7.  Alliance insidieuse

La nuit était tombée depuis longtemps sur Pixia, plongeant le village dans une obscurité silencieuse. À l'abri des regards, dans l’ombre de la forêt, le groupe se préparait à quitter le seul lieu qu’ils connaissaient. Le cœur lourd, chacun portait un sac rempli de provisions, d’armes et de vêtements soigneusement préparés lors des derniers jours. Mais au-delà de leur chargement matériel, c’était le poids de l'incertitude et des révélations récentes qui pesait sur leurs épaules.

Aurore, dissimulés parmi les ombres des chênes centenaires, jeta un dernier regard vers le village endormi. Ses pensées tournaient en boucle, mais elle savait qu'il n'y avait plus de retour possible. Elle prit une grande inspiration, essayant d’ignorer le nœud qui se formait dans son estomac.

« C’est l’heure », murmura-t-elle.

À ces mots, les autres se rassemblèrent autour d’elle, leurs visages tendus, marqués par l’appréhension. Tous partageaient la même peur, celle de l’inconnu, celle de l’avenir, mais personne n’osait la formuler à haute voix.

Ils échangèrent un regard silencieux. Ils levèrent doucement leurs mains et commencèrent à incanter des mots de d'invocation. Une lumière douce et argentée émana de leurs doigts, dansant autour d’eux comme un voile scintillant. L'énergie magique se déploya dans l'air, et bientôt, un éclat lumineux plus intense apparut devant eux.

Les licornes surgirent dans un halo de lumière, leurs silhouettes majestueuses se matérialisant dans un tourbillon de magie. Chacune d'elles brillait sous la lueur des étoiles, leur crinière flottante doucement sous une brise invisible. Leur puissance émanait à chaque mouvement, un rappel de la connexion profonde qu'elles partageaient désormais avec leurs maîtres.

Aquarys, les yeux écarquillés d’émerveillement, murmura doucement : « Elles sont encore plus belles qu’avant... »

Les licornes s’avancèrent vers leurs cavaliers, acceptant leur présence avec une aisance naturelle. Le lien entre les créatures et le groupe semblait s’être renforcé, consolidé par la magie qui les unissait. Aurore s’approcha de la licorne noire qui l’avait choisie, posant doucement une main sur son encolure. La créature baissa la tête en signe de reconnaissance.

« Allons-y, » dit Koori, brisant le silence, sa voix calme mais déterminée.

Sans plus attendre, chacun monta sur le dos de sa monture. Leur départ était silencieux, presque solennel, mais l’urgence de leur mission résonnait dans l’air. Les licornes, en une seule impulsion, s'élancèrent dans la nuit, fendant l'obscurité avec une fluidité surprenante. Leur vitesse était telle que les arbres défilaient autour d'eux dans un flou indistinct, les propulsant rapidement loin de Pixia, vers leur destination : le pays des vampires, le chemin le plus rapide pour atteindre le pays de Hommes.

Le vent sifflait à leurs oreilles, mais personne ne parlait. Tous étaient concentrés sur la route devant eux, le cœur battant au rythme des sabots qui frappaient le sol avec une puissance silencieuse. La forêt s’effaçait derrière eux, et avec elle, leurs derniers liens avec la vie qu’ils avaient laissée.

L'aventure commençait véritablement, marquant le début d'un périple qui changerait à jamais leur destin.

 

Voilà c’est le grand moment, après six chapitres à vous mettre en condition, l’aventure commence enfin ! Que va-t-il se passer ? Que va-t-il arrivé à notre quatuor ? Aurore va-t-elle renversée son frère ? Tant de questions et si peu de temps pour y répondre… Mais lisez la suite et vous en apprendrez surement plus…

 

Les sabots frappaient le sol avec une force régulière, mais malgré la vitesse fulgurante de leur progression, une fatigue mentale s’insinuait dans le groupe. La température, de plus en plus froide à mesure qu'ils se rapprochaient du nord, mêlée à l'épuisement accumulé, érodait peu à peu leur énergie. Le départ précipité de Pixia et l’incertitude quant à l’avenir pesaient lourdement sur leurs cœurs.

