Le crépuscule plongeait les rues de Pixia dans une ombre silencieuse. Les jumeaux marchaient côte à côte, chacun perdu dans ses pensées. Mais le poids des non-dits devenait insupportable.
Rairi brisa enfin le silence, sa voix tendue : « Tu le savais depuis combien de temps ? »
Koori, regardant droit devant lui, répondit calmement, mais avec un soupçon d’hésitation : « Depuis un moment. Au début, ce n’était que des soupçons… Mais en la regardant, j’ai fini par comprendre. »
« Et tu ne m’as rien dit ? Pas un mot ? Pourquoi ? », demanda-t-il ensuite en fronçant les sourcils, frustré.
Cherchant ses mots, il soupira : « Je n’étais pas sûre et puis ce n’était pas à moi de te le dire… »
Il éleva légèrement la voix, la colère sous-jacente : C’est « Tu n’étais pas sûre ?! C’est ça ton excuse ? Et papa ? Est-ce qu’il sait qui elle est vraiment ? »
Après un court silence, il répondit finalement : « Je pense qu'il s'en doute. C’est pour ça qu’il nous a dit de rester proches d’elle… »
Rairi eut un sourire narquois, cherchant à percer la carapace de son frère. « C’est vrai qu’après tout, personne ne la regarde autant que toi… Je l’ai bien vu, avoue-le, tu as un très gros faible pour elle. »
Il baissa légèrement la tête, presque résigné, murmura : « Depuis le lycée à peu près… Je crois qu’il n’y qu’Aurore qui ne s’en rend pas compte… Aqua adore m’envoyer des piques à ce sujet… »
Le silence retomba, mais cette fois, il était chargé de révélations non dites, d’un poids que les deux frères partageaient désormais. Il ne pouvait plus se cacher derrière des excuses.
Mais avant que la tension ne devienne trop pesante, Rairi finit par relâcher la pression. « Quoi qu’il en soit, va falloir qu’on en parle aux parents. Ils doivent savoir la vérité et ce que l’on compte faire. »
Il finit par hocher la tête, son regard toujours fixé sur l’horizon. « Oui, je sais, je peux plus leur cacher la vérité… »
La maison des jumeaux était plongée dans un calme lourd. Leur mère, assise dans le salon, lisait un livre à la lumière tamisée, tandis que leur père les accueillit avec la chaleur habituelle, mais il n’avait pas besoin de poser des questions. Il ressentait la tension dans l’air. Lorsque Koori prit la parole, l’atmosphère changea, l’air devenant soudainement plus lourd, plus dense. « Il faut qu’on parle. C’est à propos d’Aurore. »
Le père des jumeaux, les observant tour à tour, comme s'il avait attendu ce moment depuis longtemps. Le regard attentif de leur mère passa de l’un à l’autre, sa curiosité piquée au vif. « Vous avez des questions, n’est-ce pas ? »
Rairi ne perdit pas de temps, son ton direct et incisif : « On sait que tu enquêtes sur l’attaque de la famille impériale. Mais ce que tu ne nous as jamais dit, c’est ce que tu as découvert… et pourquoi tu as gardé tout ça pour toi. »
Il serra légèrement les poings, prit une inspiration profonde avant de répondre : « Je vous ai caché certaines choses parce que c’était trop dangereux. Mais vous méritez de savoir maintenant. Vous savez que l’empereur William était un vieil ami. Quand l’attaque a eu lieu, il m’a envoyé pour enquêter, pour découvrir la vérité. »
Koori, les bras croisés, murmura : « Oui, c’est pour ça qu’on a déménagé à Pixia. »
Il acquiesça, « Exactement. William ne faisait pas confiance aux rapports officiels. Trop de contradictions. Il m’a demandé d’enquêter de mon côté pour découvrir qui se cachait derrière l’attaque. Mes recherches ont mené à l’impératrice afin d’en savoir plus nous sommes venus à Pixia, je voulais que nous nous rapprochions de Luna. Mais lorsque nous sommes arrivés et que j’ai appris qu’elle avait adopté une fillette juste après l’attaque je eu des soupçons sur son identité. Et puisque vous êtes là, après avoir vu Marie, j’en déduis qu’elle vous l’a avoué… »
Rairi, frémit de colère, « Tu savais que c’était elle. C’est pour ça que tu nous as conseillé de nous rapprocher d’elle ?! Tu nous as manipulé pour l’approcher ! »
Ses yeux fixés sur ceux de ses fils, « J’avais des soupçons, oui. Mais je n’avais aucune preuve concrète. Et puis, vous aviez l’air de les apprécier toutes les deux, surtout toi Koori. Je ne vous aurai jamais forcé si ce n’était pas le cas ! » Après un moment de silence, il reprit « Et puis, les choses ont pris un autre tournant quand Lucius est monté sur le trône. »
Un silence lourd s’installa avant que le père ne poursuive, sa voix plus basse, comme s’il craignait que même les murs puissent entendre.
