Voyageurs

Notes de l’auteur : Nouvelle écrite dans le cadre de l'appel à texte "Pour que le rêve ne s'arrête pas". La seule consigne, outre la longueur, était de terminer le texte par cette phrase. Texte non retenu.

Armée de sa tablette transparente et de son habituelle blouse blanche, Harrietta Lin faisait le tour des cuves de transport tout en mâchonnant un vieux bout de quelque chose. C’était son truc ça… mâchonner n’importe quoi – un vieux stylo, un cure dent, le cordon de son pull – pendant qu’elle réfléchissait ou s’adonnait à une tâche particulièrement répétitive.

Comme surveiller les constantes de chaque cuve. Ou essayer de trouver comment elle allait bien pouvoir assister à la première cérémonie de mariage de leur Tranche alors que son uniforme de parade a ENCORE un énorme trou d’acide sur l’une des jambes du pantalon, et qu’elle avait largement dépassé son quota de fourniture en linge pour ce cadrant temporel...

En même temps, c’était pas sa faute si au cours des trois derniers gros événements s’étant déroulés au sein du vaisseau pendant sa période de veille il y avait eu des situations d’urgence ayant nécessité son intervention.

Et la mort au champ d’honneur de son uniforme d’apparat.

Avec un soupir, elle contourna la cuve numéro quatre, ignorant les corps nus flottant à l’intérieur, et se dirigea vers le secteur huit pour y inspecter la zone des enfants. On avait peint les murs de cette section de couleurs pastels agrémentées d’autocollants aux couleurs vives, histoire d’égayer un peu l’endroit et de faire oublier que les petits fœtus flottant dans leur liquide nutritif n’arriveraient probablement pas tous à destination : d’après les statistiques, un bon tiers d’entre eux passeraient l’arme à gauche avant que le vaisseau ne soit arrivé à destination, raison pour laquelle la plupart des bébés prévus pour le programme de colonisation avaient été clonés en trois ou quatre exemplaires.

Continuant de mâchonner ce qui s’était finalement avéré être un morceau de ruban dont elle ne se souvenait pas de la provenance, la jeune femme fit le tour des incubateurs, ne notant rien d’alarmant, avant de passer dans la salle de contrôle pour vérifier les moniteurs. La plupart des écrans n’affichaient rien de bien passionnant en dehors de l’alignement compact des cuves, mais ceux reliés aux caméras concentrées dans le centre du vaisseau montraient une activité foisonnante : l’équipe huit en pleine période diurne.

Ce qui signifiait qu’elle aurait bientôt le droit d’aller dormir.

Tant mieux.

Elle venait de perdre son morceau de ruban tant son bâillement lui avait décroché la mâchoire.

Frottant ses yeux endoloris, elle acheva ses vérifications et la rédaction de son rapport, envoya ce dernier à son supérieur, puis quitta la zone des cuves pour remonter dans les parties plus vivantes du vaisseau. Comme à chaque fois, le brusque retour du bruit lui flanqua un mal de crâne de compétition, et elle dut prendre plusieurs minutes, plantée devant la porte d’accès aux soutes, pour s’habituer à la lumière vive des coursives comme à l’agitation permanente qui les peuplaient.

Une tasse de lups s’agitant sous son nez la sortit un peu de sa misère.

Arkane se tenait devant elle, un grand sourire sur ses lèvres de silicone, la partie basse de son corps dépliée pour que ses membres supérieurs et sa tête puissent arriver à sa hauteur.

- Je me suis dis que tu en aurais besoin.

Ses mains refroidies par la température glacée des zones de transport se refermèrent avec bonheur autour de la coupe chaude.

- Tu es un Ange tu sais ?

L’Androïde la regarda d’un air perplexe, jusqu’à ce que sa base de donnée lui fournisse une explication.

- Encore une de tes expressions désuètes ?

Harrietta sourit.

- Que veux-tu, on ne se refait pas. Enfin, sauf toi et tes congénères.

