8. Voyage clandestin

L'obscurité semblait s'étirer à l'infini alors que le groupe avançait lentement dans la forêt dense et oppressante. Autour d’eux, des silhouettes d’arbres squelettiques se dressaient comme des sentinelles muettes, leurs branches noueuses recouvertes d’un voile de brume. L’air était lourd, saturé d'humidité, et chaque souffle semblait plus difficile à prendre, comme si même l'atmosphère leur résistait.

Leurs pas étaient feutrés, amortis par la mousse épaisse qui recouvrait le sol, mais malgré tous leurs efforts pour rester discrets, le bruit récurrent des craquements lointains résonnait comme des coups de tonnerre dans le silence de la forêt. Leur progression était lente, et le silence entre eux était palpable. Tout ici semblait hostile, comme si la nature elle-même s’était pliée à la volonté des vampires qui dominaient ce territoire. Le sentiment d’être surveillé, traqué, pesait lourd sur leurs épaules. Chaque ombre mouvante, chaque bruissement des feuilles portait la promesse d’un danger imminent.

Aurore jetait des regards prudents autour d'elle, les yeux plissés, cherchant dans l'obscurité une quelconque trace de mouvement. Les buissons tordus et les racines qui sortaient du sol comme des crocs formaient autant de pièges naturels.

Le territoire des vampires n'était pas qu'une simple terre étrangère, c'était un royaume où régnait la terreur et la souffrance. Partout, ils pouvaient apercevoir des signes de cette domination : des villages abandonnés, leurs portes grandes ouvertes, comme si les habitants avaient fui en pleine panique, et parfois des cadavres de Lizardus asservis, leurs corps laissés à l’abandon, témoignant de la cruauté des maîtres de ces terres.

« Ne traînons pas ici. », murmura Phobos, sans se retourner. Sa voix résonna à peine, comme un murmure parmi les ombres. Il marchait devant, silencieux comme une ombre, sa silhouette presque insaisissable dans la brume qui se refermait autour d’eux. Son calme était à la fois rassurant et inquiétant, car il semblait connaître chaque recoin de cette forêt maudite, comme s'il avait déjà arpenté ces lieux mille fois. À ses côtés, Koori gardait un œil vigilant sur le vampire, son corps tendu comme une corde prête à rompre. La méfiance à l’égard de Phobos croissait avec chaque pas franchi dans ce territoire ennemi, mais les besoins du groupe les forçaient à continuer à lui faire confiance.

 

Au-delà de la forêt, le paysage ne faisait que se dégrader : des marécages s'étendaient à perte de vue, leur surface stagnante dégageant une odeur âcre de décomposition. L'eau trouble, boueuse, semblait prête à les engloutir au moindre faux pas. Des bruits indistincts, comme des gargouillements venus des profondeurs du marais, accentuaient l'impression que le sol sous leurs pieds pourrait s’ouvrir à tout moment pour les avaler.

« On devrait rebrousser chemin. », murmura Aquarys, le regard inquiet. Son optimisme habituel commençait à s’effriter, la peur prenant peu à peu le dessus. Son visage, habituellement lumineux, était pâle et tendu. « Peut-être qu’il existe un autre chemin, moins dangereux… »

Rairi ne put retenir un grognement d’agacement, ses poings se serrant malgré lui. « Tu as raison, on devrait passer par la route. Comme ça, on ne fera pas deux mètres avant d’être repérer. »

Phobos, sans un mot, continuait d’avancer, son regard fixé droit devant, comme s’il connaissait chaque piège, chaque danger à éviter. Sa froideur, son efficacité presque inhumaine, renforçaient cette tension latente qui pesait sur le groupe. Aucun d’entre eux ne pouvait véritablement savoir s’il les menait vers la sécurité ou vers leur perte.

 

Le groupe progressait à travers le marais, leurs pas s’enfonçant dans la boue noire et poisseuse. Le silence oppressant qui les entourait ne laissait entendre que le clapotis de l’eau trouble sous leurs pieds et le souffle saccadé de leur respiration. Soudain, un léger bruit dans le lointain brisa cette tranquillité funeste. Un froissement d’aile, un craquement imperceptible, mais suffisant pour faire lever les têtes et tendre les muscles. Koori, toujours en alerte, s’arrêta net, scrutant les environs.

