Tako

Notes de l’auteur : En cours de beta lecture, n'hésitez pas à donner votre avis.

Tako vit au sein d’un monde entouré de falaises qui forment un véritable dédale de ravins. Sur celles-ci, les Hommes se sont réfugiés ou, plus exactement, il existe de petits îlots rocheux perchés à-même les hauteurs rocailleuses représentant le Salut des humains.

On communique entre ces oasis providentielles grâce à un système ingénieux de nacelles minuscules installées sur des cordes qui traversent de part en part les gouffres brumeux dont personne ne revient. Les gens craignent plus que tous les Monstres-d’en-Bas, créatures cauchemardesques vivants dans la Forêt Morte que l’on aperçoit à peine depuis les sommets. Parfois, il arrive que les Monstres-d’en-Bas cherchent à escalader les falaises et si, par malheur, ils atteignent l’une des buttes où un village est posté, ils détruisent tout sur leur passage, allant même jusqu’à s’attaquer aux précieuses cordes, les utiliser pour se déplacer et ainsi, poursuivre leur funeste dessein.

 

Tako est un Veilleur. D’une taille bien plus petite que la moyenne des Hommes, le corps glabre et le crâne gros, il est capable de grimper dans une nacelle pour y siéger, se déplaçant de cette manière sur la toile de cordes. Depuis son perchoir, il a une vue imprenable sur la Forêt Morte, tout du moins, ce que l’on peut en apercevoir, à cause du brouillard permanent voilant cette dernière. Tako aide à acheminer des messages importants et surtout, il surveille les potentielles ascensions des Monstres-d’en-Bas. C’est un travail dangereux, solitaire, que Tako sait essentiel à la sécurité des Hommes.

Il se hisse à la force de ses bras maigres, prévenant le moindre basculement de son embarcation qui nargue chaque chute qui le menace. Nul ne sait depuis combien de temps Tako vogue sur les cordes, pas plus que l’identité des personnes qui ont instauré cet entreprenant système de voyage ; c’est bien trop ancien. L’expérience est incontestable au fond de ses yeux noirs, les paumes brunes usées par la ligne, Tako préserve pourtant une apparence juvénile mais, peut-être est-ce simplement dû à sa taille, personne ne serait capable de l’affirmer non plus. Ce sont des nuits, des jours nombreux qu’il passe au-dessus du vide à mâchonner des racines et récupérer de l’eau de pluie. Il boucaille presque chaque levant, un climat fort pratique tant que la tempête ne vient pas faire grincer les cordages.

 

La nacelle apponte le rebord du promontoire et s’y bloque dans un claquement de billes enfermées à l’intérieur des coques. Quelquefois décorées selon les tribus environnantes, ces dernières sont installées à chaque solide poteau où les cordes sont nouées, même s’il arrive que les coquilles soient remplacées par d’autres astuces bruyantes servant à déterminer l’arrivée des voyageurs.

Ici, Tako observe les rubans de différentes teintes blanchâtres qui s’élèvent au gré des vents. Plus loin, leur présence se multiplie, jusqu’à envahir certains résidents. Il y a cette femme âgée, dont le symbole est attaché autour de son bras droit, un peu au-dessus du coude, elle frappe le grain inlassablement comme un battement de cœur. Peut-être ne s’est-elle jamais vraiment arrêtée. Peut-être que si elle maintenait maintenant son mouvement, elle cesserait définitivement d’exister.

En haut, les bandes de tissu blême s’étirent depuis les sommets des cahutes, on en trouve aussi autour des envahissantes figures de roche charbonneuse honorées çà et là. Tako incline la tête lorsqu’il passe à leurs côtés, ainsi va l’usage pour ne point froisser les esprits qui leur auront servi de modèle.

 

Il n’a nullement besoin de faire le moindre signe à un homme du village pour que celui-ci le remarque. Grand, voire gigantesque au regard du Veilleur, le tanneur de cuir se dresse puis s’éloigne de sa cuve. Le ventre généreux et les bras charnus, la teinte emblématique du village prend la forme d’un foulard noué sur son front, pendant que ses lèvres s’étirent sous sa barbe broussailleuse. En aucun cas, Tako n’a déjà vu sourire plus fastueux, blanc comme l’ivoire pur.

