5. Une décision cruciale

Cela faisait désormais deux ans que Lucius avait accédé au trône de l’Empire. Bien que la petite bourgade féerique de Pixia, nichée au cœur du royaume des fées et bien éloignée la capitale impériale, semble paisible en surface, une ombre planait sur l’Empire tout entier. Pixia, habituellement coupée des grandes manœuvres politiques de l’Empire, commençait, elle aussi à sentir le poids du règne de Lucius.

Le village, avec ses maisons de pierre blanches couvertes de lierre et ses chemins bordés de fleurs sauvages, paraissait tranquille aux yeux des passants. Cependant, même ici, dans ce coin reculé, la peur avait trouvé son chemin. Les nouvelles qui parvenaient d’Anthropolys étaient de plus en plus inquiétantes. Loin des vastes étendus urbaines de la capitale, où les grandes décisions se prenaient, Pixia vivait au rythme des rumeurs qui se propageaient comme des traînées de poudre. Et les rumeurs ne présageaient rien de bon.

Le règne de Lucius, bien que prometteur au début, se transformait peu à peu en une course de dominations. Sous couvert de maintenir la sécurité et la stabilité de l’Empire, il avait imposé des lois de plus en plus répressives. Les peuples autrefois unis se divisaient progressivement. Les Garous, les Lézardus, les Urs, et même les Harpies, autrefois respectés, étaient désormais perçus comme des menaces potentielles à la paix impériale. Ces races, plus proches de la nature, se voyaient dépossédées de leur liberté petit à petit, tandis que les peuples puissants, comme les Vampires, se rapprochaient du pouvoir central.

À Anthropolys, l’ambiance était devenue suffocante. Des forces armées patrouillaient constamment dans les rues, et toute parole contraire à la politique de Lucius était secrètement réprimée. Les rebelles, bien qu’encore discrets, commençaient à s’organiser. De petits groupes de Magiciens et Sorciers, murmuraient dans l’ombre, cherchant à rallier à leur cause les races opprimées. Mais le simple fait de prononcer le nom de Lucius avec mépris pouvait vous coûter la vie. Alors, beaucoup se taisaient, terrifiés.

À Pixia, ces échos de rébellion étaient plus faibles, mais ils se faisaient tout de même sentir. Les Fées, pourtant éloignées des grandes luttes de pouvoir, ressentaient de plus en plus l’oppression. Leur tranquillité, jusqu’alors préservée, semblait sur le point de voler en éclats.

 

Ce jour-là, une annonce arriva depuis la capitale, diffusée à la télévision et relayée par tous les canaux disponibles. Les habitants de Pixia, tout comme ceux des autres villages et cités de l’Empire, s’arrêtèrent pour écouter le discours impérial. Même dans ce coin paisible du royaume des Fées, la figure de Lucius apparaissait sur les écrans installés dans la grande place du village. Le contraste entre la beauté naturelle de Pixia et la froideur de Lucius ne pouvait être plus frappant.

Vêtu de ses habits impériaux, le visage impassible, Lucius prit la parole d’une voix calme mais imposante :

« Citoyens de l’Empire, en ces temps de doute et de danger, il est de notre devoir à tous de préserver l’ordre et la sécurité. Aujourd’hui, j’ai pris une décision qui, je le sais, nous conduira vers une ère de prospérité et de stabilité durable. Je signe ce jour une loi qui placera certaines races sous la protection de leurs alliés naturels, afin d’assurer la paix dans tout l’Empire. »

Le document que Lucius signa sous les yeux de tous, avec une solennité théâtrale, marqua le début de la domination officielle des races dites "primitives" : les Garous seraient désormais sous l’autorité des Hommes, les Lézardus sous celle des Vampires, les Urs sous celle des Elfes, et les Harpies sous celle des Anges. Les Félis, quant à eux, se retrouvaient sous la tutelle directe de l'Empire.

Cette loi, sous couvert de sécurité, était perçue par beaucoup comme une manœuvre de plus pour asservir les races moins influentes. Les Garous, pourtant proches des Hommes depuis des siècles, se voyaient subitement relégués à un statut subalterne, tandis que les Lézardus, farouchement indépendants, comprenaient que ce décret marquait la fin de leur liberté.

