Le Sentier sans Fin

Notes de l’auteur : Bien le bonjour à toi qui tombe cette petite histoire ! Je me présente, Pinky Nuage, et ceci est le tout premier récit que j'ose raconter ici.
J'espère que tu passeras un agréable voyage le long de mes mots, dans ce petit coin de mon imaginaire… <3

Par une douce après-midi d’automne, à la lisière du village, un jeune garçon marchait gaiment le long d’un sentier de terre.
C’était une après-midi ordinaire.

Une après-midi où le vent, annonceur du soir, sifflait doucement entre les feuillages, entre les herbes irrégulières, les buissons ébouriffés.

Une après-midi embaumée encore par l’animation humaine. Les rires des enfants courant çà et là, le bruit des charrettes de marchands remballant leurs matériels, les conversations de fin de journée des habitants fatigués…

Une après-midi comme toutes les autres.

Une après-midi ordinaire…

Et le garçon se laissait porter par cette atmosphère heureuse, qu’il distinguait encore derrière lui, durant sa marche du sentier.

Il connaissait bien ce chemin terreux ; Ses cavités, ses roches imprécises.

Mais ce qu’il appréciait le plus, c’était les apparitions aléatoires des petits animaux de la plaine. Les lapins blancs qui gambadaient, le bourdonnement des abeilles à ses côtés, le passage éphémère des écureuils sauvages. C’était un paysage bucolique qu’il contemplait avec toujours autant de fascination. Un paysage que chaque jour, il continuait d’admirer inlassablement, sur le chemin de sa maison.

Un paysage qu’il connaissait sur le bout des doigts.

Il aimait tant ce moment de la journée…

Il s’imaginait déjà passer le pas de sa porte, et sentir la bonne odeur des gâteaux de sa mère, qui se serait attardé aux fourneaux, l’accueil chaleureux de son père, qui le prendrait dans ses bras et le féliciterait pour son dur labeur. Il sentait même déjà le poids de son chien, qui lui sauterait dessus comme tous les soirs.

Et il ne put s’empêcher de sourire.

Ses yeux se fermèrent inconsciemment, et son esprit commença à se perdre dans des imaginaires douillets, dans des hallucinations réconfortantes…

Et le temps passa.

Et passa.

Et passa encore.

Lorsque…

Par cette douce après-midi d’automne, à la lisière du village, quelque chose d’étrange s’insinua dans le cœur du garçon.

Quelque chose d’inexplicable, sur ce sentier de terre.

C’était un paysage qu’il fréquentait tous les jours, lorsque le soleil, au loin, tombait vers l’horizon. Un dégradé de vert qui s’étendait gracieusement devant ses grands yeux caramel.

Et pourtant…

Il y avait quelque chose qui clochait.

Quelque chose qui n’allait pas, dans cette promenade habituelle.

Tout.

En cet instant.

Lui semblait complètement inconnu…

Le vent ne soufflait plus.

L’herbe, sous ses pieds, n’était plus.

Et il réalisa alors que, depuis longtemps, il n’entendait plus l’animation du village.

Il n’y avait plus rien.

Plus rien, à part un long sentier qui s’étendait, au-delà de l’horizon.

Le garçon observa ces lieux étranges qu’il n’avait encore jamais traversé, même après toutes ses années.

« Je suis pourtant sûre de ne pas m’être trompé, se disait-il, il s’agissait du bon chemin… »

Et son regard s’attarda sur ces hautes herbes surplombant les environs.

Rien que de l’herbe verdoyante à perte de vue.

Sans un brin de vent.

Sans un animal au loin.

Sans rien…

Juste lui, sur cet interminable sentier, et ces hautes herbes.

Sous un ciel sans nuage.

« Comment ais-je bien pu m’égarer… »

Le jeune homme sentit la peur, l’inquiétude et la tristesse envahir peu à peu son esprit.

« Comment vais-je rentrer… »

Et il s’effondra au sol.

Il enfouit son visage entre ses mains, et laissa une larme couler le long de sa joue, le désespoir s’immisçant doucement dans son cœur.

Mais soudain, il y eut un bruit dans la végétation.

