Le petit Jiji escalade le mur d'enceinte du village. C'est le seul moyen d'atteindre la branche du platane – celle qui mène à sa cabane dans les arbres. Le faîte du mur est recouvert de neige. Les moufles s'y enlisent, le petit Jiji ne renonce pas. La plus belle des récompenses l'attend.
Il se dresse, tend les bras en croix, trouve son équilibre. Ensuite, il entame son numéro de funambule. Il craint moins la chute que la réaction de maman s'il déchire sa doudoune. Maman boit pour oublier qu'elle est veuve, un rien l'énerve.
Le petit Jiji atteint la branche sans encombre, s'assoit à califourchon dessus. Son postérieur se frigorifie.
La lentille du télescope dépasse d'une ouverture entre deux planches de la cabane. Les yeux du petit Jiji brillent. Il aime tant regarder les constellations. Se demander dans laquelle vit papa.
Changement radical de pdv avec ce chapitre sans lien visible avec les précédents. Au premier abord, le propos donne envie de sourire ; on imagine ce gamin sur son mur qui grimpe dans sa cabane. Et pourtant, il y a des vérités très dures entre les lignes, l'alcoolisme de la mère, l'absence du père décédé et la mélancolie de Jiji. Tout cela est raconté avec beaucoup de légèreté, en quelques mots, et au final on se demande si Jiji jouant les funambules sur sa branche n'est pas une métaphore d'une vérité plus sombre, celle d'un enfant qui vacille psychologiquement au bord du gouffre. Et là, ce texte très court atteint tout d'un coup une profondeur glaçante qui m'a beaucoup ému.
Je pense que c'est de loin mon préféré pour l'instant.
Au plaisir,
Ori'
Merci beaucoup pour ces jolis mots.
A voir sur la suite...
La présence de ciel étoilé continue à éloigner de l'idée "réfrigérateur" que donnait le titre.
Comme c'est de l'impro - contraintes d'écriture oblige -, je me suis laissé quelques ouvertures au début pour avoir le plus de possibilités pour la suite.
Mais les liens vont se faire petit à petit. Et les quatre POV vont se croiser. ^^
Encore un chapitre bien mignon et innocent. On garde le même ton et c'est bien.
Merci pour me commentaire et de revenir par ici. ^^
J'avais choisi le verbe "vivre" pour le mettre en opposition avec la mort du papa. La formulation est un peu bancale, mais comme le petit Jiji est un jeune enfant, je me dis que les tournures approximatives et imagées collent à son âge.