Son compagnon se fendit de la série de notes musicales qui lui servaient de rire et commença à rouler à ses côtés tandis qu’elle s’aventurait doucement dans la foule, sa précieuse coupe de lups à portée de bouche.

- Et puis bon, écouter la base d’apprentissage historique permet de passer le temps tout en découvrant un tas de choses intéressantes.

- Et d’avoir les jurons les plus hauts en couleur de tout le vaisseau.

Cette fois, ce fut à la jeune femme de rire.

- Aussi. Dis-moi, est-ce que Clark m’a laissé un message ?

- Malheureusement non. Je pense que monsieur Lin est encore trop occupé avec son laboratoire…

Elle porta une main fatiguée à son visage et la coupe de lups à ses lèvres, vidant le récipient d’une bonne moitié d’un seul coup.

- Je leur avais dit que ça n’était pas une bonne idée de lui donner des gadgets cool avec lesquels jouer…

- Je doute que les artefacts découverts sur le vaisseau désert que nous avons croisé soient froids. Il me semble même qu’ils ont plutôt tendance à chauffer sans raison…

- Pas… ah. Oui non. Laisse, c’est une autre de mes expressions désuètes. Ça veut dire « vraiment extrêmement intéressants et avec lesquels on peut se vanter », plus ou moins.

- Oh.

- Comme tu dis. Tu pourras prévenir mon cher et tendre que lorsqu’il daignera m’accorder de l’attention, il faudra que je lui parle de quelque chose d’important ?

Arkane se fendit de nouveau de ses quelques notes de rires, parfaitement conscient du fait que malgré la mauvaise humeur apparente de sa compagne, cette dernière n’était pas le moins du monde fâchée contre son époux. D’après ses connaissances, le couple était formé longtemps avant l’embarquement, et chacun savait composer avec les petites manies et les défauts de l’autre, comme la tendance d’Harrietta à mâchonner n’importe quoi et celle de Clark d’oublier de donner signe de vie lorsqu’il s’absorbait dans son travail. Certaines anecdotes amusantes circulaient sur eux dans le vaisseau, comme par exemple la fois où la jeune femme avait accueilli son mari au jet d’eau, après quatre semaines de travail non-stop – et sans douche – de ce dernier, ou encore lorsque monsieur avait sournoisement enduit l’un des cure-dents à mâchouiller de sa femme avec de la sauce piquante suite à un débat comme quoi elle était strictement incapable de se rendre compte du fait qu’elle portait quelque chose à sa bouche lorsqu’elle réfléchissait. Un couple uni en somme, et bien plus équilibré que la plupart de ceux constituant le reste des équipages.

Il y en avait quatorze en tout, un pour chaque Tranche de vingt années divisant le temps de voyage du vaisseau, qui assurait le pilotage de celui-ci, mais aussi sa maintenance, la surveillance de l’hibernation des passagers, la surveillance des zones plantées et l’entretien des Androïdes. Ainsi que de nombreuses autres tâches destinées à occuper les humains pendant leurs vingt années d’éveil. Les équipes sept, huit, neuf et dix avaient été sélectionnées en prenant spécialement en compte la stabilité mentale de chacun de leurs membres, leurs zones de travail étant les plus stressantes d’un point de vue mental : c’était la partie du trajet sans retour possible, avec comme seul paysage les étoiles à perte de vue et le silence de l’espace pour toute musique… Le moment où il fallait des nerfs d’acier pour tenir face à l’incertitude de l’aventure… surtout quand on était en huit ou en neuf. Après tout, ils entraient dans la zone parfaitement inconnue du voyage spatial, le moment où ils sauraient enfin si les calculs des scientifiques terriens étaient juste ou… s’ils avaient envoyé des millions de colons et de membres d’équipage à la mort dans le vide glacé de l’espace à la poursuite d’un rêve chimérique…

A ses côtés, la jeune femme bailla de nouveau, probablement pour la cinquième fois depuis le début de leur trajet, et l’Androïde prit l’initiative de poser doucement l’une de ses mains sur son épaule.