Le garçon releva rapidement la tête, et découvrit face à lui un petit animal.

Un petit chien.

Il le regardait avec insistance, comme intrigué par sa présence.

Et alors que le jeune homme s’apprêtait à le saluer, il le devança.

« Que fais-tu là, jeune humain ? »

Le garçon eut un hoquet de surprise.

« Un chien qui parle ? » murmura-t-il dans un mélange de crainte et de fascination.

Son drôle d’interlocuteur pencha légèrement la tête de côté, avant de lui répondre :

« Bien évidemment que je parle, ne connais-tu donc point cet endroit ? »

Mais face aux yeux ahuris du garçon, l’animal soupira.

Et lui demanda gentiment :

« Quel est ton nom, mon petit ?

  • Je… Je m’appelle Isaac. » Lui répondit celui-ci.

Le chien s’assit alors en face de lui, et déclara :

« Enchanté Isaac. Etant donné ton état, j’en déduis que personne ne t’a jamais parlé de la légende du sentier sans fin, n’est-ce pas ? »

Le susnommé secoua la tête lentement.

Et l’animal reprit.

« Il s’agit d’un endroit où se perdent les âmes rêveuses, telles que toi. »

Il tourna la tête vers l’horizon.

« Ce sentier est éternel, personne ne sait où il débute, ni où il se termine… »

Son regard longea les brins verts dans cette immensité perdue.

« Tout ce que l’on sait, c’est qu’il a été créé par une créature mystérieuse. Une créature malveillante, qui se cache dans les forêts. C’est un être qui se nourrit des rêves, des espoirs, et de la joie des jeunes gens comme toi. Des personnes pleines de vie… »

Le garçon sentit ses battements de cœur s’accélérer à ces explications.

Ses lèvres commencèrent à trembler.

Et il demanda, comme une prière :

« N’y a-t-il… Aucun moyen, de sortir d’ici ? »

L’étrange animal se tourna vers lui.

« Si, commença-t-il, il y en a un. »

Une bouffée d’air emplit les poumons du jeune homme.

Mais il n’interrompit son interlocuteur.

« Mais ce moyen, il ne tient qu’à toi. »

Puis le canidé se leva.

« Si tu veux sortir d’ici, il te faudra marcher. Le chemin sera long, mais si tu le veux vraiment, tu y arriveras. Penses à ce qui te fait rester en vie. Penses y de toutes tes forces, comme un fil, sur lequel t’accrocher. Et tu y arriveras. »

Il commença à partir, mais avant de disparaître entre les hautes herbes, il se retourna vers Isaac.

« Par contre mon garçon. Si tu vois sur ton chemin, un petit lutin, caché dans l’herbe, surtout… Ne lui répond pas. Quoiqu’il arrive, et quoiqu’il te dise, ne lui répond jamais. »

Et il disparu.

Isaac resta un instant là, fixant la touffe verte à travers laquelle son locuteur venait de partir. Il assimila les informations une à une, une part de lui se demandant s’il n’était pas juste en plein rêve.

Mais finalement, il décida de se lever.

Et dans une profonde inspiration, il avança.

Le chemin fut long, très long, et monotone.

Juste un sentier terreux, et de l’herbe.

Sous ce ciel sans nuage.
Comme un décor répétitif qui jamais ne change, qui jamais ne bouge.

Mais le garçon n’en avait cure, car ce qui comptait pour lui en cet instant, c’était de rentrer chez lui.

Et il pensa.

Il pensa de toutes ses forces à chacun de ses pas, qu’à l’autre bout de ce chemin, se trouvait sa maison.

Sa famille, ses amis, son chien…

Il songea à sa mère, qui l’enlacerait en le voyant arriver ; à son père, qui lui raconterait sa journée ; à son chien, qui lui réclamerait de l’attention.

Et il songea qu’il n’y avait rien de mieux au monde, qu’un endroit que l’on pourrait appeler son chez soi.

Qu’un endroit où l’on puisse se blottir, lors des orages.

Qu’un endroit finalement, où l’on puisse être heureux…

Et il sourit.