À Pixia, la réaction fut immédiate, bien que discrète. Les Fées, qui vivaient en harmonie avec les autres races, ne comprenaient pas cette décision. Beaucoup d’entre elles étaient choquées, notamment celles qui commerçaient régulièrement avec les autres peuples. Pourtant, personne n'osa réagir ouvertement. La crainte d’attirer l’attention des autorités impériales, même dans un village aussi reculé, muselait toute velléité de contestation.

 

Les Vampires, alliés de Lucius, avaient toujours considéré les Lézardus comme inférieurs, célébrèrent la nouvelle. Des banquets furent organisés, des rires retentirent dans leurs domaines. Pour eux, cette loi n’était rien d’autre qu’une victoire éclatante, la preuve que leur pouvoir et leur influence grandissaient.

Du côté des Hommes, les opinions étaient partagées. Certains, proches de Lucius, acceptaient la loi sans broncher, se contentant de suivre l’ordre impérial. Mais beaucoup étaient révoltés. Les Garous avaient été leurs alliés pendant des siècles, et les voir ainsi soumis à une tutelle leur semblait injuste. Pourtant, peu osaient exprimer publiquement leur mécontentement. La main de Lucius était lourde, et toute rébellion ouverte risquait de mener à la ruine.

Les Elfes, de leur côté, accueillirent la loi avec un mélange de désintérêt et de perplexité. Ils avaient toujours vu les Urs comme des créatures pacifiques et sages, avec qui ils partageaient les forêts et la nature. Pour eux, imposer une tutelle à ces créatures ne faisait aucun sens. De nombreux Elfes désapprouvaient la politique de Lucius en silence, mais leur culture de réserve et de non-ingérence les poussait à ne pas s’impliquer ouvertement dans les conflits internes de l’Empire. Ils préférèrent observer et se tenir à distance, comme à leur habitude.

Les Anges, eux, semblaient encore plus distants. Leur relation avec les Harpies était déjà ambiguë : ces créatures volantes, fières et farouches, ne se soumettaient à aucune autorité. Pour les Anges, la loi de Lucius était une formalité sans grande conséquence. Ils savaient bien que les Harpies n’obéiraient jamais à de simples décrets impériaux. Les Anges eux-mêmes n'avaient aucun intérêt à les forcer à s'y plier, préférant les laisser vivre comme elles l’entendaient dans leurs montagnes reculées. Pour les Anges, cette loi n’était qu’une décision politique qui ne toucherait en rien leur mode de vie élevé, au-dessus des querelles terrestres.

 

À Pixia, l'inquiétude était palpable. Les habitants murmuraient entre eux, craignant que cette loi n’entraîne des conséquences encore plus graves. La tranquillité du village n'était qu'une illusion, car la tempête approchait, et avec elle, des bouleversements qui affecteraient chaque coin de l’Empire, même les plus reculés.

Le crépuscule jetait des ombres douces sur les petites rues de Pixia. Bien que la journée ait été marquée par l'annonce impériale, le village semblait continuer à vivre en apparente sérénité. Toutefois, derrière les façades des maisons de pierres, l’inquiétude murmurait parmi les habitants. Un petit café, discret et chaleureux, servait souvent de point de rendez-vous pour notre groupe d’amis qui s'y retrouvaient depuis des années. Ce soir-là, ils étaient installés autour d'une table dans un coin reculé, à l'abri des regards.

La conversation d’ordinaire animée et ponctuée de rires se faisait cette fois-ci plus lourde, presque solennelle. La lumière vacillante des bougies dansait sur leurs visages tendus, tandis qu'un silence inconfortable s'était installé autour de la table.

C’est finalement Rairi qui brisa ce silence pesant, ses traits marqués par une gravité inhabituelle. Lui, d’ordinaire si joyeux et plein de légèreté, affichait une mine sombre, les bras croisés fermement contre sa poitrine. Il s’apprêtait à dire quelque chose qu’il ne pouvait plus garder pour lui.