La mère, jusqu’alors silencieuse, posa son livre, une ombre de crainte traversant ses traits. Elle fixa son mari, un dialogue silencieux s’établissant entre eux.
« J’étais d’abord enchanté de revoir le fils de mon vieil ami et il lui ressemble tellement. Mais son règne a très vite montré des signes de tyrannie. Alors votre mère et moi n’avions pas eu d’autre choix, nous avons rejoins une branche de la rébellion, il y a plusieurs années.
Les mots frappèrent les jumeaux comme un coup de poing. ils échangèrent un regard, une onde de choc invisible passant entre eux.
Rairi, incrédule : « Vous êtes dans la rébellion… et vous ne nous avez rien dit ?! »
Son ton devenant plus urgent, « Nous devions vous protéger. Plus vous en saviez, plus vous étiez en danger. Il y a une différence entre enquêter en secret sous les ordres de l’empereur et se dresser contre lui. » Il fit une nouvelle pause et repris sur un ton décisif, « Maintenant qu’elle vous a tout révéler, vous devez faire un choix. Elle a besoin de soutien. Vous savez ce qu’elle représente. Elle est la clé pour renverser Lucius. »
Les sourcils froncés, de l’amertume dans sa voix : « Alors tout tourne autour d’elle. Tu t’inquiète de sa sécurité avant de t’inquiéter pour la nôtre, en faite non, tu nous conseil de la protéger au risque d’être en danger… »
Koori, reprit d’un ton solennel : « Nous le ferons ! Pas pour toi ou ta croisade personnelle ; mais pour notre amie et nos propres convictions. Nous allons rejoindre les rebelles. »
Leur père les regarda à la fois penaud et fier : « Vous avez raison, suivez votre voie. C’est le combat que vous avez choisi. »
La mère intervint doucement, sa voix empreinte de sagesse et d’amour : « Peu importe votre choix, nous vous soutiendrons. Mais soyez prudents. Ce combat est plus dangereux que vous ne l’imaginez. »
Le silence s’installa de nouveau, mais cette fois, il n’était plus question de doutes. Rairi se redressa, son regard brûlant de détermination : « On est prêts. Mais maintenant, plus de secrets ! »
Il hochant la tête : « Plus de secrets ! Nous vous fournirons une lettre d’introduction, cela devrait aider à prouver vos identités. »
La journée se termina sur ces mots et toute la famille alla se coucher, un long travail allait commencer.
La nuit était encore jeune, mais dans la vieille grange abandonnée à la périphérie du village, les préparatifs se déroulaient en silence. Nos quatre amis travaillaient méticuleusement, chaque geste calculé pour éviter toute détection. Leurs discussions étaient à voix basse, étouffées par l’obscurité qui enveloppait les lieux. Ils savaient qu’ils ne partiraient pas tout de suite, mais chaque seconde comptait pour rendre leur départ aussi discret que possible.