Aurore, silencieuse sur sa monture, jetait de temps à autre des regards vers ses compagnons. Rairi, habituellement bavard, restait lui aussi silencieux, le visage marqué par une concentration implacable. Aquarys, d’ordinaire si enjouée, tentait d'alléger l'atmosphère.

« On avance vite, non ? » lança-t-elle avec un sourire hésitant, mais sa voix se perdit dans le vent. Personne ne répondit.

Les arbres verts et luxuriants de la forêt s’éclaircissaient à mesure qu’ils approchaient des montagnes. Le paysage changeait rapidement : des bois épais bordant leur chemin, ils pénétraient dans des forêts plus clairsemées où les branches semblaient se tordre dans des angles inquiétants. Le ciel s’assombrissait, et même les licornes semblaient sentir l’atmosphère oppressante du lieu.

 

En atteignant les contrebas des montagnes, la nature changea brutalement. Les chemins devinrent impraticables pour les licornes. Il leur fallut mettre pied à terre et grimper à travers des pentes escarpées, où le froid se faisait de plus en plus mordant. Les manteaux qu’ils avaient emportés ne suffisaient plus à les réchauffer, et ils devaient s’arrêter régulièrement pour reprendre leur souffle, se rationnant avec parcimonie.

Koori, grâce à sa nature de fée des glaces, semblait être le seul à ne pas souffrir de la morsure du froid. Il marchait avec une aisance froide, il semblait même revigoré par se l’air glacé. Mais les autres luttaient contre le vent glacial qui s'infiltrait dans leurs vêtements. Leurs pieds glissaient sur les rochers, leurs doigts gourds peinant à s’accrocher aux parois abruptes. Aurore sentit le gel mordre ses joues, chaque souffle devenant un nuage de vapeur devant son visage.

Aquarys, épuisée, faillit trébucher, mais se rattrapa de justesse à une roche glacée. « Il va nous falloir trouver un abri, » murmura-t-elle entre deux souffles courts. Elle était particulièrement sensible à ce froid, progressivement ralentie dans ses mouvements (c’est logique c’est une fée des océans après tout, avec le froid, elle gèle !).

Le groupe finit par atteindre un plateau, suffisamment plat pour qu'ils s'y arrêtent et cherchent refuge sous des rochers. L'escalade, longue et pénible, leur avait montré à quel point leur voyage allait être difficile, bien au-delà de tout ce qu'ils avaient imaginé.

 

Essoufflés, transis de froid, les membres du groupe s'immobilisèrent quand ils atteignirent enfin le sommet de la montagne. L'humidité pénétrante et le vent glacé s'infiltraient sous leurs vêtements, les attaquant comme des poignards invisibles. Le souffle court, les pieds endoloris par l’escalade difficile, ils restèrent, un instant, immobiles. La solitude du sommet pesait lourdement sur leurs épaules, amplifiée par le silence oppressant qui régnait autour d’eux. Ils étaient seuls, perdus au milieu d'une immensité hostile. Ils contemplèrent le chemin derrière eux. Les pics gelés s’étendaient à perte de vue, des écharpes de neige blanche recouvrant la cime des montagnes qu’ils venaient de franchir. Mais leur répit fut de courte durée. Le pays des vampires s’étendait désormais devant eux, sombre et menaçant. Chaque regard se posa instinctivement sur cette terre étrangère, et le chemin devant eux semblait aussi impitoyable que celui qu’ils venaient de gravir.

 

Sous leurs yeux, un épais brouillard recouvrait tout le pays, masquant partiellement la vue. À travers cette brume dense, le paysage se dévoilait par fragments, révélant peu à peu la terre maudite qu’ils s’apprêtaient à traverser.

Au pied de la montagne, une vaste forêt marécageuse s’étendait, ses arbres tordus plongeant leurs racines dans des eaux stagnantes. Le sol spongieux semblait absorber chaque son, tandis que des ombres dansaient entre les troncs noirs et humides, créant une atmosphère oppressante et silencieuse.