« Nous devons agir », lança-t-il d’une voix grave, faisant sursauter légèrement ses amis. Ses yeux, d’habitude pétillants, étaient empreints d’une résolution nouvelle. « Lucius est allé trop loin cette fois. Il ne s'agit plus seulement de lois absurdes ou de petits ajustements politiques. C’est de la domination pure et simple, de l’asservissement. Si nous restons inactifs, nous ne vaudrons pas mieux que ceux qui le soutiennent. »

Aquarys dévisagea Rairi, les yeux écarquillés par la surprise et l’angoisse. Elle serra nerveusement les mains sur la table, ses doigts tremblants légèrement.

« Chut… parle moins fort…, chuchota-t-elle, on pourrait t’entendre ! »

« Koori et moi comptons rejoindre les rebelles ! », répondit-il fermement.

« Tu ne peux pas être sérieux… » espérant que ce qu’elle venait d’entendre n’était qu’un malentendu. Puis, d’un ton plus ferme, elle ajouta : « C’est de la folie, Rairi. C’est dangereux. Tu sais ce que Lucius est capable de faire. Tu sais ce qu’il fait à ceux qui s’opposent à lui. C’est une décision qui peut… » Elle s’interrompit, cherchant ses mots, mais l’inquiétude dans sa voix trahissait ses peurs. « … qui peut vous tuer. »

Elle regarda Rairi, puis Koori, cherchant des signes d’hésitation dans leurs regards, mais il n’y en avait aucun. Koori, le jumeau de Rairi, resta silencieux, comme à son habitude. Ses yeux froids et perçants balayaient la pièce avec une concentration tranquille. Ce n’était pas dans son caractère de réagir avec passion, mais le simple fait qu'il se tienne aux côtés de son frère en disait long. Il partageait sa décision.

Aquarys tourna alors son regard vers Aurore, cherchant un allié, quelqu’un pour la soutenir dans sa tentative de dissuader les frères de s’engager dans ce qu’elle percevait comme un acte suicidaire. Mais elle restait étrangement silencieuse. Elle fixait sa tasse de thé, l’air absent, perdue dans ses pensées. Elle était là physiquement, mais son esprit semblait ailleurs, en proie à une tempête intérieure.

Aquarys fronça les sourcils. Elle connaissait Aurore. D’ordinaire, elle aurait pris la parole, tenté de raisonner Rairi et Koori, mais ce soir, son amie paraissait absente, presque déconnectée.

« Aurore ? » l’appela-t-elle un peu agacé, espérant la tirer de ses pensées. « Dis quelque chose. Tu sais à quel point c’est risqué. Toi aussi, tu dois penser que c’est une mauvaise idée, n’est-ce pas ? ».

Mais Aurore ne répondit pas tout de suite. Le silence qui suivit ses paroles ne fit qu'accentuer l'angoisse d'Aquarys. Rairi, de son côté, attendait également une réaction. Koori, quant à lui, comprit ce qui la tiraillait.

Elle vivait un tourment intérieur qui la paralysait. Elle avait été séparée de Lucius à l’âge de cinq ans, après une attaque qui avait failli décimer leur famille. Elle avait grandi dans l’ombre, cachée pour sa protection, croyant pendant des années que son frère était mort ce jour-là. Mais la vérité s’était révélée bien plus complexe. Non seulement Lucius avait survécu, mais il avait fini par monter sur le trône, en devenant un empereur qu'elle ne reconnaissait plus.

Chaque mot de Rairi et Aquarys résonnait en elle comme un écho douloureux. Se dresser contre Lucius ? Se dresser contre son propre frère, celui qu'elle avait autrefois pleuré, celui dont elle avait conservé de vagues souvenirs d’un garçon doux et aimant ? Le simple fait d'y penser lui donnait l'impression qu'une montagne de responsabilités s'abattait sur ses épaules.

Elle savait, au fond d’elle, qu’elle ne pouvait pas rester à l’écart indéfiniment. Mais pouvait-elle vraiment se permettre de prendre position contre celui qu’autrefois elle adorait et respectait ? Mais aujourd'hui, les circonstances étaient bien différentes. Lucius n’était plus le même. Les décisions qu'il prenait mettaient en péril l’unité et la paix de l’Empire.

