2 : De cendres et de fer

C'est comme si plus rien n'existait, entre lui et moi, je le voyais, se rapprochant à la charge comme un démon en furie. Sa lame teinté des flots de sang du village me rappelait la mort certaine qui m'attendait. J'étais paralysé, je ne pouvais que tenir de toutes mes forces le pommeau du sabre de ma mère.

Arrivant devant moi, son épée lourde était brandit au dessus de ma tête, je ferma les yeux de peur. ces mots qui retentissaient dans ma tête "père, je n'ai pu sauver personne... pas même notre famille".

Dans un silence parfait, le bruit sourd d'une lame fine tranchant la chair et les os dans un courant du vent, j'entendais le sons des feuilles mouvantes dans le vent. Cet instant, plus aucun bruit ne se fit entendre. Étais-je mort ? Je ne ressentais aucune douleur, ce monstre saurait-il tuer sans faire mal ? Impossible.

J'ouvris les yeux doutant, il était toujours devant moi, mais quelque chose avait changé, une fine entaille le long de son corps lui faisait surface avec un flot rouge. Soudain, dans le craquement d'os coupé et broyé, ses organes se déchirant par sa masse dominante face à moi. C'est alors que son corps s'ouvrit laissant jaillir le sang recouvrant mon visage. Mais qui a fait ça ? Qui m'a sauvé ? Son corps au sol, je vis alors la silhouette d'une femme se tenant derrière son cadavre coupé de part et d'autre. Elle se retourna et me regarda de ses yeux envoutant, aussi rouge que le rubis. Je ne savais plus quoi dire, je n'avais d'ailleurs aucune idée de qui elle pouvait être.

- Me... Merci... Vous êtes... ?

C'est à ce moment que je remarquai le sceaux impérial sur sa tunique. Serait-ce l'impératrice en personne ? Elle resta muette un court moment, fixant l'arme de ma mère au moment où je l'avais lâché au sol. Elle était comme obnubilée et intriguée, puis elle sortit de ses pensées.

- Laisse moi me présenter, je suis la gouvernante de ce royaume. En d'autre termes, je suis l'impératrice. Je suis venu en personne après avoir appris les attaques partout dans le royaume. Valkeim était le dernier village encore debout selon mes messagers, mais je vois que j'arrive trop tard.

L'impératrice se tenait devant moi, elle était beaucoup plus jeune que ce que je pensais, elle avait l'air d'une jeune femme, très jolie, aux long cheveux sombre se mélangeant à ses yeux rouge envoutant. A vrai dire, personne ne l'avait vraiment vu de près comme de loin.

- Mais vous avez prit de gros risques en venant vous même ici !

- Je sais bien, je pensais trouver une vieille connaissance à moi...

Le bruit de l'acier s'entrechoquant et des sabots de la cavalerie venu en auxiliaire avec elle se faisait entendre partout dans le village, tous combattaient contre cette menace venu de nulle part.

- Demoiselle l'impératrice ! Attendez ! Que ce passe t'il ?!

- Appelle moi Erylis, simplement, je déteste les formalités. Pour t'expliquer brièvement la situation, notre royaume subit les assaut d'une menace éteinte depuis 324 ans, les vampires ont repris leurs forces depuis la dernière révolution et sont tous enragé à l'idée d'assiéger l'empire. Soupirait-elle.

Je me releva et pour la remercier de m'avoir sauvé la vie.

- Désolé de me présenter à vous dans un tel accoutrement. Il faut dire aussi que je n'avais pas le choix d'être taché de sang...

- Ne te lamente pas pour ça, d'ailleurs, mes gardes impériaux vont s'occuper de sauver les quelques survivants de ton village, je suis désolé, je n'ai pas pu arriver à temps... Regarda-t-elle le sol, les yeux sombre.

Dame Erylis avait vraiment l'air d'être préoccupé par le destin funèbre des habitants. Ça se voit qu'elle tient aux habitants de son royaume.

- Lennix !! Tu es vivant ! S'écriait un homme derrière moi.

- Père ?! Père !! Les larmes me remontait aux yeux, je n'avais finalement pas tout perdu

Il s'approcha de moi en courant et me serra dans ses bras, je sentit alors toute l'inquiétude d'un père disparaître dans un court élan. Dame Erylis assistait à la scène, le sourire au coin des lèvres. Mon père la remarqua, puis me lâcha.

- Impératrice !

- Père ! Elle m'a sauvée la vie ! C'est à ce moment, que je remarquais son sourire, faisant paraître toute sa quiétude, la lourde pression qu'elle a sur les épaules est un énorme fardeau.

- Mon fils, nous faisons malheureusement partie des quelques survivants... Disait-il, soupirant en s'agenouillant.

