22. Je peux être qui tu veux.

Par Arod29

Depuis une heure, les yeux clos, Salgione psamoldiait des mots incompréhensibles.

Grys souffla d'agacement.

— Arrête de souffler le nain. J'ai fini.

— Je te promets qu'elle va arrêter de m'appeler le nain!

Loup invectiva l'ancien mercenaire.

— Ferme là Grys.

Salgione se leva avec grâce et fixa intensément Sinfen.

Le mage fut déstabilisé.

— Que dois-je faire?

La sorcière sourit.

— Rien d'insurmontable pour un homme aussi courageux que toi. Peut-être même trouvera tu cela agréable.

— Agréable?

Salgione s'exclaffa.

— Oui, vois tu nous autres sorcières, pouvons absorber les ombres. Les mages noirs nous détestent aussi pour cela.

— Donc tu as juste à me toucher pour détruire cette saleté.

— Non non non, Trop facile. Il faut que tu me pénètres.

Tout le monde se regarda pour être certain qu'ils avaient tous entendu la même chose, même l'âtre de la cheminée sembla faiblir avant que ses flammes ne crépitent de plus belle.

Kjeld croisa les mains.

— Bien évidemment c'est une image.

— Non mon petit mage. Nous devons forniquer ensemble.

Iria éclata de rire. Grys, qui se balançait d'avant en arrière sur sa chaise, chuta et faillit s'étouffer avec le bout de viande séché qu'il mastiquait.

Sinfen recula dans son siège.

— Non non. c'est impossible!

— Serais tu eunuque?

— Mais non pas du tout! 

— La fusion doit être totale et c'est dans la jouissance que j'absorbe les ombres.

Kjeld se leva brusquement et agita la main en guise de non.

— Mais non ce n'est pas possible. Pas avec une sorcière.

— Cela n'a pas déplu à Loup.

Machinalement, Loup regarda derrière lui puis il leva les mains.

— Je ne vois pas du tout de quoi elle parle.

Arcis eut un regard de reproche envers son père. La sorcière lui jeta un coup d'oeil fugace.

— N'en veux pas à ton papa. Je lui ai montré ce qu'il voulait voir. J'ai triché. Je ne sais même pas s'il s'en souvient.

Loup se leva et s'agaça.

— Il s'en souvient.

— Sinfen il n'y a pas d'autres moyens. Arrêtons de tergiverser. Nous allons vous laisser la chambre du fond. Vous faites ce que vous avez à faire, elle te bouffe cette saleté et on fait le point.

Le mage eut un air de dégoût.

Salgione se redressa vivement, son auditoire sursauta, elle s'approcha de l'oreille de Sinfen et lui susurra quelques mots.

— Très bien laissez nous.

Le mage se leva et avec la sorcière, ils entrèrent dans la chambre du fond. A peine avaient ils franchi le seuil de la porte que Salgione était presque nue.

— Tu tiendras ta promesse Salgione.

— Je tiens toujours mes promesses. Déshabille toi.

Ils s'installèrent sur le lit qui couina de vieillesse.

La sorcière caressa délicatement le visage de Sinfen.

— Je sens la Sombrelle jusque sur ton visage. Elle est là depuis très longtemps. Laisse toi faire.

Sinfen commença à se détendre. La voix de la sorcière l’envoûtait. Salgione posa ses lèvres humides sur celles du mage qui frissonna de plaisir.

— Je peux être qui tu veux.

— Reste toi-même.

Ils s'embrassèrent fougueusement et Salgione se plaça à califourchon sur Sinfen. Elle plaça ses mains sur son dos. Elle sentit la Sombrelle se mouvoir. La sorcière sentit le mage entrer en elle au même moment que l'ombre. Déjà celle-ci cédait et commençait à relâcher son emprise. Le plaisir que ressentait Salgione était décuplé et rapidement elle cria de jouissance. La Sombrelle pénétra alors totalement en elle. Elle la sentit dans son corps, de petits soubresauts qui lui procurèrent de petits pics de plaisir puis la sombrelle disparut en silence comme si elle n'avait jamais existé.

Kjeld était en sueur et tremblait

— C'est fini Sinfen. Tu es libre.

Le mage resta silencieux quelques secondes.

— Je suis libre? C'est tout?

— Oui. Je t'avais dit que ce moment ne serait pas le pire de ta vie. Absorber des ombres est facile et plaisant pour nous.

— Salgione. J'aimerais que tu acceptes mes excuses. Mes préjugés m'ont empêché de voir qui tu étais vraiment.

— J'ai une certaine habitude de ce genre de comportements mais peu me présente des excuses. 

La sorcière se leva et Sinfen contempla ses courbes harmonieuses.

— Ne t'attache pas à moi. Je ne suis pas une créature faite pour une vie de couple classique. Tu serais forcément déçu sur la durée. 

Sinfen se redressa.

— Tu as de la famille encore en vie mage?

— Non.

Salgione caressa le front de Sinfen. 

— Parle avec Loup et Grys.

***

Quand ils sortirent de la chambre, tous attendaient, agglutinés sur un bout de la grande table. Personne ne parla. 

— La Sombrelle est morte mes amis.

Sans perdre de temps, le regard de Sinfen se tourna vers Loup puis Grys.

— Il faut que je vous parle. Allons dehors, j'ai besoin d'un peu d'air.

Tous les trois sortirent sur le petit plateau devant la maison d'Ereïm. Une petite brise affola les petites gouttes d'une bruine fraîche  les visages des trois hommes.

Sinfen les regarda.

— Qu'avez vous à me dire?

Loup s'éclaircit la gorge. Ses yeux clignaient à cause de la pluie incessante.

— Quand nous avons quitté la forteresse blanche. Nous avons traversé les marais et nous avons fait une rencontre plutôt étonnante.

Grys serra les dents.

— Putain, c'est le moins qu'on puisse dire.

Sinfen croisa les bras.

— Et?

— Jared, ce nom te dit quelque chose.

Le mage fouilla dans sa mémoire défaillante.

— Non.

— Il s'est présenté comme ton frère.

Sinfen secoua la tête

— C'est impossible.

Grys fit une moue moqueuse.

— Y a quand même un air de ressemblance.

Loup lança un regard assassin vers Grys.

— Il vit dans les marais.

— Puants. Tu as oublié puants.

— La ferme Grys.Il y a plus à dire. C'est un Orombre renégat. Ils ont choisi une autre voix que la majorité des mages des ombres. Il aimerait te rencontrer. Et je ne te cache pas que quelques alliés qui savent se rendre invisible, je ne cracherais pas dessus.

Sinfen resta sans voix pendant quelques minutes.

— Je vais aller le voir.

— Grys connait le chemin, il va t'accompagner.

— Jamais!

— Tu n'as pas le choix si tu veux vivre.

Les trois hommes rentrèrent se sécher devant l'âtre de la cheminée qui attisé par le vent qui s'engouffrait par le conduit, redoubla d'intensité.

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