Le souvenir de William, leur père, planait dans son esprit. Lui, l’empereur bienveillant qui avait toujours cherché à unir les races dans la paix. Que penserait-il de son fils aujourd’hui, de ce qu’il était devenu ? Et plus encore, que penserait-il d’Aurore, qui ne faisait rien pour l’empêcher ?

Une autre question la hantait également : si elle prenait la place de Lucius, serait-elle capable de faire mieux ? La tentation du pouvoir, le poids des responsabilités… Elle n’était pas certaine qu’elle ferait différemment. Mais pouvait-elle vraiment rester silencieuse face à l’injustice qui se profilait ? Elle voyait les Garous, les Urs, les Harpies être dépossédés de leur liberté, et savait que leur souffrance ne cesserait de croître si elle ne faisait rien.

Elle leva enfin les yeux, regardant ses amis autour de la table. Aquarys, inquiète, Rairi, déterminé, Koori, impassible. Elle se rendit compte à cet instant que, malgré leurs différences, ils étaient prêts à tout risquer pour leurs convictions. Et elle ? Quelle était sa conviction ?

 

C’est finalement Koori, celui qui parlait le moins mais dont les mots pesaient toujours lourdement, qui rompit le silence d’Aurore. Sans quitter son calme habituel, il posa ses yeux perçants sur elle et prit la parole d’une voix basse mais assurée.

« Aurore, » dit-il, l’appelant pour la première fois par son véritable prénom, brisant ainsi le secret que tous ignoraient. Aurore tressaillit légèrement, surprise et inquiète qu’il ait deviné son identité. « Tant qu’une personne a la possibilité d'améliorer les choses, aussi minime soit-elle, elle a le devoir de le faire. »

Il marqua une pause, laissant ses paroles résonner dans l’esprit d’Aurore. Il savait qu’elle était tourmentée par un dilemme moral, mais pour lui, les choses étaient simples. Le monde n’avait pas besoin de grands gestes héroïques pour changer ; il avait besoin de petits actes de justice, et de la volonté de ceux qui étaient en position de les accomplir.

« Toi, » continua-t-il en la fixant intensément, « tu as le pouvoir de changer les choses. Tu peux rester dans l’ombre et regarder les autres se battre. Mais si tu choisis de te battre, tu as la capacité de faire bien plus que toute la rébellion réunie. »

 

Les mots de Koori résonnaient encore dans l’esprit d’Aurore. Il avait vu clair en elle, plus qu’elle ne l’avait jamais imaginé. Ce qu’il venait de dire la déstabilisait, mais en même temps, cela la libérait d’un poids qu’elle portait depuis si longtemps. Elle n’était plus seule dans son secret. Son ami avait deviné et peut-être qu’il était prêt à la suivre, non pas malgré ce qu’elle était, mais justement parce qu’il comprenait son importance.

Cependant, alors que Koori et Aurore échangeaient ces regards lourds de sens, Aquarys et Rairi les observaient, incrédules. Aquarys, toujours protectrice, ne comprenait pas pourquoi Koori s’adressait à Aurore avec tant de sérieux, et surtout, pourquoi il l’appelait par un prénom qu’elle n’avait jamais entendu auparavant. Son regard passait de Koori à Aurore, cherchant des réponses dans leurs expressions. Rairi, de son côté, fixa son frère, il affichait une mine confuse, ses sourcils froncés dans un mélange d'incrédulité et d’interrogation. Contrairement à Aquarys, il connaissait très bien ce nom, et on pouvait lire son visage qu’il commençait à assembler les pièces du puzzle.

« Pourquoi tu l’appelles Aurore ? intervint Rairi, brisant le silence tendu qui régnait. J’ai raté quelque chose ? » Son ton léger contrastait avec la gravité de la situation, mais son regard ne cessait de fixer son frère comme s’il retenait des questions qu’il souhaitait lui poser.