Aurore, penchée sur une carte usée, traçait du doigt les chemins à prendre. « Nous devrons partir de nuit. Quand le moment sera venu, tout devra être prêt. »
Aquarys, assise à même le sol, manipulait son sac magique qui semblait dévorer tout ce qu’elle y glissait. Provisions, armes, couvertures, vêtements… tout disparaissait dans ce sac sans fond, allégeant le poids matériel du groupe. « Le sac magique que tu m’as donné Marie est vraiment génial, je n’en avais jamais vu d’aussi grand ! » Après un instant elle se rendit compte de son erreur et reprit, « Aurore, pardon. »
« T’inquiète ! Moi non plus, j’ai pas l’habitude, plus personne ne m’appelle comme ça depuis plus de 15 ans. Je l’ai discrètement emprunté à grand-mère, les avantages d’être de la noblesse, elle a pleins de trucs qui coûtent chers. »
Koori, observant la scène depuis un coin de la grange, réfléchissait, les bras croisés. « Avec le sac, le problème de transport est réglé mais pas celui de la distance. Marcher pendant des jours, ça nous rendra vulnérables. Il faut un moyen de transport. » Sa voix était calme, mais le regard qu’il lançait à Rairi montrait qu’il partageait l’inquiétude de son frère.
« Les transports magiques sont traçables, Lucius nous repérera en un rien de temps si on les utilise, donc les cercles de téléportations et les voitures sont à proscrire. », ajouta-t-il en inspectant ses armes. « Il nous faut un plan qui nous permet de rester rapides et invisibles. »
Aurore releva la tête, son regard brillant d’une idée qu’elle semblait garder en réserve depuis un moment. « J’ai une solution. Enfin une légende, plutôt… Durant mes études, j’ai entendu parler des licornes dans une forêt au nord. »
Le silence qui suivit ses paroles fut lourd de réflexion. Aquarys la fixa avec des yeux grands ouverts. « Oui, elles sont extrêmement rapides mais indomptables ! Même les plus puissantes fées des animaux en sont incapables. »
« D’après la légende, on ne peut pas les dompter. Nous devons essayer de nous montrer dignes d’elles et alors elles acceptent de nous accompagner. », répondit-elle, d’une voix posée mais pleine de conviction. « Si on réussit à les convaincre, elles pourraient nous offrir la vitesse dont on a besoin sans être détectés. »
Rairi, toujours sceptique, lança un regard en coin à son frère. « Et si elles nous rejettent ? On ne peut pas se permettre de perdre du temps à courir après des créatures insaisissables. »
« Mais si elles nous acceptent », intervint Koori, « elles seront la solution parfaite. Intraçables, rapides. »
Les quatre amis continuaient de peser le pour et le contre, mais tous savaient que ce plan aussi improbable soit-il, il était leur meilleure chance. Ils préparèrent alors méticuleusement chaque détail de leur voyage. Bien qu’ils ne partiraient que plus tard, chaque instant de préparation devait être parfait.
Aquarys rangea des vivres dans le sac magique, le refermant d’un geste habile. « En tout cas, on aura tout ce qu’il faut pour tenir longtemps. » Elle esquissa un sourire, essayant d’alléger l’atmosphère lourde.
Leurs échanges étaient empreints de tension, l’incertitude planait sur leur plan. Les jumeaux se préparaient déjà mentalement à tout ce qui pourrait mal tourner. Mais malgré le poids de l’inconnu, il y avait dans l’air une détermination partagée.
Aurore fixa ses amis, prenant une profonde inspiration. « Quand nous serons prêts… il n’y aura plus de retour en arrière. »
Ils acquiescèrent tous en silence, conscients que le moment venu, ils devraient tout laisser derrière eux. La nuit avançait doucement, et la grange, témoin de leurs préparatifs silencieux, devint le théâtre d’une attente calculée, un moment suspendu avant l’aventure qui les attendait.
