La tête me tourne, et d’un coup… j’ai froid. Je lève les yeux vers Archibald : la rage bouillonne dans son regard. La douleur, quand il fait pivoter la lame en argent enfoncée dans mon abdomen, m’électrise, me paralyse… Au bout du couloir, le monstre aux iris rouges se réjouit de la scène : sans ma protection, il n’aura plus qu’à cueillir sa cible. J’ai échoué.
Mon corps tombe, lourdement, sur le sol froid de la prison. Mes oreilles bourdonnent dans un vacarme assourdissant. Mon cœur pompe en vain mon sang et j’ai l’impression qu’il s’écrase contre mon crâne. J’ai mal.
Je porte une main tremblante à ma plaie. La sensation chaude et visqueuse que j’y trouve me flanque la nausée. Je ne veux pas mourir… même si c’est mérité.
J’ai peur.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu peur. Peur que Maman se tire, comme mon géniteur, parce que j’étais malade. Peur de la mort inévitable qui attendait mon corps chétif. Peur de la solitude quand j’ai choisi la lycanthropie, plutôt que le trépas. Peur de la douleur lors de la mutation… Peur de ne pas être à la hauteur de mes sauveurs. Peur de moi-même. Peur.
Et aujourd’hui, encore. Je devais m’échapper avec ce gamin, dont j’ai ruiné la vie. Je devais le sauver. Je devais me sauver moi-même de cette vie de misère. Repartir de zéro. Laisser les horreurs derrière moi.
Je ne me sens plus à ma place, parmi les miens. L’Alpha de ma meute me déteste. Je me déteste aussi. J’ai tué Al : mon gardien, mon bienfaiteur, mon sauveur. Depuis, John m’humilie et me noie sous les reproches.
Je suis un raté, un trouillard, une nuisance.
Je tremble alors qu’Archie enjambe mon corps, poignardé de sa main. Il fait face au vampire. L’odeur de jasmin se renforce – quand le prédateur approche – et engourdit mes sens. La douleur reflue, mes paupières sont lourdes. Ce n’est peut-être pas si mal, finalement. Je vais rejoindre Alawn, et les autres…
Des voix me parviennent avec un filtre. Comme si on me parlait à travers une vitre. Je reconnais celle d’Archibald, dans le brouillard qui semble m’envelopper. La seconde appartient au monstre assoiffé de sang, je crois… Ma tête a cogné si fort sur le carrelage que je n’entends pas grand-chose. Je suis fatigué… si fatigué. J’aurais aimé que Maman soit fière de moi. Qu’elle me dise « Tu as fait le bon choix, mon Lili »… que je ne suis pas un monstre.
Mes yeux se ferment et tout devient noir. J’ai froid. Je n’aime pas ça. Je veux les bras de ma mère. Il y faisait toujours une chaleur douillette. Comme si, enveloppé de son amour, rien ne pouvait m’atteindre. Elle n’est plus là. Elle ne m’aime plus. Elle est partie. Parce que je suis un monstre. Un monstrueux… monstre.
Je suis désolé, Jared. Je n’ai pas pu mener à bien ma dernière mission.
Je ne suis pas un expert de la thématique, mais commencer par une fin violente me semble annoncer une très bonne histoire. Je vais donc suivre la suite, car vous avez piqué ma curiosité.
Merci pour ce texte et ce partage, vivement la suite !
Le ton est clair, par ici, les personnages vont en voir de toutes les couleurs ! j'espère que la suite te plaira autant que ce début de fin violente !
À bientôt je l'espère, et que la suite soit à la hauteur de tes attentes !