Aquarys, également déstabilisée, renchérit : « Oui, je ne compre nds pas… Aurore ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » Son regard se posa sur Aurore, cherchant des réponses que son amie n’avait pas encore fournies.

Aurore prit une grande inspiration, sentant le poids immense de la décision qu'elle s'apprêtait à prendre. Le moment de vérité était arrivé. Elle ne pouvait plus fuir, ni cacher ce qu’elle avait caché pendant tant d’années.

« Tu as raison… » commença-t-elle, sa voix plus ferme qu’elle ne l’avait anticipé. « Je ne peux plus me cacher. Il est temps que je vous dise la vérité. »

 

Elle marqua une pause, regardant ses amis, qui attendaient, l'incompréhension encore visible sur leurs visages. « Mon nom n’est pas Marie. Mon vrai nom est Aurore, la sœur cadette de Lucius. »

Le silence qui suivit sa révélation fut presque assourdissant. Aquarys écarquilla les yeux, sa bouche entrouverte sous le choc. Elle semblait incapable de formuler une réponse, tellement cette révélation était inattendue. Comment cela pouvait-il être vrai ? Aurore, sa douce amie qu'elle avait toujours protégée, était en réalité, la sœur de Lucius, l’héritière impériale ? Cela défiait toute logique.

« Quoi ? » s’exclama-t-elle finalement, la voix tremblante. « Ce n’est pas possible… Tu es la sœur de Lucius ? » Ses mots étaient remplis d’incrédulité. Elle ne pouvait tout simplement pas accepter cette nouvelle réalité.

Rairi, quant à lui, avait du mal à retenir son propre choc. Il secoua la tête, comme jouer les incrédules « Attends, attends… Tu es en train de nous dire que tu es Aurore ? La princesse impériale ? » Il la regarda, faignant un air surpris tout en continuant à jeter des coups d’œil à son frère.

Aurore secoua la tête, un léger sourire triste effleurant ses lèvres. « Je suis belle et bien Aurore. Après l’attaque d’il y 15 ans, mon père m’a caché chez ma grand-mère et j’y ai vécu comme l’orpheline qu’elle avait adoptée. J’ai grandi en le croyant mort comme tout le monde. »

Aquarys regarda Koori, comme si elle cherchait une confirmation de ce qu’elle entendait. « Tu savais… » murmura-t-elle. « Elle te l’as dit ? » Légèrement vexée que son amie ne se soit pas confiée à elle d’abord.

Koori hocha calmement la tête. « Je l’ai deviné… Il y avait des signes… Sa magie de lumière, ses cheveux argentés lorsqu’elle se transforme… Et puis, sa ressemblance avec l’impératrice. »

Rairi passa une main dans ses cheveux, secouant la tête d’un air abasourdi. Afin de se ressaisir, il fit une blague maladroite : « Je dois m’asseoir… Oh, mais je suis déjà assis. » Il lâcha un petit rire nerveux, trahissant à quel point la révélation d’Aurore et le secret de son frère l’avaient perturbés. « Alors, tu es la sœur de l’empereur ? Ce qui fait de toi une héritière légitime du trône. » Il l’observa avec un mélange d’admiration et de perplexité. « Eh bien, ça change tout ! »

 « Aujourd’hui, il est devenu quelqu’un que je ne reconnais plus. Je ne sais pas pourquoi il agit ainsi, mais je ne peux plus rester en retrait. Je dois me battre pour ce qui est juste. » dit-elle avec nouvelle détermination dans sa voix. « Koori, à raison, je dois agir ! »

Après le choc initial, la confusion laissa progressivement place à une résolution plus claire chez Aquarys et Rairi. Bien que bouleversés, ils commencèrent à comprendre pourquoi Aurore avait gardé ce secret si longtemps. Aquarys, toujours fidèle et protectrice, était la première à retrouver sa voix.