- Si je puis émettre une suggestion, tu devrais aller dormir.

- … j’adorerais pouvoir suivre cette excellente idée… mais j’ai encore du travail à faire.

- Je crois qu’il va falloir que j’aille te chercher plus de lups.

- J’en ai peur. Tu me rejoins dans la zone des labos ?

- Avec plaisir.

Leurs chemins se séparèrent, la jeune femme s’engouffrant dans l’un des ascenseurs menant à sa seconde zone de travail, soit le centre de soin. Là l’y attendait une partie de son équipe, mais aussi un plein bol de surach’ qu’elle s’appropria le temps de calmer la faim qui assaillait son ventre. Ces petites choses avaient un goût horrible, mais au moins, ça calait pleinement l’estomac entre deux périodes de repas. Son poste de travail allumé, et un énorme pot de lups apporté par Arkane posé à côté d’elle, elle se mit au boulot, consultant les dossiers médicaux en attente et rédigeant son planning du lendemain, la tête distraite par la fatigue.

C’est ainsi que son assistante la trouva endormie, une main sur le ventre et l’autre dans le bol de surach’, un filet de bave au coin des lèvres, et se fit une joie de prendre une photo qui finit rapidement publiée sur le réseau public avec en sous-titre : « Ne craignez rien, l’équipe médicale veille ». Oh il y avait de fortes chances qu’Harrietta le lui fasse payer, mais en même temps, ça n’était que justice si on repensait au claque-doigts que la jeune femme avait planqué dans son tiroir à sucreries une semaine plus tôt.

Chacun son tour !

Ayant quand même un peu pitié des cervicales de sa cheffe, l’assistante, Aurélie de son prénom, abaissa doucement le fauteuil du poste de travail en position sommeil, la couvrit avec une des couvertures du labo, et baissa les lumières de sa zone pour la laisser se reposer.

Le reste du travail pourrait attendre le lendemain…

*

Ce fut l’odeur nauséabonde d’un corps ayant passé trop de temps loin d’un complexe de douche qui la tira du sommeil, fronçant son nez adorable et sa bouche aux lèvres trop minces d’un pli désapprobateur.

- Époux, si tu ne t’écartes pas tout de suite, je te refais le coup du jet d’eau.

- Comment as-tu su que c’était moi ?

La voix de Clark était sincèrement étonnée, ce qui mua la désapprobation en sourire.

- Je ne me suis pas encore fait couper le nez tu sais…

- Oh. C’est si terrible que ça ?

Elle entrouvrit un œil.

- Il y a quelqu’un d’autre dans le labo ?

- Euh non, ils viennent de partir.

- Alors c’est si terrible que ça.

L’homme aux cheveux poivre et sel penché sur elle esquissa un sourire penaud qui habilla ses yeux bleus de mignonnes petites pattes d’oies qui firent immédiatement fondre le cœur de sa compagne. Lorsqu’elle prenait le temps d’y penser, c’était probablement à cause d’elles qu’elle était tombée amoureuse de Clark… d’elles et de son excellentissime osso-buco. Étoiles ! Qu’elle avait hâte de débarquer pour pouvoir de nouveau manger autre chose que des rations réhydratées et des aliments de synthèse ! Sa main qui frottait machinalement son ventre fut recouverte par celle, puissante, de son époux, et leurs bracelets d’épousailles tintèrent doucement l’un contre l’autre, lui tirant un autre sourire.

- Est-ce que je peux tout de même embrasser ma charmante épouse ?

- … Non.

- Méchante !

- Tu pues autant de la bouche que de sous les aisselles. Il est hors de question que j’embrasse un chacal mort depuis trois jours.

Le visage de Clark se fit boudeur, mais il n’insista pas, connaissant trop bien sa femme pour ne pas avoir envie de contester ses affirmations : si elle disait qu’il sentait le chacal mort depuis trois jours, c’est qu’il sentait le chacal mort depuis trois jours.

