Le soleil qui commençait à s’élever haut dans le ciel tapissait les sous-bois de myriades d’éclats irisés. Entre les fougères teintées de perle de rosée émeraude, une ombre fugitive parcourait l’épaisse forêt, à l’affût de la moindre menace. Soudainement intriguée par un son inhabituel, elle se tourna résolument vers ce qui semblait en être l’origine. À pas feutrés, elle se rapprochait de la source lorsqu’elle comprit que celle-ci se situait vers la rivière toute proche, hors du couvert des bois. Arrivée la lisière de son abri végétal, elle détailla la scène incongrue devant elle. Une femme pleurait assise dans l’eau. La menace ne paraissait pas en être une. Forte de cette impression, l’ombre s’extirpa maladroitement des branchages qui la séparaient des abords du cours d’eau.
Entièrement à sa détresse, les yeux emplis de larmes, Eylin n’entendit pas approcher l’éventuelle menace lorsqu’une petite voix l’interpella.
« Pourquoi vous pleurez ? »
Surprise et effrayée, Eylin découvrit une fillette efflanquée qui aurait pu avoir neuf ans si elle avait été humaine. Eylin dont les larmes s’étaient arrêtées considérait avec stupéfaction la taille de l’enfant de laquelle naissaient deux ailes légèrement déployées. La fillette était recouverte du torse aux jambes d’un plumage dans un mélange de bleu et de jaune. Jamais l’eadienne n’avait eu l’occasion de voir une telle créature. Enfermée depuis toujours dans la citadelle de son seigneur, elle n’avait jusqu’alors rencontré que des êtres humains et encore seulement les gens de son maître. Elle avait entendu parler dans les couloirs de l’existence d’autres races, mais elle était stupéfaite de découvrir cette enfant devant elle qui de plus lui posait une question.
Devant la pétrification d’Eylin, la petite se hasarda un peu plus loin de la lisière sylvestre et surprit les volutes sanglantes dans l’eau froide suscitant par là même un élan de compassion, chassant ses dernières réserves.
« Quelqu’un vous a fait mal ?
- Mal ? »
Ne comprenant pas, Eylin suivit le regard de la fillette fixé sur ses mains immergées qu’elle ôta de l’eau glacée les ramenant sur sa poitrine. Elle s’était tellement frotté les mains dans les graviers à vouloir effacer les marques tout nouvellement apparue qu’elle s’en était fait saigner les paumes.
« Non, je n’ai pas mal.
- Pourquoi vous pleurez alors ? Vous êtes perdue ?
- Perdue ? Oui, en un sens.
- Oh, mais ne pleurez plus alors, je sais où on est. Là-bas, c’est ma maison. Vous z’avez qu’à venir avec moi. Je n’ai pas encore mes ailes d’adulte, il vous suffira de me suivre à pied. Vous comprenez, sinon, je ne marcherais pas. Ma maman vous soignera. Ma maman, elle sait très bien soigner, vous savez. Une fois, j’étais tombée de la maison et je m’étais blessé l’aile gauche. Hé ben, ma maman, elle m’a mis plein de pommade qui ne sentaient pas bon. Ça me grattait beaucoup et maintenant, je suis guérie. Venez, vous verrez, elle fera pareil avec vous. Mon papa, lui, il vous aidera à retrouver votre maison. J’en suis sûre, il est très fort. Il sait plein de choses. Mais, au fait, moi, je m’appelle Tilly, et vous c’est comment ? »
La petite avait déclamé tout son discours en un flot ininterrompu submergeant Eylin de sa verve. Elle attendait maintenant patiemment une réponse.
« Je … enfin, moi c’est Eylin.
J’ai besoin d’aide…
Si tu veux bien me montrer le chemin, je te suivrai jusque chez toi.
Laisse-moi juste le temps de me relever ! »
À ces mots, Eilin prit appui tant bien que mal sur ses mains et réussit à se mettre à genou. Poussant sur ses jambes, l’eadienne ne réussit à se lever que très péniblement.
« Je te suis » dit-elle dans un souffle.
Tilly se retourna alors vers la forêt et entama la marche d’un pas léger, s’aidant par instants d’un battement d’aile pour éviter les accidents du terrain. Eylin, quant à elle avait une démarche bien moins sûre. Franchissant la lisière du bois, l’eadienne prit quelques instants à accommoder sa vue à la pénombre grandissante. Malgré ses forces amenuisées, elle parvenait à suivre son guide pour l’instant. Espérant que le trajet ne soit pas long, Eylin s’encouragea mentalement à continuer.