Il se laisse guider en silence, bercé par le calme réconfortant du hameau. Malgré les activités de la population, le souffle du vent contre les parois escarpées demeure maîtresse mélopée des environs

 

Le palais au sein duquel Tako pénètre est modeste. Il se trouve, pour ainsi dire, quasiment invisible depuis l’extérieur. Creusé à même la falaise, une étrange chaleur émane des profondeurs et caresse l’épiderme du messager qui se croit embrassé par l’anhélation d’une montagne expirant de vie. Ainsi s’enfoncent-ils, lui et son accompagnateur, dans les méandres de cette bouche sombre.

L’absence de pilier est notable, révélant une sensation d’infini au plus loin du champ de vision. Seuls des supports rocheux servant à maintenir des lanternes sont échancrés en hauteur des parois. Gardes et Gardiennes ont la tête penchée sur leur passage et, dans leur dos, Tako devine d’interminables gravures en relief sans qu’il ne soit pour autant capable de décrire les nombreuses scènes qui y sont présentées. De plus, ces créations sont réalisées avec une telle finesse qu’il est impossible de profiter de celles-ci sans détailler leur minutie du bout des doigts.

 

La salle du trône qui s’ouvre à eux pourrait être une toute autre pièce du palais sans que cela ne soit choquant. Probablement à peine plus grande, le style modeste du village ne se trouve point troublé en ce lieu. A leur approche, la souveraine se lève de son siège de bois peint en blanc pour saluer leur présence. Le tanneur de cuir serre le poing contre son torse et Tako imite son geste. Enfin, après s’être incliné, le grand homme tourne les talons et repart, non sans avoir encouragé le Veilleur d’un rayonnant sourire.

La Reine est d’une beauté qui laisse difficilement indifférent. Le corps est incontestablement fort tandis que sa parure, longue toge aux formes géométriques noires et blanches, retombe avec élégance sur sa très haute stature. Tako est forcé de lever la tête pour pouvoir la contempler. Elle possède des traits marqués, comme sculptés en puissance. Si certains oseraient la trouver maigre de par son âge, Tako la décrit ferme et colossale. Des lèvres pleines et rondes, un front immense tout décoré de marques laiteuses intelligemment placées au sein de son faciès ascétique, tandis que sa coiffe complexe de tresses, où des rubans de neige satinée sont noués avec les cheveux, et de boucles hautes font de la Reine une entité mystique. Sans peine, sa peau prend l’allure de l’obsidienne sur laquelle sont taillées les nombreuses statues ancestrales du village.

 

Néanmoins, la place de Tako n’est pas à créer une énième fresque à sa gloire mais de délivrer un message, ainsi tend-il l’objet de son voyage : un parchemin noué d’un ruban et marqué d’un seau noir.

 

L’impressionnante femme descend les deux marches qui la séparent du visiteur. Le papier échangé d’une main à l’autre, le petit homme porte la paume à son couteau en dent enchevêtré dans sa ceinture et le lui offre. La reine le remercie d’un signe de tête imperceptible puis, à l’aide du poignard, brise la cire fermant la missive avant de rendre l’objet à son propriétaire

Elle parcourt le contenu manuscrit de ses prunelles d’encre pendant qu’un voile silencieux se dépose élégamment sur la salle. Tako, patient, ne fera pas l’affront de la fixer tandis que la Reine étudie le message. Néanmoins, la manière dont les sourcils de celle-ci se froncent, provoquant l’excavation d’une ride anxieuse, n’échappe pas au Veilleur. Un svelte page s’approche à la suite d’un signe de sa souveraine. Il a, entre les mains, de quoi écrire et s’exécute consécutivement sous la dictée. Alors, le calme n’est plus solitaire, il est un brouhaha muet, latent, dissonant, qui trouble les esprits. L’inspiration nerveuse traverse même la garde royale pourtant droite et fière. Tako serait incapable de retranscrire les mots murmurés au page, bien qu’il puisse comprendre leur langage.