Après plusieurs jours de marche, le groupe arriva enfin dans la mystérieuse forêt des licornes. L’air y était chargé de magie, presque palpable. Les arbres massifs, drapés de brume, baignaient dans une lumière dorée, filtrée par leurs feuilles immenses. Chaque pas dans cette forêt semblait faire écho à des siècles de secrets gardés.
« Elles sont là », murmura Aurore, son regard fixé sur une clairière à peine visible à travers les brumes. « Elles nous observent. »
En s’avançant prudemment, le groupe découvrit un troupeau de licornes. Majestueuses, leurs pelages variaient du blanc pur au noir d’encre, en passant par des teintes dorées et argentées. Chacune d’elles semblait irréelle, comme sortie d’un conte. Leurs cornes torsadées brillaient faiblement sous la lumière de la forêt, mais malgré leur beauté, un sentiment de danger émanait d’elles. Chaque fois que les amis tentaient de s'approcher, les licornes secouaient la tête avec une méfiance croissante, leurs cornes scintillant d'une énergie prête à exploser.
« On ne peut pas forcer les choses », souffla Aquarys, les yeux fixés sur les créatures. « Elles deviennent violentes si on s’approche sans leur accord. »
Le groupe campait depuis plusieurs jours dans la forêt, tentant par tous les moyens de prouver leur valeur aux licornes. Mais malgré tous leurs efforts, les majestueuses créatures continuaient de les ignorer ou de devenir agressives chaque fois qu'ils s’approchaient trop près. Leur espoir commençait à s’effriter lorsque des bruits de pas lourds brisèrent le calme de la forêt. Des silhouettes apparurent entre les arbres. Des braconniers.
Ils étaient une demi-douzaine, lourdement armés, leurs regards féroces fixés sur le troupeau. Le chef des braconniers, une brute massive en armure de cuir, brandit un filet magique et lança un cri : « Ces bêtes valent une fortune ! Capturez-les toutes avant qu’elles ne puissent fuir ! »
Le sang d’Aurore se glaça. « Nous devons les protéger ! »
Sans hésiter, les quatre amis se préparèrent à combattre. Les jumeaux échangèrent un regard avant de se métamorphoser. Une onde de puissance parcourut leurs corps, faisant vibrer l’air autour d’eux.
Rairi se transforma en premier. Sa tenue princière se métamorphosa en un kimono de cérémonie noire et dorée où des éclairs dansaient, illuminant la forêt autour de lui. Ses ailes dorées se déployèrent, scintillantes, parcourues de lueurs électriques. Ses cheveux noirs s’attachèrent en une queue de cheval sur le côté par un ruban doré. Des crépitements d’électricité s’élevèrent de son corps, tandis que ses yeux dorés fixaient les braconniers avec une intensité implacable.
À ses côtés, le survêtement de Koori laissa place à un kimono identique à celui de son frère mais blanc, orné de motifs givrés brillants sous la lumière des arbres. Ses ailes glacées se déployèrent avec un craquement net. Une brume glaciale s’éleva autour de lui, gelant le sol à chacun de ses pas. Ses cheveux noirs courts et désordonnés contrastaient avec ses yeux bleus perçants, brillants d’une froide détermination. L'air autour de lui devint glacial, figé par son pouvoir.
Aurore fit apparaître sa combinaison blanche et ses ailes irisées de mille couleurs. Quant à Aquarys, une mer déchaînée se dessinait sur sa robe fluide tandis que ses ailes d’un bleu turquoise, au contour sable, sortaient peu à peu de son dos. Ils étaient prêts à se battre.