Et au diable ce que pouvait bien être un chacal.

S’écartant pour la laisser se lever, le chercheur fit quelques pas dans le labo, observant de son air toujours émerveillé les postes de travail éteints et la vue de l’espace rediffusée par l’holo-baie.

- A chaque fois que je m’enferme dans mon labo, j’oublie à quel point notre univers est beau…

- Alors enferme-toi moins.

- Pour que je perde l’émerveillement ? Sûrement pas.

- Je pensais plutôt au fait que tu puisses prendre plus de douches, mais ton point se tient.

Son compagnon eut une petite moue boudeuse qui dissimulait assez mal son envie de sourire, et il lui tendit une main qu’elle prit avec plaisir (malgré l’odeur) pour la guider à l’extérieur.

- J’ai faim. Pas toi ?

- Douche.

- Mais j’ai faim !

- Je serai intransigeante mon cher. Si tu as si faim que ça, mange des surach’.

- … Beurk. Plutôt prendre une douche.

- Voilà que me ravit.

Clark sortit de la pièce en grommelant mais sans la lâcher, jouant les ours bougons aussi bien pour la galerie que parce que ça l’amusait, et le retour chez eux se fit en chipotant sur de menus détails comme le repas du soir, la nécessité d’intégrer des douches aux labos, la couleur affreuse des cheveux du capitaine ou encore les derniers rebondissements en date de la sitcom tournée à bord et au sujet de laquelle ils avaient des points de vues diamétralement opposés.

Une fois son époux débarrassé de son odeur de cadavre, la jeune femme accepta de se laisser emmener dîner sur le restaurant surplombant les zones de loisir, fermant les yeux sur la dépense hors budget que ça allait générer… après tout, il fallait savoir se faire plaisir de temps en temps, et puis vu le sérieux du sujet qu’elle souhaitait aborder avec lui… le décor n’était pas si mal choisi.

Même si les réactions plutôt… sonores de son mari allaient encore attirer l’attention sur eux.

Bah, elle en avait l’habitude.

*

Le restaurant bruissait de vie et d’animation, de nombreux groupes ayant apparemment eu la même idées qu’eux, et ils eurent quelques difficultés à se trouver une place pas trop loin de la rambarde : Harrietta adorait pouvoir observer la salle en dessous d’eux et Clark se faisait toujours un devoir de lui offrir ce petit plaisir là les rares fois où ils sortaient dîner. Une fois installés en tête à tête – lui dos au restaurant et elle parfaitement positionnée pour pouvoir regarder et commenter les activités en contre-bas – ils commandèrent chacun leur plat préféré, profitant de l’attente générée par la préparation de ces derniers pour continuer leur débat sur la sitcom jusqu’à ce que le serveur revienne avec la carte des vins.

Comme tous les vaisseaux de transport long, le leur était pourvu d’un étage complet réservé aux plantes, où parcs et mini potagers s’y succédaient pour permettre le recyclage de l’air et l’amélioration de l’ordinaire, mais aussi pour empêcher la folie des équipes de Tranche… Contrairement aux Androïdes, l’esprit humain avait du mal à accepter le fait d’être enfermé dans une boîte en métal suspendue dans le vide galactique, et il avait été identifié avec certitude que le fait de pouvoir se balader dans des parcs sous le ciel et le soleil, ces derniers fussent-ils factices, aidait grandement à maintenir la cohésion mentale des agents humains embarqués.

Bien sûr, l’humanité étant ce qu’elle est, il n’avait pas fallu attendre plus d’une Tranche avant que quelqu’un ait l’excellente idée d’essayer de faire de l’alcool. Toute une production de « vins » cent pour cent spatiaux avait rapidement inondé le vaisseau et les meilleurs s’étaient retrouvés à desservir les deux restaurants du bord, ainsi que les réfectoires des différents niveaux, pour le meilleur et pour le pire.