Le papier scellé, déjà, des gardes s’acquittent de l’ordre muet qui les incombe. La Reine lève la main, la ruche s’active. Ils quittent le palais pendant que Tako se voit recevoir cette nouvelle missive. Pas une parole ne s’échange pourtant, l’imposante dame s’incline avec noblesse pour sincère remerciement. Le Veilleur connaît sa mission et salue respectueusement la Reine avant de libérer les lieux.

 

Dans le village, le vent se lève. Les maigres forces armées du plateau rocheux portent planches et bûches qui viendront solidifier leurs barricades. Les citoyens ferment leurs portes, couvrent leurs fenêtres et même les innombrables figures de pierre noire semblent porter un funeste regard sur Tako rejoignant sa nacelle.

Quand il l’atteint, une femme gardant son enfant emmailloté, dans un linge croisé, contre son dos termine d’y entreposer eau et de nourriture. Honoré d’une telle manière, il peut poursuivre son périple sans plus attendre. Alors que Tako tire sur les cordages permettant à son embarcation de se mouvoir, la silhouette de la mère, qui le salue bras levé, se fait engloutir par la brume comme le dernier symbole d’une tendre humanité.

 

 

Si le Veilleur se trouve épuisé par son voyage, il n’en montre aucun signe. La poulie grince quand il hisse la nacelle sur le bord de la saillie rocheuse puis, finit de tirer son embarcation loin du vide. C’est un plateau aride qui l’accueille dans la lueur du jour naissant ou presque, du fait que, face à lui, s’étire un mur vertigineux. Çà et là, d’épaisses bannières rouges et or viennent crier les couleurs impétueuses de la Cité. Ici, s’époumoner ne rime à rien. Il est peu probable que quelqu’un entende le son de sa voix et vienne enclencher le mécanisme permettant de laisser à Tako libre passage. Ainsi, un onéreux instrument de bronze, plus ou moins plat et circulaire, est exhibé proche de l’entrance de manière à prévenir l’arrivée d’un voyageur.

De ses deux mains, Tako soulève à grand peine le bâton qui le dépasse en taille pour frapper, de toutes ses forces, le gong monumental décoré d’or et suspendu à d’épaisses poutres sculptées.

 

Un râle musical s’élève alors dans tout le défilé, résonnant assurément jusqu’aux profondeurs de la Forêt Morte. La gorge vibre du son qui persiste sur plusieurs longues secondes et, enfin, le silence revient. Le Veilleur attend patiemment la suite, les minutes s’écoulent, probablement plus d’une dizaine, suite à quoi une tête émerge du sommet des murailles. Elle paraît si petite à Tako tant elle se trouve loin de lui. Et ce point perché dans la brume demande l’identité du voyageur ainsi que la raison de sa venue. Ce dernier s’explique, lève le bras avec, dans sa main, le message qu’il doit transmettre puis, le garde s’éclipse, laissant Tako seul à lui-même.

 

 

Lorsque les portes démesurées s’ouvrent sur l’insignifiante silhouette au creux du mur, la lumière commence déjà à faiblir. Le grondement furieux du mouvement des battants accompagne les lamentations des engrenages de bois et, les mains sur les oreilles, le Veilleur pénètre dans l’enceinte de la Cité.

A présent, Tako est capable d’observer la façon dont l’endroit s’étire à perte de vue et ce, malgré l’obscurité balbutiante. Déjà, les lumières flamboient depuis les nombreux braseros scintillants. La ville déborde sur le ravin, comme prête à vomir ses entrailles et en sustenter les Monstres-d’en-Bas, pour finalement se raccrocher de justesse à un nouveau plateau puis recommencer le même exploit plus loin et le répéter encore après.

