Lettre d'amour à l'inconnue

Je me rappelle comme si c'était hier de ce jour où je t'ai vu pour la première fois. Nos regards se sont croisés, rien qu'un instant, rien qu'une seconde, mais l'étincelle que j’aperçus dans tes yeux fut assez puissante pour embraser la flamme qu'aujourd'hui je te déclare. J'ai longtemps hésité à t'écrire, à dévoiler ce que je ressens, mais je n'ai jamais eu aucun doute sur les sentiments que j'éprouve aujourd'hui. Plus qu'une amie, tu as été et tu restes pour moi comme un phare, un espoir, alors que je vogue au gré de la vie, sur l'océan de mes tourments. Et c'est pour cela que je pense que tu mérites de savoir ce que tu animes en moi. Le jour où je t'ai vu pour la première fois, après l’infinie seconde bien trop éphémère pendant laquelle nos regards se sont croisés, je suis resté immobile sur le quai. Quand j'ai repris mes esprits, je me suis retourné, j'ai essayé de te retrouver avant que tu disparaisses dans le flot de personnes qui t'écartaient de moi. Mais j'avais été trop lent. Quand je suis rentré chez moi le soir même, j'ai pleuré. J'ai pleuré en maudissant mon hésitation. J'ai pleuré en comprenant que j'avais laissé filer entre mes doigts l'étoile qui aurait pu exaucer tous mes vœux. Ce soir-là, l'océan de mes tourments était déchaîné, j'ai failli lâcher prise et me laisser engloutir par mon malheur, jusqu'à ce que j'aperçoive la lumière. La lumière qui me donnait l'espoir. La lumière qui a percé les ténèbres. La lumière que tu avais installée en moi.

Cependant, à ce moment, j'ai décidé de t'oublier, de continuer ma vie comme elle était avant, car je savais que me morfondre ne me servirait à rien. Et je savais que penser à toi ne me ferait que regretter ma pudeur. J'ai presque honte de le dire, mais j'ai réussi à t’effacer de mes pensées, sans me rendre compte que mes souvenirs de ton visage et l’espoir enfoui d’un jour le revoir étaient la seule raison pour laquelle je ne m’effondrais pas. Sans que je le sache, l'espoir de te revoir un jour m’a motivé, m’a guidé, et à continuer à être la lumière que je distinguais au bout du tunnel.

Et puis ce jour-là, jour qui restera dans ma mémoire jusqu'à ma mort et bien plus longtemps encore, je t'ai revu. Dans ce petit restaurant qu'un ami m'avait conseillé, je t'ai revu. Tu étais là, derrière ce comptoir, bien plus magnifique que dans mes souvenirs, bien plus éblouissantes que le phare qui me guidait, bien plus divine que la plus belle des déesses, n'en déplaise à Aphrodite. Tout à coup, je me suis souvenu de tout, de notre échange, de nos regards, de mes larmes de désespoir, mais surtout de l'origine de l'énergie qui m'animait depuis plusieurs semaines. Par je ne sais quel miracle, j'ai réussi à avancer, venir à toi et poser la question qui me brûlait les lèvres sans même que j’en aie conscience. En lieu de réponse, tu as levé les yeux et tu m'as souri. La lumière a déchiré les nuages, les flots se sont calmés d'un seul coup et pour la première fois depuis notre premier regard, le manque au plus profond de moi qui avait pris la forme de ton absence était de nouveau rempli. Tout ceci s'est passé il y a plusieurs mois et pourtant la force de mes sentiments pour toi n'a pas faibli. Nous nous sommes revus plusieurs fois jusqu'à devenir des amis et à chaque rencontre, je découvrais une nouvelle facette de toi, une raison de t'admirer, une nouvelle raison de t'aimer. Car oui, si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te dire que je t'aime. Je t'aime parce que je n'arrive pas à trouver une raison de ne pas t'aimer. Je t'aime parce que depuis cette gare, ma vie a changé, et tu en es la raison. Je t'aime parce que ton corps tout entier crie la perfection de ton âme. Je t'aime de toute ma tête et peut-être même de tout mon cœur.

Les dernières heures que nous avons passées ensemble m'ont convaincu de t'écrire cette lettre, car je ne peux plus réprimer les sentiments que j'éprouve pour toi. J’ignore ce que tu ressentiras en lisant ces mots. Mais je ne pouvais me retenir de te faire comprendre la place que tu as prise dans ma vie. J'espère que tu comprendras mes sentiments, et les accepteras. Même si tu ne me vois pas comme je te vois, j'avais juste besoin que tu saches que je t'aime.