« Quelqu’un nous suit… » murmura-t-il, ses yeux glacés perçant la brume, cherchant la source du danger.

Phobos, qui marchait en tête du groupe, tourna légèrement la tête, ses yeux rouges se plissant, comme s’il sentait lui aussi la menace imminente. « Une patrouille… Elle est proche. » Sa voix était calme, trop calme pour la situation, ce qui ne fit qu’accentuer la méfiance de Rairi.

Avant que quelqu’un n’ait le temps de réagir, des silhouettes sombres émergèrent des arbres et des buissons, se fondant dans la brume avec une fluidité terrifiante. Leurs yeux luisants de rouge transperçaient l’obscurité, des murmures d’incantations en vieilles langues magiques accompagnant leur avancée.

 

Phobos leva une main pour attirer leur attention. « Suivez-moi. Il y a un repli sûr à quelques mètres. Nous ne pouvons pas les affronter de front ici. » Sa voix, toujours aussi mesurée, dégageait un calme inquiétant. Aurore hésita une fraction de seconde avant de hocher la tête, indiquant à tous de le suivre.

Ils plongèrent à travers les marais, tentant de semer les vampires qui fondaient sur eux avec une rapidité inhumaine. Le groupe traversait la végétation dense, esquivant les branches mortes, leurs corps tendus à l’extrême, sachant que la moindre erreur pourrait leur coûter la vie. Derrière eux, les vampires se rapprochaient, leurs mouvements rapides et gracieux les rendant presque invisibles dans les ombres.

Mais au lieu de leur échapper, Phobos ralentit brusquement. Ils avaient atteint une clairière dans le marais, où des rochers formaient un cercle naturel, un terrain difficile mais stratégique. « Stop. » Le vampire se tourna vers les autres, une lueur froide dans ses yeux. « Ils sont là. »

Ils eurent à peine le temps de se transformer que les vampires surgirent des ombres comme des fauves en chasse, leur vitesse fulgurante prenant de court Aquarys, qui peinait à trouver ses repères dans cette course effrénée. Rairi, quant à lui, déploya son pouvoir, libérant une onde électrique qui traversa l’air avec un sifflement, frappant l’un des vampires en pleine course et le projetant contre un arbre avec une force brute. Mais pour chaque vampire abattu, deux autres semblaient surgir de la brume.

Phobos, au cœur de la mêlée, se battait avec une précision glaciale. Ses mouvements étaient calculés, rapides, chaque coup porté avec une brutalité qui choqua le groupe. Ses mains griffues déchiraient la chair des vampires sans hésitation, ses yeux brillants d’une fureur contrôlée, le sourire aux lèvres. Il tranchait, brisait, comme s’il n’était plus qu’une machine de guerre. Aquarys, qui tentait de maintenir ses distances tout en invoquant l’eau pour ralentir leurs assaillants ou les immobiliser, regardait avec horreur les gestes de Phobos, sa brutalité tranchant radicalement avec sa propre sensibilité.

« Il… il ne retient pas ses coups… » murmura-t-elle en voyant le vampire arracher le cœur de l’un de ses congénères d’un geste sec, le regard mauvais.

Aurore, au milieu du combat, manipulait ses illusions avec dextérité. Elle créait des clones d’elle-même, dispersant les vampires et les forçant à attaquer dans le vide. Ils perdaient l’équilibre dans ses illusions qui modifiaient leur environnement tandis qu’elle plantait ses couteaux avec une précision mortelle dans leurs corps. Mais même elle ne pouvait ignorer la froideur avec laquelle Phobos accomplissait sa tâche, son visage fermé, ses gestes méthodiques.

