Prologue - La réalité est souvent plus dure à avaler qu’un bol de ramen.

Notes de l’auteur : Le début d'une longue ascension !
C'est la première fois que je poste quoi que ce soit, alors j'espère sincèrement que ça vous plaira !

La foudre gronde… illuminant cette nuit de ténèbres sans étoiles. Je suis dans le plus grand dojo du Japon, l'avant dernier combat du plus prestigieux tournoi de judo inter-lycées vient de commencer. Une pression immense nous écrasait, mon équipe et moi puisque nous disputions la deuxième demi-finale de cette grande compétition. Les deux Empereurs de Tokyo, Asuka et Riko s'affrontent du regard depuis plus de trois minutes. Leurs auras de ténèbres illuminaient le terrain, et leurs pupilles d’or luisantes étaient telles des étoiles dans le crépuscule. Chacune fit un pas puissant en avant et s’aggripèrent… mais avant tout, je vais vous raconter comment j'en suis arrivé à pratiquer le Judo.

 

Mon histoire a débuté il y a six mois, dans les rues de Tokyo. 

— Hé Osamu ! Tu rêves ou quoi ? me lança mon ami Chitose avec un grand sourire. 

Je levai les yeux vers l’immense ciel bleu et le doux gazouillement des oiseaux atteignit mes oreilles. Je regardai alors devant moi ,mon ami, qui m’invitait à le suivre. Je courrai tranquillement jusqu’à lui, faisant voler des pétales de cerisier sur le passage. 

— Tu sais, cette échoppe de nourriture traditionnelle est vraiment super, toi qui es un amateur de ramens tu devrais apprécier ! me dit-il une fois que je l’eus rattrapé.

—  Ils ont intérêt à être bons, vu le nombre de fois où tu m’en as parlé, dis-je en riant de bon coeur. 

 

Nous marchâmes tranquillement dans le quartier de Kabukicho tandis que de nombreuses racoleuses nous approchaient pour vendre leurs services. Nous prîmes une ruelle étroite pour arriver au Ichiran Shinjuku, le fameux restaurant que Chitose me recommandait. 

— Bonjour et bienvenue ! nous cria le serveur pour couvrir le brouhaha de la ruelle. Vous souhaitez une table pour deux ? Ou bien vous voulez manger au bar ?

— On va manger au bar ! dit Chitose d’un air enjoué. Tu veux manger quoi Osamu ?

Nous nous assîmes au petit bar juste derrière le cuisinier, puis je pris le temps de regarder la carte du restaurant, qui me semblait assez peu fournie. J’hésitai un instant entre les différents plats avant d’opter pour un bol de ramen miso, mon plat préféré. 

— Laissez-moi vous offrir un rafraîchissement ! dit le patron du restaurant avant de nous servir deux limonades avec une tranche de citron.

— Merci beaucoup, monsieur Fugaku ! lui dit mon camarade tandis que je me contentai d’un hochement de tête. 

Le goût de la limonade était effectivement excellent, ce qui me fit sourire inconsciemment. Une douce odeur de soupe miso flottait dans l’air tandis que les consommateurs mangeaient joyeusement. Chitose avala d’un trait sa boisson et me vanta les mérites des ramens du restaurant ce qui eut le don de m’ouvrir l’appétit. Deux femmes en petite tenue s’approchèrent de nous avant de nous caresser avec des intentions bien précises.

— Allez-vous-en ! tonna le cuisinier. Je ne veux pas de grosses putes comme vous dans mon établissement !

Les filles s’enfuirent en courant alors que monsieur Fugaku soupira d’un air désespéré.

— Ce quartier se dégrade à vue d’œil… si seulement il n’y avait que des racoleuses ça irait, mais la mafia a commencé à s’implanter ici. Vous devriez faire attention, même si vous êtes des garçons vous êtes vulnérables, dit le cuisinier tout en essorant les nouilles d’un coup sec.

— Ne vous en faites pas monsieur Fugaku ! Osamu se bat comme un chef, il nous protégera ! Hein, Osamu ?

Quand j’entendis mon voisin de table dire cela je manquai de recracher mon verre avant de protester :

— Qu’est-ce que tu racontes toi ? Franchement, je n’ai jamais été pris dans le moindre conflit et je ne me battrai jamais ! lançai-je, vexé qu’il me fasse passer pour une racaille.

— Je rigole va, dit Chitose en me donnant une claque dans le dos. Ceci dit, tu ne serais pas mauvais en sports de combat à mon avis. Tu as une vitesse de réaction incroyable !

