La chasse lui avait à peine calmé les nerfs. Cela suffisait pourtant, habituellement. Ses pisteurs avaient décelé deux jours auparavant des traces qui ne dataient que de quelques heures. Lançant ses meilleurs limiers sur le champ sur cette piste, il avait entraîné à sa suite, le plus gros de ses hommes dans l’entreprise. La traque avait duré de nombreuses heures, deux nuits s’étaient même écoulées ne laissant que peu de répit à la proie. Une si longue poursuite était fort inhabituelle. L’endurance et l’intelligence de son gibier avaient rendu la chasse encore plus intéressante. À de nombreuses reprises, leur proie avait failli leur échapper. Rompu à cet exercice, Argor avait alors relancé ses pisteurs en quête d’indices leur permettant de retrouver la piste. Le savoir-faire de ses limiers mais aussi la chance leur avait permis de reprendre la chasse.
À sa grande joie, à l’apogée de l’astre solaire de cette nouvelle journée, sa proie s’était enfin retrouvée cernée de toute part. Encore quelques heures auparavant, il l’avait découverte tenue en respect par les lames de ses hommes. De plus, deux d’entre eux l’avaient mise en joue de leurs arcs longs, prêts à tirer à la moindre tentative hostile de la part de celle-ci. À bas de sa monture, un sourire satisfait aux lèvres, leur seigneur avait sorti son épée du fourreau. Ayant détaillé la chose recroquevillée à terre, il avait été ravi de constater la détresse dans ses yeux. Son plumage, un mélange de bleu nuit, de bleu azur et de jaune avait été malmené. À cet instant, il était sale et hirsute, conséquence de la longue traque. De nombreuses plumes ensanglantées gisaient au sol, vestiges très certainement d’une lutte. Ayant senti sa fin inéluctable à l’approche d’Argor, une certaine fierté l’avait fait se redresser maladroitement face à son bourreau. Ce dernier avait alors calmé d’un geste autoritaire la nervosité que cela avait provoqué chez ses hommes. Scrutant toujours la femme, il avait pu constater qu’une de ses ailes pendait lamentablement à son côté, car perforée par une flèche, du sang écarlate s’écoulant de la blessure.
Arrivé à la distance convenable, Argor avait planté son épée dans le ventre de l'erkelienne résignée qui n’avait émis aucun son en mourant. Ayant retiré sa lame rougie de sang, il l’avait essuyé avant de la remettre au fourreau.
Argor s’était alors exclamé :
« Ce fut une bonne chasse ! Ce soir, vous aurez droit à une ration de bière pour fêter ça !
- Oh, grâce vous en sois rendu seigneur. » Avaient répondu ses hommes en cœur.
Et la troupe s’était remise en selle, abandonnant aux charognards l’objet de leur chasse.
Mais maintenant son plaisir s’était dissipé et de nouveau, il se sentait agacé. Pourquoi ? Simplement parce que trop de choses le tourmentaient depuis son départ de chez lui. Quitter sa citadelle à cette époque de l’année lui déplaisait considérablement. Mais de plus, son absence risquait de s’éterniser. Bien sûr, il avait déjà quitté son domaine quelques semaines, ne s’éloignant de ses terres que le temps nécessaire à ses obligations de seigneur. Mais cette fois-ci, il ne savait combien de temps son absence durerait. Le chemin serait long jusqu’à Andis. Lorsque son oncle Margar l’avait fait quérir par l’entremise d’un thalys, il n’avait pu se résoudre à décliner la demande. Le frère de son père, même au crépuscule de sa vie, avait encore un certain pouvoir jusqu’à Aldis. Argor pensait ne pas le craindre, pourtant il n’osait aller contre ses volontés.
Mais que lui voulait-il donc ? Quelle nouvelle si importante méritait qu’il mette des mois à parvenir jusqu’à Andis ? Le message avait volontairement été vague car malgré l’efficacité des télépathes, Margar n’avait jamais pu se fier complètement à eux. Pourtant, il avait été clair sur le fait que la présence de son neveu était indispensable et ce, dans les plus brefs délais. Argor avait alors décidé de faire route avec une compagnie de ses meilleurs soldats, comptant parmi eux son bras droit et meilleur ami, Ménaris.
Une question lui vint alors : Mais que faire d’Eylin ?
À chacun de ses voyages, il l’enfermait, la laissant à la surveillance d’une gardienne du temple. Mais cette fois-ci, il ne pourrait supporter de se séparer d’elle si longtemps. Sa décision de l’emmener avait été prise rapidement. Le plus dur avait été de la faire admettre à son ami. À leur départ, un froid s’était glissé entre eux à cause de cela. Eylin avait été depuis toujours sujet de discorde entre eux, mais cette fois-ci, la dispute avait été très loin, trop loin sûrement. Jamais ils n’avaient eu à en venir aux mains. Argor regrettait la complicité qui les liait depuis leur enfance. Son ami n’avait même pas voulu le suivre dans sa chasse comme il le faisait toujours. C’était peut-être pour cela que la mise à mort l’avait à peine diverti. Il devait avoir une explication avec lui afin de renouer avec Ménaris. Fouettant son cheval, il accéléra l’allure tout à coup, pressé de rejoindre le campement.