Rairi, essoufflé mais toujours en alerte, observa Phobos avec méfiance. Chaque mouvement du vampire ajoutait à ses doutes. « Comment un être capable d'une telle violence pouvait-il être un allié ? », pensa-t-il.  Il y avait quelque chose de trop calculé, trop détaché dans ses actions. Et cela ne pouvait que signifier une chose : Phobos cachait encore ses véritables intentions. « C’est comme ça qu’il se bat ? » grogna-t-il entre deux éclairs envoyés vers leurs ennemis. « Un monstre contre des monstres… »

Koori, qui figeait leurs adversaires dans des blocs de glace, serra les dents en entendant son frère. « On n’a pas le choix, Rairi. On a besoin de lui. »

 

Le combat se poursuivit avec une intensité brutale. Chaque coup porté par le groupe semblait repousser les vampires, mais leur nombre ne diminuait pas. Aurore, Koori et Rairi coordonnaient leurs attaques pour tenter de maintenir les assaillants à distance, mais la fatigue commençait à peser sur leurs membres.

Phobos, quant à lui, continuait son carnage avec une froideur implacable. Ses coups étaient précis, sans la moindre hésitation, et chacun d'eux trouvait sa cible. Les vampires tombaient, l'un après l'autre, sous ses griffes acérées, leur sang maculant le sol boueux.

Finalement, après ce qui sembla être une éternité, le dernier vampire s'effondra, son corps inerte glissant dans l'eau sombre du marais. Le groupe, haletant, épuisé et blessé, resta immobile un instant, observant autour d’eux les cadavres qui jonchaient la clairière.

Phobos, léchant le sang qui perlait de ses doigts, se tourna vers eux, son expression aussi froide que jamais. « C’est fini. Nous devons bouger avant que d’autres ne viennent. »

Mais alors qu’il s’éloignait, Aurore jeta un coup d’œil vers Rairi. Le doute et la méfiance étaient clairs dans son regard. Ce combat n’avait fait qu’alimenter leurs craintes sur les véritables intentions de Phobos. Et cette froide efficacité qu'il montrait... Quelles étaient vraiment ses motivations ?

 

Après la confrontation brutale avec la patrouille de vampires, le groupe ne s'accorda pas de répit. La nuit s’épaississait, et une brume lourde s’élevait lentement du sol, réduisant leur vision à quelques mètres à peine. Phobos fit un signe de la main pour les ralentir, son regard perçant l’obscurité avec une concentration implacable. Aurore leva la tête, s’apercevant que les arbres s’étaient clairsemés. Devant eux s’étendait la vaste étendue marécageuse où ils étaient avant l’attaque. Mais de nuit, le terrain semblait plus dangereux encore.

« Nous devons traverser », murmura Phobos. « Les routes surveillées ne sont plus une option. »

Le marais s’étendait comme un piège infini. Des racines tordues émergeaient des eaux stagnantes, entrecoupées de nénuphars fanés et de buissons épineux. Le sol était spongieux, traître sous leurs pieds, et la moindre imprudence risquait de les enfoncer dans la vase noire et visqueuse. Chaque pas nécessitait une vigilance extrême.

Aurore serra les dents, sentant ses bottes s’enfoncer dans la boue épaisse. Le groupe avançait lentement, chaque mouvement semblait épuisant, chaque bruit suspect dans le silence du marécage faisait battre leurs cœurs plus vite. Le froid humide s’infiltrait dans leurs vêtements, et l’atmosphère pesante devenait presque insupportable. Les nuages masquaient la lune, ne laissant que l’obscurité pour les entourer.

« Si on se fait repérer ici... » souffla Aquarys, sa voix à peine audible.

 

Après plusieurs heures de marche, ils se trouvèrent face à une étendue d’eau stagnante plus large, une barrière naturelle qui les forçait à ralentir encore davantage. Aquarys, déjà fatiguée par la lenteur de leur progression et le climat lugubre, ne put s’empêcher de briser le silence.

« Vous savez… Peut-être qu’on pourrait essayer de… négocier avec certains vampires. Ils ne sont pas tous forcément contre nous. On pourrait peut-être trouver des alliés parmi eux, des gens qui seraient prêt à nous aider. »

Ses mots flottèrent un instant dans l’air, comme une étrange suggestion qui semblait en total décalage avec leur situation. Rairi, qui marchait juste derrière elle, s’arrêta net, ses poings se serrant de frustration. Il tourna lentement la tête vers elle, son regard fulgurant de colère.