Plus loin, la forêt se dissolvait progressivement pour ne laisser place qu’à un vaste marécage. Des habitations troglodytes, construites par les Lizardus, s’intégraient parfaitement à ce paysage. Ces humanoïdes reptiliens, capables de régénérer leurs membres, les rendant quasi invincibles, s’étaient adaptés à l’un des environnements les plus inhospitaliers de Prométhée.  Leur refuge, creusé dans la roche et dissimulés sous la végétation, se fondaient dans la brume, donnant l’impression que ces êtres vivaient en symbiose avec ce marais sinistre.

 

En se projetant encore plus loin, des petites villes, éparpillées sur les plaines grises, apparaissaient par intermittence. Leurs lanternes rouges perçaient faiblement l’obscurité, projetant des lueurs vacillantes à travers la brume. Ces agglomérations semblaient perdues, comme si la vie elle-même luttait pour exister dans cette terre hostile.

Dominant cet horizon lugubre, au centre du pays, se dressait une capitale gothique. Ses hautes tours noires s’élevaient comme des griffes, et en son cœur trônait un immense château aux murailles imposantes. Les Vampires, qui habitaient cette forteresse imprenable, étaient tout aussi menaçants que leur demeure. Leurs silhouettes élancées et blafardes, aux oreilles pointues, aux yeux rougeoyants, et aux canines acérées, se déplaçaient avec une élégance inquiétante. On disait qu’ils pouvaient se métamorphoser en chauves-souris ou contrôler le sang de leurs ennemis, et leur force physique décuplée la nuit, rendaient leur royaume presque imprenable. Entourée d’une forêt extrêmement dense, cette ville paraissait à la fois inaccessible et menaçante, une forteresse perdue au milieu des ténèbres.

Enfin, tout autour de cet enfer, des montagnes sombres et acérées formaient une barrière naturelle, encerclant le pays comme un étau, empêchant toute échappatoire. Ces pics déchiquetés, baignés dans les dernières lueurs du crépuscule, ajoutaient une impression d'isolement total. Ce pays, pris au piège entre ces murs naturels, semblait abandonné par la lumière du jour, plongé dans une nuit éternelle.

 

Sans un mot, ils commencèrent la descente. La pente était raide, les pierres traîtresses sous leurs pieds, mais l'urgence les poussait à continuer. Le froid mordant des hauteurs les suivait, s’insinuant dans leurs vêtements malgré les couches de tissu qu’ils portaient. Leurs pas étaient plus lourds, marqués par la fatigue accumulée, mais chacun savait qu'ils ne pouvaient pas s'arrêter maintenant.

Puis vint le moment où ils franchirent la frontière. Le groupe, plus tendu que jamais, avançait prudemment, leur respiration contrôlée, leurs sens en alerte. Chaque mouvement devenait imperceptible, se fondant dans l’obscurité. Les jumeaux, l’un devant l’autre, surveillaient avec une vigilance aiguisée, les sens en éveil. Malgré leurs pouvoirs, une tension palpable pesait sur leurs épaules.

 

Le groupe, exténué par la traversée des montagnes glacées, continuait tout de même leur avancé.  À mesure qu'ils descendaient vers des terres plus basses, le paysage se transformait en une forêt marécageuse, brumeuse et inquiétante. L'air était humide et chargé d'une odeur de terre mouillée, tandis que les arbres tordus projetaient des ombres fantomatiques autour d'eux. C'était un lieu hostile, mais ils savaient que la proximité des Lizardus, peuple en conflit permanent avec les vampires, pouvait jouer en leur faveur. Ils espéraient trouver refuge, ou du moins, une aide temporaire.

Ils progressaient avec prudence, évitant soigneusement les patrouilles qu’ils percevaient au loin. Les vampires semblaient être partout, se mouvant avec une précision implacable, comme s'ils guettaient le moindre faux pas. L’air portait les murmures de leurs rondes, lointains mais menaçants, rappelant aux fugitifs qu'ils n’étaient jamais en sécurité.