Le serveur, un Androïde de la classe Gaïa, soit doté d’une apparence complètement humaine, leur adressa un sourire affable avant de présenter la carte à Harrietta, ayant depuis longtemps intégré le fait que Clark n’avait pas le moindre palais concernant les alcools. Aussi, lorsque la jeune femme la refusa, il eut quelques secondes de flottement, incapable de décider s’il devait la présenter au chercheur ou s’il devait tout simplement se retirer. Charitable, le couple lui donna gentiment son congé, et les yeux bleus de l’homme se braquèrent sur le visage fatigué de son épouse, inquisiteurs.

- Pas de vin ?

- Pas de vin.

- Pas du tout ?

Elle esquissa un sourire.

- Pas du tout.

- Genre même pas notre petit verre du soir ?

- Hon hon.

Clark se tortillait sur sa chaise, traversé par des vagues d’excitation grandissantes.

- Genre… pas pendant longtemps ?!

- Clark.

- Oooooh… !

Incapable de se retenir plus longtemps, le chercheur bondit de sa chaise pour prendre son épouse dans ses bras, lui tirant un cri mêlé de rire et la serrant à l’en étouffer. C’était limite s’il ne l’arrachait pas de son siège pour se mettre à danser. Autour d’eux, le restaurant s’était tu.

- Clark ! Clark ! Arrête ! Tu vas nous écraser !

- Nous ! Tu as dis nous ! AHAH ! ON VA ÊTRE PAREEEEEEEEEEEEEENTS ! YOUHOU !

Ça y était, les pieds d’Harrietta ne touchaient plus le sol parce que son mari la faisait tournoyer en l’air, le visage illuminé par une joie sans borne. Et bien sûr, il chantait son bonheur à tue-tête, dérangeant tout le restaurant qui avait pourtant du mal à leur en vouloir : la conception d’enfants n’était pas rare à bord du vaisseau, mais le fait de vouloir le garder, et donc de l’annoncer à son compagnon, n’était pas si courant que ça : la procédure d’extraction du fœtus, la mise en cuve, sans compter le clonage, coûtaient vraiment très cher et le risque de décès des membres des équipes de Tranche au cours de leurs vingts années de service poussait bien souvent les femmes à se faire avorter sans en parler.

Alors l’annonce publique d’une grossesse était toujours une bonne nouvelle.

- ON VA ÊTRE PARENTS !

- Repose-moi Amour.

- PARENTS ! ON VA ÊTRE PARENTS !

- Amour….

- YOUHOUUUUUUUUUUU !

- Amour si tu ne me pose pas tout de suite je vais vomir.

- Oh.

Il reposa gentiment son épouse par terre, un grand sourire idiot lui mangeant la moitié de la face, et la pilota en chancelant un peu en direction de leur table sous les applaudissements nourris de la salle. Harrietta était d’un joli rouge qui soulignait admirablement ses joues, et ses yeux bruns pétillaient de bonheur. Elle n’avait pas eu trop de doutes quant à la réaction de son mari à l’annonce de sa grossesse, mais elle devait avouer qu’elle ne s’était pas attendue à ce qu’il la fasse virevolter de partout. C’était délicieusement embarrassant…

Et ça faisait une anecdote de plus à ajouter à leur histoire.

En face d’elle, Clark sautillait littéralement sur sa chaise.

- Tu le sais depuis quand ?

- Deux semaines environ.

- … Comment ça se fait que je ne l’ai pas réalisé avant ?

- Peut-être parce que tu as passé ces deux semaines penché sur des artefacts extraterrestres ?

- … Effectivement (il battit des mains) on va être parents !

Cette fois encore, elle ne put s’empêcher de rire : son mari ressemblait vraiment à un gosse devant lequel on venait de déposer le cadeau qu’il attendait depuis des mois. Elle effleura doucement sa main du bout des doigts.