Mais un des braconniers, plus expérimenté que les autres, murmura une incantation. Soudain, une onde d’énergie noire émana de ses mains, paralysant Aquarys sur place. Elle lutta pour se libérer, mais sentait ses forces diminuer. Rairi lança un regard furieux à son frère : « Koori, on doit agir vite ! »
Les braconniers utilisaient la magie avec une précision dangereuse. Leurs filets enchantés volaient dans l'air, imprégnés de sortilèges pour paralyser tout ce qu'ils touchaient. Mais Rairi réagit immédiatement. Ses mains s’emplirent d’éclairs, et d’un mouvement vif, il projeta la foudre sur les filets, les réduisant en cendres avant qu’ils n’atteignent leur cible.
Un sourire provocateur se dessina sur ses lèvres. « Vous pensez vraiment capturer des licornes avec ça ? Vous allez devoir faire mieux. »
Les braconniers, loin de se laisser intimider, redoublèrent d’efforts. Le chef du groupe, un homme massif, lança une incantation qui libéra une brume sombre, réduisant leur visibilité. Des lames enchantées fendirent l’air, dirigées vers le groupe avec une précision mortelle.
Aurore, voyant l'opportunité, sortit ses deux couteaux. Elle ne se contentait pas de les lancer ; c’était une véritable extension de son corps, taillée pour le combat rapproché. Elle utilisait sa magie afin de créer des illusions pour tromper l’ennemie, lui permettant de se glisser6+ entre les braconniers avec une agilité féline, elle para un coup de lame magique d’un revers de son couteau, puis riposta avec un mouvement fluide, désarmant son adversaire. D’un geste rapide, elle dévia sa lame d’un mouvement circulaire avant de plonger l’un de ses couteaux dans le flanc de son adversaire. Le braconnier, surpris par sa rapidité et sa précision, recula en titubant.
Mais elle ne s’arrêta pas là. Elle esquiva les attaques suivantes avec une fluidité déconcertante, se faufilant entre les braconniers. Ses couteaux brillèrent sous la faible lumière, dansant autour d’elle comme s'ils faisaient partie d'une chorégraphie mortelle. Lorsqu’un autre braconnier tenta de l’attaquer par-derrière, elle pivota sur elle-même, déviant son coup avec l’un de ses couteaux, qui la frôla la blessant au bras puis contre-attaquant d’un mouvement précis qui le désarma. Elle plongea alors son second couteau vers sa gorge, l’arrêtant juste avant de le toucher, un sourire froid aux lèvres. Se voyant agir avec une telle précision et une froideur implacable, Aurore ne put s'empêcher d'être étonnée par la violence froide de ses propres gestes, une part d'elle qu'elle ne connaissait pas.
Pendant ce temps, Aquarys, toujours prisonnière de la paralysie, lutta pour se libérer. Voyant une ouverture, elle invoqua une vague d’eau massive, libérant toute sa puissance. La vague engloutit les braconniers restants, les projetant au sol et mouillant leurs armes et vêtements. Les chasseurs, trempés et désorientés, luttaient pour reprendre leur équilibre.
C’est alors que les jumeaux profitèrent de cette opportunité. Rairi, les mains crépitant d’électricité, fit un signe à Koori. « Prêt ? » murmura-t-il.
Il hocha la tête, et ensemble, ils lancèrent leur attaque combinée. Rairi relâcha sa foudre, qui se propagea à travers l’eau, amplifiant son pouvoir. Les braconniers, trempés par l'attaque, furent électrocutés par la décharge, leurs corps secoués par des spasmes incontrôlables. Koori, en parallèle, projeta un souffle glacé, gelant l'eau autour de leurs pieds et les immobilisant complètement.
Le chef des braconniers, l’un des derniers debout, tenta de lancer une dernière attaque, mais Aurore, se faufilant derrière lui avec la rapidité d’une ombre, enfonça un couteau dans sa main qui tenait une dague magique. Il lâcha son arme en hurlant, son regard rempli de rage et de douleur.
