigne de nouveau avancer. Ils se dirigèrent chez Mr Ollivander. De nouveau subjuguée, et préférant effacer le souvenir de sa rencontre avec Neville, Iladys entra dans la boutique, suivie d'Hagrid. La bouche grande ouverte, son regard parcourut la pièce. Un paradis de baguette. Il y en avait partout, dans des boites, empilés les unes sur les autres, et l'une d'entre elles allait lui appartenir.
"Bien le bonjour Hagrid, et vous êtes...Iladys Jedusor je présume ?"
Cette dernière sursauta, alors qu'elle s'apercevait enfin de la présence du vieil homme.
"Enchanté mademoiselle.", dit-il en lui tendant la main."J'attend votre visite depuis bien longtemps !"
Iladys acquiesça silencieusement, en serrant la main tendue. Puis l'homme disparut sous le fouillis des étagères, sous le regard bienveillant de Hagrid. Il revint avec une baguette, qu'il tendit à Iladys. Elle a prit. Rien ne se passa, et Mr Ollivander sembla grimacer. Il lui reprit la baguette des mains, et repartit. Ce manège dura une bonne heure. Iladys qui n'avait jamais vu de baguettes, ne pensait pas en voir autant d'un coup. Elle réalisait qu'il y en avait des milliers, de formes différentes, de couleurs différentes. Finalement, Mr Ollivander s'arrêta quelques instants, et sembla réfléchir.
"C'est étrange...Et pourtant...Il y a un lien de parenté après tout. C'est fort probable."
Iladys baissa la tête, alors qu'Hagrid fronça les sourcils. Mais Mr Ollivander ne s'en aperçut pas, il était déjà reparti à la recherche d'une nouvelle baguette. Il réapparut rapidement, et la donna de nouveau à Iladys. Cette fois, à peine ses doigts frôlèrent l'objet, son cœur fit un bond dans sa poitrine, alors qu'elle se sentait remplie d'un puissant bien-être.
"Extraordinaire.
- Qu'y a t-il ?", interrogea Hagrid.
"Figurez-vous que cette baguette contient une plume de phénix. Et le phénix en question a fourni une autre plume, pour une autre baguette. Cette dernière n'étant autre que celle de votre père mademoiselle."
Iladys frissonna, alors qu'Hagrid semblait de plus en plus contrarié. La jeune sorcière tendit la baguette au vendeur.
"Je n'en veux pas.
- Oh! Mais sachez que c'est la baguette qui choisit le sorcier, et non pas l’inverse ! Cette baguette vous veut !"
Têtue, et malgré le sourire de Mr Ollivander, Iladys lui tendait obstinément la baguette, en faisant la moue. Hagrid lui tapota sur l'épaule, au point de la faire fléchir.
"Allons, ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un hasard."
Vaincue, Iladys abaissa sa main, y gardant la baguette.
"Je pense que vous ferez d'aussi grande chose que votre père.", affirma Ollivander.
Totalement consterné, Hagrid paya, et ils prirent quasiment la fuite. Iladys n'était plus du tout émerveillée. Elle marchait désormais la tête basse. Le monde de la sorcellerie était merveilleux, mais il lui rappelait constamment qui elle était.