 

Enfin, perché à une étourdissante altitude, le Palais, sans nul doute excavé, déborde de luxuriantes structures en bois pendant que l’avant-toit se relève en délicates courbes sur les différents étages qui composent le pavillon rouge. Sans aide aucune, Tako serait incapable de comprendre la manière de s’y rendre, dans un tel dédale de maisons. Heureusement, une personne que le Veilleur suppose être un homme s’approche de lui, engoncé de parures qui se chevauchent les unes des autres. Son imposante coiffe elle-même se perd sous les nombreuses plumes qui la décorent dans une débauche de couleurs. Les citoyens qui croisent leur chemin ne sont pas en reste concernant cette spécificité vestimentaire. Ainsi, quand Tako dévisage les nombreux militaires qui patrouillent et rient, il comprend qu’au sein de la cité, plus un individu arbore d’impressionnantes fioritures, quitte à disparaître au-dessous, plus celui-ci se trouve être d’un rang élevé.

 

Contre toute attente, son guide lourdement endimanché l'entraîne par-delà les multiples ponts en cordes vernies de rouge qui serpentent çà et là au travers de la Cité, pour ensuite escalader d’infinies marches luisantes bien trop grandes pour Tako et, enfin, atteindre l’un des plus bas paliers du palais où fourmillent une nuée de servants pressés. Le Veilleur est consigné ici pendant de longues minutes qui muent finalement en heures pendant lesquelles il peut admirer l’opulence des lieux à loisir. Finalement, c’est une personne préservée de tout regard par une épaisse robe verte brodée de fils d’argent et dérobée derrière un masque lunaire à la grimace démesurée qui vient soustraire le Veilleur à sa solitude. Tako ne transpire pas quand de nouveaux escaliers sont à gravir, contrairement à son éclaireur qu’il entend anhéler au travers de son costume.

 

Ce dernier fait glisser la cloison de la chambre attribuée au petit homme et il lui apprend pour lors que l’Empereur est fatigué, ainsi, le recevra-t-il au matin. Le Veilleur n’est pas capable de profiter de ce summum de commodités pour autant. L’air est accablant de pesanteur de par l’encens brûlé dans cette pièce où les fenêtres sont couvertes de lourdes étoffes pour éviter que la fraîcheur nocturne ne s’y engouffre. La nourriture du dîner, quant à elle, est si grasse et abondante que Tako ne peut terminer le premier plat dans son intégralité sans ressentir l’aigreur que son estomac lui communique par la suite. C’est pourquoi la nuit est courte, aux yeux du messager, entre le mal-être physique et l’agitation qu’il pressent au travers des murs.

 

Vers la moitié de la matinée, l’être masqué vient le quérir, à moins qu’il ne s’agisse d’une personne différente, ça, Tako ne saurait le dire. Chaque étage qu’ils franchissent déborde d’un étalage de magnificences qui dépassent toujours plus le précédent, si bien que le Veilleur se voit forcé de plisser ses yeux lorsque le salon maître du Palais s’exhibe sous son regard. Des scintillements pressant agressent et troublent l’attention des visiteurs honorables. Partout, s’abattent tumultueuses teintures colorées pendant que des oreillers bariolés invitent à se prélasser sous la chaleur de la toile rouge étirée en lieu du plafond. Néanmoins, Tako debout demeure, face à ce trône étincelant délicieusement molletonné et désespérément vide. Quelques gardes, dont il ne peut observer les visages sous le maquillage carmin prédominant, arborant d’impressionnantes armures de cuir décorées à la fois de peintures mais aussi, d’ornements divers, accompagnent le petit homme dans l’attente.

 

L’astre de feu aux rayons traversant la grisaille quasi perpétuelle de ce monde est prêt à annoncer le début de soirée. Les cloisons s’ouvrent et une cohorte de pages tous plus apprêtés les uns que les autres se déverse dans la salle à la manière d’un flot irrépressible jusqu’à ce que la tête dominante de la Cité émerge, plus haute que le reste, de ce déluge. L’Empereur a beau être soigneusement effeuillé de nombreuses parures par ses serviteurs, il reste pudiquement accoutré de diverses couches de tissu. Ses manches sont comme de somptueuses ailes tandis que ses boucles de jais, aux quelques mèches décorée d’anneaux d’or, débordent de ses bandeaux jaune et vermillon. L’illustre personnage baille sans cacher sa courte barbe tout en s’installant sur son siège éclatant.