« Aurore… » dit-elle doucement, les yeux encore écarquillés par l'émotion, « Je comprends maintenant d’où venait cette souffrance et cette peur. Mais sache que je suis avec toi, peu importe ce que tu décides. J’ai toujours été avec toi, et ça ne changera pas. »

Rairi, toujours dans un mélange de surprise et d’admiration, éclata de rire, un rire nerveux. « Eh bien, la princesse impériale parmi nous, hein ? Ça, je dois l’avouer, c’est un sacré coup de théâtre ! »

Mais derrière son sourire se cachait une profonde loyauté. Il leva son verre dans un geste solennel. « Pour la princesse. Et pour la rébellion. Je suis avec toi, Aurore. Jusqu’au bout. » Après l’incrédulité et la confusion initiales, Aquarys et Rairi finirent par accepter la vérité, bien qu’encore sous le choc. Leur loyauté envers Aurore restait plus forte que jamais. La décision de l'accompagner dans la lutte contre Lucius était désormais inévitable.

 

Aquarys, qui avait toujours ressenti ce besoin irrationnel de protéger Aurore, était bouleversée mais déterminée. Les larmes aux yeux, elle prit la main d’Aurore avec une douceur presque maternelle. « Si tu rejoins la rébellion, alors moi aussi. Contrairement à Rairi et Koori, tu es celle qui peut vraiment changer les choses. Tu es la seule à avoir une véritable chance de mettre fin à tout ça. Et je ne peux pas te laisser affronter tout ça seule. »

Aurore tenta de protester, sa voix pleine d’inquiétude et de peur pour ses amis. « Je ne veux pas vous entraîner là-dedans. Je ne peux pas supporter l’idée de vous perdre, vous aussi… » Son regard était suppliant, ses yeux trahissant la peur qu’elle ressentait à l’idée de voir ses amis se jeter dans un combat aussi dangereux.

Mais Aquarys la serra plus fort, ses yeux remplis de détermination. « Tu ne nous perdras pas. Nous sommes avec toi, que tu le veuilles ou non. Tu n’es plus seule dans cette bataille. Même si tu essaies de nous éloigner, nous te suivrons. »

Rairi, bien qu’encore abasourdi par la tournure des événements, n'était pas du genre à se laisser déstabiliser longtemps. Il hocha la tête, un sourire en coin, et frappa la table de son poing avec une énergie retrouvée. « On est tous d’accord. On se battra à tes côtés, que tu le veuilles ou non. »

Il lança un regard complice à Koori, qui, comme à son habitude, restait calme et réfléchi, toujours fidèle à lui-même, ajouta d’une voix posée mais résolue : « Nous te suivrons, Aurore. Avec ou sans ton approbation. Il est temps que tu acceptes que tu n’es plus seule. Nous sommes tes amis, et nous nous battrons avec toi. »

Aurore les regarda tous, le cœur serré. Malgré ses réticences, elle comprit qu’ils ne lui laisseraient pas le choix. Ils étaient prêts à risquer leur vie pour elle, pour l’Empire et un avenir meilleur. Un sentiment de gratitude immense l’envahit, mêlé à une peur sourde de les perdre dans cette lutte. Mais elle savait désormais qu'elle ne pouvait plus les protéger en restant en retrait. Ils étaient tous liés par le même destin, et elle devait accepter cette réalité.

 

Le groupe se sépara avec une nouvelle résolution. La révélation de l’identité d’Aurore, loin de les diviser, les avait au contraire unis plus que jamais. Tous avaient pris la décision de rejoindre la rébellion contre Lucius. Ils étaient prêts à affronter les dangers qui les attendaient, avec dans leurs cœurs une détermination féroce.

Alors qu’ils quittaient le café, l’atmosphère semblait chargée de tension. Le soleil se couchait lentement derrière les collines, peignant le ciel d'une lueur rouge et dorée, comme un présage des temps difficiles qui les attendaient. Aurore, malgré sa peur, se sentait plus forte que jamais. Elle savait qu’ils allaient devoir se battre, non seulement contre Lucius, mais aussi contre les ténèbres qui menaçaient de dévorer l’Empire tout entier.

Elle leva les yeux vers le ciel, le cœur lourd mais déterminé. Le chemin qu’ils allaient emprunter serait semé d’embûches. Mais pour la première fois depuis des années, elle n’était plus seule. Elle avait ses amis à ses côtés, et ensemble, ils allaient changer le destin de l’Empire.

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