- Oui. J’ai commencé à regarder pour les frais et…

- Ne t’en fais pas. Je vais demander des heures supplémentaires ! Et je ferai une ou deux sorties en extérieur d’accord ?

- Chéri…

- Oui ?

- Je ne suis pas sûre que cela suffise.

- Comment ça ?

- Eh bien… les cuves fœtales sont presque pleines, et le clonage en hyperspace n’est souvent pas viable. Du coup… ça sera probablement très cher et…

- Chhh. Chhh.

Clark se leva, déplaçant sa chaise pour venir s’installer près de son épouse et s’empara de ses deux mains, un sourire très doux ayant remplacé celui de joie pure qu’il arborait jusqu’à présent.

- Écoute-moi. On fera ce qu’il faut d’accord ? On verra avec nos supérieurs, on s’arrangera pour que tout se passe bien… on est les premiers de cette Tranche à décider de garder un bébé, ils nous aideront probablement. Et puis…

L’une des mains de l’homme se déplaça pour se poser sur le ventre d’Harrietta. Ce ventre qui abritait l’un des miracles de l’univers, un petit amas de cellules bouillonnantes qui dans un peu moins de trois mois serait assez costaud pour être extrait et placé en cuve, qui serait cloné pour que sa survie soit certaine, qui un jour foulerait le sol de leur nouvelle planète, encadré par ses parents.

- Ça leur fera un colon de plus. Un petit humain supplémentaire à voir grandir une fois que nous serons arrivés.

Le sourire qu’ils échangèrent à ce moment-là portait en lui tout l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

Ils allaient y arriver.

Ensemble.

Ils porteraient ce projet, ce tout petit être en devenir, à terme. En même temps que ce vaisseau, en même temps que ces passagers dont ils surveillaient le sommeil. Ils feraient de leur mieux, tournés vers l’avant, le futur…

Pour que le rêve ne s’arrête pas.

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Makara
Posté le 26/09/2018
Coucou vava :) oh mais j'ai adoré ta nouvelle, je l'ai lu d'une traite :).j'adore vraiment ton humour, j'ai souris plusieurs fois en particulier pour cette histoire de douche ! Je trouve leur conversation particulièrement réaliste ^^
Et puis la référence à l'alcool je suis trop d'accord (quoi on reconnaît que je suis bordelaise ??) lol. Je pense que aurais peut être même plus pu l'exploiter ^^ (genre avec un robot spécialiste des différents vins...) 
 Par contre je n'ai pas tout compris  cette histoire de tranche et de couple. En gros un couple =20 ans sur le vaisseau ? Est-ce qu'ils avaient tous le même âge en partant ? 
En tout cas chapeau parce que je ne trouve pas le thème facile. Tu as réussi à créer un univers en peu de mots ! 
Bref, moi j'ai bien envie de savoir ce qui va arriver à ce beau petit couplé ^^
Bisous volants
Makara 
VavaOmete
Posté le 26/09/2018
°Sait plus où se mettre, rouge tomate° merci é.è
Pour le vin, comme je suis une brelle, j'avoue ne pas avoir trop osé développer... >.> du coup si jamais tu as des idées... =D
 
Ah o.o oui, en relisant, ce passage n'est pas clair du tout ! T.T<br />L'idée c'était que lors du voyage, il n'y ai qu'une petite partie du personnel qui soit éveillé, le tout par tranche de 20 ans d'éveil à bord du vaisseau, histoire que 1. le vaisseau fonctionne, que 2. les humains éveillés ne deviennent pas dingues (le voyage est long) et que 3. tout le monde arrive vivant à bon port (la planète). Faudra que je corrige ça >.< <br />Surtout que dans ma tête, si les équipes éveillées ont toutes plus ou moins le même âge au départ du vaisseau, la cargaison de colons, elle, comporte des enfants comme des adultes et des vieux.
 
é///è merci beaucoup pour tes compliments ! On les retrouvera peut-être plus tard ^w^/
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