 

Après s’être courtoisement incliné, Tako offre le parchemin ainsi que son couteau mais l’Empereur préfère s’emparer de la dague d’argent, sertie de joyaux et d’un manche en or, coincée dans sa ceinture de soie pour ouvrir le précieux message. Un regard prompt et un lourd soupir plus tard, la feuille va rejoindre le sol où une page s’empresse de la ramasser. Un simple geste de la main suffit pour que la missive soit brûlée. L’Empereur accorde donc au Veilleur des richesses qui viendront remplir sa nacelle, accompagnées de la possibilité, pour lui, de résider au pavillon rouge autant de temps qu’il le désire. Tako penche la tête en remerciement puis sort du palais aussitôt. Cela fait un moment, déjà, qu’il doit quitter la Cité.

 

Plusieurs fidèles exempts de faciès suivent la frêle silhouette sombre. Quelques-uns sont en train d’empiler d’abondants trésors dans la modeste embarcation, cherchant à en caser le plus grand nombre. Tako peine à s’y faire une place et, quand il fait glisser son attelage grinçant par le vide, les serviteurs courent rejoindre les portes qui se ferment pendant que coupes et fourchettes inestimables tombent de leurs bras chargés en tintant tapageusement dans l’air.

La nacelle penche plus lourdement que d’ordinaire, le Veilleur est obligé de tirer les cordages en usant de toutes ses forces pour avancer. Par-delà l’épais brouillard, l’appel d’un gong retentissant se fait entendre. Puis un autre. Et encore un. Tako soulève de grosses cruches de cuivre afin de les faire basculer dans le ravin. Il abandonne l’inutile butin à l’immensité des profondeurs et, définitivement allégé par ses actions, il est capable d’aboutir au premier promontoire qui s’en vient, malgré des balancements violents de la corde, étrangers à son vouloir.

 

Le Veilleur descend dès que possible, écarte l’esquif de la corniche et observe le large cordage remuer. La nuit tombe, la bise qui s’élève amène avec elle des sons mêlés de cris lointains et d’armes qui crachent du feu.

 

A l’orée de sa vision, une forme confuse au premier abord, approche en s’agrippant à l’unique façon de voyager en ces terres. L’homme,  fait saigner ses paumes sur les nœuds rêches de la suspente. Il sue et gémit bruyamment tout en avançant avec grande difficulté. L’une de ses chevilles glisse, il se retrouve les jambes ballantes, comme aspiré par le vide. Derrière lui, d’autres figures indéterminées empruntent le même chemin, mais sont loin de montrer la même maladresse que le pauvre hère.

Tako porte la main à son couteau et le libère de son fourreau. Sourd aux appels à l’aide de l’humain, il escalade la poutre où la corde est arrimée puis, commence à frotter sa lame à cette dernière. Au loin, les pattes acérées des créatures filent à toute vitesse sur le cordage comme s'il s'agit de leur propre toile. L’homme est incapable de regarder dans son dos, même quand les mandibules baveuses claquent à son oreille. Il n’a pas le temps de le comprendre.

 

La corde cède. Le cri qui résonne entre les falaises ne change en rien de ceux dont la vie capitule.

 

Tako, de son côté, termine de graver une croix sur le pylône qui ne mène plus à l’imprenable Cité, et il reprend son inéluctable route.