Mon père savait déjà pour notre famille, il a du avoir le temps d'aller voir chez nous pendant que je me suis fait pourchasser.

- Qu'allez vous faire, une fois que le village sera sécurisé ? Demandait Dame Erylis.

- Nous essayeront de reprendre une vie normale, mais le village détruit, le commerce sera dur, de plus, si des conflits éclatent, personne ne viendra rendre visite à un village frontalier comme Valkeim.

Moi, la haine voué aux vampires ne faisait que naître, je voulais tous les exterminer, d'avoir ôté de ma vie, des êtres cher. Et cela, Erylis l'avait remarqué.

- J'ai une proposition à vous faire, rejoignez la légion, en ce moment, nous manquons d'effectifs.

- Moi, je commence à me faire trop vieux pour rejoindre l'armée, désolé Dame Erylis. Répliquait mon père.

Son regard se posa sur moi, c'est étrange, je ne ressentais aucune pression sur moi, elle avait comme le don de pouvoir apaiser la douleur des autres, sa présence me rassurait beaucoup.

- Je... Je ne sais pas, c'est assez soudain comme proposition, rejoindre les rangs de l'armée...

- Je comprends ta réflexion, si l'envie te tente de venir combattre pour le royaume et pour pouvoir venir en aide financièrement à ta famille, viens à la capitale, les inscription militaire sont ouverte. Je t'y attendrai !

Les gardes impériaux revinrent, tous couverts de sang. Le carnage dans le village a enfin pris fin.

- Impératrice, nous avons fini de repousser les dernières forces assaillantes, les quelques survivants que l'on a pu sauver sont regroupés dans le village, nous avons laissé quelques soldats pour les aider et les protéger d'une potentielle contre-attaque !

- Très bien officier, je vais me remettre en route vers la capitale, faites moi un rapport des dernières attaques dans le royaume à mon retour et préparez moi une escorte de la cavalerie.

- À vos ordres Impératrice !

Elle n'hésite pas à se donner au maximum pour son peuple, c'est comme si elle ressentait ce que son peuple vit. Elle prend vraiment à coeur son rôle d'impératrice.

Elle monta sur son cheval, un grand étalon blanc à la crinière dorée, il était orné des sceaux impériaux et d'un caparaçon renforcé pour les combats aux couleurs de l'empire.

- Lennix, si il te vient l'envie de rejoindre mon armée, je t'attendrai de pied ferme. Souriait-elle avant de prendre la route au galop suivi de sa garde.

L'armée, c'est désormais la seule solution qui me reste pour obtenir assez d'argent pour mon père, la saison va être dure pour la vente, de plus, si les conflits éclatent, comme mon père l'a dit, cela va faire tomber les petits villages dans une crises financière, puis la famine entrera en jeu et tous tomberont les un après les autres.

Les vampires, je croyais que ce n'était qu'une légende pour faire peur aux enfants, cela fait désormais 324 ans qu'ils n'ont plus fait surface depuis la révolution. Aujourd'hui, ils massacrent tous les habitants des petits villages, plus tard, ils s'attaqueront davantage aux villages puis aux villes, jusqu'à la capitale. Ma haine envers eux ne fait que grandir pour ce qu'ils ont fait, pour avoir tué des centaines d'innocents, je ne pourrai jamais leur pardonner ce qu'ils ont fait ! ... Mais m'engager signifie prendre de grandes responsabilités. Je ne sais pas quoi faire, rien ne sera plus comme avant.

Cela faisait maintenant deux heures que je creusais, tous ces corps mutilés, déchiquetés, on croirait un massacre d'un animal, comment peut-on faire ça ?! Rien qu'à y penser, j'en avais des frissons jusque dans les os.

Je jetais un dernier regard aux corps de ma mère et de ma soeur, les yeux emplis de larmes et de rancoeur pendant que mon père les recouvrait de terre. Mon père lui gardait la tête froide pour rester fort dans cette situation qui est des plus horribles, mais je sais bien que son coeur sera à tout jamais meurtrie par ce jour noir.

- Lennix, tu vas faire quoi maintenant ? Demandait mon père, regardant la motte de terre sur les corps enterrés, le regard triste et caché.

- Je pense qu'il n'y a aucunes autres alternatives, je vais m'engager, et nous ramener de l'argent, c'est le seul moyen qu'il nous reste pour survivre père... Chacun des mots que j'avais dis retentissait dans ma tête, nouant ma gorge.

- Je vois... Tu me rappelles ta mère quand on s'est rencontré, elle avait la même détermination malgré le poid qu'elle supportait. Son visage bas, je pouvais en distinguer les lourdes larmes d'un triste passé.

- Pourquoi ça ? Mes parents on toujours esquivé la question quand je voulais savoir l'époque quand ils se sont rencontré.