Je rougis alors que mon ami ne cessait d’encenser mes rares qualités au combat. Heureusement pour moi, le cuisinier nous servit nos ramens et la conversation se termina.

— Osamu, tu vas finir au septième ciel quand tu vas goûter ça, je te le garantis ! dit mon meilleur ami tandis qu’il s’armait de ses baguettes pour attaquer son bol.

Je fis de même en découvrant le bol sous mes yeux : il semblait plus grand que les ramens que j’avais l’habitude de manger et la soupe était plus claire. Je pris quelques nouilles à l’aide de mes couverts de bois et je fus surpris de voir qu’aucune ne tomba. L’odeur de la soupe miso était absolument exquise, mais je sentais également des notes sucrées, bien que je ne fus pas capable de mettre un ingrédient sur cette nouvelle odeur, discrète mais bien réelle. Je bus une gorgée de soupe tout en mangeant un peu de nouilles, et c’est là que je compris : cette odeur sucrée venait de la sauce aigre douce qu’avait rajoutée monsieur Fugaku. C’est alors que mon corps échappa à tout contrôle, je ne pouvais m’arrêter de manger ce mets pourtant si simple. J’aurais voulu redécouvrir ce ramen miso amélioré, encore et encore et encore et encore. Tandis que mes papilles s’ouvraient à cette palette de goûts somptueux, je compris que j’avais terminé le bol plus vite que je le prévoyais. 

Je reposai le bol et déposai mes baguettes sur le bar doucement, tandis que je repensais aux goûts si poignants que Chitose venait de me faire découvrir.

— Ca t’a plu ? dit mon ami qui avait lui aussi terminé son plat. 

— C’était exquis, dis-je, pensif. Je crois que je n’ai jamais mangé de tels ramens… c’est impressionnant.

Tandis que je méditais tranquillement sur ces goûts nouveaux, le ciel se chargea de nuages éclipsant les étoiles naissantes. La température chuta elle aussi ce qui me fit frissonner. Nous remerciâmes le gérant avant de sortir de cette modeste échoppe. Je notai le nom de ce restaurant, car j’étais certain d’y retourner un jour.

— Ah, et ben il pleut ! s’exclama Chitose en regardant vers le ciel couvert. On devrait se dépêcher de partir Osamu.

J'acquiesçai tandis que la pluie se faisait de plus en plus forte. Un formidable coup de tonnerre retentit ce qui nous fit sursauter. C’est alors que je ressentis une soudaine sensation de malaise dans ce quartier mal famé de Tokyo, avec toutes ces lumières rosées surnaturelles qui dansaient autour de moi. Tandis que nous courrions, un homme bouscula Chitose et le fit chuter. 

— Hé ! Vous êtes fou où quoi ? grogna Chitose. 

L’homme se retourna et je découvris une lueur rouge dans ses yeux, à cause des lumières des hôtels à serveuses à proximité, qui ne m’inspirait pas confiance. Il ne marchait pas très droit et avait les joues rougies. Il faisait ma taille mais il était très fin, presque rachitique. 

— Tu te fous de moi ? cria-t-il alors que les veines de son front se mettaient à ressortir sous l’effet de la colère mais aussi de sa trop forte alcoolisation. C’est toi qui m’as foncé dedans abruti ! J’vais te casser en deux !

Il dégaina un couteau de cuisine et je me trouvai paralysé par la peur : jamais je n’avais été menacé par une vraie arme. Je regardai l’éclat blanc de la lame avec stupeur avant de l’observer, impuissant, se planter dans le cou de mon ami. Je ne pus que reculer d’un pas avant que la lame désormais teintée de rouge ne passe à quelques centimètres de ma propre gorge. Tout me semblait très lent, alors que mes jambes s'emmêlaient me faisant tomber à mon tour. Alors que je tombais, une personne que je peinai à distinguer attrapa le bras de mon assaillant avec une seule main le stoppant dans son élan avant de le projeter par dessus son dos. L’homme au couteau chuta lourdement sur le dos en hurlant, surpris, avant de subir un étranglement. Il se débattit avec vigueur mais ne put pas se défaire de la poigne de fer de mon sauveur. Le brigand au poignard s’évanouit et l’homme qui m’avait sauvé se tourna vers moi 

— Tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ? 