Chaque branche craquant sous leurs pieds provoquait un sursaut. La sensation d'être observé devenait de plus en plus oppressante. Le silence de leur passage ne faisait qu’amplifier l’impression d’être traqués à chaque instant, comme si des yeux perçaient à travers l’ombre, prêts à bondir à la moindre erreur.

 

Pourtant, à peine avaient-ils posé le pied dans cette région qu'ils ressentirent la présence inquiétante des vampires. Des ombres se mouvaient dans les bois, dissimulées dans la brume. Le groupe se figea, échangeant des regards nerveux. Il devint rapidement clair qu'ils ne pourraient pas compter sur l'aide des Lizardus ici. La présence oppressante des patrouilles vampires les obligea à improviser un nouveau plan.

Les éclaireurs vampires étaient réputés pour leur chasse, et Aurore sentait leur présence avant même de les apercevoir. Leur réputation les précédait : ils traquaient sans relâche, impitoyables et rapides, jamais loin de leur proie. Leur souffle se faisait court à chaque fois qu’ils devaient s’immobiliser, cachés derrière des rochers ou des arbres morts. Pourtant, ils devaient continuer à avancer, leur prudence ne suffisant pas à les protéger du danger omniprésent.

Ils s'enfoncèrent plus profondément dans la forêt marécageuse, cherchant un endroit où se replier pour échapper aux yeux vigilants de leurs ennemis. Après plusieurs heures de marche à travers les marais, écartant les branches basses et progressant sur un sol spongieux, ils aperçurent enfin une vieille ferme délabrée à l'orée d'un bois lugubre. L'abri, bien que visiblement abandonné depuis des années, semblait assez solide pour les protéger des éléments et surtout des regards indiscrets.

Aurore jeta un coup d'œil circulaire autour de la ferme avant de hocher la tête. « Ça fera l'affaire pour cette nuit. » Sa voix était basse, teintée de fatigue.

 

Une fois à l'intérieur, ils allumèrent un feu modeste avec les quelques branches qu'ils avaient ramassées, prenant soin de dissimuler la lumière autant que possible. L'atmosphère dans la pièce délabrée était lourde. Le crépitement des flammes était le seul son brisant le silence pesant.

Assis autour du feu, le groupe commença à discuter de la suite. Aurore, les sourcils froncés, exprimait ses inquiétudes. « Nous avons traversé la frontière, mais ce pays est infesté de vampires. Même en étant prudents, il suicidaire d’avancer sans plan solide. »

Koori, son visage éclairé par la lueur des flammes, hocha la tête. « Les vampires contrôlent chaque recoin de cette terre. Le plus grand danger, c’est qu’ils pourraient nous traquer jusqu'à la frontière des Hommes. »

Rairi, proposa une solution, son ton peu convaincant. « Nous devons compter sur nos instincts et sur les pouvoirs de chacun pour évaluer les dangers. Ce ne sera pas simple, mais si nous restons unis et discrets, nous pourrons traverser ce territoire sans être repérés. »

Le silence qui suivit la déclaration de Rairi fut empreint de tension. Aquarys, jusqu’alors silencieuse, brisa le calme avec un sourire forcé, tentant d’alléger l’atmosphère. « Si on reste aussi invisibles que des fantômes, ils ne pourront même pas deviner qu’on est là, pas vrai ? »

Aurore jeta un regard aux autres. Le poids de la responsabilité pesait lourd sur elle, mais elle savait que chaque décision devait être soigneusement calculée. « Notre destination reste la même : le pays des Hommes. Si nous pouvons atteindre la rébellion, nous aurons peut-être une chance de renverser Lucius. Mais ce passage dans le territoire des vampires est une épreuve. Il faut redoubler de vigilance. »

Koori, hochant la tête, conclut. « Nous n’avons pas de meilleur plan de toute façon… Demain, nous repartirons avant l'aube. Pour ce soir, reposons-nous et gardons un œil sur les alentours. »

Chacun acquiesça, le feu projetant des ombres dans la pièce délabrée. Leur plan était risqué, mais ils n’avaient pas d’autre option.