« Dis-moi, Tilly ! Ta maison est-elle loin ? Tu es sûre de parvenir à retrouver ton chemin à travers cette forêt si dense ?
- Vous Z’inquiétez pas, c’est pas loin. » Lui sourit Tilly.
« Et puis, c’est chez moi ici, alors je ne risque pas de tourner en rond comme les courts sur pattes.
- Les courts sur pattes ?
- Oui, tu sais bien les poilus courts sur pattes.
- désolée, je ne vois pas.
- Tant mieux, si tu ne connais pas, il vaut mieux les éviter. Ils sont un peu soupe au lait avec les plumeux comme moi.
- Les plumeux ? répliqua Eylin ahurie.
- Ne me dis pas que tu ne nous connais pas non plus !
- Chez moi nous vous appelons, les erkiliens.
- ARHHHKKK, ce n’est pas à dire ici. Si mes parents t’entendent utiliser le nom que nos ennemis emploient, ils ne voudront pas te soigner. »
L’enfant s’arrêta net et se retourna dardant Eylin d’un regard inquiet.
« Dis, tu n’es pas avec eux quand même ?
- Non, je te rassure. J’essaie de leur échapper.
- Cela va alors, allez viens »
Des heures avaient passé depuis le départ de la rivière. Progressant difficilement dans la végétation, il semblait à Eylin que des jours s’étaient écoulés au vu des crampes qui la handicapaient de plus en plus. Elle était au bord de l’épuisement. Économisant ses dernières forces, elle avait rapidement arrêté de poser des questions à Tilly, se concentrant sur ses pieds et l’endroit où elle les posait. Tilly ne semblait pas s’en offusquer et l’attendait patiemment à chaque fois qu’elle prenait trop d’avance. Malgré le soleil haut dans le ciel indiquant le milieu de journée, Eylin devait souvent avancer à tâtons afin d’éviter une chute dont elle n’était pas sûre d’arriver à se relever. Cette contrée d’Armesis était étrange aux yeux de l’eadienne. Du peu qu’elle se souvenait, elle se trouvait dans les forêts d’Iamov au pied du mur d’Inikov, une région sauvage où aucun seigneur ne s’était installé. La rivière l’avait étonnamment porté loin.
Lorsque tout à coup, Tilly qui l’avait patiemment attendu pendant tout le trajet s’exclama :
« Ça y est, on est arrivé. Là, c’est ma maison » indiqua-t-elle de la main.
Laissant Eylin seule, Tilly se porta en avant et disparut de la vue de cette dernière. Impatiente, Eylin se redressa pour étudier la distance qu’il lui restait à faire lorsqu’elle distingua le son de quelques voix étouffées. Dans un dernier sursaut, elle franchit une ultime souche et découvrit une douce lueur filtrant à travers les broussailles. Débouchant dans une petite clairière, elle contempla le havre promis. Un feu de camp crépitait autour d'un inconnu et de Tilly qui semblait lui faire le récit de ses dernières aventures. Ne lui laissant le temps de répondre, elle déploya aussitôt ses ailes et s’éleva dans les airs, disparaissant de nouveau. Exténuée et effrayée, Eylin observait l'inconnu sans faire le moindre mouvement, ni émettre le moindre son. Elle faisait face à un humain et pas du tout à un plumeux de toute évidence.
Donc on retrouve Eylin. On découvre une nouvelle créature, et un peu de worldbuilding. Vu les noms de lieu donné, on part sur un univers type slave?
A sa manière de parler Tilly a plus 6 ans que 9. Où alors elle a un handicap...
Il y trois passages que je n'ai pas bien saisi :
1-
«un flot ininterrompu submergeant Kara»
c'est qui Kara? Je subodore que tu as changé le nom de l'héroïne et oublié l'ancien nom dans cette phrase, non?
2-
«- ARHHHKKK, ce n’est pas à dire ici.
- Si mes parents t’entendent utiliser le nom que nos ennemis emploient, ils ne voudront pas te soigner. »»
il y a un changement de tour de parole, mais la deuxième n'est pas d'Eylin, et il n'y a que deux personnages, non?
3-
«Un feu de camp crépitait autour d'un inconnu et de Tilly»
Je ne comprends pas trop et n'arrive pas à visualiser, elles sont au milieu des flammes? C'est des créature du feu?
Voilà voilou. Maintenant plus qu'à attendre pour avoir la suite. :)
Merci pour ce texte.
ma beta lectrice officielle, ah ah
Merci d'avoir relevé mes coquilles.
Le 1/, tu as bien subodoré. C'est rectifié
Le 2/, tu as tout à fait raison. rectifié aussi
Le 3/, je vais reprendre pour clarifier.