Encore sous le choc je ne fis que hocher de la tête, les yeux équarquillés. C’est alors que je me souvins que Chitose avait été touché. Je me précipitai vers lui, mais je compris rapidement que c’était trop tard pour lui. Sa gorge était ouverte et le sang en coulait à flots, éclaboussant parfois mon visage penché sur son corps inerte. Je regardai alors celui qui m’avait sauvé la vie avec l’espoir qu’il fasse un miracle. Il secoua la tête, l’air de dire ‘’Je ne peux pas le sauver’’. Il prit le corps de mon ami, et le porta sur son dos vers un hôpital proche. Je le suivis, sans prononcer un mot, tandis qu’une eau bien plus chaude que la pluie couvrait mes joues glacées.

Je m’avançai à l'accueil de l'hôpital puis l’homme qui m’avait sauvé cria :

— À l’aide ! J’ai un jeune gravement blessé et un autre psychologiquement traumatisé !!

Deux infirmières accoururent. L’une d’elles déposa Chitose sur un brancard et l’autre me prit la main :

— Tout va bien ? murmura t-elle avec douceur

Je hochai tout d’abord la tête puis je la secouai avant de fondre en larmes. Elle me prit les mains et me regarda droit dans les yeux. 

— Il est totalement brisé, le pauvre… viens avec moi. 

 

Je passai quelques jours à l’hôpital, à parler à une psychologue. Chaque jour, mon état s’améliorait, si bien que le cinquième jour, elle se décida à me révéler que malgré tous les efforts des médecins Chitose était décédé à la suite de ses blessures. Je ne ressentis aucune tristesse, car je savais qu’il ne pourrait pas être sauvé. Je ne ressentais qu’une abominable honte de ne pas avoir pu sauver mon très cher ami. Le garçon qui m’avait sauvé fut autorisé à venir me voir le jour suivant. 

— Bonjour Osamu. Tu vas bien ?

— Oui, je vais un peu mieux, murmurai-je, le regard vide. Merci de m’avoir sauvé.

— Ne t’en fais pas pour ça, c’est plutôt moi qui m’excuse de ne pas être intervenu plus tôt. J’aurais pu vous sauver tous les deux si j’avais réagi plus vite… 

Un silence s’installa. J’en profitai pour observer mon sauveur de plus près : il ne devait pas être beaucoup plus vieux que moi, mais était beaucoup plus grand et musclé. Il avait un regard triste, mais semblait tout de même quelqu’un de fier. 

— Vous ne devez pas vous excuser. dis-je, d’une voix morne. Vous avez pu me sauver, et par la même occasion neutraliser un meurtrier, peu de gens peuvent faire cela. Certes, vous n’avez pas eu le temps de sauver mon ami, mais je ne vous en veux pas pour autant. 

Il me regarda avec un regard tendre et me tapota l’épaule gentiment. 

— Tu es très sage, pour quelqu’un qui a été traumatisé. Je pense que tu ferais un excellent judoka.

Sur ces mots, il se leva et quitta ma chambre.  ce garçon qui m’a sauvé… quel est son nom ? 

Je me précipitai dehors pour le lui demander, mais il était déjà parti. Deux jours plus tard, les infirmières estimèrent que mon état était suffisamment stable pour que je puisse retourner en cours. C’est alors le coeur lourd que je commençai par aller me recueillir sur la tombe Chitose Tagawa, mon ami de toujours, mort à cause de mon manque de réactivité, après m’avoir fait découvrir un dernier mets. 

— Chitose… Pardon. Je savais que j’aurais dû réagir, mais ma peur a pris le dessus. Le courage m’a fait défaut et tu en as subi les conséquences. Je te promets, non, je jure devant les dieux que plus jamais je ne resterai inactif face à la violence. Je serai un bouclier infaillible pour mes amis, et je ne perdrai pas !

Les larmes coulaient à flot et ma voix se mit à trembler. Je me sentais coupable, mais je savais qu’il aurait voulu que je continue à être heureux. ‘’Tu es très sage, pour quelqu’un qui à été traumatisé. Je pense que tu ferais un excellent judoka’’. Je méditai sur ces mots et me décidai à m’inscrire au club de Judo de mon lycée dès mon retour. Je voulais moi aussi faire régner le bien sur Tokyo, et sauver des gens comme ce garçon dont je ne connaissais pas le nom. Je me forçai alors à sourire, et déposai une chrysanthème sur son tombeau. Je me rendis vers l’académie Ubugawa, mon lycée, tandis que les pétales des cerisiers chutaient doucement. J’avançai doucement, et croisai une fille aux cheveux blancs. Je ne le savais pas encore, mais elle serait un élément déterminant dans ma vie au lycée.

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