 

La nuit enveloppait la vieille ferme d’un silence pesant. Les flammes du feu mourant crépitaient faiblement, projetant des ombres vacillantes sur les murs délabrés. Soudain, un léger bruissement dans la forêt brisa cette tranquillité, un son presque imperceptible, mais suffisant pour éveiller les sens aiguisés du groupe.

Aurore, toujours sur le qui-vive, se redressa, ses yeux scrutant l'obscurité au-delà de la porte entrouverte. Elle aperçut une silhouette dans la brume, avançant lentement vers eux. L’intrus se mouvait avec une aisance inquiétante. D’instinct, elle porta la main à son couteau, ses sens en alerte.

« Arrête-toi, ou je te tranche la gorge avant que tu ne puisses prononcer un mot », lança-t-elle d’une voix glaciale.

La silhouette s’immobilisa à quelques pas, et un sourire apparut dans l’ombre.

« Inutile d’être si agressive, ma belle », répondit une voix calme et mesurée. « Je suis Phobos, et je ne suis pas là pour vous attaquer. Vous êtes loin de chez vous pour petites fées, » lança-t-il, sa voix grave perçant le silence.

Le groupe, les mains irradiant de magie prêtent à attaquer au moindre mouvement suspect. Koori, le premier à réagir, fronça les sourcils en observant l'intrus avec méfiance. « Que veux-tu ? »

L’homme esquissa un sourire énigmatique avant de répondre. « Si vous me le permettez, je peux vous aider. » Il fit un pas en avant, levant les mains pour montrer qu’il n’était pas armé.

Koori se plaça instinctivement devant Aurore, les muscles tendus, prêt à agir. « Aider ? Pourquoi voudrais-tu nous aider ? Et comment sais-tu que nous sommes des fées ? » demanda-t-il d'une voix tranchante, son regard flamboyant d'une méfiance à peine voilée.

Phobos haussa les épaules, une lueur amusée dans les yeux. « Je suis un passeur. Et par chance pour vous, je suis plus doué que mes pairs pour suivre des traces » expliqua-t-il. « Mon travail est de guider ceux qui, comme vous, cherchent à traverser cette terre hostile sans se faire repérer. Contre rémunération bien sûr… »

 

Le silence qui suivit ses paroles fut chargé de tension. Aurore, observant chaque geste du vampire, restait en retrait, ses instincts en alerte. Elle n'était pas dupe ; Phobos était trop à l'aise dans cette forêt, trop sûr de lui. Sa présence soudaine, alors qu'ils cherchaient à rester discrets, ne présageait rien de bon. Mais malgré sa méfiance, elle savait que le groupe avait besoin de progresser rapidement. Chaque minute passée ici augmentait le risque d’être découverts par les patrouilles vampires.

« Pourquoi devrions-nous te faire confiance ? » intervint Rairi, sa voix glaciale, les bras croisés sur sa poitrine. « Un vampire qui prétend aider les ennemis de son propre peuple... ça semble trop beau pour être vrai. »

Phobos éclata d'un léger rire, le regard cupide et empreint d'une certaine arrogance. « Chacun fait ce qu’il peut pour survivre. Vous vous avez besoin d’aide pour passer et moi j’ai besoin d’argent. Le fait que je sois ici et non en train de vous attaquer devrait déjà suffire comme preuve. Mais si vous voulez des garanties... je peux vous mener à un endroit sûr, loin des patrouilles. »

 

Aquarys, qui jusque-là était restée silencieuse, fit un pas en avant, observant le vampire avec une curiosité naïve. « Peut-être qu’il dit la vérité, » murmura-t-elle, ses yeux pétillants d’espoir. « Il pourrait vraiment nous aider à sortir d’ici. »

« Sérieusement, Aqua ? Tu crois vraiment qu’on peut faire confiance à un vampire ? » Rairi lançait des éclairs de ses yeux dorés, frustré par la naïveté apparente d’Aquarys. « Il nous sourit, et tu veux déjà le suivre ? Tu n’es une enfant ! »

Aquarys, piquée au vif, croisa les bras et répliqua sèchement : « Et alors ? Tu ne penses pas qu’on pourrait avoir des alliés ici aussi ? Tout le monde n’est pas notre ennemi, Rairi. Tu vois des traîtres partout ! » Son regard oscillait entre Phobos et ses compagnons, cherchant un soutien.