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dodoreve
Posté le 28/06/2022
Salut Charlie ! Je prends enfin un instant pour passer te lire. À parcourir les commentaires qui me précèdent, je vois qu'on a déjà remarqué la densité des paragraphes. Ce n'est pas forcément un "défaut" selon moi, d'autant plus lorsqu'on ne tient pas absolument aux dialogues : en ce qui me concerne j'ai trouvé que ça nourrissait l'atmosphère de longue errance propre au rêve. Tout comme ces mondes dont tu nous donnes un aperçu mais qui restent voilés par le mystère. J'aime beaucoup que tu ne cherches pas à expliquer le contenu de ces lettres, car pour moi ça n'aurait pas été utile et ça nous aurait décentré de Tako, qui n'est peut-être que secondaire dans ce qui se trame ici, mais qui reste central puisqu'on emprunte son point de vue. La fin est surprenante et cruelle mais j'aime bien aussi, car ça en dit long sur lui de manière efficace et courte -- c'est ainsi. Parfois on ne peut rien faire contre les actes de personnages.

"La corde cède. Le cri qui résonne entre les falaises ne change en rien de ceux dont la vie capitule." J'ai trouvé ça très marquant comme fin : bien écrit et frappant.

Sur la forme je n'ai pas vraiment d'autre commentaire à faire. Il n'y a que ce passage-là que je trouvais surprenant : "L’homme, fait saigner ses paumes sur les nœuds rêches de la suspente." > Je ne comprends pas la virgule qui sépare le sujet du verbe, mais j'ai l'impression que c'est aussi possible qu'un passage ait été coupé ? (puisqu'il reste deux espaces) C'est un détail évidemment, mais je me permets de te le signaler.

Au plaisir de lire une autre de tes histoires-rêves !
Zlaw
Posté le 26/06/2022
Bonjour Charlie !


Après mon petit coucou dans ton journal de bord, je me suis dit que j'allais au moins essayer de pointer le bout de mon nez du côté des tes écrits, ne serait-ce que pour me faire bonne figure à moi-même. ^^

Je découvre une plume très soignée, comme on en voit à la fois beaucoup et pas assez. Je dis "beaucoup" parce que je me lasse très souvent des envolées lyriques pour le principe, qui ne défendent pas vraiment d'idée, la forme en dépit du fond. Je te rassure tout de suite, je n'ai pas cette impression ici ! C'est d'ailleurs pour ça que je dis "pas assez", car si un style aussi solide n'est à mon expérience pas si rare, il n'en pour autant pas toujours très immersif. Je pense que tu te défends mieux que la moyenne sur ce plan. J'ai été bien entraînée par ton Veilleur sur sa nacelle, au lieu de noyée dans tes élans poétiques. Un bon équilibre, donc, selon moi. =)

L'idée d'un texte sans dialogue semble te convenir (je spoile, mais j'ai déjà lu "La Faim", que je vais aussi essayer de commenter quand ça aura décanté dans mon esprit). Je ne suis pas attachée à faire/entendre parler les personnages. Ça peut être utile comme nuisible, pour moi il n'y a pas d'obligation. Ici, l'intérêt du texte me semble être la découverte de ce monde étrange, et les deux cultures - le Royaume de la Reine et l'Empire de l'Empereur - auxquelles Tako rend visite. Le choix de rester dans la description me semble donc tout à fait adapté. Disons que ça ne m'a pas manqué. Je sais que ça peut paraître inutile comme remarque, mais parfois on se demande si ce qu'on fait marche, et je me dis que ça vaut aussi le coup d'être informé de ça, même si ça coule peut-être de source à la lecture.

Les divers personnages et paysages rencontrés sont percutants, très bien décrits, à tel point que j'ai été un peu déçue à la fin de ne pas en savoir plus. Quelles sont les missives reçues ? Pourquoi y réagir ainsi ? Est-ce la guerre entre les deux contrées ou bien une attaque venue d'en-dessous est-elle prévue ? Que se passe-t-il exactement ? On a l'impression de flotter autour de l'action, et pour quelqu'un de curieux comme moi, c'est frustrant. Mais c'est aussi une preuve de ta capacité à susciter l'intérêt, donc une très bonne chose aussi pour les histoires plus longues, avec non seulement la partie présage, mais aussi la partie révélation. ^^