« Négocier avec des vampires ?! » lança-t-il, sa voix cinglante comme un fouet. « Tu es sérieuse, Aquarys ? On parle de créatures qui se nourrissent de sang et qui asservissent un peuple entier ! Ces monstres ne comprennent qu'une seule chose : la violence ! Et tu veux aller leur demander de l'aide, comme si c'était de simples humains qu’on pouvait convaincre avec des mots doux ? » Ses paroles résonnèrent dans l'obscurité, brisant le calme glacial du marais.

Aquarys se tourna vers lui, son visage crispé par l'épuisement et l'inquiétude. « Rairi, on ne peut pas toujours se battre. Nous sommes épuisés, et eux sont partout ! Phobos nous aide bien lui ! Yen a peut-être d’autres qui sont de notre côté ! Le pays tout entier ne veut pas forcément nous tuer ! »

« Ils sont tous pareils, » cracha Rairi, en lui coupant la parole. « Chaque vampire que nous avons rencontré n’a cherché qu’à nous tuer ou à nous capturer. Et toi, tu veux leur tendre la main ? C’est suicidaire, Aquarys, complètement insensé ! Phobos ne le fait que parce qu’il a quelque chose à y gagner ! Et de ce que j’ai vu, ils veulent aussi sa mort !»

Le silence s’installa de nouveau, mais cette fois, il était chargé d’électricité. Koori, qui marchait en retrait, observa la scène avec une froideur calculée, sentant que la tension entre eux n’était qu’un avant-goût de quelque chose de plus grand. Aurore, quant à elle, sentait son cœur se serrer. Elle connaissait Aquarys par cœur, et elle voyait bien que la fatigue émotionnelle la poussait à chercher des solutions désespérées.

 

Aurore s'interposa entre eux, levant la main pour tenter de calmer les esprits. « Rai, Aqua… Calmez-vous. Nous sommes tous fatigués, et ce n’est pas le moment de nous disputer. Il y a peut-être du vrai dans ce qu’elle dit. Nous ne pouvons pas tout simplement ignorer toutes les possibilités. » Sa voix était douce, mais ferme, essayant de désamorcer la confrontation.

Aquarys la regarda, ses yeux brillants d'émotion. « Aurore, tu sais que je ne cherche qu’à nous protéger… Depuis que nous avons quitté Pixia, je… » Elle se tut un instant, visiblement sur le point de craquer. « Je veux juste que nous trouvions une solution sans que nous devions nous battre à chaque tournant. Je n’en peux plus de voir du sang, de toujours craindre pour nos vies… »

Rairi, toujours furieux, ne se calmait pas. « Ce monde est dangereux, Aqua, et tu dois l’accepter ! » Son regard ne quittait pas Aquarys, mais une partie de sa colère semblait dirigée ailleurs, contre Phobos, contre cette situation inextricable qui ne cessait de les plonger plus profondément dans la terreur.

Phobos, qui écoutait la dispute avec un détachement apparent, s’avança de quelques pas, les yeux rivés sur le marais devant eux. « Il y a toujours des dissensions dans un pays… » dit-il d'une voix basse, mais parfaitement audible. « Mais pour l’instant, il n’y a personne ici à qui vous pourriez faire confiance. Personne ne lèvera un doigt pour vous aider. »

Sa remarque, bien que discrète, sema davantage de doute et de méfiance dans l’esprit de Rairi. Le jeune homme lança un regard accusateur à Phobos. « Et toi ? Pourquoi devrions-nous te faire confiance ? Après tout ce que nous avons vu de toi, de ta brutalité, de tes méthodes… Comment savoir que tu ne nous conduis pas directement vers un piège ? »

Phobos haussa un sourcil, son visage toujours aussi impassible. « Si j’avais voulu vous trahir, vous seriez déjà morts. » Sa voix était calme, presque ennuyée, comme s’il trouvait cette accusation ridicule. « Mais si tu veux continuer à remettre en question chaque décision que je prends, je peux partir… »

La tension monta encore d'un cran, et Aurore sentit qu’elle devait intervenir avant que la situation n’éclate complètement. Elle posa une main apaisante sur le bras de Rairi, l’obligeant à reculer d’un pas. « Ce n’est pas le moment. Nous devons avancer et rester unis. C’est la seule façon de nous en sortir vivants. »