Le silence se fit autour du groupe. Aurore jeta un regard à Koori, qui observait la scène avec une attention tendue. Elle tourna ensuite son regard vers observant Phobos avec une attention presque prédatrice. Elle voyait bien que ce vampire n’était pas quelqu’un à prendre à la légère. Pourtant, le besoin d’avancer rapidement et de trouver un abri sûr pesait sur elle. Le temps pressait, et l’option de refuser l’aide de Phobos devenait de moins en moins envisageable.

 

Rairi, lui, se tourna vers Aurore, cherchant son soutien. « Dis quelque chose ! Tu es d’accord avec moi, pas vrai ?

Aurore réfléchit un instant, pesant ses mots avec soin. « Je pense que nous devons rester vigilants. » Après un temps de pause, son regard suspicieux se posa sur Phobos. « Mais nous n’avons pas vraiment le choix… Si tu nous trahis, tu ne pourras pas fuir assez loin pour échapper à ce qui t’attend. »

Phobos hocha la tête, un sourire mystérieux flottant toujours sur ses lèvres. « Je n’ai aucune raison de vous trahir. Au contraire, je suis bien plus utile vivant que mort. Mais vous avez raison de vous méfier. »

Un silence tendu retomba dans la clairière, chacun scrutant Phobos, pesant le pour et le contre. L’idée de se fier à un vampire, même temporairement, restait un pari risqué. Mais pour l’instant, c'était un risque qu'ils devaient peut-être accepter.

 

Alors qu’ils commencèrent à marcher dans l’obscurité de la forêt, Aurore ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil en direction de Phobos. Chaque mouvement de son guide semblait calculé, chaque mot pesé avec soin. Il leur disait où marcher, mais elle se demandait s'il ne les menait pas droit dans un piège.

De temps à autre, elle surprenait son regard insistant posé sur elle. Il la jaugeait, l’évaluait, comme s’il connaissait un secret qu’elle ignorait. « Si tu nous trahis… », pensa-t-elle, en resserrant la prise sur ses couteaux. « Je te tuerai avant même que tu ne puisses le réaliser. »

 

Un mouvement furtif dans les ombres l’alerta, lui et Aurore. Le vent porta un murmure de danger, et en un instant, les branches d’arbres se mirent à frémir de manière suspecte. Avant même que le groupe n'ait le temps de réagir, une troupe de vampires surgit des ténèbres, leurs yeux rougeoyant dans l'obscurité. Derrière eux, des Lézardus enchaînés suivaient, l'air désespéré mais résigné.

« Il nous a trahis, » cria Rairi, ses mains déjà parcourues de petites étincelles d'électricité près a attaqué Phobos.

« Nous l’avons trouvé ! Tuez le traître et pas de témoins ! » dit l’un des vampires qui se trouvait à l’arrière, qui semblait être le chef.

Aurore observa la scène, son cœur battant plus vite. Alors qu’elle allait se jeter sur Phobos, elle comprit rapidement que ces vampires n’étaient pas là pour eux, mais pour lui. Pourtant, la menace était tout aussi réelle, et il n'y avait aucune chance de fuir sans combattre.

« Non, ils sont là pour lui ! » dit-elle pour arrêter Rairi et les autres.

Phobos, étrangement calme face à cette embuscade, sourit d’un air narquois en fixant le groupe ennemi. « Ah, ils ne me lâcheront donc jamais… » dit-il avant de se redresser. « J’espère que vous savez vous battre, ça va être violent, et je ne vous protègerais pas. »

 

Les vampires lancèrent l’assaut sans attendre, leurs mouvements rapides et coordonnés. Phobos bondit en avant avec une agilité surnaturelle, ses gestes rapides comme l’éclair. Il utilisa ses pouvoirs avec une précision mortelle, manipulant le sang des vampires qu’il affrontait pour les désarmer ou les paralyser sur place. Ses coups étaient brutaux, sans pitié, chaque attaque calculée pour tuer.