Enfin, la chute (sans mauvais jeu de mot j'espère), m'a plutôt surprise. Le Veilleur, qui semblait jusque là si bénéfique, si important et respecté (on lui offre même des cadeaux encombrants dont il se débarrasse, ça m'a fait sourire), se révèle finalement sans pitié. J'ai dû relire à deux fois pour confirmer qu'il avait bel et bien coupé la corde pour laisser tomber cet homme. Certes, il est poursuivi par des créatures, mais tout de même. Très inattendu à mon sens. Un peu rapide, peut-être. Après, je préfère les débuts aux fins, donc ce n'est pas moi qui clamerais qu'il y a une panacée pour ça. Qu'on en soit ébahie ou surprise comme moi, je pense cependant qu'on peut dire objectivement que la chute ici est marquante, mémorable, et c'est sans doute ça le dénominateur commun aux chutes de nouvelles, pour moi.

Aller, je m'arrête là pour cette fois. Comme tu le vois, je n'ai pas de conseil particulier à te donner, car la seule chose sur laquelle je m'autorise à donner une coup de pouce est l'orthographe. Pour le reste, pour moi, toute écriture est valable. En l'occurrence, ta nouvelle m'a plutôt plu, et c'est bien le seul jugement que je me sente légitime à porter. =)

À bientôt !
Zlaw
jesaispastrop
Posté le 18/06/2022
Une histoire qui a beaucoup de potentiel !

Il y a d'après moi un seule point à retravailler.
Le tout est plutôt lourd à cause des très nombreux détails qui rendent la lecture compliqué et qui obligent certaines fois de relire la phrase.
Certains passages pourrais peut-être être un peu allégés, mais c'est un excellent début !

J'ai adoré l'idée de ce monde. J'ai tout de suite aimé l'ambiance qui m'a un peu fait penser à celle du "Prieuré de l'Oranger", toute en restant très originale. Si j'ai critiqué juste avant le nombre de détails, ceux-ci sont cependant très beaux et imagés, en faisant sans aucun doute l'un des point fort de l'histoire.

J'attends la suite !
Charlie Reed
Posté le 19/06/2022
Oh merci beaucoup ! J'ai commencé à chercher comment alléger certains passages et surtout le début, donc une version 2 verra le jour ... un jour (quand je l'aurai terminé aha ) Merci beaucoup pour ton commentaire (et le Prieuré de L'Oranger, ça me flatte! )
Merci encore ! <3
Le Saltimbanque
Posté le 09/06/2022
Très envoûtant.

Évacuons les défauts d'abords.
Je trouve le début très lourd. C'est une exposition peu subtile, très (trop) riche, sans un style assez fort pour aider la lecture. Les deux/trois premiers paragraphes sont difficiles à entrer, et peuvent être radicalement modifiés voire enlever (surtout le premier).

De façon générale, alléger un peu ton texte serait peut-être bénéficiaire. Les paragraphes sont tous très gros et dense. Il y a des fois où j'ai du prendre des pauses.

Mais sinon, c'est excellent. L'univers est incroyablement dépaysant. Chaque "tableau" fait rêver, voyager. Je ne suis souvent perdu, mais parfois ça ajoute au charme. L'idée d'une constellation de civilisations construites sur des falaises, reliées par des cordes et toujours menacées par des monstres des profondeur est super.
J'adore le fait que tu laisses plein de mystères sans que cela gêne la compréhension de l'histoire. Par exemple, le fait qu'on ne découvre jamais les contenus des messages de Tako mais qu'on soit seulement témoins des réactions laisse pas mal à l'imagination, c'est bien pensé.
Tako est moins un personnage qu'une figure, mais dans un texte court comme celui-ci ça passe sans problème. C'est un vagabond perpétuel prêt à tout pour faire son métier (le fait qu'il abandonne toutes les richesses offertes est très fort) au prix des sacrifices. Ce n'est pas un homme tout à fait positif, et le fait qu'il soit prêt à tuer un autre homme pour empêcher les monstres donne une profondeur inattendue au personnage.

Donc voilà, j'ai beaucoup aimé.
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