Essoufflée mais implacable, elle murmura froidement : « C'est terminé. »
Le silence tomba enfin sur la clairière. Les braconniers, vaincus, gisaient à terre, gelés et paralysés. Les licornes, libérées de tout danger, observaient la scène avec une intelligence nouvelle. Une licorne au pelage blanc étincelant, qui semblait être la chef du troupeau, s’avança vers eux, baissant doucement la tête en signe de reconnaissance, avant de faire demi-tour.
Rairi, se redressant après l'effort, sourit en regardant les braconniers immobilisés. « Ils ont appris à ne pas sous-estimer les licornes… et nous. »
Le silence retomba progressivement sur la forêt. Le combat avait été bref mais intense. Les amis, respirant encore fort de l’effort, regardèrent les licornes. Lentement, majestueusement, les créatures approchèrent. Leurs cornes scintillaient d’une lueur nouvelle, leurs yeux brillaient d’intelligence. Elles les avaient observés tout ce temps, et désormais, elles reconnaissaient leur valeur.
Une licorne noire, à la robe d’un bleu cobalt profond, émergea du groupe avec une majesté imposante. Son pelage semblait absorber la lumière environnante, et ses yeux brillants d’intelligence étaient fixés sur Aurore. Lentement, elle s’avança vers elle, chaque pas résonnant dans la clairière silencieuse. Puis, dans un geste empreint de respect et de reconnaissance, la licorne baissa doucement la tête, l’acceptant comme sa partenaire.
Autour d’eux, d’autres licornes, chacune unique dans leur splendeur, s’approchèrent des membres du groupe. Une par une, elles firent leur choix. Les licornes des jumeaux, se tenaient fièrement côte à côte. Leur robe châtaine brillait sous la lumière de la lune. L’une arborait une crinière dorée, ses mèches scintillant comme des éclairs au soleil, tandis que l’autre, à la crinière brune, dégageait une énergie plus douce, plus stable.
Enfin, Aquarys se tourna vers sa propre licorne, une créature gracieuse au pelage couleur sable, d’une teinte chaude et apaisante, contrastant magnifiquement avec sa crinière d’un blanc immaculé. La licorne s'approcha d'elle avec une élégance naturelle, ses mouvements fluides comme l’eau. Elles se fixèrent mutuellement dans un moment de parfaite harmonie, scellant un lien indéfectible.
Avec douceur et respect, ils placèrent les selles sur leurs licornes, prenant soin de ne pas troubler laµ£ majesté de ces créatures. Puis, dans un souffle commun, chacun monta sur le dos de sa monture, ressentant la puissance et la grâce de ces êtres. Le lien était scellé : ils étaient désormais prêts à chevaucher ces créatures majestueuses, unis pour les épreuves à venir. Le groupe était désormais complet, chaque licorne reflétant, dans sa beauté et sa singularité, la force intérieure et le destin de son cavalier.
Le retour à Pixia fut d’une rapidité incroyable. Les licornes, légères comme le vent, traversaient la forêt à une vitesse fulgurante. Leurs sabots ne touchaient presque pas le sol, et une traînée magique scintillait derrière elles. Le groupe, transporté par ces créatures majestueuses, se prépara mentalement à affronter les dangers à venir, sachant désormais qu’ils ne seraient plus seuls.
« Elles sont bien plus rapides que tout ce que j’ai connu », déclara Rairi, le vent sifflant autour de lui, un sourire de triomphe aux lèvres.
Aurore, souriant également, murmura : « Avec elles à nos côtés, plus rien ne pourra nous arrêter. »
Une fois leur préparation terminée, l’heure était venue. La nuit enveloppait Pixia d’un manteau de silence. Dans l’ombre de la maison, Aurore et Aquarys, aussi silencieuses que des ombres, se faufilaient vers la porte. Leurs cœurs battaient à l’unisson, la peur de réveiller les siens alourdissant chacun de leurs pas. Juste une porte à franchir et elles seraient dehors, prêtes à rejoindre le reste du groupe.