Après des lieux de chevauchées, Argor suivi de ses hommes pénétra dans le camp. Tout était calme. Les sentinelles n’avaient rien eu d’autre à faire qu’affûter leurs épées. Se laissant glisser à bas de sa monture, Argor s’étira le dos de soulagement. Les années commençaient timidement à faire leur effet sur lui. Dans sa cinquantième année, il gardait toutefois une très belle allure. Ses cheveux longs à hauteur d’épaule encadraient un visage à peine marqué de quelques rides dont les yeux émeraude brillaient parfois d’éclats métalliques. Son entraînement quotidien à l’épée avait fait de lui une lame très habile mais aussi contribué à sculpter son corps et sa belle musculature, apparente sous son pourpoint noir faisait encore frémir les jeunes damoiselles.
Interpellant un soldat près de lui, Argor demanda :
« Canaen, sais-tu où se trouve ton capitaine ?
- Oui Seigneur, il se repose sous sa tente. » Avait répondu le soldat en baissant les yeux.
- Pourquoi ma question te rend si nerveux, Canaen ?
- Pardon, Seigneur, je ne sais comment vous dire cela ?
- Quoi donc ? Parle !
- Le capitaine, ...il est entré sous sa tente,...il y a bien deux heures avec ...
- Avec ? Avec quelqu’un ? Qui ? Eylin? Où est-elle ? »
Bouillant d’un nouvel accès de rage, Argor n’attendit pas la réponse et se rua vers la tente du capitaine.
Ouvrant violemment le rideau de la tente, sa colère s’évanouit immédiatement à la scène dévastée. De nombreux objets parsemaient le tapis au sol et là, au milieu, gisait le corps d’un soldat qui lui tournait le dos. S’agenouillant à côté de ce dernier, Argor le retourna délicatement vers lui. Une épée était empalée dans le corps de son ami. Des larmes de douleur perlèrent à ses yeux qui brillaient d’un éclat vengeur.
« NOOOOOOOOOOONNNN ! » Hurla-t-il d’une voix brisée par le chagrin.
Aussitôt, trois soldats dont Canæn entrèrent dans la tente, découvrant à leur tour le triste spectacle. Leur seigneur, ébranlé comme il ne l’avait jamais vu, tenait dans ses bras leur capitaine comme l’on tiendrait un enfant que l’on voudrait consoler.
« Où est Eylin ? » Finit-il par dire dans un souffle.
D’un geste de tête de Canæn, les deux autres soldats sortirent à la recherche de l’eadienne, annonçant aux hommes la macabre découverte.
Canæn, n’osant pas laisser son seigneur inspecta alors la tente.
« Seigneur Argor ! Regardez, là, une ouverture a été faite. »
Le maître ne voulant pas lâcher son ami se contenta de lever les yeux en direction de Canæn et vit ce dernier écarter les pans de la toile déchirée.
À cet instant, un soldat rentra haletant dans la tente.
« Nous avons tout inspecté, Seigneur. Nous ne trouvons Eylin nulle part.
- Qu’on lance les pisteurs, je veux qu’on la retrouve et ... vivante ... » Ajouta-t-il.
Il lâcha enfin le corps du capitaine presque à regret et retira l’épée.
« Portez-le sur son lit, que deux hommes le préparent pour son dernier voyage. Qu’on le veille, jusqu’à mon retour… »
Faëlienne?
comme dans fae?
Ça va parler de fae?
vraiment?
Lectrice qui tremble d'horreur.
Nooooooooooooooooooooooooooooooonnnnnnn!!!!! pas des fae! pitié! pitiiéééééééééééééééééé!
oui, c'est un poil excessif, je sais. même pas honte.
Bon, comme tu as pu le deviner, je n'aime pas les histoires de fae. XD Ma lecture d'Acotar a réussi le combo de me les faire découvrir et de m'en dégoûter à la fois.
Bon après, ce n'est pas non plus rédhibitoire, je verrai bien comment le sujet est traité, si ça se trouve c'est génialement fait et ça va me réconcilier avec.
Pour en revenir au texte, Argor est vraiment méchant méchant méchant, peut-être un peu trop. XD Mais bon, je vais préparer une poupée vaudou à son effigie pour qu'il souffre beaucoup beaucoup, beaucoup...
Sinon, toujours ces paragraphes où mon cerveau perd son souffle, mais bon, il va devoir s'y faire.
Hâte d'avoir la suite. :)
Merci pour ce texte.
merci pour le commentaire !
Non pas du tout comme Fae. J'avoue ne pas connaitre. C'est un générateur de nom qui a sorti celui-ci.
A l'origine, c'était un autre nom mais, il n'était pas de moi alors pour ne plagier personne j'ai changer mais, va falloir que je change encore pour ne rappeler rien d'autre d'existant.
Hé hé, Argor est un personnage complexe à découvrir. Cela va venir. Tu pourrais bien l'aimer qui sait ?
Les fae c'est le level-up des elfes mixé avec les anges et les fées. (en gros), je trouve ça insupportable. (et c'est très à la mode)
Pour Argor, j'ai des doute je ne suis pas bon publique pour les dark romance avec de pur sale type. Mais on verra comment ça évolue. ;)
Rassure moi, ce n'est pas utilisé ailleurs ?
Bon, j'en ai trouvé un autre : une erkellienne