Alors que le groupe reprenait sa progression, le silence entre eux était plus lourd que jamais. L’humidité du marais les enserrait dans une étreinte glaciale, et chaque pas semblait peser davantage. Leurs pieds s’enfonçaient dans la vase, luttant pour avancer. Aquarys, visiblement blessée par les reproches de Rairi, ne dit plus un mot, se contentant de marcher derrière eux, le regard baissé. Aurore ressentit une vague de tristesse en voyant son amie se refermer ainsi, consciente que ce voyage les changeait tous, et pas toujours pour le mieux. Le paysage désolé autour d’eux ne faisait qu’alimenter la tension croissante qui flottait entre les membres du groupe.

 

Soudain, un bruit brisa la quiétude oppressante de l’endroit. Un cri étouffé, quelques gémissements, émergea d’un petit bosquet à leur droite, suivi par des ricanements. Phobos, qui menait la marche, s’arrêta net, ses oreilles aux aguets. Ses yeux rouges scrutaient l’obscurité avec une intensité glaciale.

« Ce sont des Lizardus, » murmura-t-il sans tourner la tête. « Ils sont attaqués. »

Aurore sentit son cœur se serrer. Elle savait ce que cela signifiait. Ces créatures, opprimées par les vampires, devaient encore subir des violences. Elle échangea un regard avec Koori, qui hocha la tête. « Nous devons faire quelque chose. »

Rairi, le visage fermé, ne prit même pas la peine de dissimuler son impatience. « Encore une fois, on risque de se faire repérer. Si on intervient… »

Phobos le coupa sèchement. « Si vous n'intervenez pas, ils seront morts dans quelques minutes. À vous de voir. » Son ton n’avait rien d’une supplication. Il ne cherchait pas à convaincre, simplement à énoncer un fait avec une certaine impatience troublante.

Sans attendre, Aurore se faufila parmi les arbres, laissant ses pas se faire aussi légers que possible sur le sol spongieux. Phobos la suivit silencieusement, presque comme une ombre insaisissable, un sourire, sans malveillance, se dessina sur ses lèvres. Les autres échangèrent un regard avant de les imiter, Rairi en retrait, les poings serrés.

À travers les broussailles, la scène qui se déroulait devant eux fit naître une colère sourde en Aurore. Une demi-douzaine de vampires torturaient un petit groupe de Lizardus, les frappant avec des bâtons et des chaînes. Les créatures, à genoux, imploraient pitié, leurs corps couverts de plaies et de boue.

« C’est maintenant ou jamais, » souffla Koori, la glace recouvrant déjà le bout de ses doigts.

Aurore hocha la tête, sentant la magie affluer en elle, prête à créer des illusions pour semer la confusion parmi les vampires. Mais avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit, Phobos bondit en avant avec une vitesse fulgurante. En un clin d’œil, il se retrouva au milieu des vampires, ses griffes déchirant la chair avec une brutalité glaciale.

Le choc de l'attaque fut si soudain que les vampires n'eurent pas le temps de réagir. Phobos en neutralisa deux d’un seul coup, projetant leurs corps inertes contre les arbres avec une telle force que le bruit des os brisés résonna dans l’air. Aurore, prise au dépourvu par cette violence, hésita un instant. Mais elle ne pouvait rester inactive.

Elle leva ses mains et murmura quelques mots, et soudain, le paysage autour des vampires changea. Ils se retrouvèrent plongés dans une épaisse brume magique, leurs sens désorientés. Aurore avançait silencieusement, se fondant dans l’illusion, ses couteaux en main. Elle frappa rapidement, ses lames trouvant leur cible avec une précision mortelle.

Koori et Rairi, de leur côté, coordonnaient leurs attaques. Koori lança une vague de givre créa un mur autour des Lizardus pour les protéger, tandis que Rairi, d’un geste vif, libéra une décharge électrique sur des Vampires, les laissant paralysés.