Mais alors qu’Aurore franchissait le seuil, une silhouette se découpa dans l’obscurité. Immobile, sévère, Luna se tenait droite, ses bras croisés et son visage impassible, une expression dure inscrite sur ses traits. Son regard, perçant comme une lame, fit immédiatement taire tout espoir de fuite discrète.
Aurore se figea, le souffle coupé. À côté d’elle, Aquarys, tout aussi surprise, détourna les yeux comme pour échapper à la sévérité de ce regard qui les scrutait avec une intensité glaçante.
« Vous pensiez vraiment partir sans un mot ? » La voix de Luna était froide, contrôlée, implacable.
Elle sentit sa gorge se serrer. « Grand-mère… je dois le faire. » Sa voix tremblait légèrement, consciente que sa tentative d’évasion n’avait trompé personne.
« Le faire ? » Luna s’avança d’un pas, son regard inquisiteur toujours braqué sur elle. « Vous alliez partir, sans prévenir personne. Et vous espériez que je ne le remarquerais pas ? »
Aquarys, d’habitude si enjouée, restait figée, paralysée sous le poids de cette confrontation inattendue. Le silence pesait lourd entre elles, chaque mot de Luna frappant comme un reproche à peine voilé.
Elle baissa les yeux, honteuse. « Je ne voulais pas t’inquiéter… »
Luna la coupa, son ton toujours sec. « Ne me prends pas pour une idiote, Aurore. Tu crois que je ne sais pas ce qui se trame ? Mais si tu penses que je vais te laisser partir ainsi, sans rien dire... »
Elle s’arrêta un instant, fixant maintenant Aquarys du même regard. « Quant à toi, Aquarys, ta mère te tuerait si elle savait que tu pars de cette manière. » Elle marqua une pause, avant de conclure, toujours sévère : « Je m’en chargerai. Je lui raconterai une histoire pour éviter qu’elle ne s’inquiète plus que nécessaire. »
Les deux jeunes femmes restèrent silencieuses, conscientes de la gravité du moment. Luna n’était pas quelqu’un que l’on trompait facilement. Son regard dur dissimulait une inquiétude réelle, mais elle la cachait derrière un masque de rigueur. C’était sa manière de protéger Aurore.
Luna s’approcha lentement. Sa démarche, bien que calme, semblait lourde de non-dits. Elle posa une main ferme sur leur épaule. « Je sais que vous devez partir, mais faites attention. Ne vous croyez pas invincibles. » Son ton était encore sévère, mais dans la profondeur de ses yeux, on pouvait déceler une tendresse, une peur qu’elle ne laissait transparaître qu’à demi-mot.
Aurore sentit un nœud se former dans sa gorge. Elle avait grandi sous l’autorité de Luna, une autorité ferme, presque dure, mais toujours juste. « Merci, grand-mère… Je te promets de faire attention. »
Luna, sans montrer de signe extérieur de tendresse, inclina légèrement la tête. « Pensez à nous envoyer des nouvelles de temps à autre. »
Après ces mots, Luna recula lentement, mais son regard perçant ne les quittait pas. Elle n’ajouta rien d’autre, mais son silence disait tout. Elle était inquiète, bien plus qu’elle ne le laissait paraître, mais jamais elle ne le montrerait ouvertement.
D’un geste brusque, elle leur fit signe de partir. « Allez. Avant que je ne change d’avis. »
Sans un mot de plus, elles commencèrent à s’éloigner de la maison, le poids du regard de Luna toujours sur leurs épaules. Aurore fit volteface et se jeta dans les bras de Luna qui la serra en retour, avant de rejoindre Aquarys. Elles rejoignirent le reste du groupe près de la forêt, prêtes à affronter leur destin. Mais malgré la sévérité apparente de Luna, elle savait qu'elle les veillerait, toujours.
Au loin, Luna les regardait partir, droite, immobile dans la nuit, cachant derrière sa sévérité une tendresse inébranlable.