« Phobos, à gauche ! » cria Aurore, jetant un couteau en direction d’un vampire qui s’apprêtait à l'attaquer par derrière. Phobos esquiva l’attaque et répliqua d’un geste vif, tranchant la gorge de son agresseur sans la moindre hésitation. Un frisson traversa Aurore en voyant la nonchalance avec laquelle il tuait.

 

Pendant ce temps, les jumeaux, dos à dos, se préparaient à libérer leur puissance combinée. Rairi et Koori échangèrent un regard rapide, et en une fraction de seconde, leurs pouvoirs s'unirent. Un blizzard électrique se déchaîna autour d’eux, mélangeant glace et foudre dans une danse destructrice. Les vampires furent pris au piège, immobilisés par le gel et affaiblis par les décharges qui couraient à travers leurs corps.

Aquarys, quant à elle, ferma les yeux et invoqua un tsunami d’eau glacée. Bien que son pouvoir soit affaibli par sa peur, elle parvint à créer une barrière aqueuse autour d’eux, ralentissant les ennemis et rendant leurs mouvements plus difficiles. Les Lézardus, malgré leur condition d’esclaves, se battaient avec tout ce qu’ils avaient, mais leurs forces semblaient bien trop faibles face aux vampires qui les surveillaient. Cependant la barrière d’Aquarys les ralentissaient à peine ayant évolué dans des environnements marécageux.

Phobos continuait de se battre à leurs côtés, mais ses méthodes étaient si brutales qu’elles laissaient planer un doute. Il n'hésitait pas à éliminer les vampires avec une cruauté froide, les réduisant en poussière. Cependant, il ne tuait pas les Lézardus, ne les blessant que suffisamment pour les rendre incapable de se battre.

Il esquiva de justesse une attaque mortelle, ses mouvements rapides comme l’éclair. Mais le nombre de vampires ne cessait de croître autour d’eux, et le groupe était de plus en plus encerclé. « On ne tiendra pas longtemps à ce rythme ! » cria Aquarys, ses yeux écarquillés de panique.

Rairi, luttant contre trois vampires à la fois, lança une puissante décharge électrique, mais ils revenaient à l’assaut, implacables. « Aurore, fais quelque chose ! » cria-t-il, la voix déchirée par l’urgence.

Aurore, le souffle court, continuait d’esquiver avec grâce les assauts des ennemis, invoquait ses illusions pour diviser les rangs ennemis, créant des copies d’elle-même qui déstabilisèrent les vampires créant des leurres d’elle-même un peu partout autour du champ de bataille. C’était leur seule chance de survie. Ses couteaux, rapides et précis, trouvaient leur cible à chaque fois, frappant dans l'ombre avant de disparaître dans un éclat de lumière. Elle réussit à désarmer un vampire d'un coup bien placé, le faisant tomber à genoux avant de le neutraliser. Mais même elle sentait la fatigue s’insinuer dans ses membres. Si Phobos ne réagissait pas vite… ils étaient perdus.

Le combat, intense et rapide, finit par s’essouffler. Les derniers vampires encore debout tentèrent de fuir, mais Phobos les rattrapa en un éclair, mettant fin à leur existence sans la moindre hésitation. Le silence retomba sur la clairière, seulement perturbé par le souffle saccadé des combattants. Il brisa ensuite les chaînes qui retenaient les Lizardus, les libérant sans un mot.

 

Aurore jeta un coup d’œil à Phobos, toujours méfiante. Il avait prouvé qu’il pouvait être un allié redoutable, mais sa brutalité et son manque de scrupules continuaient d’instiller un doute dans son esprit.