Cependant, ce n’était pas terminé. Aquarys, qui avait jusqu’alors hésité, les yeux fixés sur les Lizardus maltraités, sentit une rage monter en elle. Elle leva les mains et fit appel à ses pouvoirs aquatiques. L’eau jaillissant de ses mains sous forme de jets glacés qui frappèrent les vampires avec une force implacable. Ceux qui avaient tenté de se relever furent instantanément balayés par la puissance des flots qu’elle avait invoqués.

Le dernier vampire, terrorisé par la fureur d’Aquarys, tenta de fuir, mais avant qu’il ne puisse faire un pas de plus, Phobos l’attrapa par la gorge. Ses yeux rouges flamboyaient d’une froide lueur. Il ne laissa aucune chance à sa victime. Un craquement sinistre résonna dans l’air alors qu’il lui brisait la nuque avec une précision presque clinique.

Le silence retomba sur la clairière. Le groupe haletait, essoufflé par l’intensité du combat. Les corps des vampires jonchaient le sol boueux, et les Lizardus, libérés de leurs chaînes, fixaient le groupe avec un mélange de stupeur, de reconnaissance et de méfiance.

Aquarys, les poings toujours serrés, regarda ses mains trembler. La violence qu’elle avait déployée l’avait surprise elle-même. Elle jeta un coup d’œil furtif vers Phobos, toujours aussi impassible. Un frisson la parcourut. Était-elle en train de devenir aussi impitoyable que lui ?

 

Alors que le combat s’achevait et que le silence retombait sur la clairière, l'épuisement de ces derniers jours devint soudainement palpable. Leur respiration était haletante, et chacun ressentait la lourdeur de la fatigue accumulée. Le froid glacial du marais semblait se glisser sous leurs vêtements, engourdissant leurs membres et rendant chaque mouvement plus difficile. Aurore essuya la sueur de son front d’un revers de manche, jetant un coup d'œil vers ses compagnons.

Phobos, debout au milieu des cadavres des vampires, observait les Lizardus libérés, son expression impassible, comme s’il pesait la prochaine étape. Ses yeux rouges glissèrent sur le groupe, notant leur état de faiblesse. « Nous ne pouvons pas rester ici. Si une autre patrouille arrive, nous n’aurons pas la force de tenir un autre combat. »

Koori acquiesça, essoufflé. « Il a raison. Nous devons trouver un endroit pour nous cacher, juste le temps de reprendre des forces. »

Aurore acquiesça silencieusement, son esprit partagé entre l'épuisement et l'urgence de trouver refuge. Phobos continua, ses yeux rouges brillant dans la pénombre du marais. « Il y a un village caché plus loin. Des Lizardus libres, ceux que j’ai déjà aidés à échapper à l’esclavage, y vivent. Ils pourront vous accueillir quelques jours. »

Les autres échangèrent des regards, incertains, mais la proposition de Phobos faisait sens. Ils étaient tous épuisés, et continuer à avancer dans cet état aurait été suicidaire. Koori, fronçant légèrement les sourcils, demanda, méfiant : « Tu es sûr que nous serons en sécurité là-bas ? »

Phobos hocha lentement la tête. « Ce village est bien caché. Les vampires n’ont aucune idée d’où il se trouve. »

Le chemin à travers les marais s’étira en une lente et pénible procession. La progression était lente, chaque pas semblait leur coûter un effort monumental. La brume s’épaississait autour d’eux, et le matin qui commençait à se lever. Bien que la fatigue les écrasait, ils aident les Lizardus à avancer, leurs corps courbés sous le poids de la douleur, mais une lueur de gratitude brillait dans leurs yeux.

Après plusieurs heures de marche pénible à travers des sentiers tortueux, le paysage changea soudainement. La végétation devint plus dense, et des monticules de terre émergèrent des marécages, masquant des habitations rudimentaires mais bien dissimulées. Des cabanes en bois et en boue étaient nichées sous d’immenses racines d’arbres, créant un véritable labyrinthe naturel. C’était un endroit étrange et sombre, presque invisible à l’œil non averti. L’eau du marais encerclait les abris comme une barrière protectrice, rendant l’endroit pratiquement introuvable pour ceux qui ne connaissaient pas son existence.

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