Mais soudain, dans ce paysage figé, il y eut quelque chose.

Un tout petit quelque chose, comme une anomalie, sur les rebords du sentier.

Il sembla se dessiner entre les verdures, une silhouette inconnue, au long chapeau vert.

Et Isaac eut le souffle coupé.

C’était lui.
C’était le lutin, dont le chien lui avait parlé.

Et son sang se glaça d’autant plus, lorsqu’il réalisa ces iris ambrées, qui le fixait intensément.

Il déglutit difficilement.

Et les poings serrés, il continua son chemin.

« Hey, petit ! »

Il ne répondit rien.

« C’est rare de voir quelqu’un ici, tu es perdu ? Je peux t’aider. »

Il ne le regardait pas.

« Tu dois être un paysan, et je suis sûr que tu as une famille dans le besoin… Je peux te montrer comment obtenir ce que tu souhaites ! Viens avec moi, et tes proches ne manqueront plus jamais de rien. »

Mais il resta sourd à ses susurres maléfiques.

Et peu à peu, la voix sembla s’évanouir.

Disparaître, de l’autre côté du sentier.

Et le garçon eut un sursaut.

Au loin, des bordures imparfaites de cheminées se dessinèrent.

Puis deux.

Puis trois.

Isaac se mit à courir.

Courir le plus vite que possible.

Et les habitations se précisèrent.

Là, à quelques mètres, il vit sa mère.

Et son père.

Ses voisins.

Son chien…

Une larme de soulagement s’envola dans sa course.

Et il sauta dans les bras de ses parents.

« Isaac, s’exclama sa maman, te voilà enfin ! »

« Que diable faisais-tu ? Il est tard… » continua son papa.

Le garçon laissa ses larmes coulées, embrassant plus forts ses proches bien aimés.

« Oh, maman, papa… Si vous saviez ce qu’il vient de m’arriver ! »

Il se redressa.

« J’étais dans cet endroit, avec un animal curieux parlant notre langue ! J’ai tellement cru ne jamais revenir ! »

Ses parents le regardèrent, perplexes.

« De quel endroit parles-tu mon fils ? lui demanda sa mère, tu étais exactement sur le même chemin que d’habitude… »

Isaac s’exalta alors :

« Non maman ! J’étais… J’étais sur cette voie étrange regardes, juste là ! »

Il se retourna, et pointa du doigt par où il était arrivé.

Mais ce qu’il vit, le laissa sans voix.

En ce début de soirée nuageuse, à la lisière du village, les arbres soufflaient le vent frais du soir.

Près des buissons, dispersés çà et là, se baladaient les animaux des forêts, attirés par l’odeur se dégageant des cuisines.

Et le garçon, doucement, laissa tomber sa main le long de son corps.

Devant lui, comme un mirage, le sentier sans fin avait disparu.

 

FIN.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Bruns
Posté le 24/06/2024
Hello Pinky Nuage,
un petit message pour dire que je suis passé par ici.
Tu nous habitues à de jolis voyages. Encore un ... je crois que c'est ce qui te caractérise :-)
Continue comme ça.
Bruns
Pinky Nuage
Posté le 25/06/2024
Coucou Bruns,

Merci pour ces jolis mots ^^
Limède
Posté le 16/02/2023
Petit conte assez court mais tout de même agréable à lire, félicitations !
N'y aurait-il juste pas matière à allonger un peu l'histoire, avec plus de péripéties sur le chemin d'Isaac ?
Pinky Nuage
Posté le 16/02/2023
Bonjour,
Je suis contente que la lecture ait été agréable ! ^^
En ce qui concerne les péripéties, j'avais inventé cette histoire à l'oral (au tout début), et j'ai voulu la retranscrire telle qu'elle, sans y ajouter quoique ce soit. Mais c'est vrai qu'à l'écrit, cela peut paraître beaucoup plus court ! Je note cette réflexion, pour potentiellement une réécriture ! ^^
Merci beaucoup pour ce commentaire
Limède
Posté le 16/02/2023
D'accord, si jamais vous vous sentez capable de le faire, je serais à l'appel !
Bonne continuation !
Vous lisez