« Vous avez survécu, » déclara Phobos d'un ton nonchalant, comme si ce combat n’avait été qu’une formalité pour lui. « Mais il est temps de partir. D’autres viendront bientôt. »

 

La victoire leur avait laissé un goût amer. Le champ de bataille silencieux n’offrait plus que des corps étendus et des chaînes brisées, mais le danger ne s’évanouissait pas pour autant. Le groupe savait que le temps leur était compté. Rairi fut le premier à briser le silence, essuyant la sueur de son front et jetant un regard nerveux aux alentours. « On doit partir, et vite. » 

Phobos, toujours aussi calme malgré le chaos, s’avança vers les Lézardus récemment libérés. D’une voix grave mais étonnamment douce, il leur murmura des mots rapides : « Partez maintenant. Cachez-vous dans les montagnes. Là-bas se trouvent les derniers de votre peuple encore libres. C’est votre seule chance. » Les créatures, fatiguées mais reconnaissantes, hochèrent la tête et disparurent dans l’ombre, leurs pas se fondant avec la nuit.

Aurore, encore sur ses gardes, tourna un regard perçant vers Phobos. « Pourquoi les avoir libérés ? Et maintenant ? Où nous conduis-tu ? » 

Phobos esquissa un sourire énigmatique, presque amusé par son impatience. « Pour répondre à la première question, parce que ce ne sont pas des animaux que l’on doit enchaîner. Pour la seconde, suivez-moi. Je connais un endroit sûr. » 

 

Malgré leurs instincts méfiants, ils n’avaient d’autre choix que de lui faire confiance, au moins pour l’instant. Ils se mirent en marche, leurs pas précipités les menant à travers des sentiers tortueux, plongés dans l’obscurité oppressante du territoire vampire. La forêt dense laissa rapidement place à un paysage de ruines et de brouillards étouffants, où les ombres semblaient se mouvoir avec une vie propre.

Ils finirent par atteindre une entrée cachée dans une falaise. Derrière des lianes épaisses et une cascade, se trouvait une grotte discrète. Phobos la désigna d’un geste nonchalant. « Ici, personne ne viendra vous chercher. Vous devriez vous reposer quelques jours. Mais d’abord parlons argent, mon aide jusqu’ici est offerte, mais je n’irai pas plus loin. Puisque vous m’avez aidé tout à l’heure, je vais vous faire un prix, mille pièces par personne. » 

Malgré ses paroles, l’ambiance restait lourde. Les regards échangés par le groupe trahissaient leur inquiétude. Rairi, fidèle à lui-même, murmura à Koori en passant : « Je n’aime pas ça. Il est trop à l’aise ici. » 

Koori acquiesça silencieusement, mais ne répondit pas. Ils devaient rester sur leurs gardes. Le groupe entra prudemment dans la grotte, leurs pas résonnant sur la roche froide. À l’intérieur, l’air était humide, mais l’endroit était suffisamment isolé pour offrir un semblant de sécurité. 

Le groupe avait bien évidement de l’argent de côté mais quatre milles pièces représentaient une grosse somme et il n’était qu’au début de leur voyage. Cependant il n’avait pas vraiment le choix : « deux mille maintenant, et deux mille en arrivant à la frontière. »

 

Phobos leur sourit en coin, son regard perçant chacun des membres du groupe. « Reposez-vous bien, » murmura-t-il, s’appuyant contre une paroi de la grotte. Mais Aurore sentit un frisson la parcourir. Quelque chose dans son regard la troublait. Ce n’était pas qu’une question d’argent. Phobos voulait-il quelque chose de plus ?

Le groupe s’installa pour la nuit, mais le sommeil ne vint pas facilement. L’inquiétude grandissait, et la méfiance envers Phobos restait présente. L’ombre d’une trahison planait sur leurs esprits, mais pour l’instant, ils n’avaient pas d’autre option que de le suivre. 

La nuit, bien que silencieuse, semblait contenir des murmures dans l’obscurité. À mesure que les heures passaient, l’inquiétude ne faisait que grandir. Phobos était-il vraiment digne de confiance ? Ou jouait-il un jeu plus dangereux encore?

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