- Oublie ce que je viens de dire, si tu dois partir mon fils, fais attention à toi, ne fais rien de stupide, d'accord ? Il me regardait avec un sourire cachant la peine et l'inquiétude d'un père pour son fils qui se retrouve désormais avec les responsabilités d'une vie.

- Je te le promets père.

Après m'être recueilli une dernière fois sur la tombe de ma mère et de ma soeur avec mon père, c'est alors que je vis le village entier en deuil, beaucoup avaient perdu leurs membres, beaucoup en étaient blessé, plus ou moins gravement, d'autres agonisait au sol, hurlant au secour d'une âme charitable pouvant leur abréger leur souffrances.

C'est alors que je vis cette vieille dame non loin de chez moi, c'est notre voisine, elle avait déjà perdu son mari au front, elle survivait grâce à son petit commerce, aujourd'hui, elle n'a plus rien, tout ce qui reste sont des cendres et des ruines. Je ne pouvais pas rester la sans aller la voir.

- Madame Shen, Vous n'êtes pas blessée ?

- Oh... mon petit Lennix, tu es vivant, quel soulagement ! Ne t'en fais pas pour moi, j'ai traversé le temps et les époques, il m'en faudrait bien plus pour m'abattre mon petit. Malgré son vécu, elle a appris à garder la tête haute.

Par contre, on peut pas en dire autant de mon épicerie... Enfin bon, le tout c'est d'être vivant, non ? Et tes parents ? La petite Nina s'en est... Au vu des marques de tristesse sur mon visage, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre.

- Ma mère est morte et ma soeur... à était tué sous mes yeux...

- Mon petit, je suis désolé... Oh ! Maintenant que j'y pense, ta mère m'avait confié quelque chose peu avant l'assaut, je ne sais pas trop bien ce que c'est mais... Elle sortit alors un objet de sa longue veste un objet similaire à un couteau dans son fourreau.

- Qu'est que c'est ? On dirait un couteau ?

- Oui, ta mère m'a confié cette dague, avant de partir, elle ma demandé de te le donner si quelque chose venait à lui arriver, elle ma dit qu'il faut que tu la gardes au péril de ta vie !

- Co... comment ça ? Pourquoi ma mère me confierait-elle une dague, que je dois garder à tout prix ?

- Je n'en sais pas plus que toi mon petit. Fais attention à toi, j'en ai vécu des désastres, mais celui là annonce quelque chose d'une ampleur sans égal.

On pouvait voir beaucoup d'habitant partir et d'autres rassemblant le peu de ressources leur restant pour quitter le village, les gardes impériaux les aidaient, ils craignent une seconde attaque, qui serait encore plus dévastatrice que la première, malgré les gardes impériaux laissé par l'impératrice, je doute que l'on puisse les retenir longtemps une seconde fois. Madame Shen aussi préparait ses affaires. Avant de partir elle aussi, elle me laissa cette dague que ma mère lui avait confié. Une dague à la lame argenté dont le coeur de la lame, ressemble étrangement à un contenant, d'un rouge sang. Ce n'est pas une arme normale, je demanderais ça à mon père avant de partir.

Quelques minutes après avoir préparé mes affaires. Mon père avait réussi à ramener un de nos chevaux et l'a attelé pour porter mes affaires.

- Dit père, Madame Shen m'a donnée cette dague, c'est mère qui lui a confiée, au cas s'il devait lui arriver quelque chose. Tu sais ce que c'est ?

- Cette... ! Cette dague, était à ta mère à l'époque, elle te servira quand le temps sera venu. Mais écoute moi Lennix, ne fais rien d'imprudent avec, promets-moi le. Que voudrait-il que je fasse avec une dague ? Me défendre à la limite, mais je n'en vois pas plus d'utilités.

- Oui, je te promets que je reviendrai, et on fêtera ça !

- Je compte sur toi mon fils ! Fais attention sur la route, n'oublie pas, pour aller à la Capitale, c'est toujours vers l'Est ! Mon père souriait, le voir sourire me redonna du courage pour partir à l'aventure, j'en étais même encore plus motivé pour revenir.

C'est alors que je pris la route vers la capitale avec le cheval de mon père, c'est bien la première fois que je quitte mon village natal. Le chemin s'annonce long, il paraît qu'il faut deux jours pour aller jusqu'à la capitale. Le soleil ne tardera pas à se coucher dans quelques heures, je devrai faire une halte en chemin pour passer la nuit. Je me demande comment ça se passe dans les autres villages. J'espère qu'ils s'en sont eux aussi sortie. Je vengerai ma mère et ma soeur, je m'en fais la promesse, de tous les renvoyer brûler dans les tréfonds de la mort.

(* caparaçon: Harnais d'ornement ou de protection dont on équipe les chevaux.)