Le chevalier pas de bol

Les roses du Mali

Je suis Ludovic, alias le Chevalier Pas d'Bol.
Un surnom qui me colle à la peau depuis mon enfance.
J'étais d'abord le p'tit Pas d'Bol,
Puis Ludo Pas de Bol,
Et j’ai été promu chevalier un peu par hasard…

En effet, j’étais l’écuyer du roi Cœur de Dragon quand ce dernier a voulu poursuivre la quête du Graal.
Au détour d’une grotte que j’avais au préalable fouillée,
Mon chevalier, valeureux et sans peur, me demanda de l’équiper.

Comme son armure n’était pas correctement entretenue, je dus appliquer une huile que j’avais trouvée dans une échoppe.
Ne lisant pas l’anglais, je ne savais pas ce que signifiait Gazoline.
L’armure et la côte de maille, bien imbibées de ce liquide inconnu mais fortement odorant,
Mon chevalier pénétra dans la grotte.

Malheureusement, celle-ci avait une entrée secrète.
Il dut faire face à un dragon cracheur de feu.
Lorsqu’il ressortit en flammes, hurlant à la mort,
Il finit ses jours en un petit tas de cendres fumantes.

Son armure, créée par Merlin, était indemne, voire même comme neuve.
Le feu l’avait nettoyée en profondeur.
Récupérant la relique magique, je devins donc chevalier par port d’armure.

Le dragon fut ma première victime.
Il était terrifiant, et si je ne me suis pas fait dessus,
C’est que je n’avais ni bu ni mangé depuis presque deux jours.

Désarmé, je tendis les mains.
Dans la précipitation de mon mouvement, un écrou de mon armure de bras s’éjecta à très haute vitesse.
La dite pièce fila droit dans la gorge du dragon,
Qui était en train de préparer sa boule de feu.

Ses poches de liquide inflammable en vue furent crevées par l’écrou,
Et le dragon prit feu de l’intérieur.
Gorge obstruée par le feu, il mourut par suffocation.
Tombant la gueule ouverte sur un rocher,
Une dent se brisa et l’écrou ressortit.

Remontant l’écrou, je récupérai la dent et rentrai au château de feu,
Sans jeu de mots, mon maître....

Si vous n’avez pas la référence, c’est normal…
Mon maître est mort carbonisé…
Donc feu mon maître…

Bref…

L’histoire ne s’arrête pas là, et heureusement.
De retour, je fus proclamé chevalier par le fils du roi, qui ne tarda pas à monter sur le trône.
Ce dernier, adorable, était injustement appelé Ronald le Sanguinaire.
Sanguinaire, oui, mais Ronald… j’avoue ne pas avoir compris…

À son service, je fus confronté à bon nombre de périlleuses aventures.
Mes talents allant de plus en plus haut,
Je parvenais à monter à cheval et à sortir de l’écurie debout.

En effet, il me fallut m’y reprendre à de fort nombreuses reprises…
La poutre du haut de la porte étant basse, j’avoue que la sortie n’était pas aisée…
Jusqu’au jour où un forgeron me donna un conseil : « Peut-être pourrais-tu te baisser légèrement ? »
Sage conseil.

Pas mal de belles victoires couronnèrent mon début de carrière.
Comme lorsque je décapitai par maladresse le chef des bandits de la forêt…
Un certain Robin des Bois.

Ce dernier avait mis des pièges dans lesquels, je dois l’avouer,
Je me retrouvai fort entravé.

Très fier de lui, ce dernier se tenait l'air triomphant...
Il ironisait sur la facilité de son piège et sur la solidité de ses bois...

Toutefois, ce fier gredin n’avait peut-être pas compté sur le poids de mon armure…
Quand je quittai terre, la corde se tendit violemment.
Lorsqu’elle se rompit sous mon poids, la branche, terriblement tendue, se rabattit brutalement sur le cou du jeune homme…